Mot du coordonnateur
En 2015, le CAPMO célèbre ses 40 ans d’existence, ses origines et son parcours sont un parti pris en faveur des appauvriEs. Si l’on considère nos quatre axes comme les différentes phases d’un cycle, l’actualité et la vie populaire et ouvrière constitue une première étape. L’analyse de la conjoncture nous révèle un terrain adverse où les intérêts économiques s’imposent à la réalité des gens ordinaires, expropriés de leur pouvoir décisionnel sur leur milieu. Parce que c’est à partir d’où on a les pieds qu’on élabore sa compréhension du monde, le CAPMO construit son interprétation sous l’angle des sans-voix, de ceux et celles ayant peu ou pas d’influence sur l’orientation des politiques qui les concernent. Le terrain étant le premier lieu d’enracinement d’un organisme, il détermine, pour une bonne part, sa raison d’être.
La spiritualité des personnes engagées socialement correspond au deuxième temps, celui où le groupe fait le point sur ses motivations profondes en faveur du changement social et les intuitions qui émergent de son écoute de la réalité. Qu’est-ce qui constitue le processus spécifique du CAPMO, le caractérise et l’inscrit dans la durée ? Comment susciter l’espoir malgré les vents contraires et redémarrer la dynamique du groupe pour améliorer sa cohérence interne, son rayonnement, l’adhésion des membres et son pouvoir d’attraction ?
Troisièmement, le projet de société apparait comme l’horizon utopique du CAPMO, non pas au sens d’inaccessible ou d’irréaliste, mais en tant qu’orientation à poursuivre. Sachant que toute société construite sur l’égoïsme et les privilèges des puissants n’est pas une société digne de ce nom, mais un marché où tout se vend, nous ne renoncerons jamais à l’utopie d’un changement social à la fois inclusif et pluriel, respectueux des besoins, des capacités et du potentiel de chacunE.
Quatrièmement, la solidarité ici (notamment avec les Premières Nations) et ailleurs, parce que nous ne sommes pas seuls sur cette planète et qu’au delà des enjeux de société, nous restons favorisés par rapport à l’immense majorité du genre humain. Notre lutte ne saurait demeurer digne si nous ignorons le poids que notre confort fait peser sur les autres sociétés. Et même si une profonde tristesse nous envahit en observant toute l’horreur de la tragédie humaine, nous refusons de construire notre bonheur en tournant le dos à l’histoire.
Yves Carrier, coordonnateur du CAPMO