# 301 – Élection fédérales, quels enjeux orientent votre vote ?
Cette discussion autour des enjeux qui orienteront votre vote lors des prochaines élections fédérales se veut non-partisane. Je commencerais par vous demander quelle valeur ou quel motif déterminera votre choix ?
– L’accès à la justice
– L’environnement (2)
– Le transport
– Les Premières Nations
– La personne pour qui je vote.
– La justice sociale (3)
– Une éducation non marchande
– La famille
– L’indépendance du Québec / L’auto-santé / Le vote utile
Un grand penseur latino-américain, le philosophe Enrique Dussel a développé l’Éthique de la libération. Présentement, il donne gratuitement des cours de philosophie politique à des militants du Parti Morena au Mexique. Selon lui, le peuple doit être conscientisé, sinon il sera manipulé par les grands médias corporatifs comme cela s’est produit au Brésil avec la destitution de Dilma Roussef. À ses yeux, le président Andrès Manuel Lopez Obrador est un général sans armée si les militants de son parti ne reçoivent pas une formation politique qui les aide à discerner le vrai du faux, à prendre des décisions éclairées et à adopter une attitude résolue devant les offres de corruption. « Le peuple doit être prévenu des véritables enjeux afin de discerner la voie à suivre, cela lui prend aussi une éthique et une morale qui fait passer le bien commun devant les intérêts personnels ou les profits à court terme. » Dussel
Sinon, ce que vous aurez, ce sont des gens qui pensent à leur carrière et qui agissent en fonction du prochain poste à occuper ou des prochaines élections à préparer. Ils ne penseront pas au bien du pays ou à l’avancement de la communauté, mais à leur propre avancement. Cela crée des opportunistes et c’est cela la vraie corruption, c’est de ne penser qu’à soi. » Dussel a étudié l’histoire des civilisations anciennes et il y a identifié trois critères récurant dans la plupart des cultures concernant la bonne gouvernance. YC
1– « La défense de la vie des plus vulnérables, des populations les plus faibles, donc la dignité humaine, la justice sociale et l’environnement également comme milieu de vie sain. Dans toutes décisions politiques, il ne faut pas chercher l’accumulation du capital et du pouvoir, mais l’épanouissement de la vie des plus humbles. »
2— « Pour que cela fonctionne, le pouvoir doit être obédientiel et donc consulter la population, être à son écoute, délibéré avec elle et rechercher le consensus dans l’exécution des projets et l’ordonnance des priorités. Dans le meilleur des cas, les propositions et les décisions proviennent de la population, d’où l’importance d’une culture politique de masse. Il ne s’agit point d’un pouvoir qui commande et donne des ordres à de simples exécutants qui n’ont rien à dire. Ceci provoque des processus où la population ne se sent pas concernée par les objectif du gouvernement et elle finit par ne plus aller voter. Au contraire, si chacun se sent responsable des biens publics, tous en prennent soin. Ce deuxième point est subordonné au premier. Par exemple, si un projet de développement économique, au final, va détruire l’environnement et menacer la santé des résidents, au profit de quelques individus, il pourra être refusé, puisque l’argent n’est plus la mesure de toute chose. »
3 – « Le pragmatisme ou la faisabilité des projets puisqu’on ne peut pas demander l’impossible. En politique, il faut avoir une vision réaliste, cela ne signifie pas qu’il faille se satisfaire des conditions actuelles parce que le discours dominant nous dit qu’un projet est trop onéreux parce qu’il ne poursuit pas ses intérêts. Cependant, il ne faut pas avoir peur de remettre en question les paradigmes du capitalisme tels que la croissance infinie ou que le secteur privé fait toujours mieux que le secteur public, des pseudos vérités qui nous sont inculquées depuis trop longtemps. »
Même pour le changement climatique, les néolibéraux disent que nous ne pouvons pas changer la nature de l’économie parce que cela serait trop dispendieux et il y a un courant du capitalisme vert qui place tout son espoir dans un salut technologique qui évite de remettre en cause nos modes de consommation. YC
– Le pragmatisme est souvent un grave problème pour la gauche. Rappelons-nous que : « La politique c’est l’art du possible ». Évidemment, le possible c’est dans une situation et un contexte donné. Il y a des contextes où beaucoup de choses sont possibles et d’autres où ce n’est pas le cas. Quand le Front populaire a pris le pouvoir en 1936 en France, il y a eu une petite conjoncture qui a duré une année. Ils ont introduit la semaine de 40 heures et deux semaines par année de vacances payées. Ils sont allés au bout de ce qu’ils pouvaient faire. Puis la droite a repris ces droits, mais après la Guerre, tout est revenu. Ils ont su saisir une opportunité, mais c’était extrêmement précaire. (Gérald Doré)
– En période électorale, tous les candidats vont promettent n’importe quoi. C’est pourquoi le mot pragmatisme a à voir avec le fait que tu sois capable d’expliquer comment est-ce que tu vas le faire.
Nous avons également besoin d’une mémoire historique de ce que les partis ont fait lorsqu’ils étaient au pouvoir. C’est certain que les partis qui n’ont jamais été au pouvoir ont un passif moins lourd à traîner. Il y aurait même un parti qui serait arrivé au pouvoir en disant qu’il ne ferait pas de promesse. L’étape suivante de la rencontre est la discussion en elle-même où nous pouvons analyser les propositions et les actions de chaque parti en présence. Sur l’affiche, nous en avons mis une douzaine de partis répertoriés sur le site d’Élection Canada. Ainsi on peut observer que le Parti conservateur se décline de plusieurs façons. YC
– Le CHP c’est le Parti de l’héritage chrétien. Il se situe dans la mouvance conservatrice.
– Le Parti Rhinocéros est une façon de s’abstenir parce que leurs propositions sont complètement loufoques. S’il obtient un pourcentage significatif du vote, c’est un indicateur de l’estime que la population a pour nos politiciens. C’est un vote de contestation.
– C’est un parti inscrit ?
Oui. Il est plus ancien que le Bloc Québécois, mais ils n’ont jamais fait élire aucun député. Le financement par nombre de votes des partis politiques a été enlevé à Ottawa. YC
– Selon moi, le Parti Rhinocéros serait originaire du Brésil au début des années 1960. Le nom du Parti viendrait du nom d’un rhinocéros dans un zoo qui aurait été présenté comme candidat et chef du parti pour tourner en dérision le système démocratique de l’époque.
– Au Brésil, un candidat peut se présenter avec son surnom. Le Gros, le Petit, le Grand, le Chanceux, etc.
– Au Québec, celui qui a popularisé le Parti Rhinocéros c’est l’écrivain Jacques Ferron à la fin des années 1950, début des années 1960.
– Il y avait aussi des clowns qui se présentaient pour le Parti Rhinocéros.
– Dans l’actualité, ils présentent un candidat qui s’appelle Maxime Bernier dans le comté de Maxime Bernier. Sur les bulletins de vote il y aura deux Maxime Bernier. D’ailleurs, ils invitent les gens à voter pour les deux. L’une des promesses est de promouvoir l’émigration beauceronne au Canada puisqu’ils sont des exemples d’entreprenariat. J’ai trouvé cela très drôle.
Si nous énumérons les cinq principaux partis qui se présentent nous avons : les Conservateurs, les Libéraux, les NPD, Les Verts et le Bloc Québécois. Selon les derniers sondages (12 septembre) les Conservateurs et les Libéraux seraient nez-à-nez avec 32% et 33% des intentions de vote. Les Verts auraient ravi la place du NPD au troisième rang avec 13% et 12% pour les NPD. Le Bloc Québécois effectuerait une remontée au Québec avec 20% des intentions de vote. Avant le déclenchement des élection, 9 des 11 députés de la région de Québec étaient conservateurs et 2 étaient libéraux. YC
– Il y a aussi le PPC, le Parti Populaire du Canada de Maxime Bernier.
– Sous le règne de Stephen Harper, le Parti Conservateur était plus proche de ce qu’est aujourd’hui le PPC. Depuis que Maxime Bernier a fait une scission en créant le PPC, qui est plus libertarien selon le modèle américain, tandis que le Parti conservateur est en train de recentrer et de retourner vers ce qu’était le Parti progressiste conservateur.
– Comment peut-on affirmer qu’un parti est à la fois progressiste et conservateur?
– C’est simple, progressiste au niveau des valeurs, conservateur au niveau économique.
– Il existe une tradition progressiste conservateur au Canada. Mulroney était progressiste conservateur. Joe Clark est le plus libéral des conservateurs que nous ayons connu. Il était intègre et il avait de l’envergure. Les progressistes conservateurs, ce sont comme des libéraux plus à droite. Cela n’existe plus maintenant. Il faut savoir que le chef conservateur actuel Andrew Scheer a été attaché politique du Reform Party. Il vient des Églises évangéliques canadiennes comme Harper. Avec lui, vous aurez un super pipeline qui va traverser tous les cours d’eau du Québec pour amener le pétrole d’Alberta chez Irwing au Nouveau-Brunswick. (GD)
– Les conservateurs plus à droite appelaient les progressistes Red Tories.
– C’est bon de savoir à quel genre de personne ils se rapprochent. Les évangélistes, des gens qui nient le réchauffement climatique, des climato-sceptiques.
– Au dernier moment, ils mettent un élément environnemental dans leur programme qui n’est absolument pas crédible.
C’est un exemple qui suscite des doutes. Pour ce qui est des Libéraux, il semble qu’ils fassent beaucoup de tords aux Néo-démocrates parce qu’ils ont copié leur programme électoral. Ils se présentent à gauche par rapport aux Conservateurs. YC
– J’ai écouté une conférence de Boaventura de Souza qui disait qu’à l’origine, tout le monde se disait révolutionnaires et le débat était entre réformes ou révolutions. Alors les réformistes ont dit nous allons créer des partis socio-démocrates, mais nous vivons à l’époque de l’extrême concentration de la richesse. Les Libéraux sont des socio-démocrates pris pour jouer le jeu du capitalisme néolibéral contribuant ainsi à favoriser la concentration et l’accumulation du capital au profit des oligarques d’ici et d’ailleurs. Donc, pour moi, les socio-démocrates sont arrivés au bout de leurs possibilités. Soit tu choisis de transformer l’État dans le sens du bénéfice de la société dans son ensemble, soit tu soumets l’État aux intérêts de l’oligarchie. Alors tu peux bien te présenter et avoir le discours de la social-démocratie, mais quels sont tes vrais engagements ? Cela nous amène a avoir une analyse sur plein de gens qui sont pas mal critiques et même si on se dit de gauche, finalement, nous sommes socio-démocrates. Mario Gil
– Après la Guerre, les Libéraux ont instauré les principaux régimes de sécurité sociale qui existent encore aujourd’hui : pension de vieillesse, allocation familiale, assurance chômage, prêt hypothécaire, etc. C’est à cette époque qu’ils ont pris le programme du CCF, l’ancêtre du NPD, qui était social-démocrate authentique et ils l’ont appliqué pour des raisons économiques plutôt qu’humanistes. Avec la crise des années 1930, John Maynard Keynes, un économiste britannique a dit que le capitalisme ne pouvait pas continuer s’il n’y avait pas un soutien de la demande globale et des mesures sociales qui soutiennent la consommation et les entreprises en situation de précarité. À mes yeux, les Libéraux de Justin Trudeau ne sont pas crédibles. Si on prend un enjeu local, ils ne s’occupent pas du Pont de Québec pendant 4 ans et deux mois avant la campagne électorale, ils annoncent qu’ils vont l’acheter. En soi, c’était une aberration d’avoir vendu cette infrastructure publique au Canadien National pour un dollar. Je regardais RDI hier soir et il y avait un panel avec des représentants des cinq principaux partis. C’est dommage, la candidate du Parti Vert ne s’exprimait pas bien en français. Personnellement, j’hésite entre les Verts et le NPD. Pour ces derniers, il ne s’agit pas d’un vote stratégique parce qu’ils sont dans une situation difficile, mais ce sont eux qui dans leur histoire ont eu le plus de cohérence et parfois la balance du pouvoir qui a permis des mesures plus sociales. Sur la question de l’environnement, ce sont ceux qui m’apparaissent les plus responsables. En Colombie-Britannique, ils ne le voulaient pas le pipeline et ils sont prêts à aller jusqu’en Cour suprême pour ça. Pour ce qui est des Verts, Élisabeth May est prête à prendre le pétrole de l’Alberta même s’il est très polluant, en disant que dans la transition vers une société plus écologique, nous sommes mieux d’utiliser le pétrole canadien plutôt que d’en importer. En plus il ya une chose, je l’aime bien Jagmeet Singh avec son turban comme contrepoids à la loi 21 sur le port des signes religieux. Je n’ai jamais voté pour le Parti Rhinocéros parce que je considère que c’est un énorme privilège dans le concert des nations de pouvoir aller voter. Si on ne vote pas, on creuse le lit du populisme et du fascisme. C’est comme cela que la nazisme a commencé et c’est comme cela que Mussolini a débutéé sa carrière en Italie. Alors soyons pragmatique dans notre vote et évitons de tous les ramener au même. GD
– Moi, ce qui m’a fait décrocher des Libéraux, c’est qu’ils aient rompu leurs promesses envers les Premières Nations. Entre autre leur comportement envers la ministre Judy Wilson-Raybould pour qui j’ai beaucoup de respect parce qu’elle est restée intègre dans l’affaire SNC-Lavalin. Pour cela elle a été expulsée du cabinet.
J’aimerais apporter une précision, les firmes d’ingénierie à travers le monde se livrent une guerre sans merci avec l’appui de leur gouvernement pour obtenir les meilleurs contrats publics. L’un des présidents d’Alston pour l’Asie, a été arrêté en transit à l’aéroport de New York parce que cette firme européenne avait ravi un contrat à General Electric en versant un pot de vin à un gouvernement. Ce président qui n’était au courant de rien a fait plusieurs années de prison aux États-Unis pour cela. Au Brésil, le scandale qui a permis de renverser le gouvernement du PT, c’est aussi avec une firme d’ingénieurs Odebrech. Les services secrets états-uniens ont trempé dans cette affaire pour condamner des membres du gouvernement brésilien. Même avec les pays alliés, les États-Unis sont prêts à mettre le pied sur la gorge d’une multinationale qui n’est pas américaine et qui nuit aux intérêts de ses multinationales. Ça joue sale. Ce que j’ai pensé de madame Wilson-Raybould, c’est qu’elle est trop intègre pour le monde dans lequel nous vivons. YC
– Ce que je reconnais comme une force chez les NPD et les Verts, même si je ne suis pas d’accord avec eux, c’est leur opposition à la loi du Québec sur la laïcité. Ils le disent haut et fort. Par contre, le Parti libéral semble louvoyé jusqu’aux prochaines élections et après ils vont agir à l’encontre de la volonté du Québec.
– Ce qui est en jeu, c’est à qui est-ce qu’on va donner les contrats publics ?
– Nous avons débuté la discussion avec des valeurs, mais il faut aussi voir que dans ces questions, il y a aussi des conflits de valeurs. Concernant l’affaire Wilson-Raybould, la vrai problème c’est que dans un État de droit, le politique et le judiciaire doivent être séparés. C’est ce qui garantit l’équilibre des pouvoirs. L’enjeu, c’est l’intégrité de la justice, ou selon le gouvernement, ce serait les emplois à préserver. Il y a là un conflit de valeurs. Doit-on renoncer aux valeurs des institutions pour développer l’économie? En ce cas, c’est la même logique qui s’applique pour l’Alberta avec la nationalisation du pipeline que l’entreprise privée ne voulait même plus faire. Cette fois, l’argument c’est les jobs des Albertains parce que leur économie est fondée sur le pétrole. Le conflit de valeurs ici c’est le développement économique versus la sauvegarde de la planète. S’ils étaient pragmatiques, il y aurait un gros projet de développement économique de toutes les énergies propres. Je pense que Rachel Notley voulait aller vers ça, mais elle n’est pas rester longtemps dans ce contexte. Alors, cela va coûter des emplois la transition énergétique. GD
– Étant dans un comté conservateur depuis 25 ans, j’ai pensé au vote stratégique pour éviter l’élection d’un gouvernement de ce parti. Même à cela, j’ai l’impression qu’aller voté dans mon cas ne change absolument rien puisqu’il sera réélu. Reste le vote pour le parti qui correspond à mes valeurs. Personnellement, le gouvernement actuel m’a déçu à propos de la politique internationale. Nous ne sommes que des imitateurs des politiques du Département d’État américain. Pour se consoler, nous pouvons dire que c’est la même chose avec les gouvernement de France, d’Angleterre et d’Allemagne. Notamment la question du Venezuela est un sujet qui divise où le Canada fait équipe avec les gouvernements les plus criminels d’Amérique latine : le Honduras, le Guatemala, la Colombie, le Brésil, dans le fameux groupe de Lima. En passant, malgré l’écran de fumée de nos médias occidentaux, il n’y a pas unanimité à ce propos et une majorité des membres de l’Assemblée générale des Nations Unies s’opposent à une ingérence étrangère pour contrôler les ressources pétrolière de ce pays. Autrefois, le Canada jouait un rôle d’arbitre entre les nations en conflit, il est dommage qu’il ait abandonné cette noble mission. Bravo à la Norvège qui demeure fidèle à cette tradition. Qui plus est, la Colombie est devenu membre de l’OTAN, alors s’il y a une guerre avec le Venezuela, il se peut que nos soldats soient déployés en Amérique du sud. Dans l’accord des pays membre de l’OTAN, il y a un pacte d’assistance en cas d’agression par un autre pays et nous connaissons tous la technique des faux positifs employés par le gouvernement colombien pendant le conflit armée.
– Mon grand espoir lors de l’élection des Libéraux il y a quatre ans, c’est que nous allions mener une politique étrangère davantage pacifique alors que le gouvernement Harper semblait favoriser les interventions armées. Mais les Libéraux sont aussi belliqueux sur des questions comme la Russie, l’Ukraine, le Venezuela. En Ukraine, notre gouvernement supporte un parti d’extrême-droite nationaliste alors qu’ici on nous parle de lutte contre le racisme ici au Canada.
– Il y a un terme qui devrait être repris par la gauche et qui est utilisé par Maxime Bernier. « Il faut couper les subventions aux grandes corporations. » Dans le temps, Jack Layton au NPD était capable de le dire.
– C’est tout à fait dans la logique libertarienne de vouloir couper les subventions.
– À l’époque, Ed Broadbent les appelait les « corporates bums » parce qu’ils se plaignaient des régimes sociaux et qu’ils devaient payer des impôts pour venir en aide à la population alors qu’eux-mêmes étaient subventionnés. Ils disaient que les personnes qui vivaient de prestations sociales comme l’assurance chômage étaient des bums alors Broadbent a commencé sa campagne en les qualifiant de bums corporatifs.
– Moi, je me sens peu concerné lorsque nous votons à Ottawa. J’espère qu’un jour nous n’aurons plus à voter là. D’ici là, je regarde ça et je me dis que je n’ai pas le choix. Pour le Bloc Québécois, nous avons un candidat qui est agriculteur dans Portneuf qui se présente dans Louis-Hébert. Pour moi, c’est la question nationale qui détermine mon vote.
– Quelle est la politique économique du Bloc ?
– Défendre les intérêts du Québec et les consensus de l’Assemblée Nationale. Ils ne sont pas critiques du système économique. Comme social-démocrate, je me fais traiter d’extrémiste de gauche. Le Bloc est une chasse-gardée péquiste, ce n’est pas une véritable coalition souverainiste.
– Mais si le Québec est divisé entre la loi sur la laïcité et la tolérance religieuse, qu’est-ce qu’ils vont faire ?
– Je n’ai pas d’argument pour défendre le Bloc pas plus que pour aucun autre parti.
– Je suis souverainiste, mais je suis aussi immigrant, alors pour moi, la question principale au fédéral, ce sont les compagnies minières canadiennes qui détruisent les communautés et l’environnement partout sur la planète. Les questions de politique étrangère également, c’est super important.
– Pourquoi les compagnies minières sont canadiennes ? Parce qu’elles sont inscrites à la bourse de Toronto qui leur donne d’excellentes possibilités d’évasions fiscales et une belle image parce qu’elle donne l’impression de venir du Canada. Mais d’où proviennent les capitaux qui cheminent vers Toronto pour investir dans les sociétés minières canadiennes ? De partout dans le monde.
– Moi, je vais continuer sur la lancée de la souveraineté et du Bloc québécois. C’est sûrement pour ce parti que je vais voter aux prochaines élections. J’ai été abstentionniste pendant les dix premières années de ma vie d’électeur et à un moment donné je me suis impliqué davantage dans les campagnes électorales. Face à ce phénomène, je regarde le Canada qui a deux langues officielles et deux cultures, une francophone et une anglophone, les francophones sont présents à la grandeur du pays. À travers les différents mandats que j’ai pu observer, quand le Bloc Québécois est présent en force à Ottawa, l’enjeu de la défense de la langue française et des communautés francophones hors Québec est mieux défendu que par les Libéraux ou les Conservateurs. Pour pouvoir vivre dans ma langue je vais voter pour le Bloc Québécois.
– Vous savez que c’est assez difficile quand tu arrives à Ottawa en provenance du Québec, il y a comme un mur. J’ai participé à un comité consultatif sur la pauvreté du gouvernement fédéral. Le Québec, parce que nous avons des politiques très progressistes qui paraissent avant-gardistes au Canada anglais, il y a une différence notable entre notre vision de la société et la leur. C’est ce que j’ai ressenti lorsque j’ai participé à ce comité et je peux vous dire qu’ils parlent encore de l’ouverture de la constitution en 1982. Plusieurs des enjeux que nous soulevions sur ce comité étaient de juridiction provinciale, alors les pouvoirs d’intervention du gouvernement fédéral sur la pauvreté sont limités. La langue n’est pas la seule différence, il y a une grande différence de culture et de valeurs, même les structures gouvernementales sont différentes, aussi en ce qui concerne la question autochtones, les approches sont différentes. Éric Lapointe
– Justin Trudeau avouait en entrevue que le Québec est le moteur progressiste du Canada. Pour qu’il le dise publiquement, il faut que cela soit vrai. Je pense que c’est une vérité et c’est peut-être un des seuls arguments légitimes contre la souveraineté du Québec. Le Canada sans le Québec serait vite absorbé dans la sphère états-unienne peut-être comme 51ème État. Ce qui fait le progressisme et la particularité canadienne, ce sont les Premières Nations et aussi les Canadiens français et surtout les gens du Québec. Sans nous, il va y avoir beaucoup plus à droite comme politicien au Canada anglais. Par ailleurs, je suis passablement déçu par la manière dont le Bloc a réagi envers le candidat André Parizeau en lui imposant de renier ses idéaux politiques d’allégeance communistes. On se croirait à l’époque du Maccartisme. Je trouve cela inacceptable. Cela vient d’un article d’un membre du Parti populiste du Canada qui parlait de péril rouge au Bloc Québécois. Cela relève d’un anticommunisme primaire. Tobie Maltais
– Si je veux trouver des qualités aux Libéraux, ils ont une force qui est en même temps une faiblesse pour les Québécois. La question des droits et liberté, c’est très fort au Canada anglais et la question de la discrimination sur la base des signes religieux, cela n’existe pas au Canada anglais. C’est ce qu’ils appellent le multiculturalisme, et son volet négatif, c’est qu’ils nous considère comme n’importe quelle minorité culturelle au Canada alors que nous sommes la majorité au Québec. GD
– Quel est le pourcentage de la population du Québec au Canada ?
– C’est 22 à 23%, mais si nous prenons tous les francophones du Canada, nous représentons le quart de la population.
– Les francophones sont en voie d’assimilation partout, sauf peut-être au Nouveau-Brunswick.
– En Ontario, le nombre de francophone a beaucoup augmenté avec l’immigration des trente dernières années, sauf que Statistique Canada recense la langue parlé à la maison, alors si c’est l’arabe ou le wolof qui est la langue maternelle, on ignore le fait qu’il s’agit de francophones qui parlent souvent mieux français que nous, tous ceux et celles qui proviennent de l’Afrique francophone notamment. Alors il y aurait probablement un million de locuteurs francophones en Ontario. Le chiffre officiel ne prend en compte que les descendants des Canadiens français.YC
– Autre point positif qu’on pourrait trouver pour les Libéraux, ils ont manifesté davantage d’ouverture envers les Premières Nations que le gouvernement précédant en permettant la commission d’enquête que le premier ministre Harper refusait de faire. Trudeau a même nommé une ministre autochtone à la justice, sauf qu’elle a eu assez de courage pour ne pas accepter de tordre l’esprit de la loi. Ils se sont aussi engagés à apporter du soutien aux communautés, mais cela est plus facile à dire qu’à faire. GD
– Si le Bloc Québécois est comme le Parti Québécois, ce dernier a présenté une motion à l’Assemblée nationale pour reconnaître Guaido comme président du Venezuela. Ils sont dans la même ligne que le gouvernement de Donald Trump et cela démontre une piètre connaissance de l’Amérique latine.
– Moi, je suis venu ici pour apprendre. Ce qu’il faut considérer c’est que, historiquement, le droit de vote est une revendication qui a été obtenue par le peuple. C’est aussi un devoir. Je pense qu’il faut considérer ces aspects comme étant important. Ceci dit, ce n’est pas toujours intéressant d’aller voter. Il faut se rappeler que nous sommes chanceux d’avoir ce droit parce que dans certains pays ce n’est pas le cas. Ici, nos options sont entre des partis bourgeois et je considère que les élections sont passablement arrangées. Le problème, c’est que lorsque nous allons voter, nous accordons un pouvoir absolu à un gouvernement pour quatre ans. Je pense qu’il faut quand même y aller et un jour cela peut changer. Il pourrait se passer des choses assez intéressantes et des messages peuvent être envoyés par le peuple comme cela arrive dans beaucoup de pays. C’est une bataille de se battre pour des élections libres. C’est quelque chose que la démocratie nous permet de faire. Personnellement, c’est la personne qui se présente qui est ma motivation cette année. Robert Lapointe
– Dans ma famille, je suis celui qu’on consulte sur des sujets politiques parce qu’ils savent que j’ai une bonne analyse des enjeux. Je leur dis souvent : « Si vous ne savez pas pour qui voter, commencer par vous informer. Voter quand même. Demandez à quelqu’un en qui vous avez confiance de vous conseiller. Dorénavant, informez-vous pour développer votre autonomie pour aller voter aux prochaines élections. » Il y a des gens qui ne lisent pas parce qu’ils n’ont pas le temps.Renaud Blais
– J’aimerais nuancer les propos de Robert qui affirme que nous accordons un pouvoir absolu au parti victorieux parce que si tu élis un gouvernement minoritaire, la dynamique n’est plus du tout la même. Cela dépend de qui détient la balance du pouvoir, comme cela a pu être constaté lorsque c’était le cas pour le NPD. Cela produit une certaine différence et le parti élu ne peut pas faire exactement ce qu’il veut.
– Moi, j’ai voté souvent pour le Bloc. Dans une dynamique politique, il y a des momentum pour des partis. C’est comme si le momentum était passé, sa chance historique est passée. Probablement que c’est le cas aussi pour le Parti Québécois.
– C’est Robert qui m’a fait réagir quand il a dit que nous élisions des despotes. J’ai trouvé un exemple intéressant en terme d’influence que nous pouvons avoir indépendamment du vote. Rappelez vous comment le premier ministre François Legault était gêné de ne pas parler d’environnement lorsqu’il a constitué son conseil des ministres. Ce n’est pas à cause de ses électeurs qu’il n’a pas le choix de parler d’environnement, c’est l’opinion public. Il y avait une odeur dans l’air qu’il ne pouvait pas ignorer. Je ne sais pas comment qualifier cela ? Il y avait comme une clameur populaire. Renaud Blais
– C’est toujours le peuple qui fait l’histoire, surtout lorsqu’il se prend en main.
– Nous n’avons pas assez parlé du NPD. Moi, j’ai milité plusieurs années dans ce parti avec Michael Lessard et Raymond Côté. Je trouvais le programme intéressant dans ce temps-là de même que les gens qui y travaillaient. Toutefois, je n’ai pas aimé qu’ils montre la porte à Thomas Mulcair même si je n’étais pas l’un de ses fervents partisans. Il me semblait un peu plus à droite que Jack Layton. Il a fait cependant un excellent travail comme chef de l’opposition à la Chambre des communes. La structure actuelle semble s’être bureaucratisée, tout semble contrôlé à partir d’Ottawa. Toujours est-il qu’ils ont refusé la candidature de Raymond Côté alors que c’est lui qui a monté le parti dans toute la région de Québec. Fernand Dorval
– Le NPD est pris avec des critères qu’il s’est donnés qu’il faut avoir tant de femmes et tant de représentants des communautés culturelles chez les candidats. Ils sont coincés au point que parmi les grands partis ce sont eux qui ont le moins de candidats désignés actuellement.
En date d’hier, il n’y avait aucun candidat de nommer pour toute la région de Québec.
– Personne ne m’a convaincu ce soir de voter pour qui que ce soit.
– Moi, je suis anarchiste. Notre proverbe dit : « Votez bien, votez rien! »
– Moi, je vais appuyer le NPD encore une fois parce qu’à mon point de vue les Verts sont capitalistes. Comme ils sont affaiblis, ils sont davantage à l’écoute. Lorsqu’ils sont devenus l’opposition officielle, ils étaient complètement assourdis et ils étaient mal préparés en plus. André Boulerice est un bon porte-parole. Il est vice-chef et leader à la Chambre des communes.
– C’était le seul qui parlait de justice sociale hier soir.
– Je ne suis pas encore certaine pour qui je vais aller voter. Comme mon père a travaillé toute sa carrière pour le Directeur général des élections, je me sens le devoir d’aller voter.
– J’ai envie de vous parler d’un bourgeon de théorie politique qui me vient. J’ai l’impression que les partis politiques ont une vie, avec une naissance, une croissance, un sommet, un lent déclin, puis une mort. Si je prends l’exemple d’un parti qui est en montée versus un parti qui est en descente, celui qui est en croissance voit augmenter rapidement le nombre de ses membres ce qui l’amène à adoucir ses options pour élargir le consensus tandis que celui qui est en déclin exclut une part croissante de ses partisans, provoquant un rétrécissement de son champ de vision et donnant lieu parfois à une sorte de fermeture sur soi qui devient un répulsif pour les citoyens qui n’appartiennent pas ou plus à cette mouvance électorale. YC
– Moi, où j’habite, j’ai l’impression que mon vote n’a aucun impact compte-tenu que nous n’avons pas encore le vote proportionnel au Canada.
– Oui cela a un impact sur le total du vote.
– Ce soir, il n’y aura pas de consigne pour qui est-ce que nous devrions voter. Par ailleurs, j’ai l’impression que les élections fédérales intéressent beaucoup moins les Québécois et les Québécoises que les élections provinciales.
– Nous n’avons pas à avoir de consensus.
Évaluation
– Je me suis bien amusé ce soir. Je pensais que cela allait être moins humoristique et plus politique.
– C’est tellement triste la politique, faut rire un peu.
– Moi, je ne sais pas pour qui je vais voter, mais je vois que le député fédéral est présent dans nos organismes communautaires.
– C’est important si on veut être réélu de couvrir le terrain et d’être présent auprès des électeurs et des électrices.
– Il y a des choses intéressantes qui sont sorties dans les discussions. C’était intéressant.
– Moi, ce que je trouve fatigant dans la politique c’est que les personnes en situation de pauvreté sont souvent mises à l’écart. On parle d’environnement, d’éducation, d’économie, des familles, d’immigration, des autochtones, de n’importe quoi, mais pas de pauvreté. Que ce soit au fédéral ou au provincial, il semble que ne soit pas un enjeu populaire à traiter. Pourtant, elle existe, elle est là. C’est ce qui me dit pour qui est-ce que je vais voter. C’est ça qui est ma préoccupation et on n’en parle pas. Monique Toutant
– C’est parce qu’il n’y a pas d’argent à faire avec cela.
– Au contraire, moi je dis que oui. C’est eux qui ne savent pas comment faire fonctionner l’économie pour inclure tout le monde. Quand tu dis à un ministre que tu es une personne en situation de pauvreté, on se fait répondre que cela n’est pas une priorité. Je m’excuse mais cela fait partie de vos engagements. J’ai demandé poliment à monsieur Duclos si les sommes consacrées au futur tramway pouvaient inclure une exigence pour la tarification sociale. Il sait que le transport en commun c’est préoccupant, mais pas plus que cela.MT
– La présence des députés élus dans toutes les organisations fait parti de leur stratégie pour être réélus. D’autre part, la question du vote stratégique, du vote utile, versus le vote par conviction. Nous n’en avons pas beaucoup parlé ce soir, puis c’est quand même important. La question se pose à savoir si le vote utile ne diminue pas la valeur du geste d’aller voter ? Ceci dit, j’ai trouvé la soirée bien intéressante et fort animée.
– Pour moi, les politiciens sont tous des comédiens parce qu’à mon opinion, ce sont les hauts fonctionnaires qui dirigent la machine. Ce sont des programmes et parfois les ministres ne savent même pas comment cela fonctionne dans leur propre ministère. C’est toujours plus haut que le ministre.
– Je dirais que c’est heureux et malheureux à la fois. Dans certains cas où un gouvernement radical serait élu, cela peut modérer les transformations trop brusques.
– Pour moi, la pauvreté est la clé de lecture de tous les autres enjeux que nous avons nommés au début parce que lorsqu’on est pauvre on a juste les moyens de s’acheter des produits de mauvaises qualité qui ne durent pas. Au Canada, ce sont les autochtones qui les plus pauvres parmi les pauvres. Dans le Nord, il y a des endroits ou il n’y a même pas l’eau courante. Il y a des endroits où les gens habitent dans des cabanes insalubres et surpeuplées. À tous les niveaux, l’enjeu du transport, c’est majeur pour quelqu’un en situation de pauvreté. À la minute où la question de la pauvreté va être solutionnée, la plupart de ces problèmes vont se résoudre d’eux-mêmes. En plus de cela, cela va être plus facile de conscientiser les gens sur les questions d’environnement parce que lorsque tu luttes pour ta survie, tu n’as pas beaucoup de temps pour penser à autre chose. Tobie Maltais
– Monique a soulevé un excellent point. En effet, comment cela se fait-il que ce soir, nous n’avons pas parlé plus que cela de la pauvreté ? C’est étonnant. Serions-nous nous-mêmes aveuglés par le discours sur la situation de plein emploi qui prévaut à Québec, au Québec et au Canada ? C’est vrai qu’il pleut des emplois, mais la plupart du temps ce sont des jobs de faible qualité au salaire minimum. C’est pour cela que nous sommes obligés d’avoir de l’immigration pour combler ces emplois. Francine Bordeleau
– De fait, c’est à cause que démographiquement nous ne nous sommes pas reproduits suffisamment.
– J’ai trouvé que nous avons eu un bon échange même si cela n’était pas coulé dans les paroles de bois militantes. Personnellement, je trouve difficile l’amalgame qu’on fait de tous les politiciens en les ramenant à une même chose. Il y a un manque de discernement concernant les politiciens. Ce n’est pas vrai qu’ils sont tous et toutes pareils, il y a des différences. Alors, il faut avoir le discernement pour orienter notre vote. Celui-ci ne tranche pas une situation, il s’insère dans un mouvement de société qui comporte toutes sortes d’éléments imprévisibles. Parfois, il y a des informations qui nous manquent. On ne peut pas dire que les Libéraux ne se sont pas occupés de pauvreté. Jean-Yves Duclos a mis sur pied un comité national de consultation sur la pauvreté qui a permis d’élaborer une stratégie globale sur la pauvreté. Je ne peux pas voter pour lui parce qu’il n’est pas dans mon comté. Je me donne cette tâche de rompre cette vision fataliste qui est très répandue parmi la population. Ces jugements globalisant sur la politique et les politiciens ne nous aident en rien. Cela pave la voie du populisme et du fascisme. La politique ce n’est pas de la « marde » puis si tu ne t’organises pas, tu te fais organiser. Il faut que tu t’occupes et que tu fasses des choix. C’est la contribution que j’ai voulu apporter même si je ne suis plus sur la première ligne de front à mon âge. GD
– Je suis d’accord avec Gérald. J’ajouterais une chose concernant la pauvreté, autant la pauvreté que la question de l’environnement, cela prend de l’organisation pour être réglé. Quelle est l’approche des Libéraux à propos de la pauvreté ? On donne des prestations aux familles et aux individus pour qu’ils consomment. On a l’impression que si on peut consommer, nous ne sommes pas pauvres, mais ce n’est pas vrai. La pauvreté ce n’est pas une question de pouvoir consommer ou non. Ainsi, on peut avoir un salaire très élevé et avoir une dette 10 fois plus élevé que ce qu’on gagne. Le problème de la pauvreté, c’est plutôt notre attitude devant la planète, devant le monde et la société. La pauvreté, c’est le phénomène de ne pas avoir rien à croire, à rêver, c’est de ne pas avoir de raison de vivre. Il y a des gens très riches qui n’ont rien. Un gouvernement qui s’attaque vraiment à la pauvreté, c’est un gouvernement qui se préoccupe de l’organisation sociale des gens comme à Cuba. Là-bas, ils ont eu des dizaines d’ouragans, mais ils sont organisés et tous ensemble ils font face au danger. La véritable richesse, c’est la capacité de s’organiser et de s’entre-aider. C’est quelque chose qui se perd dans les pays riches. Le plus grand problème en Occident, c’est l’individualisme. Il n’y a personne qui est capable d’aller aider les voisins. Il y a même des gens riches qui meurent seuls sans que personne ne s’en rende compte. Pour moi, un gouvernement qui s’occupe de la pauvreté est un gouvernement qui s’occupe d’organiser le monde. J’ai trouvé super intéressant de pouvoir discuter avec vous ce soir. Nous aurions pu commencer par l’analyse des thématiques que nous avons énumérées au début de la soirée. C’est quoi une politique environnementale? Où est-ce que je me situe par rapport à cet enjeu? et après; Quel est le dialogue que je peux avoir avec la politique ? La politique, c’est aussi le fait de s’asseoir ici et de dire notre mot. J’ai appris beaucoup de choses sur l’histoire des partis politiques. MG
– J’ai trouvé le sujet intéressant même si l’animation était très souple. J’aimerais que les gens disent comme le discours de Victor Hugo qui a l’Assemblée nationale française s’est levé pour dénoncer la misère comme un scandale qui affecte nos sociétés. Il a écrit les Misérables également à partir de cette prise de conscience. Ce que Claude a dit est très juste : les politiciens qui veulent se faire réélire sont présents sur le terrain et ils parlent avec les gens. Cela vient aussi avec le refus de la misère et pour donner le sentiment à la population qu’on se préoccupe réellement d’eux. C’est un incontournable en politique, si tu n’es pas là, présent pour écouter les gens, cela ne fonctionne pas.FB
Le refus de la misère, c’est le premier nom que portait la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. YC
– J’aimerais parler d’associativité. C’est comme la convivialité. Présentement, cela se passe entre mon nombril et un choix politique. En général, les gens votent pour eux autres. Entre les élections, il manque quelque chose, une présence dans la société, une présence aux autres et à soi-même, une sensibilité. Il y a un espace qui n’est pas couvert, un espace qui appartient plus au cœur qu’à la tête. Il y a quelque chose qui me fatigue dans tout cela. C’est important la politique, mais la politique autre que partisane. Il s’agit des rapports humains au sein d’une communauté. Nous avons de la misère avec le mental rationnel à voir autrement les choses parce que nous sommes constamment en train de critiquer ou de séparer les choses. Nous avons de la misère à nous tramer ensemble. Peut-être que l’outil que nous avons pour penser doit être repensé. Le mental rationnel n’est peut-être pas le meilleur. Il faudrait davantage entendre ce que le cœur a à nous dire. Il y a quelque chose au fond de cela. Cela fait 50 ans que je m’implique dans toutes sortes de choses pour améliorer la société et aujourd’hui je constate que j’aime autant prendre des petites tâches pour encourager les gens et m’encourager. Tout en sachant que la plupart des gens, à partir de leur point de vue, nous avons tous des points de vue étroits, nous avons de la difficulté à percevoir les choses globalement, rondement, comme faisant partie d’un ensemble. Un peu comme les autochtones qui sont capables de marcher droit tout en percevant ce qu’il y autour d’eux. Peut-être que ce type de mental n’est pas idéal pour s’associer, pour apprécier le bon côté de chacun. Si l’attitude d’une personne ne nous plait pas, nous pouvons l’encourager à changer. Cela m’apparaît mieux comme discours. On dirait qu’il y a la vie politique, mais entre cela et mes besoins personnels qui tournent autour de mon nombril, il y a comme un vide spatial. Maintenant, avec les masses médias, avons-nous des espaces pour le retour sur soi ? Nos sens qui donnent sens sont tournés vers l’extérieur. Y a-t-il un espace intérieur qui est commun à tous et à toutes où nous pouvons exister ? Il y a tellement d’écrans qui font écran avec la réalité qu’on se perçoit à travers des projections comme dans l’histoire de la caverne de Platon. J’ai aimé la rencontre de ce soir. Michel Leclerc
– Je suis un peu déçu par le comportement du groupe ce soir. Pour ce qui est de la participation des membres, je vous donne 4 sur 10 parce qu’on s’est manqué de respect toute la soirée. Je m’inclus là-dedans. Souvent on s’est coupé la parole, souvent on a chialé pour toutes sortes d’affaires, cela me déçoit un peu du CAPMO. D’habitude, on fait preuve de beaucoup plus d’ouverture et d’écoute. C’est la première de l’année, d’accord. Cependant, nous avons reçu des beaux messages. Nous avons répondu à la question de la soirée. Nous avons parlé de politique, nous avons aussi parlé des partis, mais aussi de nos idées. Personnellement, j’ai apprécié l’animation, il n’y avait rien de despotique et c’était très ouvert et laissait place à l’expression des idées. J’ai hâte à la prochaine soirée où je suis certain que nous allons faire preuve de plus d’écoute et que nous allons davantage respecter le bâton de parole. Jonathan Côté
Pour ce qui concerne le calendrier des prochaines activités, j’aurais quelques annonces à vous faire. Il n’y aura pas de rencontre mensuelle au mois d’octobre sous la forme habituelle. Avant cela, nous nous revoyons le samedi 28 septembre à 9h30 le matin pour l’Assemblée générale annuelle du CAPMO.
La veille, le 27 septembre, nous participons à la Grève planétaire pour le climat, nous vous donnons rendez-vous devant le pavillon Lasonde au Musée des beaux arts du Québec sur la Grande Allée à 11 h. Nous ferons signer une pétition en faveur d’une politique nationale pour une tarification sociale du transport en commun au Québec.
Le 10 octobre, nous avons l’Assemblé générale du Collectif TRAAQ de midi à 16h au Centre Lucien borne, une invitation vous sera envoyée.
Le jeudi 17 octobre, le CAPMO est dans l’organisation de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté à Québec. Le sujet portera sur les élections fédérales et les enjeux de pauvreté. C’est à 17h à la Place de l’université du Québec sur le Boulevard Charest. Trois conférencières nous parleront d’environnement, de logement et d’assurance emploi. Un ragoût sera servi sur place et un compte-rendu sera réalisé à partir de ces trois présentations. Aussi, il y a une délégation de Colombie qui est supposée être à Québec dans la troisième semaine d’octobre. Cette délégation organisée par le CAPMO avec le CDAL et des association de Colombiens vivant au Canada, vient nous présenter un documentaire sur les disparitions et les assassinats des leaders sociaux en Colombie. Nous vous tiendrons informer lorsque nous aurons un local et une date.
Le 14 novembre, Miguel Paolinelli viendra nous présenter le processus électorale en Argentine à son retour de Buenos Aires.
La soirée mensuelle du Temps des fêtes aura lieu le jeudi 19 décembre.
Le 13 février, dans le cadre du mois de l’histoire des Noirs, nous aurons une conférence portant sur Thomas Sankara du Burkina Faso.
Merci de votre participation.
Yves Carrier
Compte-rendu rédigé par Yves Carrier