# 349 – Combattre l’appauvrissement et la destruction planétaire à partir de l’économie circulaire

Compte-rendu du CAPMO, janvier 2024

Bonjour, je m’appelle Pierre Racicot et je suis l’un des fondateurs de Villes et régions innovantes qui s’intéresse à l’économie circulaire comme moyen de faire avancer l’économie sur d’autres bases que celles que nous connaissons actuellement et qui nous conduisent dans le mur de l’épuisement des ressources et du changement climatique. Ce soir, j’aimerais vous parler de deux sujets :

* L’économie circulaire par rapport à la crise climatique,

* Des exemples d’économies circulaires qui existent dans la région de Québec.

Des organismes communautaires que nous considérons comme des organismes d’économie circulaire parce qu’ils font de la récupération, traitent les matières et les revendent ou qui les donnent. Nous avons fait un projet avec des organismes, mais nous n’avons pas obtenu de financement. Ce qui est important, c’est que nous avons commencé à travailler ensemble sur ce sujet.

Alors, l’économie circulaire est à l’œuvre, non seulement pour la récupération des encombrants comme les vieilles télévisions, les poêles, les réfrigérateurs, mais aussi dans le domaine de l’alimentation, comme les municipalités qui récupèrent les déchets organiques pour en faire du compost. Elle s’applique aussi à l’eau et aux océans – si tu veux avoir un océan propre, tu dois commencer par nettoyer tes rivières et tes ruisseaux ici à Québec – ainsi qu’aux forêts et aux champs.

L’idée, c’est de venir appuyer la nature dans son rôle d’absorber le carbone. Par exemple, un arbre capte le carbone dans l’atmosphère et le bois qu’on récolte à maturité va séquestrer celui-ci sur une longue période, parfois des siècles comme nous l’avons vu avec l’incendie de la cathédrale Notre-Dame à Paris. Un arbre contribue directement à capter le carbone. Les champs ont la même fonction, mais les océans sont les plus grands capteurs de carbone. Alors les entreprises qui travaillent dans les forêts et sur les océans,  peuvent contribuer si leur travail s’effectue dans le sens d’aider la nature à jouer son rôle. On doit s’allier à la nature pour faire en sorte qu’elle nous aide à refroidir le climat.

Question : Il doit y avoir une différence entre un chêne qu’on utilise dans un bâtiment et un autre qui continue d’être vivant dans la nature?

En effet, il y a une différence entre un arbre en croissance qui agit dans la captation du carbone et un arbre mature qui doit être récolté pour conserver le carbone qu’il a séquestré. Quand il est à pleine maturité, c’est le temps de l’abattre pour laisser les petits arbres pousser. De plus, nous avons besoin de bois pour construire. Chaque essence d’arbre a une durée de vie différente et en terme d’efficacité, il faut tenir compte de cela dans la récolte du bois. Nous plaidons pour un aménagement forestier conçu pour accroître la capacité de la forêt à capter plus de carbone, mais pour cela, il faut pratiquer une coupe sélective et non la coupe à blanc. Évidemment, on ne doit pas s’en servir pour faire du bois de chauffage.

Le problème que nous avons avec le réchauffement, si vous regardez le schéma, (page suivante), on appelle l’économie actuelle, l’économie linéaire, mais au fond, c’est l’économie capitaliste. On a tellement émis de carbone dans l’atmosphère, par l’emploi de l’énergie fossile, que les océans, les forêts et les champs, ont perdu leurs capacités de capter autant de carbone, ils sont saturés. C’est l’origine de la catastrophe que nous vivons. Autrement dit, l’atmosphère se réchauffe et entraîne des bouleversements climatiques. Il y a toujours eu des tempêtes, sauf que là c’est multiplié par dix. Ainsi, les infrastructures municipales ne sont plus capables d’absorber les grandes quantités d’eau qui tombent lors des tempêtes. Ils sont obligé de changer les tuyaux de drainage pour augmenter leurs capacités.

Commentaire : Il n’y a pas que l’économie qui est linéaire, en Occident, notre pensée l’est aussi. C’est peut-être pour cela que nous n’avons pas été capables de percevoir le terrain où les activités humaines se réalisent. Il va falloir que nous changions notre manière de percevoir le monde pour qu’elle aussi devienne circulaire. C’est un peu comme la permaculture, je regarde l’économie circulaire dont on entend parler depuis une dizaine d’années, et je me demande si on tient compte de la capacité du terrain au départ. Parce que tout peut être circulaire, mais le terrain peut ne plus être  capable de fournir. Il va falloir introduire cela dans la conception de l’économie circulaire, comme c’est le cas dans la permaculture et la santé holistique, deux approches qui tiennent compte du terrain. Nous devons réapprendre à avoir une perception globale des choses. Il faut que le terrain soit capable de recevoir cette activité sans être détruit. Ce n’est pas compris.

Ce n’est pas pour rien qu’on vous présente cela par rapport à l’atmosphère. Quand on ne considère pas les GES (gaz à effet de serre) que vous produisez par votre activité, à ce moment-là ce n’est pas de l’économie circulaire. Cela ne va pas dans le sens de répondre à l’urgence climatique parce que tu viens empirer le problème. Bien sûr qu’il ne faut pas faire fabriquer ailleurs nos produits pour externaliser nos GES. Il faut aussi éviter d’importer les GES des autres pays. Les produits fabriqués à l’étranger impliquent que lorsque nous les achetons, nous importons du carbone. C’est pourquoi il faut toujours faire le lien en se demandant constamment: En quoi est-ce que mon activité aide la nature ? Comment cela génère ou emmagasine des GES ? On peut aussi avoir une activité qui est neutre.

Commentaire : Il faut aussi faire attention parce que parfois on peut faire passer pour de l’économie circulaire certaines pratiques qui sont linéaires finalement. À Madagascar, il y avait beaucoup de plantations d’eucalyptus. Une espèce australienne qui n’est pas adaptée à cette terre. L’eucalyptus capte la richesse du sol, empêche la végétation de se développer autour et assèche les nappes d’eau souterraine. C’est un arbre qui pousse vite et qu’on peut récolter rapidement. C’est rentable, mais cela appauvrit le sol. Alors il faut faire attention à certains discours qu’on peut nous servir parce que ce n’est pas de l’économie circulaire, mais de l’économie qui tourne en rond.

Au Québec, l’économie circulaire a débuté avec les industries qui voulaient réduire leurs coûts en traitant leurs déchets. Ils se sont inspirés du schéma d’Ellen Mac Arthur.

C’est un groupe très important dans le monde qui véhicule ce schéma qui sert aux entreprises pour les aider à identifier des processus de circularité. Comment une entreprise peut réduire ses déchets et par la même occasion faire des économies ou générer des revenus? Par exemple, si une entreprise parvient à réduire la quantité de déchets qu’elle produit, cela lui coûte moins cher pour en disposer dans les sites d’enfouissement. Sauf que même si on fait cela pendant 100 ans, cela ne produit pas d’effets positifs sur la nature et les émissions de GES, mais l’entreprise est plus rentable. Autrement dit, elle est plus performante dans le système que nous connaissons. Alors le schéma d’Ellen Mac Arthur n’inclut pas l’atmosphère et les émissions de GES. Donc, on peut dire que ce n’est pas un système d’économie circulaire intégrale. Toute production industrielle devrait faire son calcul de GES ou bien de carbone séquestré dans le bois.

L’avantage de considérer l’atmosphère dans l’économie, ce que le système actuel ne fait pas, c’est que cela donne à tous ceux et celles qui veulent s’impliquer dans l’économie circulaire une mesure unique : les GES.  Peu importe le domaine où ils travaillent, cela permet aux entreprises qui veulent faire de l’économie circulaire de relever le défi de l’urgence climatique. Deuxième avantage,  cela nous aide à identifier les entreprises qui sont à l’offensive dans la guerre contre le réchauffement du climat et celles qui sont sur la défensive. Dans le schéma à la page 3, sur la rubrique linéaire, vous avez extraction et  production des matières et émission infinie des GES. Ils ne calculent pas les GES produits, alors que dans l’économie circulaire, quand vous prenez une matière et que vous la transformez, il y a forcément émission de GES qui peut être compensée d’autres façons. Autant que possible, on évite d’avoir recours à l’extraction minière en utilisant des métaux recyclés parce que s’il y a moins d’extraction, il y aura moins de GES produit. Les entreprises en défensives sont celles qui récupèrent les produits pour les recycler tandis que celles qui sont à l’offensive, sont celles qui contribuent directement à aller chercher le carbone dans l’atmosphère. On favorise le captage du carbone par les forêts, les champs ou les océans par la restauration des milieux naturels. Les deux types d’entreprises sont nécessaires.

Avec le schéma de la page trois, on peut situer une entreprise pour reconnaître qu’elle opération elle effectue en faveur du climat en captant le carbone ou en évitant la production d’une plus grande émission de GES. C’est un des avantages incontournables. Si vous êtes au gouvernement, pour subventionner des entreprises, cela prend une politique. Si vous n’avez pas de politique d’économie circulaire, vous n’aurez pas d’entreprises reconnues qui pratiquent l’économie circulaire, des politiques qui vont valoriser des entreprises déjà existantes, mais qui sont considérées comme du menu frottin dans le système parce qu’elles travaillent à partir des déchets. Si le gouvernement avait une telle politique, il s’organiserait pour qu’elles se regroupent et deviennent plus fortes dans le système, pour inciter les consommateurs  utiliser leur pouvoir d’achat pour  faire croître ce type d’entreprises.

Question : Est-ce qu’il y a des organisations politiques qui sont intéressées par l’économie circulaire ?

Malheureusement non. Avant les élections provinciales, en 2020 et en 2021, nous avons fait deux tournées de rencontres auprès des représentants des principaux partis politiques et aucun n’a relevé la proposition pour en faire une politique économique et environnementale. Nous voulions que cette manière de voir soit incluse dans leur plateforme électorale. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’une remise en question du système économique. C’est ça le problème. Tu t’attaques à la cause, alors cela leur fait peur. Le gouvernement n’est pas intéressé, d’autant plus que, comme cela ne fait pas partie des plateformes électorales, il n’y a jamais eu de vote là-dessus et de ce fait, il n’a aucune légitimité. Alors, il faudrait qu’un ou plusieurs partis se donnent une plateforme d’économie circulaire et quand ils parviennent au pouvoir, ils sont légitimes de mettre leur politique en vigueur. Il y a beaucoup de travail à faire.

Commentaire : Cela m’étonne de Québec Solidaire. Mais qu’est-ce que vous pensez de la Collapsologie qui annonce que tous les systèmes: économique, politiques, sociaux, vont s’effondrer parce que nous sommes dans l’hyper consommation? Par exemple, en France, l’an dernier, ils ont lancé le plus grand paquebot de croisière jamais construit, il faut dynamiter des bancs de coraux pour qu’il puisse passer à certains endroits. On n’arrête pas dans la surenchère du plus gros et du plus vite, comme si c’était cela qui allait apporter le bonheur à l’humanité. Si on ne remet pas en question notre mode de vie et notre niveau de consommation, si on ne va pas vers une certaine sobriété, voire une décroissance, on est cuit. Même si le paquebot géant est circulaire, nous courrons à notre propre mort.

Commentaire : C’est à cause du néolibéralisme qui a tué les valeurs. Nous consommons pour nous sentir en vie. Notre matérialisme athée, non pas antireligieux, mais qui refuse qu’il y ait un sens à notre vie. La science aussi nous a enfermés dans une pensée linéaire.

L’économie circulaire c’est infini parce que c’est un domaine qui étend ses champs d’intérêts année après année. C’est une discipline où on apprend toujours des choses nouvelles. Bien sûr, cela touche aux valeurs parce que nous avons été programmés depuis les années 1950 à être des consommateurs. Comment on se déprogramme ? C’est un problème auquel il faut réfléchir et il y a une pédagogie à développer et c’est compliqué. Pour cela, il faut s’avoir où on veut s’en aller ?  En plus, on se méfie du green washing, on ne veut pas s’en aller dans un cul-de-sac. Si nous sommes confrontés à l’extinction des êtres humains, comment on se positionne par rapport à cela ? On touche aux éléments d’espoir, etc.  Moi, je pose cette question en terme de civilisation écologique et démocratique. Je garde cela pour la conclusion.

Il faut changer le modèle économique et considérer la nature comme une alliée au changement climatique. Ce n’est pas vrai que la technologie va régler le réchauffement. On s’en vient avec de la grosse technologie qui pour être produite va générer d’énormes quantités de GES. On nous fait croire que c’est comme cela que nous allons régler le problème alors que c’est la nature qui va nous aider et que nous devons aider en retour. Sinon, la nature va s’organiser sans nous.

Commentaire : Il ne faut pas oublier la capacité du système capitaliste à récupérer tout discours qui le contredit.

Commentaire: Pour que cela fonctionne, il faut que l’économie circulaire soit située sur le terrain global de la planète. On en peut pas soigner les problèmes sans regarder les causes qui les provoquent.

Je suis d’accord avec vous, mais il faut commencer par nous-mêmes. Je vais vous donner un exemple: Si un individu ne change pas, on ne va nulle part. De toute façon on va être forcer à changer, alors on est aussi bien de changer volontairement que de subir l’arbitraire de l’État. Une des propositions que nous avons consiste à dire : S’il y avait un gouvernement qui avait une politique d’économie circulaire, il travaillerait pour signer des traités de libre-échange uniquement avec des pays qui ont des politiques d’économie circulaire. Une autre proposition que nous avons, c’est l’abolition de la taxe de vente sur les produits usagers. Cela veut dire qu’un poêle et un réfrigérateur de seconde main seraient exemptés de taxe. Quelle est la conséquence de cela? Où sont fabriqués les électroménagers ? Aux États-Unis, où la trace carbone est très forte. Si tu achètes de l’usager ici, tu diminues non seulement la trace carbone, mais aussi la quantité de matières extraites des mines.

Un autre élément que vous avez souligné, c’est la question du système. Quand on touche aux catastrophes climatiques et à des politiques d’économie circulaire, comment va-t-on financer cela? C’est là que le système craque. Le problème, c’est qu’on croit encore que toutes les catastrophe sont séparées les unes des autres alors qu’elles sont interreliées. C’est difficiles à concevoir parce qu’aux informations télé, les catastrophes se suivent sans qu’on ne fasse le lien entre elles. On doit au moins savoir cela pour établir une cohérence qi doit aussi inclure la santé humaine et sociale. Une autre recommandation que nous avons faite au gouvernement, c’est d’obliger les fabricants à produire des biens durables, ayant une durée de vie de 40 ans et qui soient faciles à réparer. Cela afin de lutter contre l’obsolescence programmé.

Commentaire : C’est une responsabilité humaine d’arrêter de tomber dans la consommation.

Après la pause, j’aimerais vous parler de comment l’économie circulaire peut contribuer à lutter contre l’appauvrissement.


 

Des exemples d’économies circulaires qui existent dans la région

Quand j’ai commencé à m’impliquer dans le développement de l’économie circulaire au Québec, il y a une entreprise qui s’appelle Arteau Récupération qui est située dans le parc industriel à Vanier. Ce monsieur croyait à l’économie circulaire et il m’a dit: « Je vais te faire rencontrer mes clients. » J’ai trouvé l’idée très intéressante et j’ai rencontré une vingtaine de ses clients. Notre objectif était de mettre sur pied  un autre système économique qui est celui de l’économie circulaire avec les entreprises. Vous allez voir concrètement ce que nous avons fait ensemble. Depuis, nous avons avancé par rapport à nos connaissances et à l’organisation.

Le projet que je vais vous présenter n’a pas été financé par le gouvernement, par Recycle Québec, par le Fonds d’actions en développement durable, par le Ministère de l’économie et de l’innovation, etc..

Une citation de Neil Armstrong écrite en 1968 dans son livre : J’ai marché sur la Lune.

« La Terre est une sorte de vaisseau spatial, mais c’est un curieux vaisseau puisqu’il transporte son équipage à l’extérieur et non à l’intérieur. Si vous devez un jour commander un tel vaisseau, il faudra être très prudent dans l’usage que vous ferez de vos réserves et dans la façon dont vous traiterez votre véhicule.»

Il y aurait toute une histoire derrière cette phrase parce qu’à cette époque, il y avait déjà des chercheurs qui savaient qu’on s’en allait dans le mur. Armstrong, même s’il travaillait pour la NASA, appartenait à ce réseau de scientifiques. Ça a été sa façon de l’exprimer. Au fond, il nous disait : « Faites attention au vaisseau parce que vous n’en avez pas un autre. »

L’économie circulaire, qu’est-ce que c’est ?

* C’est un mode de production qui vise : Zéro effet de serre, zéro déchet et zéro appauvrissement.

* Centrer l’économie sur le bien-être des humains et la protection de la nature. Autrement dit, ce sont les humains et la nature qui sont le moteur de la vie et c’est ce sur quoi se fonde l’économie circulaire.

* Remettre les déchets et les matières dans les circuits économiques en utilisant les circuits de transport les plus courts possibles.

* Remettre la terre en condition équivalente ou meilleure qu’elle l’était avant son exploitation, par exemple l’agriculture biologique.

Je vous ai parlé avant de société apprenante, autrement dit, chaque individu amorce un changement autour de lui, puis quand il arrive dans son institution, son lieu de travail ou sa famille, il commence à vouloir changer son environnement, mais cela commence sur une base individuelle. C’est pour cela qu’il est important de valoriser la création. Pourquoi ? Parce que la création, c’est notre intelligence qui nous permet d’avancer.

Il ne faut pas tomber dans le panneau de l’accusation et de la culpabilisation de la population qui a un mode de vie polluant. On braque le monde en faisant cela plutôt que de les embarquer dans ce qu’on pense être le mieux. Pour cela, il faut faire confiance à la capacité de création des gens et le problème provient peut-être d’un manque de pédagogie pour transmettre le message.

Commentaire : Oui, mais on se bat contre la publicité qui incite à la consommation de gros véhicules ou de voyages à l’étranger.

Nous parlions tout à l’heure d’éducation, nous pouvons commencer par parler de publicité. Si au lieu de nous vendre des véhicules super puissants, on nous montrait la trace carbone de la voiture qu’on essaie de nous vendre? Ça c’est de l’information.

Commentaire : Mais ils en vendraient moins.

Opérateurs stratégiques de l’économie circulaire. Sur le plan des valeurs, sur la position stratégique, sur la capacité d’influence et sur celle de l’innovation. Dans ce milieu, les valeurs dominantes sont centrées sur les personnes en situation de pauvreté, en insertion ou en adaptation à l’emploi, avec ou sans handicap, et famille; protègent l’environnement en réduisant le gaspillage et en réintroduisant les matières et les biens dans le circuit économique par le don ou la vente. La position stratégique où elles se situent fait en sorte que les opérateurs sont des centres intégrateurs.

Qu’est-ce que font ces entreprises ?

Certains entreprises fournissent la matière, des déchets ou des matière résiduelles. Les entreprises d’économie circulaire trient, démantèlent et consolident les matières traitées pour les valoriser et les revendre, ils réparent, ils réemploient, ils distribuent, ils transforment, ils fabriquent, ils transportent et en plus ils font de la formation.

La capacité d’influence

En amont, ils ont des fournisseurs, des entreprises, des écocentres, des consommateurs, des producteurs agricoles et le public en général. Devant eux, il y a des consommateurs, des familles, des entreprises, des organisations, ainsi que des médias qui sont incontournables dans tout cela. Au fonds, les entreprises de récupération sont au centre du cycle de production.

En termes de recherche et de développement, ces entreprises ont une capacité d’innovation qui est le moteur de l’économie circulaire. Trois exemples :

1) Il y a eu un essai concernant l’utilisation de la fibre de vêtement dans la fabrication des panneaux de bois. C’était un projet concernant la transformation des produits forestiers avec le Centre de recherche industrielle. Cela n’a pas fonctionner, mais rien n’empêche que la recherche soit reprise. Le problème c’est qu’il n’y avait pas de subvention et que c’est une entreprise privée qui faisait la recherche. Comme elle n’y trouvait pas son profit, elle a abandonné. La fonction d’un chercheur ou d’une chercheuse, est de trouver des moyens et des solutions, mais le gouvernement doit soutenir financièrement la recherche.

2) Utilisation de mouches soldats noires pour décomposer les restant de fruits et légumes pour en faire de la farine comestible à valeur ajoutée pour les humains et du compost de première qualité qui peut être vendue. Ce projet a été mené par le Département des sciences animales à l’Université Laval.

3) Création d’un logiciel pour optimiser les routes de transport de marchandises mené par un groupe de recherche en technique de décision de Polytechnique à Montréal. L’idée étant qu’en mettant leurs ressources en commun, les compagnies de transport pouvaient éviter les voyages de camions vides, mais l’esprit de compétition a empêché cette mise en commun.

Aucun de ces projets n’a fonctionné, mais ce sont tout de même de bons projets. Cela ne veut pas dire que si cela a été refusé par le gouvernement, ce ne sont pas de bons projets.

Un autre projet consiste à développer la traçabilité des matières et de calcul des gaz à effet de serre pour le marché de l’économie circulaire. Ce logiciel va calculer l’émission de GES de l’origine d’un produit jusqu’à sa destination finale en incluant toutes les étapes de production. Ça va être un outil pour les entreprises qui veulent réduire leurs émissions de GES. Il va aussi être utile pour les consommateurs et les consommatrices qui veulent savoir si une entreprise est performante au niveau de sa trace carbone. Par exemple, à Cap-Rouge, il y a une pizzeria qui a acheté des voitures de livraison électrique et un four spécial à faible consommation d’énergie, afin de réduire son empreinte carbone. Rien ne les empêche d’en faire un argument de vente pour attirer de la clientèle et ce logiciel pourrait calculer la quantité d’émission non émise. Autrement dit, ces entreprises font de la recherche pour mettre au point des systèmes plus efficaces qui contribuent à la lutte au changement climatique. Et nous sommes capables de le démontrer chiffres à l’appui.

Les entreprises qui ont embarqué dans le projet d’économie circulaire ont été visitées pendant une année, puis regrouper afin d’avoir des discussion ensemble pour développer une vision commune, un plan d’action et des orientations.

Plan d’action écrit à partir des problématiques que ces entreprises rencontraient dans leur développement. Il y avait un problème de localisation, un problème d’alimentation, un problème de transport, un problème de ressources humaines, un problème d’administration, un problème avec le prix des matières premières, et c’était difficile pour elles de faire de la recherche et du développement, il y avait un problème de financement, elles étaient incapables de faire la traçabilité complète de leurs matières, elles avaient des mesures qui n’étaient pas complètes. Il pouvait y avoir un problème pour ce qui est du recrutement de bénévoles. Donc, la liste des problèmes que les gens rencontraient se situait à la base du plan d’action. Elles s’entendaient sur la vision zéro déchet et zéro GES, ce à quoi on aurait pu ajouter, zéro appauvrissement. Pour ces entreprises, cela fait partie de leur ADN.

L’orientation choisie :

1) Renforcer les mandats sociaux, environnementaux, et économiques de chacun. Autrement dit, ils voyaient dans la mise en place d’une organisation commune, un moyen de se renforcer tout en respectant l’autonomie de chacun. C’est notre vision de la démocratie. L’orientation consistait aussi à accroître la quantité de matière récupérée, la capacité de traitement et la vente des produits aux entreprises et aux consommateurs. Si nous sommes ensemble, nous allons augmenter la capacité de chacun.

2) Assurer l’approvisionnement régulier des matières. Les flux de matières étaient inégales ce qui occasionnaient parfois des surplus d’inventaire et créait un manque d’espace ou bien une pénurie en d’autres occasions. Le contrôle de l’inventaire en temps réel pourrait leur permettre de s’approvisionner et de s’entraider. Par exemple, des palettes de bois, certains en avaient trop alors que d’autres en manquaient.

3) Augmenter les volumes de récupération des matières à donner ou à vendre.

4) Créer des emplois et des entreprises dans leur secteur d’activité.

5) Publiciser la mission de chaque entreprise. On ne s’efface pas parce qu’on est regroupé.

6) Calculer la réduction des GES, la quantité des matières récupérées et la diminution des matières incinérées ou enfuies. Il faut calculer quel est le marché de l’économie circulaire. Il existe des pays où vous avez une image claire de ce que représente le marché de l’économie circulaire. Alors, ce qu’on récupère et ce qu’on recycle, et au bout du compte, ce qui va malgré tout au site d’enfouissement.

7) Mise en commun des services tels que la comptabilité, l’administration et le marketing. Ce sont des petites entreprises qui peuvent être envahies par les tâches administratives. La mise en commun permet de les soulager de ce fardeau et de se recentrer sur leur mission.

8) Assurer une gestion commune des réserves.

9) Contribuer à réduire la consommation des matières premières et des GES.

Ici, vous avez la courbe du Rapport Meadows, Limites à la croissance, qui a été publié en 1972.

En économie circulaire, on réduit la consommation des matières premières. La thèse que ce rapport soutient, c’est que si nous continuons à extraire les ressources naturelles non renouvelables à ce rythme, nous atteindrons l’effondrement en 2030.  Meadows a mis une date sur le mur que nous allons frapper. Il est toujours vivant et vous pouvez écouter ses conférences sur Youtube. Quand il a écrit ce rapport avec une équipe de jeunes chercheurs du MIT à Boston, il avait 26 ans, aujourd’hui, il en a 77. L’avantage, c’est qu’il a vu toutes les résistances. À l’époque, ces chercheurs croyaient qu’ils pouvaient, avec la science, influencer le cours des choses en informant le public et les politiciens. Cela veut dire qu’il faut que tu t’occupes de la politique, parce que quand tu te n’en occupes pas, elle s’occupe de toi.

Commentaire : Il y a aussi René Dumont qui nous a avertit il y a 35 ans et plus encore, que nous allions à l’extinction.

L’avantage de Meadows, c’est qu’il est toujours vivant et qu’il bénéficie des expériences de ses échecs et il nous les partage. Les leçons auxquelles il arrive, c’est cinquante ans d’expérience. Les lignes plus épaisses dans le graphique, c’est qu’en 1990, ils ont vérifié leurs données sur 20 ans et cela a confirmé leurs projections. La tendance n’a pas changé. Ils ont ainsi pu valider leurs propres données. Toutes les études du GIEC confirment ces données. Meadows pense que le point de rupture a eu lieu en 2008. Le problème avec l’effondrement, c’est que cela se fait graduellement avec des secousses. Quand arrive des catastrophes climatiques, on se réveille, mais il est trop tard.

Quand tu agis dans cette perspective, dans une vision politicienne à court terme, tu ne peux pas anticiper les problèmes. Alors que lorsqu’on on réfléchit à long terme, sur un mode de protection, comme planter un arbre par exemple, on n’agit plus de la même façon. Abattre un arbre cela prend 5 minutes, mais en faire pousser un c’est plusieurs décennies. Il faut apprendre à penser sur le long terme en matière de développement économique circulaire dans l’idée de la globalité.

Le rapport Charney qui parait en 1978, a démontré qu’avec les émissions de GES à l’époque, si les États-Unis ne faisaient rien, nous allions vers une augmentation de la température de l’atmosphère de 3 degrés Celsius. Ces scientifiques ont recommandé au gouvernement états-uniens de prendre le leadership et d’établir une taxe carbone à l’échelle planétaire. À l’époque, les démocrates et les républicains étaient d’accord, mais le président Jimmy Carter s’est incliné devant les lobbys des compagnies pétrolières. Ces dernières, lorsqu’elles ont entendus les pronostics des chercheurs à propos des énergies fossiles, elles ont fait leurs propres études qui arrivaient aux mêmes constats, ensuite, elles font croire au monde qu’il n’y avait pas de problème. Puis, elles ont investi des milliards en publicité pour contrer l’information scientifique sur le réchauffement climatique. C’est pour vous dire l’importance, pas seulement des partis politiques, mais également le programme et la qualité du leader. S’il y a une date à retenir où on a perdu la Terre, ce serait 1979. Vous pouvez en savoir plus en lisant le livre : Perdre la Terre: une histoire de notre temps, de Nathaniel Rich. Il raconte l’histoire

L’exemple que je donnais, c’est Défi Polyteck à Sherbrooke, une entreprise d’économie sociale qui embauche des personnes avec des limitations et ils font de la récupération. Il font de la réinsertion sociale, de la formation, ils ont du contrôle de qualité avec des grosses compagnies qui sont aussi leurs clients.

Voir le vidéo :

À propos de nous – Défi Polyteck (defipolyteck.com)

Nous sommes allés visiter cette entreprise, repérer des OBNL œuvrant dans ce secteur, rédiger et signer une entente sur la vision, sur le véhicule organisationnel et le financement, etc. Mais le projet n’a pas marché par absence de financement du gouvernement.

Organisation du système de l’ÉC pour un parc industriel , mémoire du VRIC à déposé au ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques dans le cadre de la consultation publique portant sur le projet de Politique de développement durable 2020-2027.

Je vais nommer les entreprises que nous avons rencontrées pour constituer notre réseau Villes et régions innovantes dans la région de Québec. À noter que le réseau existe sans aucun financement.

Le CFR de Lévis, Friperie Saint-Augustin, Signe d’espoir à Limoilou, Entraide Agapè, Cartonek à Ste-Marie

Réno Jouet, Moisson Québec, Bouchée généreuse, Vélo Vert, Option métal recyclé, Formaca à Montmagny, Écolivres à Lévis et plusieurs centres de recherche..

Pendant au moins six mois, ces entreprises d’économie circulaire se sont réunies pour discuter des orientations et d’éventuelles collaborations. Ce qui ressort de cette expérience, c’est que si l’Économie circulaire était reconnue, tu commences à changer le système. Nous préparons une pétition qui réclame l’abolition de la taxe de vente sur les produits usagers parce que si on favorise la réutilisation de ceux-ci, on favorise les entreprises d’économie circulaire. Cela inclut également l’achat et la réparation de véhicules usagers. Il faut généraliser cette mesure pour réduire la production et la consommation de produits neufs et donc de l’extraction minière et des GES que tout cela implique. Si on contribue, avec les États-Unis, à réduire leur empreinte carbone, c’est tant mieux.

Un grand merci Pierre pour cette présentation.

Propos rapportés par Yves Carrier

Organisation du système de l’ÉC pour un parc industriel , mémoire du VRIC à déposé au ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques dans le cadre de la consultation publique portant sur le projet de Politique de développement durable 2020-2027.


L’économie circulaire dans le cycle du carbone est l’économie de guerre en temps de paix, la guerre contre le réchauffement du climat.

Il y a plusieurs avantages à s’engager dans l’économie circulaire dans le cycle du carbone.

Premièrement, il donne à tout le monde une unité de mesure unique soit les GES et, en particulier, le carbone.

Deuxièmement, elle permet d’identifier les entreprises qui sont à l’offensive et celles qui sont en défensives.

Celles qui sont en défensive sont celles qui contribuent à réduire l’extraction des ressources naturelles limités et la production de biens neufs et les GES nécessaires à ces opérations par leurs activités de récupération et de traitement des matières en fin de vie utile dans le but de les vendre ou de les donner.

Celles qui sont à l’offensive sont celles qui augmentent la capacité des forêts, des champs et des océans à absorber et à capter directement le carbone de l’atmosphère afin de refroidir le climat.

Plus précisément à l’offensive il y a notamment, les villes, les MRC en :

En favorisant la construction des édifices commerciaux et industriels en bois;

En augmentant la couverture de leur territoire par les arbres à 40 %;

En purifiant les eaux, en récupérant les eaux de pluie et en nettoyant les rives des rivières;

En encourageant l’agriculture biologique;

En protégeant les milieux humides et les terres agricoles.

Mais, pour gagner cette guerre, l’État joue un rôle stratégique dans la mobilisation de tout le Québec en incluant : les consommateurs et les consommatrices.

Pour y arriver, l’État doit d’abord :

reconnaître l’urgence climatique;

prendre en compte le fait que :

les États-Unis et la Chine reconnaissent que l’économie circulaire est un moyen de décarboner l’économie;

l’Union européenne fait de l’économie circulaire, l’économie de sortie de crise économique causée par la pandémie.

L’État du Québec se doit d’adopter une politique contenant cinq mesures stratégiques pour mobiliser la société québécoise dans le développement de cette nouvelle économie :

Définir l’économie circulaire dans le cycle du carbone;

Mandater les villes et les MRC à promouvoir et développer l’économie circulaire sur leur territoire en collaboration avec les autres villes et régions;

Reconnaître les centres de recherche et de transfert technologique comme moteur de cette nouvelle économie fondée sur des technologies et des procédés propres;

Transférer aux villes et aux MRC des points d’impôts des entreprises d’économie circulaire et des citoyens afin de :

financer des investissements pour adapter les infrastructures aux changements climatiques;

financer l’organisation et les projets d’économie circulaire.

Abolir la taxe sur les produits usagés pour canaliser le pouvoir d’achat des consommateurs vers les entreprises de récupération et les détaillants qui vendent des produits usagés.

L’urgence climatique implique la mobilisation de tous les citoyens et citoyennes et un État stratège qui place le Québec à l’offensive avec d’autres pays dans la guerre mondiale contre le réchauffement du climat.

Pierre Racicot Ph. D., Directeur général, Villes et Régions Innovantes, cell. 418-265-8760

 

Tableau 9 Historique de la température moyenne de surface depuis 1850 du mémoire du VRIC

On remarque le réchauffement provoqué par la 2ème guerre mondiale à partir de 1940 jusqu’en 1945. YC

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