Ça roule au CAPMO, novembre 2024

Sombre tableau

La Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahou, premier ministre d’Israël et son ministre de la guerre perpétuelle, pour crime contre l’humanité.

Il est bon que le droit revienne à l’avant-plan si nous ne voulons pas sombrer dans la jungle où le plus fort gagne toujours et impose ses conditions aux vaincus. Quoi que j’ai mes doutes sur le changement réel du cour des choses.

Avec l’élection de Donald Trump, c’est l’ordre juridique et les libertés démocratiques qui sont menacés aux États-Unis, mais aussi tout un exemple pour les dictateurs en herbe qui fleurissent un peu partout. Armés de l’Intelligence artificielle, ils ont entre les mains des pouvoirs incommensurables, en plus des milliardaires qui les servent, à moins que ce ne soit le contraire ?Dans l’époque de post-vérité où nous sommes entrés, c’est celui qui parvient à imposer la version officielle, aidé des agences de presse internationale ou des troll cybernétiques, qui domine les esprits et obtint l’assentiment d’une opinion publique écervelée. C’est pourquoi il est devenu très difficile, voire impossible, d’imaginer des modes de vie alternatif au système capitaliste qui n’a pas fini de nous carboniser.

L’humanité semble être entrée dans une impasse, « dead end » dit-on en anglais, ce qui révèle bien du danger de la chose. En plus d’avoir enterré le droit international, de mépriser les scientifiques qui étudient les changements climatiques, certains, amis de celui que nous avons nommé en débutant, rêvent d’abolir les Nations unies.

J’ai parfois l’impression que nous sommes aux prises avec des forces très obscures qui littéralement tournent le dos à la lumière de la raison, de la science, de l’amour, et de la compassion. Les discours de haine des différentes droites, pointant leur doigt accusateur vers tout ce qui remet leur domination en cause, déversent leur colère ingrate sur le monde entier.

Les immigrants sont les bouc-émissaires désignés puisqu’ils ne peuvent pas vraiment se défendre et que la plupart n’ont pas le droit de vote dans les différents pays où ils sont venus trouver refuge. Pourtant, c’est bien notre mode de vie débridé des 60 dernières années qui a bouleversé leur climat et fait monter les océans. En Afrique subsaharienne, c’est environ le tiers du continent qui deviendra inhabitable en raison des chaleurs extrêmes et des sécheresses qui en résulteront. Même chose pour l’Amérique centrale où déjà les récoltes ne donnent plus les rendements de naguère. Ses populations se sont mises en marche vers les pays du Nord qui représentent à leurs yeux l’Eldorado. Mais je ne crois pas que la construction de murs à nos frontières nous permettra de développer le vivre ensemble dont nous auront besoin pour surmonter les défis qui se profilent à l’horizon.

Yves Carrier


 

Un rapport qui pose problème

Madame Guilbault et Monsieur Legault ont enfin le rapport qu’ils avaient commandé, mais il soulève de sérieuses inquiétudes pour les personnes en situation de faible revenu dépendant du transport en commun.

Il est clair que le gouvernement, en choisissant une entreprise fortement promotrice d’un libéralisme économique extrême, a orienté les conclusions dans le sens souhaité. L’une des recommandations propose de rouvrir les conventions collectives des employé-es des sociétés de transport, en contradiction flagrante avec le discours du premier ministre, qui affirme pourtant vouloir encourager des emplois bien rémunérés et stables.

Nous proposons de réaliser cet exercice de façon plus impartiale avec un organisme de recherche comme l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), qui prend en compte les réalités des gens ordinaires et défend le bien commun, au lieu de favoriser uniquement les intérêts de promoteurs d’un libéralisme débridé.

Monique Toutant, militante du Collectif TRAAQ, partage ses craintes d’une dégradation des conditions de travail des employé-es, ce qui pourrait mener à une grève générale illimitée dans les sociétés de transport partout au Québec. Contrairement à ce que semble croire la ministre des Transports, le transport en commun est un service essentiel pour de nombreuses personnes qui n’ont pas accès à un véhicule personnel et pour qui l’accès à la ville, aux services et aux emplois dépend entièrement de ce réseau.

Ajoutons que les usagers et les usagères du Service de transport adapté de la Capitale restent préoccupé-es par l’offre et la qualité du service suite à l’application éventuelle des mesures du rapport.

Malheureusement, le premier ministre n’en est pas à une contradiction près. Alors que l’on prône l’importance des emplois de qualité, on assiste à des décisions qui fragilisent les services publics et accroissent la précarité.

Signataires

Yves Carrier, Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert,

Renaud Blais, Cercle citoyen de Ste-Foy

Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec

Michel Dubé, Action Populaire Rimouski-Neigette

Naélie Bouchard-Sylvain et Vania Wright-Larin, RÉPAC 03-12

Jessica Lambert M. , Mouvement d’éducation populaire autonome de Lanaudière

La Ruche Vanier

Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur

AGIR en santé mentale

L’ACEF de Québec

CAPVISH (Carrefour des personnes vivant des situations de handicap)

Alphabeille Vanier

Mouvement pour un transport public abordable

Engrenage St-Roch

18 novembre 2024


 

Lettre ouverte de la Coalition pour le droit de manifester – Thin Blue Line

Le concept du Thin Blue Line, ou de Mince ligne bleue, a été popularisé aux États-Unis. Son association à la police est récente, remontant aux années 50 a Los Angeles. Porte sous forme d’écusson par les forces policières, il s’agit d’une simple bande bleue sur le drapeau américain ou canadien en nuances de noir (voir ci-dessous). Il symbolise le corps policier séparant l’ordre du chaos. Dans le contexte de l’émergence du port de l’écusson, ledit « chaos » faisait référence aux Afro-américain・e・s qui revendiquaient pour la reconnaissance de leurs droits humains.

Le Thin blue line a été re-popularisé à la suite du mouvement des droits civiques afro-américain Black Lives Matter (La vie des NoirEs compte), qui a résonné à travers tous les États-Unis et au Canada. Depuis, le Thin Blue Line est associée a Blue Lives Matter (La vie des policiers compte), qui vise a s’opposer a Black Lives Matter en s’en prenant a sa légitimité. Des groupes d’extrême-droite et de suprémacistes blancs se sont aussi approprie le Thin Blue Line dans leurs rassemblements, qu’ils portent avec le drapeau confédéré. Sous couvert d’une solidarité envers des collègues morts ou blessés en service, le symbole transmet plutôt une idéologie suprémaciste blanche susceptible de légitimer la haine envers les personnes racisées. Rappelons qu’aucun policier n’est mort en service au SPVQ depuis 1993.

Plusieurs corps policiers ont choisi d’interdire le port du Thin Blue Line. Rappelons-le, le Code de déontologie des policiers du Québec prévoit qu’ils ont le « devoir de neutralité politique dans l’exercice de leurs fonctions, […] le devoir d’impartialité dans l’exercice de leurs fonctions […] (Loi sur la police, article 125).» La loi indique donc d’emblée que le port de ce genre de symbole est proscrit. La GRC, le SPVM, la police provinciale de l’Ontario, le Service de police de Toronto et bien d’autres ont interdit le port du Thin blue line a leurs policiers. Le chef du SPVM, Fady Dagher, a même reconnu publiquement que la symbolique de l’écusson a été contaminée par l’extrême-droite. En réponse, un nouvel écusson a été crée pour symboliser le souvenir des policiers morts en service. Qu’est-ce qui empêche le SPVQ de faire de même? Comment Bruno Marchand, en tant qu’employeur de la police, peut-il se laver les mains d’un enjeu d’une telle ampleur? Le refus de la Ville et du service de police d’interdire le Thin Blue Line peut difficilement être interprété autrement que comme de la complaisance face au racisme. Ou pire encore, comme une manière détournée de l’encourager.

En somme, que les policiers adhérent ou non à l’idéologie raciale projetée par l’écusson n’a pas d’importance. C’est un message de haine et d’intolérance qui est reçu par les personnes qui sont interpellées par la police. Il serait impensable de tolérer le symbole d’un parti politique sur un uniforme policier. Pourquoi alors accepter un emblème de la suprématie blanche et de l’extrême-droite ? La Ville de Québec devrait emboiter le pas aux autres services de police et envoyer un message clair au SPVQ que ces idéologies ne sont pas les bienvenues.

C’est pour cela que nous demandons à l’administration Marchand : qu’elle bannisse la pratique du port du Thin Blue Line pour son corps policier ; qu’elle reconnaisse le profilage racial pratique par le SPVQ ; qu’elle mène une enquête statistique sur l’ethnicité des personnes interpellées et interceptées ; qu’elle veille au respect des droits de l’ensemble de la population de la ville.

Coalition pour le droit de manifester

Pour signer la lettre, simplement remplir le formulaire google suivant avant le 10 décembre: https://forms.gle/RJGWgYvmQTKELCvg7


 

Trump : arrêter le déclin ou tomber dans le gouffre ?

Par Boaventura de Sousa Santos*

La victoire de Trump est un geste désespéré et historiquement compréhensible de la part de la société américaine pour mettre fin au déclin de la prospérité impériale qu’elle a connue tout au long du XXe siècle et surtout, après la Seconde Guerre mondiale. C’est un geste désespéré, car la société doit se tourner vers un président qui a été condamné par la justice pénale américaine, qui a très mal agi pendant la pandémie de Covid-19 (1,2 million de morts, dont beaucoup évitables), qui a incité à l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021 et qui affirme ouvertement être prêt à éliminer l’essence même de la démocratie américaine – les pouvoirs limités de chaque organe souverain (checks and balances) – en échange de la promesse que tout se passera comme avant.

Mais c’est aussi un geste historiquement compréhensible, car tous les empires précédents ont décliné et sont morts en raison de la dégradation interne de leur vie sociale, économique, politique et culturelle. Quoi qu’il en soit, les ennemis extérieurs ont porté le coup fatal. Il est difficile de définir en quoi consiste le déclin d’un empire, quand il commence et quand il se termine. Par exemple, l’Empire romain a commencé à décliner après la mort de Marc Aurèle (180 après JC), mais ne s’effondrera que trois cents ans plus tard. Il faut éviter les grandes généralisations sujettes à un déterminisme insensible aux contingences historiques. J’imagine que les historiens du futur s’inquiéteront moins du déclin de l’empire américain que de la durée pendant laquelle l’empire survivra aux prédictions de son déclin.

Quand je parle de décadence, je parle du discours de la décadence comme arme politique pour accéder au pouvoir. Le principal slogan de Trump – MAGA (Make America Great Again) – est clair en ce sens. Il y a un déclin, mais il peut être stoppé, voire inversé. Le vote populaire en faveur de Trump montre que ce discours convainc aujourd’hui aux États-Unis.

 

Arrêter le déclin ou tomber dans le gouffre ?

La polarisation sociale, la concentration des richesses, l’augmentation des inégalités sociales, la dégradation de la qualité des élites politiques et de la coexistence démocratique, la domination du capital financier sur le capital productif sont des signes de déclin. Le déclin est un processus structurel mais discontinu. Parfois, elle peut être stoppée par les mêmes forces qui sont responsables de son déclin.

En raison de sa nature rentière, le capital financier a été le premier à signaler l’arrêt du déclin. Au lendemain de la victoire de Trump, le Bloomberg Billionaires Index annonçait que la victoire de Donald Trump avait contribué, du jour au lendemain, à accroître la fortune des 10 personnes les plus riches du monde. Selon l’indice, ces fortunes ont rapporté près de 64 milliards de dollars rien que mercredi. Il s’agit de la plus forte hausse quotidienne enregistrée depuis le début de l’élaboration de l’indice en 2012.

Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, est aussi celui qui a vu sa fortune croître le plus. Sa valeur nette a augmenté de 10 %, soit l’équivalent de 26,5 milliards de dollars. Il était l’un des plus grands partisans de la campagne de Trump et on lui avait promis un poste dans le prochain gouvernement ; La fortune de Jeff Bezos, propriétaire d’Amazon, a augmenté de plus de 3 %, ce qui représente une augmentation de 7 milliards de dollars ; Bill Gates, propriétaire de Microsoft, a vu ses actifs augmenter de 1,2%, à 159,5 milliards ; Larry Page et Sergey Brin, co-fondateurs de Google, ont vu leurs actifs augmenter de 3,6%, atteignant chacun une fortune proche de 150 milliards. L’euphorie dans le monde des bit coins était une autre manifestation de l’optimisme financier. Si ces individus étaient ressortissants d’un pays hostile aux États-Unis, ils seraient immédiatement qualifiés d’oligarques. La question reste ouverte pour l’instant de savoir si cela témoigne d’un arrêt du déclin ou d’un approfondissement de celui-ci. En réalité, cela signifie une nouvelle impulsion à la concentration des richesses, un nouveau protectionnisme économique aux conséquences imprévisibles et un approfondissement de la crise de la coexistence démocratique. Si le danger de fascisme était réel si Trump était élu, comme l’a dit et répété la campagne de Kamala Harris, pourquoi Joe Biden fait-il maintenant des déclarations garantissant la transition pacifique de son gouvernement vers l’administration Trump ? Est-ce un geste démocratique dans une démocratie au bord du gouffre?

Démocratie ou nouveau type d’oligarchie ?

Bien entendu, Trump n’a pas remporté les élections grâce au vote des magnats. Il a remporté l’élection grâce au vote du peuple américain, en particulier des plus vulnérables qui ont vu leur niveau de vie se détériorer au cours des quatre dernières années, surtout après que l’agenda social du président Biden a été bloqué au Congrès et que la guerre en Ukraine est devenue le grand problème de l’administration Biden. Le Parti démocrate a depuis longtemps abandonné les classes populaires, les exposant à la détérioration de leur niveau de vie, à l’inflation des prix des biens essentiels et à une exploitation accrue. Pas étonnant que ces classes l’abandonnent maintenant. Par rapport aux élections de 2020, le Parti démocrate a perdu 10 millions de voix et n’a gagné des voix que parmi les classes supérieures. Il a perdu de façon retentissante le vote des jeunes, indignés par la complicité américaine dans le génocide de Gaza.

Comment est-il possible que les groupes sociaux qui, en fin de compte, souffriront le plus de la concentration croissante des richesses aient voté pour Trump ? L’une des conditions essentielles au fonctionnement de la démocratie libérale est que les citoyens soient bien informés. Cette situation se détériore partout dans le monde à l’heure des fausses nouvelles et des discours de haine, et le public américain est considéré comme l’un des plus mal informés au monde.

Mais ce n’est peut-être qu’une des raisons. Les sondages d’opinion publique montrent systématiquement que les citoyens américains sont favorables à des politiques sociales progressistes : élargissement de l’accès aux soins de santé, droit au logement, contrôle de l’inflation des biens essentiels et augmentation des impôts payés par les plus riches. Cependant, le Parti démocrate a axé sa campagne électorale sur le danger du fascisme et sur les critiques de Trump à l’égard des politiques raciales et identitaires de genre. Cela semblait être une tactique judicieuse étant donné le racisme et la misogynie de Trump tout au long de sa campagne. La vérité est que tout cela semblait trop abstrait pour 75% des électeurs qui, interrogés à la sortie des urnes, ont déclaré traverser des difficultés économiques. L’argument de la politique identitaire n’a remporté des voix que parmi les classes sociales les plus élevées.

Cela n’est pas sans rappeler les analyses menées par les politologues américains dans les années 1970 et 1980 sur la faible valeur que les pays latino-américains accordaient à la démocratie, l’échangeant facilement contre n’importe quel dictateur promettant d’améliorer leurs conditions de vie. Peut-être ces analyses devraient-elles être revues?, mais désormais appliquées au peuple américain.

Il apparaît de plus en plus clairement que la majorité de la population américaine n’a plus aucune influence sur la conduite de la vie politique. Dans un livre récent, Joe Foweraker, professeur à Oxford (Oligarchy in the Americas, 2021), affirme que les États-Unis traversent une transition d’un gouvernement constitutionnel démocratiquement élu, à un gouvernement dirigé par une oligarchie non élue qui n’a pratiquement de comptes à rendre à personne. Il s’agit d’un nouveau type d’oligarchie. Contrairement aux « barons voleurs » de « l’âge d’or» de la fin du XIXe siècle, les oligarques d’aujourd’hui n’ont pas recours à la corruption, aux subventions ou aux prêts d’État ; Ils contrôlent simplement le pouvoir politique afin que le système fiscal et le cadre de régulation économique favorisent leurs intérêts. En d’autres termes, ils manipulent le pouvoir politique pour fausser les marchés ou empêcher l’État de les réformer. La grande majorité des sénateurs et membres du Congrès américains appartiennent aux 1 % les plus riches des États-Unis et sont rémunérés pour défendre des politiques favorables à la nouvelle oligarchie. Dans cette perspective, le vote pour Trump pourrait bien avoir été un vote de protestation. Un vote de protestation voué à l’échec car Trump a déjà annoncé davantage de réductions d’impôts, davantage de déréglementation de l’économie et une augmentation de la production de combustibles fossiles.

L’analyse du Projet 2025 (Mandate for Leadership: The Conservator Promise, 920 pages) publiée par la Heritage Foundation en 2023 est révélatrice de ce qui pourrait se passer dans les années à venir, tant aux États-Unis que dans le monde influencé par la politique américaine. Outre la concentration du pouvoir dans la figure du Président, le projet repose sur les idées suivantes : « Restaurer la famille comme axe de la vie américaine et protéger nos enfants. Démanteler l’État administratif et rendre l’autonomie gouvernementale au peuple américain. Défendre la souveraineté de la nation, ses frontières et sa libéralité face aux menaces mondiales.

Garantir les droits individuels que Dieu nous a donnés pour vivre librement, ce que notre Constitution appelle « les bénédictions de la liberté».

Défendre les frontières, c’est déporter. Et que signifiera l’expulsion massive d’immigrés sans papiers ? Des milliers de policiers ? Une armée ? Construction de camps d’internement ? Que signifieront les invectives contre les professeurs d’écoles et d’universités si Trump considère que la grande majorité sont des radicaux d’extrême gauche, des marxistes ou même des communistes ? Comment forcera-t-il les enseignants à « apprendre aux élèves à aimer leur pays et non à le détester » ?

Trump et le monde

Tout ce qui se passe au niveau national aux États-Unis a des répercussions dans le monde entier. La victoire de Trump aura probablement les impacts mondiaux suivants. Il accélère le nettoyage ethnique en cours en Palestine pour consolider le gouvernement israélien comme fer de lance en Méditerranée orientale, espace géopolitique historique des relations entre l’Est et l’Ouest. En tant qu’avant-poste de l’empire dans une zone stratégique, Israël disposera d’un droit de veto sur la politique américaine dans la région. Fidèle à cette stratégie, l’Iran est géopolitiquement plus important que l’Ukraine, le grenier de l’Europe où, d’ailleurs, environ 30 % du territoire est déjà entre les mains des multinationales Du Pont, Cargill et Monsanto (détenues par le plus grand fonds d’investissement au monde, Blackrock).

Cela aggrave la confrontation avec la Chine, mais on ne sait pas encore si cela augmente ou diminue la probabilité d’une Troisième Guerre mondiale ; tout dépendra de la stratégie de la Chine pour qui quatre années de trumpisme ne représentent guère plus qu’une minute dans le long terme chinois ; et si la guerre est menée, elle peut être menée par des moyens très différents des guerres précédentes, même si elle se termine avec le même nombre de morts que toujours. Cela renforce les forces d’extrême droite dans le monde, maintenant que « la plus grande démocratie du monde » est gouvernée par l’extrême droite. Elle tentera par tous les moyens d’arrêter l’avancée des BRICS. Ce dernier sujet mérite une mention particulière.

Les BRICS et le cheval de Troie

En opposant son veto à l’entrée du Venezuela dans les BRICS, peut-être l’acte le plus maladroit de la diplomatie brésilienne des dernières décennies, le Brésil s’est imposé comme le cheval de Troie des BRICS, c’est-à-dire comme un coin de l’impérialisme américain au cœur d’une initiative qui visait à être une alternative à cela. Le pétrole continue de dire presque tout. Si le Venezuela rejoignait les BRICS, à l’avenir, 6 barils de pétrole sur 10 produits quotidiennement dans le monde seraient produits par les BRICS. Le Brésil n’est pas seul dans cette politique puisque l’Inde, quoique plus discrètement, tente également de retarder l’affirmation des BRICS. Tout comme le Brésil est trop proche des États-Unis, l’Inde est trop proche de la Chine.

Il est légitime de penser que le Brésil, en agissant ainsi, tente de rétablir la politique de non-alignement issue de la Conférence de Bandung en 1961. Le problème est que le non-alignement originel se situait entre le socialisme soviétique et le capitalisme occidental, tandis que le non-alignement recherché aujourd’hui se situerait entre deux versions du capitalisme, l’une dirigée par la Chine, l’empire émergent, et l’autre dirigée par les États-Unis, l’empire en déclin. L’histoire du capitalisme montre qu’entre deux versions du capitalisme, il n’existe pas d’alternatives, mais plutôt une lutte sauvage qui peut toutefois inclure des périodes de trêve plus ou moins longues.

L’histoire indique que ces périodes deviendront de plus en plus courtes. Il suffit de rappeler la triste histoire récente de l’Europe. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe a construit une version du capitalisme, le capitalisme social-démocrate, et l’a présenté comme une alternative au capitalisme libéral américain. Des phénomènes similaires se sont produits au Japon et en Corée du Sud. Mais ces alternatives n’étaient viables que tant qu’elles servaient (ou ne gênaient pas) les intérêts du capitalisme américain. Dès que cela a cessé d’être le cas, ces alternatives sont entrées en crise et, dans le cas de l’Europe, la guerre en Ukraine a porté le coup final. Pour enrayer son déclin, le capitalisme américain a exigé le plein soutien de l’Europe dans son projet d’affronter la Chine en affaiblissant son plus grand allié, la Russie. L’Europe a suivi, rendant non viable son modèle social-démocrate, détournant des fonds auparavant destinés aux politiques sociales pour financer la guerre et arrêtant d’acheter du gaz et du pétrole bon marché à la Russie pour les acheter plusieurs fois plus chers aux États-Unis.

La guerre de propagande a amené les politiciens médiocres qui gouvernent l’Europe à croire qu’une fois que celle-ci serait davantage alignée sur les États-Unis, elle serait plus forte et plus sûre. La victoire de Trump, le désinvestissement de l’OTAN et le protectionnisme annoncé démontrent cruellement que l’Europe sera bientôt au milieu de la place du monde, nue et stupide, se demandant comment tout cela a été possible. Peut-être redeviendra-t-elle, comme elle l’était jusqu’au XVe siècle, un coin insignifiant de l’Eurasie, aussi loin de la Russie que des États-Unis. Il y a eu des avertissements, mais la malédiction de Cassandre est plus vivante que jamais.

Dans le cas du Brésil, j’oserais conseiller aux hommes politiques d’Itamarati de lire ou de relire les livres de Ruy Mauro Marini, l’un des plus grands spécialistes brésiliens des sciences sociales du siècle dernier, dans lesquels il développe, dans diverses publications, la théorie du sous-impérialisme. À l’époque, Marini analysait l’autonomie relative du gouvernement de la dictature militaire dans le contexte latino-américain par rapport à l’impérialisme nord-américain. Cette lecture ou relecture est urgente pour que les politiques et les diplomates concluent que les temps ont changé et qu’aujourd’hui, il n’y a pas de place pour une autonomie relative.

Le geste du Brésil contre le Venezuela est, d’un point de vue géopolitique, un acte visant à stopper le déclin de l’impérialisme nord-américain. Les États-Unis apprécieront ce soutien des seules forces politiques qui sont aujourd’hui leurs alliées inconditionnelles à travers le monde, la droite et l’extrême droite.

Je n’aimerais pas voir dans quelques années le gouvernement du PT, comme l’Europe, debout, nu et stupide sur la Place du Monde, se demandant comment tout cela s’est produit.

Donald Trump n’est pas une aberration. Lui et les soixante-quinze millions d’électeurs qui ont voté pour lui sont aussi américains que Kamala Harris et les soixante-douze millions qui ont voté pour elle. Tous peuvent se sentir légitimés par la Déclaration d’Indépendance, un document structurellement ambigu qui peut justifier à la fois l’inclusion et l’exclusion, « les deux faces de la liberté américaine» (Aziz Rana).

La victoire de Trump est avant tout un symptôme de la crise de la démocratie libérale, d’autant plus que le néolibéralisme a pris l’hégémonie dans la pensée économique capitaliste à partir des années 1980. Il faut s’interroger sur les causes et c’est de cette réflexion que des alternatives peuvent émerger, si l’espèce humaine ne manque pas de temps.

[1] Si quelqu’un a des doutes sur la crise de la gauche et de la politique progressiste, qu’il essaie d’imaginer la possibilité qu’un si grand groupe de groupes de réflexion se réunisse pour développer un plan politique progressiste aussi détaillé et aussi vaste que ce document, manifeste de la politique ultraconservatrice.

Article envoyé par l’auteur à Other News

*Sociologue. Professeur retraité de la Faculté d’Économie de l’Université de Coimbra (Portugal). Professeur émérite à l’Université du Wisconsin-Madison (États-Unis).

Traduit par l’intelligence artificielle


 

À Gustavo Gutiérrez, profil d’un ami

Par Frei Betto, Amerindia, 25 octobre 2024

Gustavo Gutiérrez (1928-2024) peut, avec raison, être considéré comme le père de la Théologie de la libération puisqu’il fut le premier à publier un livre avec ce titre en 1971 aux Éditions Sigueme en Espagne. Il ne niait pas l’importance pour son travail de sa visite faite au Brésil en 1969, lorsqu’il fut en contact avec nos communautés ecclésiales de base et expérimenta, de près, le drame de l’assassinat – aujourd’hui encore impuni – du conseiller de la jeunesse de Dom Helder Camara, le père Henrique Pereira Neto, étranglé puis abattu par balle à Recife, le 26 mai 1969.

Gustavo dédia sa Théologie de la libération à ce prêtre assassiné par la dictature et à l’écrivain péruvien José Maria Arguedas. Malgré cela, il n’est pas possible nier l’influence sur son œuvre des racines européennes provenant de l’humanisme intégral de Jacques Maritain, du personnalisme engagé de Mounier, de l’évolutionnisme progressif de Teilhard de Chardin, de la dogmatique social De Lubac, de la Théologie du laïcat de Congar, de la Théologie du développement de Lebret, de la Théologie de la révolution de Comblin, ou de la Théologie politique de Metz.

Le Concile Vatican II favorisa les conditions pour que le cordon ombilical qui maintenait la théologie d’Amérique latine dépendante de l’utérus de la mère Europe, fût coupé. Au début des années 1960, la révolution cubaine, l’échec de l’Alliance pour le progrès, la crise du modèle « développementiste » et la croissance des mouvements de gauche non rattachés aux partis communistes traditionnel, furent des facteurs qui amenèrent les théologiens latino-américains à enraciner leur pensée dans le sol où ils marchaient. Il ne s’agissait pas ici de trouver de nouvelles catégories permettant une réinterprétation des faits sociaux et politiques. Le moteur de la théorie était la pratique des communautés populaires chrétiennes, enracinées dans la lutte pour la conquête de leurs droits – puisqu’à mesure qu’elles transformaient le monde, elles altéraient le modèle d’Église en vigueur.

Changement social et ecclésio-genèse sont, en dernière instance, liés. La construction d’un projet politique alternatif ne laissait pas l’église indemne, comme s’il s’agissait d’une communauté d’anges située au dessus des contradictions qui traversaient la trame de la société. L’élément nouveau était la conscience, atteinte dans la vie partagée dans les communautés ecclésiales de base, que l’Église n’était pas simplement constituée par le pape et les évêques, mais par le peuple de Dieu qui marchait à travers l’histoire. Et la présence de ce peuple croyant et opprimé dans les mouvements sociaux d’Amérique latine marca la foi d’un caractère critique qui fit naitre la Théologie de la libération.

 

Une Théologie indigène

Lors de la VII conférence internationale de l’Association œcuménique des Théologiens du Tiers Monde (ASETT) à Oaxtepec, au Mexique, en décembre 1986, le théologien noir nord-américain James Cone se plaignit que la Théologie de la libération latino-américaine était trop blanche. Le plus étrange, c’est qu’à ses côtés était assis Gustavo Gutiérrez, d’apparence typiquement indigène : peau brune, visage rond, petit de taille, avec des yeux légèrement en amandes qui révélaient son ascendance quechua. À la maison, son père parlait cette langue de l’ancien empire Inca. Toutefois, davantage que la langue et son apparence, Gustavo hérita du style des amérindiens des Andes. Cela surprenait n’importe quelle personne qui faisait sa connaissance : il combinait – non sans certains conflits – un esprit doué d’une intelligence rapide et rationnelle, magistrale, qui s’exprimait dans un langage construit comme un instrument de précision, et une sensibilité qui désarmait tous les modèles de la rationalité moderne.

Chez lui coexistaient l’intellectuel formé à Louvain – où il fut collègue de Camilo Torres et défendit une thèse sur Freud – et l’amérindien de l’Altiplano péruvien. Cela lui permettait d’entrer dans une salle sans être remarqué – comme s’il glissait sur ses propres pieds – ou visiter son ami Miguel d’Escoto sans que personnes ne perçoive sa présence à Managua. C’est comme s’il pouvait voyager, non seulement sur les routes accessibles et urbanisées, mais aussi dans les sentiers que seuls les habitants de la jungle connaissent. Ce don ancestral lui permettait de dominer une langue nouvelle, un nouveau champ de connaissance, ou de traverser New York, Paris, ou Bonn, comme un amérindien se faufilant à travers les arbres et les feuilles, observant sans être observé, rapide comme un oiseau et discret comme un lama.

Cette caractéristique permis qu’il puisse travailler sur l’ébauche du fameux document de Medellin, approuvé par la Conférence épiscopale latino-américaine en 1968 – un texte qui deviendra fondamental dans la pratique et la théorie de l’Église des pauvres en Amérique latine. Une fois, Gustavo arriva à Rome exactement quand les évêques péruviens discutaient de ses travaux avec les plus hauts dignitaires de la Curie. Qui peut jurer que le texte final, plus favorable à lui que l’ébauche originel, n’avait pas été rédigé par la propre plume de Gustavo ?

Discret comme un capucin, il se déplaçait dans le domaine politique des conflits théologiques avec toute la subtilité d’un jésuite. Même si son expression révélait  parfois cette angoisse métaphysique caractéristique des personnes pour qui la ligne mince qui sépare la mort de la vie est familière, il ne paniquait jamais, et son intuition aigüe était capable de présenter des solutions immédiates à des problèmes compliqués, comme s’il avait médité pendant des années une question qui venait d’apparaître. Il parvenait à rester assis pendant des heures sur un banc d’aéroport, écrivant un article ou écoutant quelqu’un, mordillant nerveusement en permanence une paille avec ses dents fortes, légèrement séparées. Il donnait des réponses presque toujours de manière ironique et drôle comme s’il structurait une inspiration soudaine.

Lorsqu’il enseignait ou donnait des conférences, il suivait un patron strict, soigneusement monté qui donnait l’impression d’avoir enjolivé son texte. Ses blagues conféraient à ses paroles une saveur propre, parce qu’il était toujours capable de manifester cette rare vertu qui le rendait si enchanteur : l’humour. Son sens de l’humour lui permettait de maintenir une certaine distance critique vis-à-vis n’importe quel fait. Il n’admettait pas être trahi par l’émotion, parce qu’il savait que rien d’humain ne mérite d’être trop pris au sérieux.

J’ai vécu avec Gustavo Gutiérrez à Puebla, en janvier et février de 1979, pendant la Troisième conférence épiscopale latino-américaine. À cette occasion, son nom, de même que celui des autres théologiens de la libération, avait été exclus de la liste des conseillers officiels. Sans accès directe au lieu de rencontre des évêques, plusieurs prélats venaient jusqu’à nous pour demander de l’aide, ce qu’il faisait en passant des nuits entières à élaborer des ébauches et des propositions. Nous étions tous logés de manière précaire dans deux appartements sans meubles, qui avaient rarement de l’eau et dont les toilettes manquaient de lumière. Nous survivions grâce à certains dons tombés du ciel, parce qu’il n’y avait pas de cuisine, et que nous ne pouvions fréquenter les restaurants de la ville où nous aurions été les proies faciles des journalistes de la presse internationale, toujours en quête de théologiens pour déchiffrer le langage ecclésiastique des textes, ou donner une entrevue exclusive qui confirmerait la nature rebelle ou hérétique de la Théologie de la libération…

Après avoir évité tous les correspondants étrangers pendant des jours, le soir du dimanche 4 février 1979, Gutiérrez accepta la suggestion du Centre mexicain de communication sociale (CENCOS) de réaliser une conférence de pesse collective à l’hôtel El Portal. Dans ses commentaires, il souligna que la Théologie de la libération n’avait pas prévu débuter par une réflexion sur les pauvres mais que c’était plutôt les pauvres eux-mêmes, agents de la transformation historique, qui initièrent cette réflexion théologique. L’objectif de la Théologie de la libération était de donner aux pauvres le droit de penser et de s’exprimer théologiquement. Plus les journalistes le pressaient de questions pour qu’il exprime quelque chose qui aurait pu sonner comme une hérésie, plus Gutiérrez se montrait fidèle aux pauvres et à l’Église. C’était un maitre pour réconcilier des pôles apparemment opposés.

Je l’ai rencontré à diverses occasions, presque toujours dans son bureau – la « tour » de Rimac, un quartier pauvre de Lima. Décidément, l’un des bureaux les plus désordonnés que je n’ai jamais vu. Éparpillés et mélangés sur le plancher on retrouvait des cannettes de Coca-cola et de livres du cardinal Ratzinger. Il avait des bouteilles posées sur des encycliques des différents papes, des fils électriques trainant parmi des papiers empoussiérés. Il n’y avait pas le moindre indice qu’un plumeau avait été là depuis l’arrivée de Francisco Pizarro au Pérou. Malgré cela, cette confusion avait une logique pour lui. Il savait exactement où trouver chaque chose. C’était au milieu de cette montagne de papier qu’il dévorait les livres qu’il recevait. Lorsqu’il avait faim, il prenait son repas tout près de là, avec des employés et des chômeurs.

Gutiérrez préféra toujours lire et écrire. Il avait sa propre méthode de lecture dynamique, comme s’il était doté d’une antenne qui lui disait quelle était la qualité du contenu d’une œuvre. Écrire, pour lui, était un accouchement douloureux. Quand il le faisait, il admettait que parvenir à la version finale lui exigeait un sacrifice. Il considérait toujours un texte comme provisoire, pouvant être revu et amélioré. Pour cela, presque toutes ses œuvres commencèrent comme des conférences sur des papiers raturées. Il est probable qu’il soit l’auteur de plusieurs œuvres non publiés, connues seulement d’un petit cercle de lecteurs. En général, il ne signait même pas les textes qu’il écrivait, incluant d’excellente introduction aux idées de Marx et d’Engels et leur relation avec le christianisme.

En janvier 1985, à la veille de la visite du pape Jean-Paul II à Lima, je lui ai rendu visite à la « tour de Rimac, quand il écrivait une série d’articles en lien avec cet important événement ecclésial. Pendant nous discutions, Gutiérrez s’efforçait de démêler un long fil de téléphone qui faisait penser à une pelote de laine dans la bouche d’un chat joueur. Il devait toujours faire quelque chose de ses mains lorsqu’il était nerveux, que ce soit étirer un élastique ou manipuler un stylo bille. En cet instant, il avait des raisons plus que suffisantes d’être préoccupé, le cardinal Ratzinger annoncerait sous peu, sa réponse à la défense qu’avait faite Leonardo Boff de son livre « Église, charisme et pouvoir » contre les critiques de Rome. Noël était passé et la Curie demeurait toujours silencieuse.

La Seconde “Instruction” sur la Théologie de la libération, basée sur une consultation des évêques d’Amérique latine, promise pour le mois de novembre ou décembre, n’avait pas non plus été publiée. Peut-être avait-il été décidé que le pape devrait faire une déclaration plus officielle sur la Théologie de la libération une fois sur place. Rien n’aurait pu être plus opportun qu’une déclaration faite à l’occasion de cette visite à la terre natale du père de la Théologie de la libération. Gustavo avait peur que le pape dise quelque chose qui puisse être interprétée comme une condamnation de sa théologie. Cela serait désastreux. Malgré cela, il était disposé à laisser la « tour » qui le protégeait de la presse et apparaitre dans une rencontre du pape avec des prêtres et des laïcs sur la place de Lima. Une fois encore, il paraissait certain, en raison de ses racines indigènes, comme personne capable de marcher à travers la forêt sans éveillé la nature de son sommeil, sa présence serait discrète comme la bruine qui couvre les toits de Lima avant l’aurore.

Admirateurs et inspirateurs

En route vers Cuba avec les frères Leonardo et Clodovis Boff, nous sommes passés par Lima en fin de journée le 4 septembre 1985. Nous sommes allés voir Gustavo dans la paroisse ouvrière où, avec le père Jorge, directeur de la pastorale ouvrière de Lima, le théologien exerçait son ministère. Nous avons insisté pour qu’il nous accompagne à la Havane parce que Fidel Castro avait démontré un grand intérêt pour le rencontrer. Il fut évasif, il objecta qu’à ce moment, un groupe d’évêques péruviens, mené par l’Archevêque Duran Enriquez, préparait un livre didactique critiquant ses écrits, ce qui signifiait qu’il devait se concentrer pour produire une défense anticipée.

Quelques temps plus tard,  Gutiérrez confirma qu’il n’avait pas été à Cuba en suivant les mises en garde du père Carlos Manuel de Céspedes, alors secrétaire général de la Conférence épiscopale cubaine, qui avait été son collègue à Rome. Le prêtre cubain avait peur que la présence du théologien péruvien à Cuba soit exploitée politiquement.

La nuit suivant notre rencontre à Lima, Leonardo, Clodovis et moi, rencontrions Fidel Castro à la Havane. Nous lui avons remis une lettre que le théologien lui avait écrite. Après l’avoir lu, il commenta qu’il finirait de lire le livre Théologie de la libération et il se disait impressionné par sa base scientifique et son impact éthique. Il mentionna spécialement l’honnêteté avec laquelle Gutiérrez traitait la question de la lutte des classes et la dimension de la pauvreté. Puis, il ajouta, avec emphase : « Nous devons distribuer les livres comme celui-ci au mouvement communiste. Notre peuple ne sait rien de cela. Pour vous, il est plus difficile d’écrire un livre comme celui-ci que pour nous de produire un texte sur le marxisme. » Quelques jours plus tard, Fidel déclara, en présence de Dom Pedro Casaldaliga que : « la Théologie de la libération était plus importante que le marxisme pour la révolution en Amérique latine. »

Mais ceux qui croient que la politique valait plus dans le cœur de Gutiérrez se trompent. Il était d’abord et avant tout un mystique. Ses livres plus récents, « Le Dieu de la Vie », celui sur Job : « Parler de Dieu », « La souffrance de l’innocent », et « Boire à son propre puits », sont fondamentalement spirituels, ils visent à alimenter la vie de foi et la prière des chrétiens engagés dans les luttes populaires. Pour Gutiérrez, la théologie était secondaire. L’essentiel, pour lui, consistait à faire la volonté de Dieu dans une action libératrice. Et sa vision théologique aigüe captait la présence du Seigneur, solidaire là où Il semblait le plus absent, dans la souffrance des pauvres. Cette souffrance imprégnait la vie même de Gustavo, sa santé délicate lui exigeant des soins constants. Mais il ne se plaignait jamais, préférant crier pour les pauvres.

Une fois, j’ai passé une journée entière avec lui en assistant à son cours d’été à Lima, auquel accouraient des milliers de militants des communautés chrétiennes de base en quête de fondements théologiques. J’ai perçu qu’il était triste, même s’il avait donné son cours avec sa vivacité habituelle. Il avait une ombre sur ce visage qui s’illuminait, heureux, quand il était entouré de gens simples, pauvres, dédiées à l’utopie du Règne. Nous avons discuté et ni une parole d’apitoiement ne sortit de ses lèvres. Seulement plus tard, j’appris que sa mère était décédée cette journée là.

Son livre sur Job est une autobiographie déguisée de Gustavo Gutiérrez. De ses pages surgit la profonde conviction que toute la Théologie de la libération dérive de l’effort de donner un sens à la souffrance humaine. Dans la recherche de ce sens, le théologien sait que, comme dit Clodovis Boff, tout est politique, mais que la politique n’est pas tout. La solidarité avec le pauvre ne s’épuise pas dans la cause de la justice; elle nous conduit à la sphère de la gratuité où le dépouillement spirituel ouvre le chemin pour la communion avec Dieu. Tout comme en Amérique latine la vie de foi ne peut être séparée des exigences de la politique, aussi le projet révolutionnaire devrait trouver dans la mystique chrétienne le modèle pour la formation d’hommes nouveaux et de femmes nouvelles.

Par conséquent, le Théologie de la libération ne peut être accusée de mépriser la dimension spirituelle que par ceux qui ignorent la longue liste des œuvres qui naquirent de la contemplation et des mains des théologiens et des théologiennes comme Gutiérrez.

Les stigmates divins ont brûlés les entrailles de Gustavo Gutiérrez. Il est impossible de saisir la profondeur totale de son inspiration spirituelle, son rôle prophétique et son âme mystique sans connaître ces trois péruviens qui se situent à la racine de son génie : José Carlos Mariatégui, César Vallejo et, par dessus tout, José Maria Arguedas. Du communiste Mariatégui, auteur du classique Sept essais péruviens, Gutiérrez appris la technique du cannibalisme culturel nécessaire pour latino-américaniser tout le bagage théorique de ses années d’études à Rome, en Belgique, en France et en Allemagne. Du poète César Vallejo, auteur de Trilce, poésie si importante pour la littérature moderne, autant qu’Ulysse, il retint la lamentation nostalgique de la créature souffrance devant le silence du Créateur : « Mon Dieu, si vous aviez été humain aujourd’hui, Vous auriez été capable d’être Dieu » (Los dados eternos). « Je suis un jour où Dieu était souffrant » (Espergesia). Néanmoins, l’influence la plus déterminante fut celle du nouvelliste José Maria Arguedas, de qui Gutiérrez était l’ami, et à qui il rendit hommage dans plusieurs de ses conférences et de ses écrits. Il est significatif qu’il ait choisi, comme épigraphe de son œuvre Théologie de la libération, une page du livre « Todas las sangres » de cet auteur quechua, spécifiquement celle où le sacrifice indigène de Lahuaymarca dit au prêtre : « Votre Dieu n’est pas le même. Il fait souffrir les personnes sans leur offrir de consolation. »

En novembre 1981, j’ai rencontré Gustavo à Managua. Entre des discussions théologiques avec des dirigeants sandinistes, dans une tentative de les aider à comprendre les différentes positions des chrétiens à propos de la révolution, naquit se qui deviendra son livre « Job ». Dans ce dernier il soulevait la question fondamentale et il se demandait à lui-même : « Comment pouvons-nous parler de Dieu au milieu de tant d’oppression? Si nous voulons faire de la théo-logie, parler de Dieu, nous devons d’abord demeurer en silence devant Lui. De ce silence, qui enveloppe les cœurs des pauvres, nait la sagesse. »

Au couvent de Lima, Gustavo, mon confrère dominicain, est passé dans une autre dimension le 22 octobre 2024. En toute certitude il répète avec Job : « Avant je Te connaissais seulement pour avoir entendu parler de Toi, maintenant mes yeux Te voient. »

Traduit du portugais par Yves Carrier


 

Validité de Gustavo Gutiérrez au temps de Gaza

Par David Roca Basadre

Le 22 octobre dernier, le père Gustavo Gutiérrez nous a quittés. Sa pensée théologique et son action ont marqué et demeurent pour les chrétiens engagés, mais elles interpellent aussi les non croyants.

Pensant depuis l’Amérique latine, vivant parmi ceux et celles que la société considère insignifiants, une question obséda et orienta les réflexions de Gustavo Gutiérrez : « Comment dire aux pauvres et aux opprimés que Dieu les aime? » Cette question et ses conclusions nécessaires ont marqué le mouvement des communautés chrétiennes de base et tous les catholiques liés aux changements sociaux et économiques du continent latino-américain, une force indispensable sans laquelle il est impossible de comprendre les grands processus et les luttes pour la justice sociale de tous ses peuples. Le mérite de Gustavo Gutiérrez a été de systématiser avec des réflexions transcendantes tout ce processus qui démarra avec force à partir du Concile Vatican II.

La religion catholique continue d’être prédominante en Amérique latine, malgré l’incursion des sectes d’origine nord-américaine qui se sont installées pour maintenir le statu quo, plusieurs d’elles ont été créés spécialement pour détourner les gens de leurs justes revendications. Cet objectif, elles l’ont partiellement atteint. Les organisations catholiques de base installées dans de nombreuses communautés ont été un facteur important de contention devant ces tentatives, et surtout d’appui à la résistance face à un ordre injuste. Et plusieurs de ses membres ont été et continuent d’être des modèles de référence.

Des martyres comme l’archevêque assassiné au Salvador, Oscar Romero, ou dans ce même pays, le recteur de l’Université Centroaméricaine (UCA), le jésuite Ignacio Ellacuria et cinq autres prêtres en plus d’une cuisinière et de sa fille, assassinés lors d’une attaque à l’université, des faits qui ont marqué dans le sang l’engagement de cette Église de base engagée envers la libération, le salut ici et maintenant, non seulement après la mort.

Une réflexion incrédule et mobilisatrice

Tandis que les conclusions théologiques du curé Gustavo Gutiérrez, responsable de la paroisse du Christ Rédempteur, dans un quartier très modeste du district de Rimac, à Lima, suscitaient des tempêtes, des discussions et questionnaient au plus profond la pensée et l’agir de l’Église, et qu’au Vatican même, des secteurs très conservateurs le questionnaient avec hargne, il poursuivait son travail de baptiser, confesser, dire la messe et organiser la soupe populaire de sa paroisse. Parce que c’était cela, en plus de la lecture de tous les principaux théologiens, philosophes et penseurs de son époque qu’il connaissait par sa solide formation intellectuelle,  – avec plusieurs doctorat honoris causa – la source principale de sa théologie.

Il disait : « On croit en Dieu à partir d’une situation historique déterminée », seulement après, « on tente de penser cette foi. » Il ajoutait : « On peut le dire de manière abstraite, mais dans le concret, comment dire sérieusement (que Dieu les aime) quand la vie quotidienne du pauvre semble être pratiquement la négation de l’amour? Quand sont-ils valorisés alors qu’ils sont perçus comme insignifiants? C’est pourquoi dans la Théologie de la libération nous définissons la théologie comme une réflexion sur la pratique à la lumière de la foi, à la lumière du message chrétien. »

La pratique signifiait, selon Gustavo Gutiérrez, no seulement reconnaitre la pauvreté, mais découvrir ses causes et faire partie du processus pour changer ces circonstances qui engendre la pauvreté, qui est injuste. C’est être, véritablement, du côté des opprimés et assumer intimement, réellement, pratiquement, leurs revendications.

Il citait souvent cette phrase d’Helder Camara à ses paroissiens : « Quand je parle des pauvre, ils disent que je suis un saint, mais quand je parle des causes de la pauvreté, ils disent que je suis communiste. » Et Gustavo ajoutait : « La pauvreté a des causes et celles-ci ont des responsables humains, se sont des situations conflictuelles. » Et comme dans le Nouveau testament qui dit : « Ne pensez pas que je suis venu pour apporter la paix sur la Terre; je ne suis pas venu apportez la paix, mais l’épée. Parce que je suis venu apportez la division du fils contre son père, de la fille contre sa mère, de la belle-fille contre sa belle-mère; et les ennemis de l’homme seront ceux de votre maison », sa parole était un appel à l’action.

À la première page de son livre le plus connu : « Théologie de la libération, Perspectives », Gustavo Gutiérrez écrit en pied de page une note significative : « Gramsci nous aide à comprendre ce nouveau statu de la théologie avec son concept « d’intellectuel organique, » qui définit la relation du théologien avec le mouvement populaire. » Cet engagement organique, imbriqué avec le peuple (selon le terme utilisé par José Maria Arguedas), l’amène alors à énoncer un terrible constat qui doit marquer tout le mouvement de la Théologie de la libération : « La pauvreté signifie la mort », dit-il.

Ce qui est rigoureusement certain : les pauvres meurent tôt, pour des raisons qui n’affectent pas les autres. Parce qu’ils n’ont pas accès à des médicaments, à des traitements, qu’ils s’alimentent mal, etc., et tout cela les fragilise. Alors, il n’y a aucun doute que la pauvreté est la même chose que la mort. Il met en garde, en toute conscience : « La pauvreté est un bouillon de culture, elle crée les conditions pour des réactions violentes. » Cependant, quand le prêtre colombien Camilo Torres Restrepo, un ami proche pendant leurs études de philosophie et de théologie à Louvain, il confie qu’il souhaite joindre les rangs de la guérilla, Gustavo essaie de l’en dissuader.

La Théologie de la libération n’est pas, souligne-t-il, seulement une réflexion à propos de la relation individuelle de l’homme avec Dieu, mais davantage « une aventure collective de libération, dans laquelle le classique combat spirituel acquière des dimensions sociales et historiques ». Il affirme : « Une spiritualité individualiste n’est pas en mesure d’orienter dans la suite du Christ ceux qui sont embarqués dans une aventure collective de libération. »

Il n’est pas difficile de deviner que de telles affirmations causèrent au sein de l’organisation à laquelle, malgré tout, il décida de demeurer fidèle jusqu’à la mort. Ce fut, précisément, ceux qui considéraient la libération comme un processus de spiritualité purement individuelle, qui accusèrent Gutiérrez et Leonardo Boff, et d’autres théologiens de la libération, de déviations doctrinales dangereuses.

Le président Ronald Reagan en personne, mit le nez dans cette question, non sans raison pour les intérêts américains, puisque le mouvement grandit jusqu’à inclure des membres renommés de l’épiscopat latino-américain qui produit des documents très clairs affirmant « l’option préférentielle pour les pauvres »; expression de Gustavo Gutiérrez inspirée de Bartolomé de Las Casas, de qui il se considérait disciple – et sur qui il élabora une réflexion importante – et gravée dans la pierre, s’agissant de documents des rencontres de l’épiscopat latino-américain à Medellin et Puebla. Cela fera école.

Que continue de nous dire la Théologie de la libération?

Ce fut en 1985, en présence de l’évêque brésilien dom Pedro Casaldaliga, un autre important promoteur de la Théologie de la libération, en visite à Cuba, que Fidel Castro dit : La Théologie de la libération est plus importantes que le marxisme pour la révolution en Amérique latine. » Pour sa part, Gustavo Gutiérrez, considérait que le marxisme était un instrument d’analyse  qui lui fournissait des outils pouvant être utilisés de manière critique et créative, mais il rejetait le matérialisme historique et considérait, en cohérence avec sa foi, que les instruments pour la libération étaient offert par la vie chrétienne. À ceux qui disaient que sa théologie était conflictuelle, il répondait qu’en effet elle l’était, parce qu’elle affrontait les conflits qui avaient lieu dans la vie réelle et qui devaient être résolus.

L’héritage de Gustavo Gutiérrez, et d’autres comme Leonardo Boff, Jon Sobrino, Helder Camara, est confronté, aujourd’hui, à des défis qui transcendent les frontières. Le sociologue nord-américain Emmanuel Wallenstein dénonça un alibi différent de la religion pour universaliser la domination coloniale : certains droits humains rédigés à l’image des valeurs occidentales qui ne correspondent pas avec les valeurs humaines globales qui doivent être l’œuvre de tous, et dont la réalisation demeure à faire. Il conclut, après avoir décrit le fameux débat entre Bartolomé de Las Casas et Sepulveda à Valladolid ainsi : « Le Conseil des Indes qui se réunit à Valladolid ne reporta pas ce verdict. Sepulveda gagna. Même si le verdict ne fut pas divulgué et en ce sens Sepulveda demeure le gagnant à court terme, les Los Casas de ce monde ont été accusé d’ingénues, de facilitateurs du mal, d’inefficients. Mais ils ne cessent d’avoir quelque chose à nous enseigner : un peu d’humilité pour notre supériorité morale, un peu d’appui concret pour les opprimés et les persécutés, un peu de recherche continue d’un universalisme global qui soit en vérité collectif et enfin véritablement global. »

Gaza

Mais cet universalisme global n’est pas encore perceptible, en à la place nous avons Gaza, la destruction de la Palestine, qui a comme date de naissance la même année que fut approuvé la Déclaration universelle des droits humains par les Nations unies, celles qui, en même temps, reconnaissaient l’invasion et la spoliation de la Palestine.

L’esprit de la Théologie de la libération nous rend proche de toutes les personnes souffrantes de ce monde, pour combattre les héritiers de Sepulveda. Pour ne pas discriminer quand les croyants et les non croyants entendent le message de la religion qu’a promu l’Occident, maintenant dépouillé de son caractère colonisateur, en revenant au message originel à partir de l’expérience des opprimés : « Parce que j’ai eu faim, et tu m’as donné à manger; j’ai eu soif, et tu m’as donné à boire, j’étais un étranger et tu m’as accueilli, j’étais nu et tu m’as vêtu, malade et tu m’as visité, emprisonné et tu es venu me voir., » pour trouver le chemin vers les valeurs universelles qui jaillissent de tous. Mais pour que cela se produise, nous devons mettre fin au martyr de la palestinien.

Le président de la Colombie, Gustavo Petro, dit que Gaza est l’avant-goût de ce qui s’en vient pour tous les pays dépendants du néo-colonialisme, parce que pour les grandes puissances, « nous sommes jetables, et nous devons être conscients de cela. » Mais en même temps, il appel « tous les peuples de couleur à résister ».

À propos de ce que nous dit Gustavo Gutiérrez : « La solidarité et la contestation dont nous parlons, ont dans le monde actuel un caractère « politique » évident et inévitable, en autant qu’ils possèdent une signification libératrice. Opter pour l’opprimé, c’est opter contre l’oppresseur. De nos jours, se solidariser avec le « pauvre » signifie courir des risques personnels – ce qui inclut mettre sa propre vie en danger. »

Le message de la Théologie de la libération, la voix de Gustavo Gutiérrez, nous touche profondément, transcende les frontières de l’Amérique latine et nous propose des réponses combatives, solidaires, devant le système-monde qui nous agresse et nous accable.

Fuente: https://desinformemonos.org/vigencia-de-gustavo-gutierrez-en-tiempos-de-gaza/

Traduit de l’espagnol par Yves Carrier


Des nouvelles du CAPMO

Soirée mensuelle de Noël, 19 décembre 2024 à 18 h 30

Un repas sera offert à compter de 17 h 30

2ème étage du 435 rue du Roi à Québec

 

Monique Toutant, médaillée de l’Assemblée nationale du Québec

Les membres du R.E.P.A.S. de Rouyn-Noranda, Le Conseil de l’exécutif et l’équipe désirent féliciter Mme Monique Toutant et Mme Renée Dubeau e l’Association pour la défense des droits sociaux Québec métropolitain-ADDSQM ont reçu la médaille de l’Assemblée nationale pour leur implication pour la défense des droits des personnes assistées sociales. Deux militantes qui ont travaillé fort pour la dignité des personnes assistées sociales. Leurs militances ont été reconnues dans le milieu communautaire et maintenant par l’Assemblée Nationale. Encore une fois, Félicitations à vous deux…des femmes en or !

Une cinquantaine de personnes sont venues souligner le parcours de ces deux militantes engagées dans la lutte contre la pauvreté au Québec. Plusieurs prises de parole touchantes ont été lues par des personnes qui, comme plusieurs dans la ville de Québec et au-delà, ont beaucoup appris au contact de ces deux femmes incroyables.

Nous sommes reconnaissant·e·s du travail de Renée et Monique pour la dignité des personnes assistées sociales. Bravo à vous deux ! Merci à toutes et à tous pour votre présence et vos beaux mots et merci à Étienne Grandmont et son équipe de circonscription pour l’organisation de cette soirée !  (ADDS-QM)

Monique Toutant est aussi une membre active du CAPMO, du TRAAQ, et du Comité consultatif sur la pauvreté du gouvernement du Québec. (CAPMO)

 

 

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