#273- Qu’est-ce qui fait courir les militantEs ?

Compte-rendu # 273, novembre 2016                                                                       version pdf

Qu’est-ce qui fait courir les militantEs ? L’engagement social comme source de vitalité

Pour Leonardo Boff, l’être humain est un être de relations. C’est en se reliant à soi-même, aux autres, à la nature et à la spiritualité comme manière aimante d’être au monde, qu’on acquiert consistance et authenticité. Martin Buber considère que l’on devient « soi-même » à partir de sa relation avec un « tu ». Il identifie trois formes de dialogue car c’est à travers le dialogue que l’être humain forge son identité. La première est la vraie manière d’entrer en relation les uns avec les autres. Elle consiste en cinq attitudes de base : 1) l’humilité, 2) la reconnaissance de la valeur de l’altérité, 3) la fidélité à une tradition porteuse de valeurs et de concepts, 4) l’ouverture à la vérité et 5) la capacité de compassion. « Sans cette capacité de se mettre à la place de l’autre et avec lui partager ses raisons et ses sentiments, toute conversation n’est que monologue et affirmation de ses propres convictions. » La seconde forme est le dialogue technique qui se résume aux moyens et au comment. La troisième est davantage un monologue qui cherche à se faire valoir.

Au CAPMO, la pratique du dialogue en groupe permet l’émergence de sens, d’identité et de valeurs, toujours en transformation, tout en demeurant ouvert aux nouveaux participants et fidèle à ses concepts fondamentaux. De cette écoute mutuelle nait des sentiments d’accueil et de bienveillance car aimer c’est construire l’unité. Pour Boff, l’éthique nait d’une mystique, des principes mêmes qui fondent l’être. C’est l’éthique qui émerge comme attitude fondamentale devant l’indignation provoquée à la vue de la misère et de l’exploitation, de la pollution et de l’irresponsabilité humaine. Cette colère est source de transformation pour la civilisation actuelle. La croissance illimitée, le matérialisme, l’esprit de consommation, l’indifférence devant la souffrance induite par le mode de production industrielle, le saccage de l’environnement, les guerres comme paroxysme des rapports de domination, la déshumanisation des services publiques, la marchandisation du monde ainsi que certaines prétentions scientifiques démiurges, ne peuvent conduire l’humanité vers son épanouissement. Pour abandonner ce modèle prédateur, il faut changer ses valeurs, refuser l’individualisme, convertir son orientation fondamentale, aimer davantage que vouloir posséder, unir au lieu de séparer, entrer à nouveau en communion et en émerveillement devant la beauté du monde, renoncer aux paradis artificiels, et reprendre sa place dans le cosmos non plus comme centre de l’univers, mais partie prenante de tout ce qui est vivant.

Yves Carrier inspiré de Libertaçao e ecologia, A teologia teoantropocosmica de Leonardo Boff, par Paulo Agostinho N. Baptista, Paulinas, Brasil, 2011.


 Table des matières

Attitudes nuisibles
Démarche d’animation
L’écureuil prévoyant
L’ours protecteur
La loutre joueuse
L’aigle visionnaire
Le castor ingénieux
Plénière
Les coquelicots blancs
Évaluation

 


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Attitudes nuisibles

Nommez une attitude nuisible aux relations interpersonnelles

Tout groupe ou ensemble humain traverse des processus de tension pouvant mener à la division. Tenant compte de cela, identifiez chacunE un mot qui correspond à une attitude négative devant, autant que possible, être évitée dans nos relations interpersonnelles au sein d’un groupe.
Préjugés
Manque d’écoute
Ressentiment
Prétention intellectuelle
Exigence de compétences (disqualifier la personne en l’incapacitant par son discours).
S’identifier à ce qu’on dit (une remise en question des affirmations de quelqu’un ne signifie pas une attaque à la personne).
Manque de gratuité dans les échanges (être intéressé à obtenir un gain en échange d’un service rendu).
Sectarisme (lorsqu’un groupe se referme sur lui-même).
Absence de liberté (contrôle excessif).
La peur du conflit (éviter de se dire les vraies choses et laisser pourrir la situation).
La médisance
La domination
Le sexisme
La divergence d’objectifs
L’ambition personnelle
L’exclusion
Les rapports hiérarchiques
Le pouvoir
Contrôle et manipulation
Sabotage des débats
La peur
La liste où les attitudes négatives ont été inscrites est détruite pour ne pas les reproduire.

 


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Démarche d’animation

– La société où nous aimerions vivre serait … :
Apprendre à voir le monde autrement : Travail en atelier avec des animaux représentatifs.
Chaque équipe travaille sur une dimension fondamentale de la société.

Équipe 1 – L’écureuil prévoyant
L’équipe réfléchit et propose des moyens pour assurer les besoins physiologiques de base.

Équipe 2 – L’ours protecteur
L’équipe réfléchit et propose des conditions rendant une société sécuritaire pour tous et pour toutes.

Équipe 3 – La loutre joueuse
L’équipe réfléchit et propose des moyens d’assurer le besoin d’appartenance de tous et de toutes.

Équipe 4 – L’aigle visionnaire
L’équipe réfléchit et propose des valeurs et une culture permettant la reconnaissance de la dignité humaine et de l’estime personnelle de chacun et chacune.

Équipe 5 – Le castor ingénieux
L’équipe réfléchit et propose des moyens favorisant la réalisation de soi à l’intérieur d’une visée collective.

Chacune des équipes correspond à l’un des cinq besoins fondamentaux de l’être humain tels que catégorisés par la pyramide de Maslow. Ces cinq catégories sont des éléments essentiels pour construire un projet de société solidaire et inclusif. À noter que la vision est toujours préalable à la réalisation d’un projet. L’idée est de réfléchir ensemble pour échapper au paradigme capitalisme du rendement et de la croissance. S’inspirant du film Demain, nous est-il possible de penser autrement la société et comment la réaliser ? Il faut sortir de nos schémas mentaux pour imaginer le monde autrement.

3 – Retour en plénière
Chaque équipe présente brièvement ses propositions visant la construction d’une société où chacun, chacune, a une place, contribue, participe, se sent protégé et estimé comme personne à part entière et où un projet de société donne forme à nos rêves.

 


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L’écureuil prévoyant

L’équipe réfléchit et propose des moyens pour assurer les besoins physiologiques de base. Nourriture, logement, éducation, santé, transport, etc.

 

Agriculture locale et biologique
Transport en commun abondant et gratuit
Logements automatiquement subventionnés s’il coûte plus que 25% des revenus pour un logement de base.
Avoir de l’espace pour se faire des réserves
Partage

Cours de cuisine avec les ingrédients de base
L’exercice physique intégré à même les tâches quotidiennes.
Faire comme l’écureuil, travailler dans la joie, avec ardeur, sans compter son temps. Il ne travaille pas que pour son profit personnel. Il plante des forêts.
L’éducation est de participer à la vie quotidienne avec la communauté, à chaque jour, pour répondre aux besoins de base. Apprendre à tout faire ensemble, toutes les générations mélangées.
Vivre au rythme de la nature et en harmonie avec elle.

Pour que les écureuils puissent travailler en paix et assurer notre subsistance pendant nos longs hivers, quelques-uns doivent veiller à la sécurité de tous. Ils doivent monter la garde pour protéger le bien commun.

 


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L’ours protecteur

L’équipe réfléchit et propose des conditions rendant une société   sécuritaire pour tous et pour toutes. De qui ou de quoi devons-nous être protégés ?

 Avec sa force, l’ours nous enseigne à distinguer ce dont on doit avoir réellement peur. L’ours est un médiateur entre les peurs légitimes et les peurs illégitimes. L’ours est celui qui accueille, mais aussi celui qui chasse l’indésirable avec force.

Nous devons nous protéger des peurs non-fondées et entendre celles qui sont fondées. La peur peut être bonne si elle permet d’appréhender les véritables dangers.
Avoir accès à des médias citoyens qui informent véritablement les gens au lieu de les manipuler en leur inculquant des préjugés. Des médias qui n’alimentent pas la peur.

Avoir une société civile et un tissu social fort.

Une démocratie qui vise à résoudre des problèmes sans le contrôle d’idéologies politiques, religieuses.

Une société laïque dans ses institutions.

Une société interculturelle et non multiculturelle qui permet la rencontre profonde et non l’adaptation.

Protection de l’environnement devant l’appétit des multinationales.

L’ours nous dit qu’il a besoin de ses frères er sœurs en société pour canaliser sa force (violence). Il grogne fort pour scander la justice.

L’ourse utilise la violence uniquement pour protéger les siens.

L’ours nous enseigne aussi que pour avoir une société sécuritaire, le repos est important. Il a besoin de se recueillir parfois dans sa caverne.

L’ours se contente de peu, il se protège ainsi du besoin. Il sait se satisfaire du nécessaire.

 


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La loutre joueuse

L’équipe réfléchit et propose des moyens d’assurer le besoin d’appartenance de tous et de toutes.

 Égalité de tous et de toutes.

Mixité sociale

Combler les besoins de base

Partage des pouvoirs

ChacunE se sent écouté

Accès aux lieux de rencontre comme les parc, les salles communautaires, les églises, etc.

Des moyens pour se sentir citoyen à part entière, de ne pas être isolés, de ne pas se sentir exclus de la société.

Avoir accès aux moyens de transport permettant de se déplacer pour participer aux activités sociales.

Idéalement, avoir un but commun, un projet de société auquel tout le monde peut adhérer.

Danger, le sentiment d’appartenance peut amener des groupes humains à s’exclure mutuellement.

L’être humain éprouve foncièrement le besoin de s’identifier et de se sentir appartenir à un groupe. Il est vrai cependant que ce besoin peut être manipulé par certains. Le sentiment d’appartenance doit être social, envers toute la société, pas seulement envers un groupe d’affinités.

 


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L’aigle visionnaire

L’équipe réfléchit et propose des valeurs et une culture permettant la reconnaissance de la dignité humaine et de l’estime personnelle de chacun et chacune.

Une culture d’accueil qui accepte la diversité
Une culture écologique
Une répartition équitable des ressources
Une culture d’ensemencement, d’implication citoyenne, de participation.

Valeurs présentes dans cette nouvelle culture :
La solidarité
Le partage
L’écoute
L’entraide
L’engagement
La générosité
Le respect
La justice
Le service
L’honnêteté
Les rapports égalitaires
La compassion
L’authenticité
La non discrimination
L’espoir et l’espérance

Ces valeurs me font rêver car pour moi ce ne sont pas juste des mots, mais des comportements qu’on incarne dans notre agir quotidien et qui finissent par influencer l’atmosphère globale de la société. Lorsqu’il y a une confiance et un respect mutuel à l’intérieur d’un groupe ou d’une société, on peut aller très loin, tandis qu’avec la méfiance il est impossible de construire quoi que ce soit. YC

 


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Le castor ingénieux

L’équipe réfléchit et propose des moyens favorisant la réalisation de soi à l’intérieur d’une visée collective.

 Le castor a besoin d’un plan rassembleur pour débuter son œuvre.

Ce plan lui est fourni par les autres équipes puisqu’un projet rassembleur tiendra compte des besoins et des idées des gens à la base.

Les autres équipes doivent avoir complété leur tâche pour avancer. (Besoin de consulter et d’entendre ce que la base des différents corps de la société a à dire.)

Le plan ou projet tiendra compte des éléments suivants :

Ce projet devra respecter la liberté de chacunE,

Il sera fondé sur une diversité inclusive,

Il veillera à ce que les besoins de base soient satisfaits pour tous et pour toutes, des soins universels et préventifs.

Ce projet visera l’implication du plus grand nombre et l’entraide.

L’humain sera au centre de la vision du monde et non pas l’argent ou les profits.

Il faut éviter l’effet de silo et permettre une collaboration entre toutes les secteurs de la société.
Il faut éviter que chaque catégorie d’experts demeure dans sa tour d’Ivoire sans communiquer avec les autres secteurs de la société. Par exemple, j’ai contribué à mettre sur pied la Clinique Spot, une clinique itinérante pour aller rejoindre les gens qui sont désaffiliés des systèmes de santé. Au départ, c’était une idée utopique de prendre des étudiants et de les faire évaluer par des infirmières. Les professeurs médecins s’opposaient à cela. L’idée était de croiser la clinique avec des organismes communautaires où elle se rendait. Il a fallu asseoir à la même table des organismes communautaires, des étudiants, des doyens de faculté universitaire, des itinérants, bref toutes les catégories sociales imaginables. Au départ, tout le monde trouvait que l’idée était bonne, mais mettre cela en place c’était quelque chose d’assez complexe en soi. La clinique se promène dans cinq organismes communautaires. Nous avons cinq médecins qui y font du bénévolat. Presque tous nos employés sont des étudiants en stage, en nutrition par exemple. Nous avons même un volet social qui tient compte de la réalité du milieu de vie de chacun. ED

C’est la seule clinique qui a survécu avec une infirmière clinicienne.

Nous avons également des médecins s’il s’agit d’un problème plus grave.

Si l’on souhaite construire un projet inclusif où tout le monde a une place, il faut, autant que possible, éviter les chasse-gardés.

Ceux qui veulent utiliser ce service comme ceux qui désirent le mettre en place doivent se parler.
La société, prise dans son ensemble, est un projet qui n’est jamais fini.

 


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Plénière

J’inviterais ceux et celles qui sont habiles à faire des liens entre les différents ateliers à s’exprimer.

Avec la présentation des cinq animaux, je me suis rendue compte que dans mon militantisme, je suis tour à tour l’écureuil qui s’occupe de logistique et d’organisation, l’ours qui grogne et manifeste pour défendre des droits bafoués par l’État, la loutre qui accueille et réconforte les frères et sœurs militantEs, l’aigle qui rêve d’un monde meilleur et le castor qui travaille à la réalisation du projet de société. Cela dépend des circonstances, de l’action ou du moment présent qu’on veut mettre de l’avant. Si je prends, par exemple, le projet de loi 70, on travaille, on essaie de voir ce qu’il va y avoir là-dedans, on cueille de miettes ici et là. Après cela il va falloir grogner. Il va falloir sortir l’ours pour faire reculer le gouvernement. Je le vois comme ça. Ensuite, il faut se trouver des moyens et des solutions pour dire non, c’est pas comme cela qu’on traite les gens. Nous sommes l’aigle qui voit en avant. Nous ne voulons pas que les nouveaux demandeurs à l’aide sociale mangent de la misère et qu’ils se sentent exclus de la société. Nous sommes la loutre.

Cela m’a fait prendre conscience que pour qu’il y ait un changement social, nous avons besoin de toutes ces dimensions. Ce qui ressort le plus fort chez moi comme charisme, ce serait l’aigle visionnaire. J’ai des gens autour de moi qui sont davantage des écureuils, qui ont une force pour organiser les choses. Je reconnais que d’autres ont davantage la force de crier pour défendre ceux et celles qui sont menacés par l’outrage de leurs droits. L’idée c’est que nous nous complétons les uns les autres lorsque nous luttons ensemble pour le changement social. Cela permet de reconnaître notre interdépendance. J’ai besoin des autres dans la société, je ne pourrais pas vivre toute seule. Cette animation nous fournit des images créatives qui sortent un peu de nos schémas rationnels habituels. C’est une façon de travailler qui est inspirante.

L’image qui me vient, c’est dans le film Demain. Plusieurs intellectuels se demandaient si cela était légal de créer une monnaie locale? Est-ce que c’est légal la désobéissance civile ? Les experts répondaient tous qu’ils ne savaient pas. Puis, ils ont posé la question à une femme qui habite l’Inde. Elle a répondu : « Oui, si c’est pour protéger l’économie locale, les petits commerçants et les petits producteurs. Si c’est pour protéger la Terre, c’est un devoir que nous avons pour protéger l’humanité. » C’est beaucoup plus qu’une désobéissance civile. On ne peut pas sortir de la politique. Ce qu’il faudrait ici, c’est un mouvement citoyen qui porte le projet de « Québec, ville de transition ».

Nous avons choisi cinq animaux inspirés de la spiritualité amérindienne, mais il y a deux autres animaux qui sont importants. D’abord l’escargot qui est un des symboles du CAPMO. Il est autonome avec sa maison sur le dos, il file droit, il ne recule pas devant les obstacles, il est baveux, mais il prend son temps. L’autre animal nous enseigne la persévérance. C’est l’histoire de la fourmi et du roi Salomon. « Un jour le roi Salomon décide de visiter son royaume et il souhaitait rencontrer toutes les espèces vivantes, pas seulement les êtres humains. Il arrive en bordure du désert et il y avait une fourmilière et toutes les fourmis sont venues l’accueillir, exceptée une. Elle était devant un tas de sable qu’elle s’efforçait de déplacer grain par grain. Salomon intrigué alla voir la fourmi pour lui demander la raison de son labeur incessant. « Pourquoi, lui dit-il, n’es-tu pas venue me saluer comme les autres ? Tu continues à déplacer ton tas de sable. » « Excuse-moi, roi Salomon, c’est que celle que j’aime se trouve derrière la montagne et je veux aller la rejoindre. » « Mais, lui dit le roi, tu ne pourras jamais dans ta vie déplacer cette montagne à toi toute seule. » « Non, sans doute, mais au moins je vais mourir en allant vers elle. » On imagine qu’après la visite du roi Salomon toutes les fourmis sont venues l’aider.

Je trouve que l’image avec les cinq animaux, cela représente assez bien la société. Il y a différentes fonctions dans la société : ceux ou celles qui éduquent, ceux ou celles qui construisent, ceux ou celles qui nous nourrissent, ceux ou celles qui soignent, ceux ou celles qui administrent, ceux ou celles qui nous rassemblent, etc.

Moi, je trouve que dans le communautaire, il y a comme une culture différente. Des écolos, des végétariens, des gens qui utilisent le vélo, qui s’habillent différemment, qui semblent porteurs de valeurs différentes du courant principal de la société. C’est moins conformiste. J’observe des différences très marquées au niveau de l’image, de leur façon de vivre, de penser, etc.

Quelque chose comme une société alternative ! Ils ou elles cherchent à incarner des valeurs nouvelles. On essaie de changer le monde en changeant notre mode de vie puisque c’est la seule chose sur laquelle nous ayons véritablement du pouvoir. Il y a une sous-culture communautaire.
Il s’y vit davantage de démocratie que dans les institutions politiques, les gens y sont plus ouverts et plus progressistes.

Le populisme est fondé sur les préjugés.

L’idée de Maslow était la pyramide. Il s’agissait de dire qu’une fois que les êtres humains avaient leurs besoins fondamentaux comblés, il y avait plus de paix dans la société. Dans la nature, le lion qui est repu ne menace pas les antilopes et il ne pense pas à en tuer plus pour les vendre aux autres lions. Une fois ses besoins satisfaits, il se repose. La violence n’est utilisée que pour satisfaire leurs besoins. Si au moins la société respectait les droits fondamentaux des gens en répondant à leurs besoins de base. Le salaire minimum à 15$/h, c’est une nécessité. S’il y a de la violence dans l’humanité, c’est parce que les besoins fondamentaux ne sont pas répondus.

Le ministère de la santé et des services sociaux a décidé de fermer toutes les cafétérias dans les hôpitaux de Québec et de construire une usine alimentaire à l’hôpital Robert-Giffard. Maintenant dans les hôpitaux, pour les familles qui passent des semaines auprès de leur proche hospitalisé, il n’y aura que des machines pour se nourrir. Quelqu’un a oublié qu’une cafétérias, c’est aussi un lieu de socialisation pour les familles des malades.

Pour répondre à la question : Qu’est-ce qui fait courir les militants et les militantes ? Omis la police lors des manifestations, moi ce qui m’a fait devenir militant à Québec, ça a été le malaise que je vivais dans ma vie personnelle. Dans un moment de ma vie où j’avais arrêté les études, j’avais arrêté le travail et j’étais rendu tout seul chez nous, je n’avais pas beaucoup d’argent, je vivais un profond malaise, je ne voyais plus personne et je ne me réalisais plus. Une bonne journée, j’ai décidé de sortir dehors et d’aller me promener et je suis arrivé devant une manifestation. J’avais entendu parler du courant, je savais que cela existait. Je m’étais déjà impliqué dans des groupes, mais jamais avec autant d’intensité qu’au cours des quatre dernières années. Le fait de ne plus être seul, de rencontrer des gens en très grand nombre qui dénonçaient des situations dérangeantes dans la société, de prendre part à cet événement là, cela m’a fait du bien. Cela m’a permis de reprendre pied et de me dire : « Moi aussi je suis capable, j’ai ma place dans cette société-là. » Cela comblait à la fois un besoin de réalisation et d’appartenance. Participer à ce mouvement m’a permis de combler mes attentes. Ce qui me fait courir dans le mouvement militant, c’est de trouver une réponse à mon malaise ou à tout le moins une ressource qui va m’amener vers une solution.

C’est la première réponse que nous avons à la question de ce soir. Ce que nous avons fait avec un exercice d’animation imagé est intéressant, c’est juste se rappeler les valeurs, les orientations qu’on partage. Qu’est-ce qui inspire notre engagement social ? C’est toujours lié à une histoire de vie, les personnes que nous avons rencontré, les malaises que nous avons éprouvés, une lecture que nous avons faites, une injustice flagrante dont nous avons été témoin et qui peut même remonter à l’enfance. C’est, selon moi, ce qu’il faut aller chercher pour arriver à saisir c’est quoi la culture militante. C’est ce filon qu’il faut approfondir dans la suite de la démarche à l’intérieur du projet Spiritualité et engagement social pour lequel la Fondation Saison Nouvelle nous a donné un soutien financier qui nous permet d’avancer là-dessus. À mon avis, nous allons recueillir plein d’histoires de militants récents et de longue date. Il y a là un terrain très fécond à explorer.

À quinze ans, quand mon père a vendu sa terre, je me suis retrouvé dans un village avec une gagne de jeunes de 15 à 18 ans. À un moment donné, en prenant une bière, un jeune a dit : « On se part tu un organisme pour organiser des activités pour les jeunes ? » Ça a marché et depuis ce temps-là, j’ai le goût de m’impliquer pour ma communauté. À un moment donné dans ma vie, j’ai décidé de ne faire que cela. Depuis le Sommet des Amériques que je ne fais que cela et je n’ai pas de problème à combler mon agenda.

Si j’essaie de répondre à la question : Qu’est-ce qui me fait courir comme militant ? Je dirais qu’il y a quelque chose qui ressemble à une sorte de fidélité à mon père, notamment dans la phase où il était ouvrier d’usine. Comme enfant, j’ai été soumis à des discours militants, syndicalistes, et aussi une certaine souffrance du milieu ouvrier. Je me souviens d’une grève de six mois à laquelle mon père a participé. Il y a quelque chose de l’ordre du milieu d’où je viens, où mon père avait une sorte d’attente à laquelle je commence à répondre aujourd’hui, dans ces années, après avoir été absent de ma vocation. C’est une fidélité à une origine.

Chez Aristote la force est considérée comme une vertu, de même dans la doctrine de Thomas d’Aquin. Donc elle est utile, nous avons besoin de l’ours, mais elle doit être employée à bon escient.

Selon Marsile de Padoue, XIVème siècle, qui a développé le concept de société civile, il existe trois types de prudence : celle des dirigeants, des chefs de ce monde, mais ce ne sont pas tous les dirigeants qui pensent au peuple. Le deuxième, c’est celle du peuple. Étant confronté à des problèmes quotidiens, c’est le peuple qui peut arriver à les résoudre en travaillant ensemble dans le sens de leurs intérêts. C’est cette prudence qui est primordiale selon Marsile de Padoue. Puis, le troisième type s’appelle la prudence historique car il faut apprendre des expériences du passé pour ne pas commettre les même erreurs dans le futur, il faut quand même avoir une certaine connaissance. Pour cela, il faut être un intellectuel organique, c’est-à-dire être à la fois intellectuel, avoir beaucoup de connaissances, et être au service de la population.

C’est toujours ce que j’ai rêvé de faire ici dans ma ville. Pour revenir à la question de départ, c’est mon séjour en Afrique qui m’a transformé. Je suis revenu ici militant. J’ai été au parti communiste maoïste. Depuis ce temps-là, je n’ai pas arrêté de militer et d’évoluer dans ma militance. À cette époque, le Parti communiste considérait qu’il pouvait accéder au pouvoir par la violence. Sauf que cela en prend encore davantage pour le préserver. Nous l’avons vu avec l’Union Soviétique et la Chine, le Cambodge, où il fallait toujours plus de violence pour conserver le pouvoir. C’est justement la question du pouvoir et de la démocratie dans ces groupes qui m’a interrogé. C’est pour cela que je me suis mis à travailler sur le problème du changement social en évitant, dans la mesure du possible, la violence. C’est à ce moment-là que je me suis tourné vers la société civile. Gramsci qui était le fondateur du parti communiste italien, avait vu cette solution.

Moi, ce qui me fait militer, c’est que je suis une personne handicapée. Ayant vécu des coupures de services, il y a deux personnes dans ma vie qui ont été importantes, le fondateur du CAPVISH (comité des personnes vivant des situations de handicap) Richard Chabot, décédé en 2010, qui m’a montré à militer et à travailler pour améliorer nos services. Il y a aussi mon oncle qui est décédé cet été. Aux funérailles, cela m’a fait drôle quand je me suis aperçu que tous les gens présents étaient des personnes que je côtoyais à chaque jour dans les milieux communautaires à Québec. Mon oncle a travaillé à l’Institut des sourds de Québec et au Comité de citoyens et de citoyennes de Saint-Sauveur. Moi j’ai besoin de bouger, j’ai besoin de faire des rencontres. Ce n’est pas moi qui va aller manifester. Je n’ai pas cette capacité physique, je suis beaucoup axé sur le fait d’avoir des discussions et travailler afin que ma pensée évolue.

Moi, je me suis impliquée dans le milieu communautaire lorsque j’étais très jeune. Quand j’étais petite, je disais que j’allais sauvé le monde. En vieillissant, j’ai réalisé que ce n’était pas possible. Je me suis alors mise à travailler sur ce que je pouvais contrôler. Je faisais du bénévolat, des fêtes populaires quand j’étais jeune, après cela j’ai essayé de continuer à aider dans la mesure du possible. À un moment, tu te rends compte que tu ne peux pas sauver l’humanité.

En un sens, je ne me perçois pas comme une militante. Ce qui m’amène ici, c’est l’ambiance. En ce sens, qu’il n’y a pas de jugement, on est comme on est, c’est plus humain que ce que je rencontre peu importe où je vais. J’ai été à l’école, j’ai travaillé. Ici je ne me sens pas jugé. Moi les causes de la société, il y en a trop. J’ai déjà eu un chum très politisé et il me trouvait peu informée. Moi je n’écoute jamais les nouvelles. Je mange local, je n’achète pas de produits chimiques, je m’habille de seconde main. Si tout le monde vivait comme moi, il y aurait bien moins de pollution.

N’est-ce pas là une forme de militance ?

Peut-être ?

À mon sens, oui !

Moi, c’est dans ma vie. Si je trouve que quelque chose n’a pas d’allures, je vais essayer de ne pas l’utiliser. Si je sais que tel produit est nuisible, je l’élimine de ma vie. Je sais que moi, j’ai du pouvoir quand j’achète. Ce que je choisis d’acheter, c’est là que se trouve mon pouvoir. Par exemple, je viens d’entendre que le Fonds vert de Desjardins investit dans les pétrolières. Moi je n’ai pas d’argent, mais j’ai entendu dire cela. Mais si j’avais eu de l’argent, il n’aurait pas été dans le Fonds vert de Desjardins. C’est plus cela pour moi. Mes valeurs, j’essaie de les vivre. J’aime beaucoup rencontrer des gens humains.

À partir de toutes nos histoires de vie, on peut compléter et construire la société. On part tous et toutes de quelque part, mais c’est à partir de cela et en complémentarité qu’on peut construire la société. Qu’est-ce qui allie les cinq dimensions illustrées par les animaux représentés ce soir ? C’est le politique en quelque sorte. Le peu que j’ai compris jusqu’à maintenant en fréquentant les communautés autochtones, c’est que ce sont les personnes du clan du loup qui ont comme rôle de ramasser toutes les préoccupations qu’il y a et être porte-parole pour la communauté. Ils ont le rôle de rassembler les individus.

Qu’on appelle cela bénévolat, charité, militance, la plus grande diversité dans l’univers c’est le message christique et on retrouve cela dans la plupart des grandes religions. Il ne faut pas être attaché aux résultats. Quand on parle de nos frères les animaux, de nos frères humains, c’est la vie. Est-ce qu’on est disponible à cela ?

Dans les conférences que je faisais sur la société civile, je parlais des trois niveaux de militance qui sont importants à développer : Le niveau politique, le niveau social, et le niveau intime. Et la forme de militance la plus importance, c’est le niveau intime, celui des relations interpersonnelles. C’est là-dessus que se construisent les sociétés. Si on n’a pas de bonnes relations interpersonnelles, on ne peut pas être un bon militant politique. Si tu t’entends mal avec ton voisin, ton épouse, si tu cherches continuellement à dominer les autres, tu ne peux pas être un bon dirigeant politique. Ensuite vient la militance sociale et populaire et après cela la militance politique.

 


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Les coquelicots blancs

 L’idée est la suivante, toutes les célébrations auxquelles j’ai assisté en Amérique latine, à la fin on nous remettait un petit objet pour nous rappeler l’événement. Il pouvait s’agir de quelque chose d’aussi simple que d’une pierre ou de graines symbolisant la vie, d’un bracelet ou d’un foulard. Ce soir, je vous remets ce coquelicot blanc pour vous rappeler votre présence à cette soirée du CAPMO.

Moi, j’aimerais profiter de l’occasion pour vous expliquez quelle est la signification du coquelicot blanc. Ce symbole a été initié par le mouvement Échec à la guerre en réaction aux cérémonies militaires qui rendaient hommage aux soldats morts au champ d’honneur. À ce sujet, la sensibilité des francophones est beaucoup moins aiguisée que celle des Canadiens anglophones. Leur cérémonie est exclusivement centrée sur les soldats morts au champ d’honneur. Le mouvement Échec à la guerre a voulu rappeler le fait que la majorité des gens tués à la guerre sont des civiles. Ce mouvement n’exclu pas la commémoration des jeunes qui sont morts à la guerre, souvent par idéal, mais aussi par désir d’avoir un emploi rémunéré. J’ai été un de ceux qui ont signé la déclaration d’Échec à la guerre qui a paru à pleine page dans le Devoir, avec 194 autres personnes, et plusieurs organisations. Le coquelicot blanc réfère à cette sensibilité. À la cérémonie du jour de l’armistice, j’ai porté les deux côte-à-côte, le blanc et le rouge, pour signifier que nous ne sommes pas contre les soldats qui ont donné leur vie, mais qu’il faut tenir compte de toutes les victimes de la guerre dans une optique de paix autant que cela sera possible. Dans la déclaration publique, le lien entre la vente d’armes à l’Arabie Saoudite et le manque de congruence avec les prétentions pacifistes du gouvernement canadien, est souligné.

En novembre 1933, l’Allemagne a élu Adolphe Hitler comme chancelier et peu de temps après, il s’arroge les pleins pouvoirs. Il était acclamé partout avec sa croix gammée. Une coopérative de femmes en Allemagne a débuté cette campagne du coquelicot blanc en guise de résistance à l’esprit nazi qui se répandait partout. Un proverbe sanskrit dit : «Dans une période de mal extrême, le bien suprême se révèle.» La majorité de ceux qui meurent sur les champs de bataille, ce sont des jeunes. Qui n’est pas beau à 20 ans ? C’est comme si c’était les vieux envoyaient les jeunes à la guerre.

 


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Évaluation

Moi, j’ai bien aimé la soirée. J’ai aimé l’atelier avec les cinq animaux. Nous commençons à peine à aborder un sujet intéressant et je trouve cela dommage que cela finisse là parce que plusieurs n’ont pas encore dit comment ils en sont arrivés à militer. Je trouve cela intéressant qu’on parle un peu de notre vécu dans notre quotidien ou dans notre militantisme. C’est important parce qu’on fait partie de la société. Je tiens à souligner l’importance de respecter l’alternance entre les hommes et les femme dans les interventions. J’aimerais que cela soit la règle dans tous les organismes.

Ce soir, cela a été une entrée en matière. Si on veut vraiment y aller à fond, il faut une animation davantage centrée sur c’est quoi dans mon histoire de vie qui m’a amené à m’engager, à militer ? Il faut aussi avoir une approche comme celle qu’on utilise souvent avec le bâton de parole. Si quelqu’un veut parler, il doit prendre le bâton, cela évite qu’il soit interrompu et lui permet d’aller au bout de son idée. Mon expérience est qu’il n’est pas facile de nommer l’inspiration et le cheminement qui nous engage à militer. D’autres l’on fait avant nous et je pourrais vous nommer des résultats des discussions lors d’une session de trois jours que nous avons vécue il y a plusieurs années au Collectif québécois de conscientisation qui portait sur : Quelles sont nos raisons de militer ? Quand nous aurons fait notre bout, nous pourrons comparer avec ce que d’autres ont dit de leur cheminement militant. Le titre : Qu’est-ce qui fait courir les militants ?, est le titre d’un livre écrit dans les années 1980 par un sociologue français. Il cherchait la réponse à cette question, mais comme il n’avait pas la bonne approche, il n’y est pas parvenu. Il n’est pas allé chercher l’existentiel, le vécu qui conduit à cette dynamique.

Pour commencer une dynamique où les gens témoignent de leur vécu, il faut, selon moi, débuter par un processus de dégel qui permet aux gens de s’apprivoiser. Il faut introduire le sujet car il s’agit d’une question fort intime. Au commencement, certains peuvent se sentir nerveux ou timides avec des étrangers, alors il faut un processus de dégel. Je trouve que le processus en atelier avec les cinq animaux était un bon processus de dégel. Il faudrait mieux équilibrer le temps. Débuter à l’heure et terminer les ateliers plus rapidement pour avoir assez de temps pour passer à la troisième étape qui aurait permis les témoignages individuels. Quelle est mon expérience d’engagement social et pourquoi est-ce que je le fais ?

J’ai trouvé l’exercice super intéressant, mais avec le recul je réalise que c’est important et nouveau de débuter par un exercice qui parle davantage du collectif pour aller vers l’individuel. D’habitude, c’est le processus contraire que nous utilisons. Nous aurions pu enchaîner après la pause en demandant où votre vécu et votre histoire personnelle vous situe pour répondre à la question de départ : Qu’est-ce qui fait courir les militantEs ? Nous avons manqué de temps pour faire le lien ce soir.

C’est une soirée qui ressemble à l’histoire du christianisme il y a deux mille ans, c’est un échec réussi. Parfois les choses échappent à ce que nous avions envie ou à ce qu’on prévoyait. Effectivement, nous sommes un peu passés à côté du sujet ce soir. Ceci dit, c’était quand même très intéressant comme formule et c’était une des meilleures animations conduites par le coordonnateur.

Moi, j’ai beaucoup aimé ça et c’est rare que je reste avec vous pour la dernière partie de la soirée. J’abonde dans le sens de ceux ou celles qui ne l’ont pas dit mais qui souhaitent une suite. Cela sera plus simple dans le sens que ceux et celles qui l’ont déjà vécu pourront aller plus vite au vif du sujet.

Se regrouper, c’est un besoin de l’être humain. Quand nous sommes isolés, il y a beaucoup de problèmes de santé mentale qui émergent. Ce qui me fait participer aux activités du CAPMO, c’est pour briser mon isolement. Ce qui fait courir les militantEs, c’est ce besoin de se regrouper. Émile Durkheim parle de ce besoin que nous avons besoin de nous regrouper. Nous sommes des animaux intelligents. Oui c’est vrai, mais nous sommes aussi des animaux sociaux.

Moi, j’ai beaucoup aimé ça. Nous sommes un groupe qui se réunit chaque mois. On apprend des autres pas comme des fouineurs. Ce qui est dangereux, c’est le populisme qui s’en vient. Il y a des phrases qui vont capturer l’esprit des gens et les galvaniser pour un sujet ou un autre. Ça va nous fasciner, le mot fascisme semble avoir la même racine d’ailleurs. J’ai bien peur que même au Canada les idées d’extrême-droites finissent par dominer l’opinion publique. C’est politiquement déplorable.

C’est la première fois que j’assiste à une soirée mensuelle du CAPMO et j’ai vraiment aimé ça. La bouffe était bonne, les échanges étaient le fun.

Tu reviendras et merci pour ton passage vécu, c’était vraiment intéressant.

J’ai aimé ma soirée, même si j’ai trouvé un peu trop long le temps passé en atelier. Il faut davantage développé le sujet de notre militance.

J’ai aimé ça.

J’ai trouvé qu’il s’agissait d’un sujet vraiment pertinent dans le cadre du CAPMO. Je serais vraiment intéressé à ce qu’on creuse davantage le sujet. Utiliser un support d’animation comme tu as fait ce soir, je pense que c’est une super bonne idée. Comme entrée en matière, la question : Qu’est-ce qui fait courir les militantEs ? m’apparaissait assez abstraite. On se donne des outils en tant que militantEs. Il y a des défis qui reviennent fréquemment dans les dynamiques de groupes. Quand et comment doit-on utiliser l’alternance homme-femme dans nos délibérations et prises de paroles ? Quels sont les défis associés à une telle procédure ? Si on creuse un peu, nous pouvons trouver toutes sortes d’autres moments où cela bloque un peu. En quelque sorte, pour les hommes, c’est une mesure austère l’alternance homme-femme, on limite le droit de parole des hommes pour favoriser celui des femmes.

Cela aurait été dans la continuité des choses qu’on poursuive au mois de décembre sur cette lancée, mais nous allons aborder un tout autre sujet. La rencontre de décembre porte toujours sur Noël dans une approche ouverte. Le thème vers lequel on s’en va est quand même réjouissant parce que l’expérience que nous avons au CAPMO c’est que la période des Fêtes donne les blues au monde. On cherche toujours a donné un sens positif à la fête, alors le thème sera : « Des fleurs d’humanité sur le terrain aride de la pauvreté.» Autrement dit, la situation de pauvreté vécue par beaucoup de gens est aussi le lieu d’une débrouillardise, d’une découverte d’une joie de vivre autrement que par l’enrichissement. C’est ce que nous voulons partager. Il n’en demeure pas moins qu’il y a des liens entre les deux soirées mensuelles.

On va se reprendre en janvier et nous pouvons alterner la personne qui assume l’animation. En tant qu’animateur, je ne souhaitais pas partir de la singularité de chacunE qui raconterait tour à tour l’histoire de sa vie. J’ai pensé que cela pouvait devenir rapidement lassant d’écouter de longs récits biographiques mettant en vedette un seul personnage. Ce que la question m’inspirait ce n’était pas tant à partir de quand je suis entré dans la militance ou l’engagement social ou le parcourt de chacunE, mais bien plus dans quelle finalité est-ce que chacunE s’engage. Pourquoi le fait-on au lieu de rester chez-soi ? Dans quel but ? Quelles valeurs et quel projet me fait vibrer?

C’est plus facile à dire en termes idéologiques qu’en termes existentiels et d’histoires de vie parce que nous sommes sur un même plan si l’on parle à partir de notre vécu.

À suivre…

Propos recueillis par Yves Carrier

 

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