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Pour reprendre du souffle et continuer nos luttes : qu’est-ce qui nous fait espérer ?
En cadeau de Noël, il nous a été données plusieurs raisons d’espérer, des témoignages de vérité et des enseignements de sagesse. Les questions qui ont surgi au cours de la rencontre ont été répondues par le groupe qui a été, comme toujours, un excellent thérapeute de lui-même. Comme quoi, les angoisses et les doutes qui naissent au cœur de la solitude, trouvent souvent réponse dans les discussions et le sentiment partagé d’appartenance à un groupe. Nommer ce qui cause problème, c’est chercher ensemble des réponses pour continuer d’espérer, c’est délivrer la conscience par l’emploi d’un langage exprimant un vécu qui peine trop souvent à se faire entendre. Cette langue exprime à la fois l’essence de ce que nous sommes appelés à être et l’instrument habile de notre aliénation collective. Pourquoi sommes-nous toujours désunis, séparés de nous-mêmes, en quête de l’impossibilité d’être ? Hors de l’histoire et du nous collectif, nous demeurerons toujours prisonniers de nos destins individuels d’où émerge un désespoir aussi gluant que les sables bitumineux.
Heureusement, il y avait aussi la découverte de l’espoir et la bonne humeur retrouvée grâce aux chants partagés. Que de traditions enfouies faisant rêver les vieux enfants, vents d’hiver revigorant l’espoir et chassant les idées noires. Quels plaisirs que de se réunir à nouveau pour vaincre la solitude, l’ennui et le froid, forces vives dans nos veines d’appartenir à un peuple qui n’en finit plus de naître et de se réinventer. Créateurs de pays et de réalités nouvelles, sources d’espoirs heureux qui s’éveillent à l’Apocalypse de l’absurdité des médias de masse. Langage libéré, autrefois prisonnier, divulgué et partagé, jamais enfoui, d’une chaude vérité qui illumine le cœur et réchauffe l’âme en ressuscitant les morts que certains voudraient que nous soyons. Et même si la société de consommation nous dicte le contraire : Dans la vie, on ne peut pas tout avoir, mais on peut tout donner.
À l’espérance têtue ! Bonne et heureuse année 2015 !
Yves Carrier
Table des matières |
Qu’est-ce qui nous fait espérer ? |
Le bâton de la parole |
Agir pour continuer d’espérer |
La conscience se répand |
Deux petites histoires |
Cette rencontre a été animée par Gérald Doré et France Dulac.
Le thème de ce soir c’est : Qu’est-ce qui nous fait espérer ?
Un mot associé à espérer :
- Utopie
- L’instant
- Espoir
- Partage
- Vie
- Amour
- Petite souris
- Agir
- Libération
- Résilience
- Folie
- Rapprochement
- Paix
- Entraide
- Paix
- S’ouvrir
- L’espoir
- Aujourd’hui
- Amélioration
- Exhausser
- Vous !
Nous débutons notre rencontre de partage de Noël. À chaque année, nous cherchons à dépasser le sens commercial de Noël pour retrouver le sens profond de la fête. Je vais faire une petite introduction. L’an passé, à l’évaluation, il y a des gens qui ont trouvé que c’était une très belle soirée, mais que nous n’avions pas chanté de cantiques de Noël. Alors cette année, nous avons décidé d’en mettre. Alors, nous allons faire circuler un bâton de parole et si vous ne voulez pas parler, vous le passez à la personne suivante et si vous voulez qu’on chante, vous n’avez qu’à nommer un chant de Noël que nous chanterons ensemble.
Le bâton de la parole
D’abord, il y a une information que je dois vous communiquer. Noël, ce n’est pas la fête du Père Noël, ni la fête des centres d’achats. Est-ce que quelqu’un connait les origines du mot Noël ? Nativité.
Comment nous en sommes venus de nativité à Noël ? C’est un mot latin qui a évolué : « Dies natalis », « Jour de naissance ». Puis, au Moyen-âge, c’est devenu Nael. Ensuite, c’est devenu en français Noël. Donc, c’est l’histoire d’une naissance. Quel est le rapport entre une naissance et notre thème : Qu’est-ce qui nous fait espérer ?
La naissance d’un enfant, c’est quelque chose d’ordinaire qui arrive à plein de monde, mais qui est en même temps extraordinaire. Si on fête la naissance de cette personne qu’est Jésus de Nazareth, c’est qu’après coup, il y a des gens qui ont pris conscience qu’au moment où il est né, c’était une naissance ordinaire, dans un milieu très modeste, mais il c’était produit là quelque chose d’extraordinaire. Ce qui fait que lorsqu’ils l’ont racontée, ils ont mis dans l’histoire de la naissance des anges et des rois venus d’Orient ainsi que les drames qui traversent la vie de tout le monde : Un potentat qui décide de massacrer des enfants parce qu’il a peur que cette personne soit un jour son rival; un exil de réfugiés qui doivent partir pour l’Égypte; etc. C’est tout cela que nous racontent Matthieu et Luc dans ce qu’on appelle les évangiles de l’enfance. Que vous soyez croyants ou non, vous pouvez lire cette histoire d’une naissance ordinaire dans un milieu très pauvre.
Les premiers qui vont à la crèche, ce sont des bergers. C’étaient des marginaux qui ne pouvaient pas suivre les exigences de la religion juive qui demandait toutes sortes d’ablutions rituelles. Ils ne se lavaient pas souvent et vivaient en marge de la société et de la religion officielle. Ils vivaient dehors avec les animaux. Ce sont ces gens ordinaires qui l’ont vu en premier, mais près coup on lit cet événement comme quelque chose d’extraordinaire.
Ce que nous visons dans nos engagements, c’est de faire naitre quelque chose d’ordinaire, une revendication en réponse à un besoin, mais il y a là quelque chose d’extraordinaire. Il y a un des fondateurs du CAPMO avec qui j’étais engagé dans une action compliquée qui consistait à essayer de donner une place en politique aux gens d’origines populaires et qui s’étaient formés dans l’action comme militants. Il y avait dans notre groupe quelques intellectuels qui s’étaient formés à l’école, et il y avait aussi des intellectuels populaires qui s’étaient formés dans l’action. Nous voulions susciter une participation des milieux populaires dans la politique. Un jour où nous étions particulièrement découragés, Jean-Paul Asselin a eu cette petite phrase qui a été pour nous comme un refrain qui a soutenu notre engagement : « Toutes les graines ne donnent pas des arbres, mais tous les arbres viennent d’une graine. »
Vous savez que lors de la soirée de Noël au CAPMO, on a toujours l’équivalent d’un bâton de parole. Une année c’était un petit cadeau, parce que le thème était : « Les cadeaux que la vie nous faits. » L’an dernier c’était le thème de la paix et nous avions une colombe. Aujourd’hui, autour du thème de l’espérance, on se rappelle cette phrase de Jean-Paul. Alors, au lieu d’un bâton de parole, nous avons une tortue qui a une graine sur son dos emprisonnée dans une plaque de verre. La tortue, pour les amérindiens, cela signifie la Terre-Mère. Jésus emploie une parabole qui parle du Règne de Dieu qui était sa conception à lui de l’utopie, d’un monde où règneraient la justice, la paix et la compassion et il dit : « Le royaume des cieux est semblable à un grain de moutarde qu’un homme a pris et semé dans son champ. C’est la plus petite de toutes les semences, mais quand elle a poussé, elle est plus grande que toutes les plantes potagères et elle devient un arbre. De sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses branches. » Alors le symbole de ce qui nous fait espérer ce soir, c’est la petite graine de moutarde qui est grossie à travers une loupe en forme de tortue.
- Moi, c’est le réveil de la nature au printemps qui me fait espérer.
- Moi, c’est l’été qui me fait espérer.
- Le choix du thème est en lien avec la noirceur des nouvelles qui nous parviennent sur de nombreux sujets. La question qui me venait c’est : Pourquoi est-ce qu’on continue à lutter pour avoir plus de justice alors qu’il y en a de moins en moins ? Plus de droits humains, alors qu’il y en a de moins en moins ? À lutter contre la pollution, alors qu’il y en a de plus en plus ? J’ai l’impression que les progressistes se battent malgré le fait que nous semblions perdre nos luttes la plupart du temps. Alors qu’est-ce qui nous fait espérer pour continuer cette lutte même si les victoires ne semblent pas à porté de main ou évidentes ? Parmi les conférences latino-américaines que j’écoute sur internet, plusieurs s’accordent à dire que la mémoire est un ancrage qu’il ne faut pas perdre, afin que chaque génération ne recommence pas à zéro. Il faut se souvenir des victoires et des luttes de nos prédécesseurs et penser l’avenir en terme d’utopie, il ne faut jamais y renoncer. Si on arrête de rêver et que nous abandonnons l’imaginaire aux marchands, nous sommes cuits. Alors, il nous faut subvertir l’avenir en décolonisant nos rêves.
- Il n’y a pas longtemps, j’avais des problèmes et j’ai eu l’idée de regarder dans la bible pour voir si cela m’aidait. À un moment donné, il semble que le livre s’est ouvert à ma compréhension. C’était Matthieu qui disait qu’il était venu ici pour se révolter parce que nous contenons quelque chose et il faut que cela sorte. Il disait qu’il faut se révolter contre son père, contre son frère, les femmes contre les hommes, etc. C’est marqué dans la bible. Cela me révoltait un peu. Aujourd’hui on parle d’amour et je ne sais pas comment concilier cela, mais ça s’est ouvert comme cela devant moi. Je me suis dit que cela se rapporte directement à l’Apocalypse. Quand on voit à la télévision des massacres d’enfants dans des écoles par des hommes dont on ne peut même pas imaginer ce qui leur passe par la tête, c’est l’Apocalypse, qu’on s’en rende compte, cela va se régler comme ça. Il y a des bons et des mauvais esprits, et il y a une bataille à ce niveau là.
Agir pour continuer d’espérer
- Nous pourrions partager nos victoires. Dernièrement, je ne sais pas si vous avez vu dans l’actualité, nous avons eu une grande victoire. En Angleterre, ils ont nommé une première femme évêque.
- Nous sommes un cercle de parole. Autrefois, j’avais la guerre à l’intérieur de moi et au moment où je l’ai reconnu, j’ai pu faire la paix avec moi-même. Maintenant je peux espérer que la paix existe. Oui, il y a des courants qui sont très souffrants. Je ne regarde plus les nouvelles et les journaux parce que j’ai décidé de rentrer des belles choses dans mon esprit. Cela fait de moi une personne qui n’est pas toujours au courant de ce qui se passe. Par contre, je ressens un air de paix, pas juste un air de guerre. Je ressens de plus en plus que les gens peuvent se réconcilier et se pardonner. Je vois des gens qui se donnent la main et qui se groundent avec les énergies de la Terre-Mère, avec le Ciel et les autres êtres humains. Malgré tout ce qui arrive, on continue à faire des enfants et je pense que ce sont eux notre espoir. J’ai deux enfants que j’ai élevé seule et j’ai vécu dans une très grande pauvreté, mais c’est là où j’ai découvert les vraies affaires. Aujourd’hui, je suis fière d’être ici, avec vous autres. Je vous remercie pour votre accueil et de continuer à croire en l’être humain.
- Pour moi, l’espoir, cela signifie être heureux, mais c’est quelque chose que je vis très difficilement. Lorsque j’entreprends des choses, je rencontre toujours des échecs. C’est la vie. J’espère entreprendre des choses après les fêtes. Soyons productifs et espérons que cela fonctionne. Je me donne corps et âme, je le fais pour moi, et pour les autres aussi, mais la première personne pour le faire c’est moi. Le critiques des autres, c’est très difficile à accepter. « Tu t’embarques dans quelque chose que tu ne devrais pas. » C’est ça qui est drôle. Parfois, on dirait que les gens lisent dans tes pensées, mais ce ne sont pas eux qui vont faire la démarche, c’est toi. Moi j’aimerais monter un groupe de citoyens dans le quartier St-Rodrigue. Certains ont dit : « Ah ! C’est une bonne idée ! » D’autres ont dit le contraire. Moi, j’y vais avec mon cœur. Si ça marche, ça marchera. Et si ça ne marche pas, au moins j’aurai essayé. La vie est faite d’embûches. C’est pour ça que je trouve cela difficile des fois. La vie est aussi faite de risques, alors il faut essayer des choses nouvelles. Parfois, j’ai de la difficulté à prendre des décisions par moi-même. Il faut chercher le bon côté des choses, mais ce n’est pas toujours évident.
- Moi, ce qui me fait espérer, c’est agir. S’indigner, c’est beau, mais agir c’est très exigeant. Le 11 décembre, j’ai vécu mon baptême algonquin : Wabigodjik. Dans ce mot, il y a « god », mais Wabigodjik, ce n’est pas un aigle qui vole dans le ciel, c’est une petite souris qui court partout et qui trouve de la nourriture pour tout son monde. Pour le moment, c’est ce que j’avais à dire sur ce qui me fait espérer.
La conscience se répand
- Il existe une solidarité dans l’être humain qui est difficile à éteindre et je vois des consciences qui s’éveillent autour de moi. Cela me donne espoir. Comme monsieur a dit tout à l’heure lorsqu’il parlait d’Apocalypse, ce mot veut dire révélation. Nous sommes à l’ère de l’information, alors c’est certain que nous avons toutes les révélations. Ce qui arrive avec cette ère d’information, c’est qu’on entend ce qui se passe en Afrique, mais on ne sait plus ce qui arrive chez le voisin. Aussi, ce qu’on réalise peu, c’est que cette information elle est contrôlée. Nous sommes entrés dans l’ère du marché et de la marchandisation. C’est la prostitution de l’humain, at large. Ce qui choquait à une époque, c’était la prostitution sexuelle, maintenant c’est at large. La prostitution se retrouve à tous les niveaux. On déshumanise fin de toujours remplir les poches d’un pourcentage infime dans le bac des grains de sable de l’humanité. C’est une direction qui a perduré, c’est du néocolonialisme et cela se passe dans notre façon d’aborder les choses. Donc on va nous parler toujours avec des mots englobant, mais tout est corrompu à la base même du langage que nous employons. Alors que c’est super important le langage et les mots que nous employons. C’est là, qu’à un moment donné, nous allons réussir à bien comprendre comment communiquer. C’est lorsque nous allons être en contact avec des gens qui ne parlent pas notre langue et qu’il faudra agir. Parce que là nous allons parler le vrai langage. Lorsqu’on communique avec une personne qui ne parle pas notre langue, c’est souvent là qu’on découvre le vrai langage. Parce qu’on utilise dans notre langue des mots très englobant et les forces que vous avez identifiées seraient surtout la résultante de trop vouloir simplifier en refusant d’accepter le réel. On va vers les choix de la facilité et on choisit les mots qui règlent rapidement les choses mais qui ne vont pas à la racine de nos problème. Donc, on va panser les bobos partout parce que c’est cette façon que nous avons de réfléchir, d’agir et de penser. On utilise des mots comme « économie », des concepts tellement larges que cela finit par ne plus rien dire. Mais quand on emploie le mot économie dans notre culture populaire, on parle toujours de la finance et on a toujours des chiffres en tête. Dans son sens originel, il n’y avait aucun sens de financiarisation ni d’argent. Quand ce mot est apparu, la monnaie en était à ses premiers balbutiements. La solde servait à payer les soldats. Ce qui me fait espérer, c’est la conscience parce que de plus en plus les gens réalisent que les mots n’ont plus de sens. Ce à quoi ils croient, ce qu’ils ont défini, s’effondre. Cela s’effondre parce que cela n’a jamais été réel. Si on lit le dictionnaire à partir de l’étymologie, on découvre un tout nouveau dictionnaire. Parce que le sens accordé aux mots a toujours été orienté politiquement pour contrôler la population, une direction pour avantager une minorité au détriment de la majorité. C’est ce que les gens réalisent de plus en plus avec l’ère de l’information qui est l’Apocalypse. Pour moi, c’est un espoir l’Apocalypse. Je crois que grâce à l’Apocalypse, on peut éviter l’Armageddon qui signifie la destruction.
- Moi, ce qui me fait espérer, c’est le rapprochement, mais pour se rapprocher, cela demande de l’ouverture à l’autre. Cela me fait beaucoup espérer parce que j’en vois plein de rapprochements. Ce qui est très d’actualité, c’est le rapprochement entre La Havane et Washington. L’ouverture est une condition au rapprochement. Je pense qu’on pourrait écrire un chapitre là-dessus.
- Je nous souhaite un Apocalypse de conscience et de jouissance. Ça va bien ! Il y a des affaires géniales qui se passent, mais on n’en entend pas parler. Ce sont les gros médias qui nous écrasent et nous polluent. On est toujours à la recherche du sensationnalisme alors qu’il y a des affaires géniales qui se passent, comme ici ce soir. Il y a de la conscience, sauf qu’il n’y a pas de médias qui s’intéressent à ça. Alors qu’il suffirait de se pencher et de ramasser les bonnes nouvelles plutôt que de continuer à répéter que John Lennon est mort. Alors j’ai une chanson pour vous autres : Vive le vent !
- Oui, on peut espérer dans les personnes qu’on ne voit pas, mais qui agissent en sourdine. Plus j’avance en âge, plus j’ai le goût de faire de choses et tant qu’on est en vie, on est pris pour se tenir debout jusqu’à la fin, être bien vivant, regarder ce qui se passe dans notre monde puis espérer dans la vie et les personnes. Je ne suis pas démoralisée même si parfois je trouve cela dure de voir tout ce qui se passe et on aurait envie peut-être de se décourager, mais on a en dedans de nous une force que vous devez sentir aussi. Il y a une force qui nous habite qui fait qu’il faut se tenir debout tant qu’on est capable de militer. Mon âge ne me permet plus de suivre toutes les activités et de militer comme avant, mais je vibre de toutes mes forces à l’intérieur. Il m’est venu à la mémoire lorsque vous avez parlé d’Apocalypse, une histoire que j’avais entendue. C’était un supérieur de communauté religieuse qui était découragé parce qu’i n’y avait plus de vocation et que tout était en train de dépérir. Alors, il décida d’aller demander conseil à un vieil ermite qui vivait sur une montagne. Une fois rendu, il lui exprime son chagrin et celui-ci lui répondit : « Le Messie est parmi vous. » Sur le chemin du retour, le supérieur réfléchissait à ce message et en arrivant il le communiqua à ses frères. Ils ont commencé à se demander de qui il s’agissait. Comme ils l’ignoraient, ils se traitaient avec gentillesse et amabilité de peur d’offenser le Messie. L’harmonie revint dans la communauté et les visiteurs s’étonnaient de la bonne entente qui y régnait et finalement, il y eut de nouvelles vocations. Alors, je me dis que peut-être que le Messie est parmi nous et que nous devons nous traiter avec gentillesse.
Noël, c’est l’amour
Noël c’est l’amour, vient chanter toi mon frère. Noël c’est l’amour, c’est un cœur éternel. Du temps de ma mère, sa voix familière, chantait douce et claire : un enfant est né. La voix de ma mère, amour et prière, la voix de ma mère qui m’a tant donné. Des lumières dans la neige, milles étoiles du berger Et les hommes en cortège vont chanter la joie d’aimer. Noël, c’est l’amour, dans les yeux de l’enfance, Noël, c’est l’amour, le plus beau, le plus grand. Un monde commence d’un peu d’espérance, d’un ange qui danse auprès d’un enfant. Noël, c’est l’amour, vient chanter toi mon frère. Noël, c’est l’amour, c’est un cœur éternel. Reviens toi mon frère et vois la lumière La nuit de lumière qui descend du ciel. Et moi sur la terre, j’entends douce et claire, ta voix ô ma mère qui chante Noël.- Savez-vous pourquoi chez-moi Noël c’est encore plus l’amour cette année ? Je vais être grand-maman.
Les anges dans nos campagnes
Les anges dans nos campagnes ont entonné l’hymne des cieux. Et l’écho de nos montagnes redit ce chant mélodieux : Gloria in excelsis Deo ! Gloria in excelsis Deo ! Bergers, pour qui cette fête ? Quel est l’objet de tous ces chants ? Quel vainqueur ou quel prophète mérite ces chœurs triomphants ? Gloria in excelsis Deo ! Gloria in excelsis Deo ! Il est né le Dieu de gloire, Terre tressaille de bonheur. Que tes hymnes de victoire chantent, célèbrent ton Sauveur ! Gloria in excelsis Deo ! Gloria in excelsis Deo !Deux petites histoires
Au tout début de l’été, ma fille qui n’est pas horticultrice, m’arrive avec un plant minuscule. Elle me dit : « J’ai planté ça chez-nous et ce sont des graines de tomates. » Je me suis dit avec la saison que nous avons, cela n’aura jamais le temps de devenir un plan et de donner des tomates, mais pour ne pas l’insulter, je l’ai mis sur la galerie chez-nous, et s’il ne pleuvait pas, je l’arrosais. Après quelque temps je m’aperçois que j’avais un pied de tomates et je l’ai mis en terre dans le jardin. Mon épouse, au fil des années, avait beaucoup enrichi la terre. Toujours est-il que cela se met à pousser cette affaire-là et que c’est devenu le plus gros plant de tomates que j’ai vu de toute ma vie. C’était des tomates à grappe, et il a produit au moins une centaine de petites tomates. Vous voyez que la nature est remplie d’espérances. Au fond, c’est la même histoire que j’ai vécue que celle de la graine de moutarde qui devient un arbuste.
Il y a plusieurs années, il y a eu un courant au Québec pour créer un mouvement qui représenterait les intérêts populaires. On a ramé fort et cela a donné quelque chose qui s’est appelé : Mouvement pour un Québec socialiste indépendant démocratique pour l’égalité entre les hommes et les femmes et écologique. C’était un mouvement où c’est là qu’il y avait le plus d’intellectuels au pouce carré, et notre défi à nous qui venions de l’éducation populaire, c’était de faire une place aux militants de classes populaires qui étaient rendus à l’étape de l’engagement politique. Nous avons formé un groupe avec des gens dont l’école de formation sociale et politique avaient été le terrain, qui étaient partis de leur problème personnel et qui l’avait élargi à des perspectives plus larges. Leur logement, leur condition de personne assistée sociale, la défense des droits sociaux, donc des gens qui étaient rendus à cette étape. On a travaillé là-dessus pendant dix ans et après cela nous avons vu que cela ne levait pas. Entre autre à cause du mot socialisme et tout ce qui se passait à l’époque en Europe de l’Est, c’était comme un morceau de plomb que t’avais au pied et qui te faisait caller. Toujours est-il que tout est tombé. Et aujourd’hui, on constate que de cette graine-là et d’autres qui ont été semées dans le jardin social, a poussé un parti politique qui pour moi représente quelque chose, pas tout ce qu’on voulait, de cet élan que nous avions et qui s’appelle aujourd’hui Québec Solidaire. Je ne fais pas d’annonce pour eux puisque je ne suis plus à l’âge pour être sur la ligne de front, mais pour moi c’est un signe d’espoir sur le plan politique.
- Ce que je vois qui apporte le désespoir dans le monde et en chacun de nous, c’est l’enfermement sur soi. D’abord, dans enfermement, il y a le mot enfer. Les gens qui sont enfermés sur eux-mêmes, qui sont centrés sur leur égoïsme, vivent l’enfer sans s’en apercevoir et ils font vivre l’enfer aux autres. Cela part du niveau personnel, mais cela se répercute jusqu’au niveau social. La solution à cela, c’est l’ouverture aux autres, apprendre à se soucier des autres, et l’ouverture à la transcendance et à la vie spirituelle. C’est ce qui peut nous libérer de cet enfermement-là. Ce n’est pas facile, mais ce qui nous ouvre à la transcendance, c’est la beauté. C’est parfois difficile à voir, mais lorsqu’on se force pour voir toute la beauté qu’il y a en ce monde, la vie prend toute une autre dimension. Surtout, ne pensez pas que c’est naïf d’essayer de voir toute la beauté du monde, je ne sais pas, de savourer une gorgée de thé ou de remercier pour la belle journée ou pour la nature. Au contraire, cela renforce encore plus notre indignation lorsqu’on prend conscience de ce qui est essentiel et de ce qui est beau, et qu’il faut le protéger. Chaque fois qu’on voit une personne s’ouvrir à la créativité et être capable de s’épanouir dans sa beauté, elle le donne aux autres. C’est une marque d’espoir.
- Moi, j’ai choisi la vie, parce qu’il est clair pour moi que soit nous choisissons Jésus, soit c’est notre mort à tous parce que le capitalisme va tous nous tuer à plus ou moins long terme. Il faut comprendre que la venue de Jésus est un événement historique et politique de première importance pour rétablir des relations interpersonnelles correctes entre nous tous, pour éviter que l’on se croit plus fin que les autres alors que l’autre, c’est Dieu aussi. Si je vois Dieu en toi, je ne pourrai pas te faire du mal. Il faut apprendre à voir Dieu en chaque personne car chacune est une image de Dieu. Alors, je ne peux pas entrer en rivalité avec cette personne-là. Il y a 40 ans, je revenais d’Afrique, j’étais communiste et je voulais faire une révolution violente au Canada. Je voulais travailler à la révolution canadienne et québécoise avec les marxistes-léninistes. C’est tout ce que je voyais de bon à l’époque, mais cela soulevait quelques problèmes importants. En réalité la question du pouvoir et de la démocratie n’est pas réglée avec l’emploi de la violence. Alors, tout athée et agnostique que j’étais, j’ai cherché et j’ai trouvé dans la pensée du philosophe René Girard la solution qu’il situe lui-même dans la passion du Christ. Pas seulement là, mais dans toute la Bible. Il faut comprendre les limites d’Adam et Ève, d’Abel et de Caen, et une certaine compréhension que j’en ai sont devenus des critères importants de la Théorie de la société civile. La découverte de la vérité, mais aussi de l’autolimitation,c’est-à-dire : Adam n’a pas à se prendre pour Dieu, c’est un être humain tout simplement; Caen n’a pas à être jaloux d’Abel parce que ses offrandes paraissent plus belles et mieux agréées, non; et ainsi de suite. Donc, cette jalousie entre les êtres humains, cette rivalité, finit par les détruire. Cela devient des rivalités entre les peuples, des boucs émissaires. À l’époque moderne on est allé encore plus loin, on a désigné les bourgeois comme les ennemis du peuple, puis toutes les classes sociales sont devenues les ennemis du peuple. Ensuite, Hitler voyait une race complète à éliminer. Il faut éviter ça. Alors la base de la construction de la société, c’est la qualité des relations interpersonnelles et l’on doit étendre cela à l’ensemble de la société. Autrement, elle ne changera pas. Il y a quatre grandes valeurs stratégiques qui peuvent nous aider là-dedans. L’expérience de Solidarnosc, en Pologne, m’en a donné deux. D’abord la vérité : « Vous nous dites que c’est le parti des travailleurs alors que ce sont des bureaucrates qui nous dirigent. » Et l’autolimitation qui signifie comment savoir ne pas aller trop loin dans nos luttes pour éviter la catastrophe, en ce cas pour que les Russes n’interviennent pas. Troisième principe stratégique, la civilité, apprendre à vivre les uns avec les autres, y compris avec ceux et celles qu’on n’aime pas. Il faut aimer nos ennemis. Le quatrième principe nous vient d’un militant philippin qui était à Rio lors de la première conférence sur l’environnement, Nicanor Perras, le principe de liminarité. C’est un mot nouveau qui signifie la résilience sociale dont font preuve les gens qui vivent à la marge de la société et qui s’en sont sortis malgré tout. Ces gens-là peuvent apporter beaucoup à la société parce que souvent ils utilisent un genre de spiritualité pour se reprendre en main. Il est certain que sans spiritualité, nous sommes perdus. La manière la plus efficace de lutter contre le capitalisme et le néolibéralisme, c’est la spiritualité selon moi. Maintenant il faut la mettre en œuvre par des groupes d’action directe spirituelle.
- Ce qui me fait espérer, c’est quand des personnes qui ont des points de vue différents, ont la possibilité de communiquer sans se faire interrompre. Le problème existe lorsqu’il y a une impossibilité de le communiquer. Une autre chose qui me fait espérer, c’est tout ce qu’on pense qui vient de nous et qui est vrai, finalement, cela ne vient pas de nous. Toutes les bonnes idées qu’on pense avoir, les bonnes inventions qu’on pense faire, on n’invente rien. Au fond, quand on pense avoir une idée, on ne fait que prendre une idée qui existe déjà. Ceci fait qu’il peut y avoir deux personnes à deux endroits différents qui vont inventer la même chose en même temps ou qui vont avoir la même idée. En fait, ils ne font que nommer ce qui existe déjà et quand cela arrive, c’est parce que c’était éternellement vrai. À part de cela, il y a le mensonge qui est une construction personnelle dans le but de tirer un avantage et de faire passer pour vrai ce qui ne l’est pas. Cela amène un avantage immédiat à cette personne. Le problème avec le mensonge c’est que lui il est éternellement faux. C’est une condamnation parce que tôt ou tard la vérité va se faire car le mensonge ne tient pas la route. Un autre problème avec ça, c’est que la personne qui est à l’origine du mensonge n’a pas envi qu’il soit découvert. Elle va mettre le paquet dès que quelqu’un s’en approche qui risque de le découvrir, elle est prête à tout pour que le secret ne soit pas découvert, elle peut même être disposée à tuer du monde pour continuer d’avoir raison. C’est pourquoi, lorsque nous avons le goût de défendre une idée, il faut toujours se poser la question : Pourquoi est-ce que je tiens tant que cela à la défendre ? Parce que la vérité, on n’a pas besoin de la défendre, on a juste besoin de la nommer clairement. Que le monde y croit ou non, elle va continuer d’être la vérité. Si je cherche à la défendre, c’est peut-être que j’ai quelque chose d’incertain que je cherche à protéger, alors il y a peut-être un mensonge derrière ? Tant que je n’ai pas identifié ce que je cherche à défendre, je dois demeurer prudent parce que plus je défends quelque chose qui est faux, plus cela va être gênant à reconnaître.
- Chaque organisme est comme une famille et je crois qu’en 2015, il faut réunir toutes les petites familles pour défendre la grande famille humaine.
- Moi je pense que pour pouvoir espérer, il faut avoir foi en quelque chose. Si je n’ai pas la foi, je ne peux rien espérer. Je dois d’abord m’aimer moi-même pour pouvoir aimer les autres et aimer la vie. Sinon je ne suis qu’une rhétorique stupide. Je remercie la vie qui m’a tant donné sans rien me demander en retour.
- Ce qui fait espérer, ce n’est pas d’avoir des amis, c’est d’être un ami pour quelqu’un.
- Ici, on sent qu’on peut s’exprimer et se sentir écouter. Cela m’a fait du bien de parler d’espoir ce soir avec vous.
- Ce qui me donne espoir, c’est un espace comme le CAPMO où l’on peut encore avoir ce genre de discussions. Cela échappe sans doute au calcul mental et rationnel, mais cela demeure fondamental, c’est la base de la société. Ce soir, vous nous avez montré chacun différentes facettes de l’espérance qui une fois réunies ressemblent à un beau diamant.
- C’est sûr que si nous n’avons pas d’espérance, à quoi bon vivre. C’est la seule façon d’exister. La grâce est toujours présente, elle est sans cesse disposée à fondre sur chacunE de nous, il ne suffit qu’à être disposés à la recevoir. J’étais athée, maintenant je me considère agnostique parce que j’admets l’existence d’une puissance supérieure. D’abord le groupe qui est réuni ici, c’est supérieur à moi, et je sais qu’il y a beaucoup de groupes de ce genre à travers le monde. Nous sommes en train de faire un travail extraordinaire parce qu’il faut spiritualiser à nouveau le monde, sinon c’est la violence qui va l’emporter.
- Il faut transfigurer cette réalité pour la voir d’une façon nouvelle.
- L’énergie divine, c’est quelque chose que tu ne vois pas, mais tu l’as sent.
- Quelqu’un a écrit que la foi, c’est posséder ce qu’on espère. Concrètement cela veut dire que ce qu’on espère, on le possède dans notre vie maintenant, c’est-à-dire que cela agit déjà comme un ferment et une inspiration dans notre vie ici et maintenant. Ce n’est pas juste quelque chose qu’on anticipe loin devant nous. Ici, au CAPMO, on sent que les gens sont habités par cette espérance et qu’ils agissent en cohérence et cela rayonne dans tous les lieux où nous agissons. C’est peut-être cela vivre un joyeux Noël, c’est connaitre l’expérience d’une foi profonde qui anime nos vies. Nous avons besoin de lieux comme celui-ci où l’on peut dire des choses qui touchent aux valeurs essentielles. Mais, malgré toutes les idioties véhiculées par les médias, il y a quelque chose qui est en gestation, comme une petite graine de moutarde. Il y a quelque chose qui se passe même si nous avons l’impression qu’il ne se passe rien et il ne faut pas se décourager avec les pires affaires qu’on voit aux informations. Il y a toujours ce ferment qui est à l’œuvre partout et c’est ce que je retrouve ici. Cela me nourrit, ça m’encourage et ça m’empêche de vieillir en m’écrasant.
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Vous les ainés, vous avez un trésor vraiment important à nous partager. Merci d’être avec nous.
- Ici, nous avons la chance d’avoir de beaux exemples de ce que c’est que de vieillir debout.
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En espagnol nous avons une expression qui dit : « Vieille montagne qui chaque année reverdit. »
« Seul l’amour peut sauver le monde ! »
Pépé Mujica, président sortant de l’Uruguay, Marxiste et athée. |
Propos recueillis par Yves Carrier