Forum social mondial à Montréal
Un autre monde est nécessaire, ensemble, il devient possible
Comme au premier matin du monde, l’aube se lève sur nos rêves et tout semble encore possible. En provenance des quatre points cardinaux, une foule s’assemble pour inaugurer une histoire nouvelle fondée sur la convivialité et les aspirations les plus nobles qui nous élèvent vers un destin commun. L’humanité apprend à se connaître à partir de la base, en partageant ses expériences et son vécu, ses luttes et ses espoirs, ses chagrins et ses souffrances, elle tressaille à l’écoute de milliers de récits qui trament son histoire. Sortie de son sommeil millénaire, elle avance, confiante de réussir son entreprise; guidée par son intuition solidaire, elle tend la main aux exclus de la Terre. Renonçant à dominer ses frères et ses sœurs, à s’accaparer l’univers, à sa volonté de toute puissance, le patriarcat et l’exploitation du corps féminin comme objet de convoitise, sont jetés aux rébus de l’histoire.
La sagesse véritable, matrice d’un rapport authentique aux êtres, à soi-même et au monde, aperçoit l’identité commune et diverse de chacunE. Inspirée d’un profond respect qui redécouvre le caractère sacré de toutes formes de vie et les processus qui les portent amoureusement, la dévotion n’est plus adressée aux pouvoirs dominants, mais à la vie qui naît à chaque instant. Franchissant les abîmes qui nous séparent, l’espoir indomptable, comme l’herbe au printemps, jaillit de toutes parts. Prise en compte dans toutes ses dimensions, délivrée des accapareurs qui la dévorent à pleines dents, un jour nouveau se lève sur la Terre-Mère qui est désormais respectée comme un être vivant. Un regard spirituel et bienveillant l’embrasse.
Inondé d’alternatives et d’idées novatrices soucieuses de la préservation d’un environnement sain, l’être humain devient un être sensible, respectueux et aimant. Maître de lui-même et de ses peurs ataviques, il redécouvre sa fraternité universelle avec les êtres vivants et son appartenance au cosmos. Épanoui, il respire le bonheur et ne cherche plus à tout contrôler en traduisant tout ce qu’il voit en numéraires. Pour lui, l’argent ne représente plus la quintessence de la réussite sociale, elle n’est qu’un moyen au service de l’agir solidaire. À partir de ce jour, la finalité de l’existence aura pour but d’élever les conditions de vie des plus vulnérables et on mesurera la richesse d’une nation par sa générosité désintéressée à aider les autres nations à construire leur avenir, selon leur génie propre, en harmonie avec leur culture et leur environnement. Et une chose apparaîtra évidente aux yeux de tous et de toutes, le capitalisme n’est pas une culture, ni une valeur en soi, ni même la seule forme d’économie possible. Enfin les économistes apprendront que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».
Yves Carrier
Hommage à Berta Caceres |
Les treize savoirs du Buen vivir |
Histoire du Forum social |
Les dix objectifs du FSM 2016 |
Chico Whitaker, membre fondateur |
Berta Cáceres, leader autochtone latino-américaine, écologiste, féministe et femme engagée, assassinée (jeudi 3 mars 2016) au Honduras pour son opposition à un projet de barrage hydroélectrique. Lauréate 2015 du prix Goldman, l’un des prix américains reconnus récompensant les actions en faveur de la défense de l’environnement, avait été menacée par l’armée, la police et les paramilitaires quand elle avait pris la défense du Gualcarque, un fleuve du département de Santa Barbara, où une entreprise chinoise voulait construire un barrage hydroélectrique menaçant de priver d’eau des milliers d’habitants.
Berta appartenait au peuple Lenca, population amérindienne du Honduras et du El Salvador qui compte 400 000 personnes au Honduras. Berta avait 43 ans lorsqu’elle a été assassinée. Mère de quatre enfants et fille d’une sage-femme qui lui a appris la solidarité en accueillant des réfugiés salvadoriens qui traversaient la frontières pour échapper aux massacres commis par l’armée de leur pays. Très jeune Berta milite dans les associations étudiantes de son école secondaire et à 22 ans elles fondent avec des camarades la COPINH, Conseil Civique des Organisations Populaires et Indigènes du Honduras. On l’avait régulièrement menacé de mort en raison de son implication contre le projet hydroélectrique. La Commission inter-américaine des droits de l’Homme avait demandé aux autorités du Honduras que sa vie et celle de ses proches soient protégées.
La mort de Berta Caceres est le cinquième assassinat commis contre les membres ou représentants de la COPINH. Parmi les nombreux prix internationaux remportés pour son implication, le prix Sol remporté en 2014 explique les raisons : « Dans sa condition de coordonnatrice du COPINH pour son courage, sa persistance, sa clarté, sa sagesse dans la défense des droits du peuple Lenca et autres peuples indigènes du Honduras. Pour sa participation engagée dans la résistance au Coup d’État au Honduras, contre les attaques des auteurs de ce coup et l’oligarchie avare du Honduras envers les communautés indigènes et noires, pour son accompagnement permanent des communautés qui n’ont pas accepté le saccage de leurs territoires par l’imposition de projets destructeurs des biens communs. Pour sa capacité à unir les luttes anticapitalistes avec les luttes contre le patriarcat, le racisme, l’homophobie et le colonialisme.» On reconnait chez Berta Caceres un être aux qualités exceptionnelles, qualités qu’on retrouve chez de nombreuses autres femmes autochtones d’Amérique centrale et du Mexique qui luttent pour la défense de l’environnement et les droits des peuples en lien avec une spiritualité engagée envers la Terre-Mère.
Les treize savoirs du Buen vivir
Le Buen vivir est une cosmovision. Ses principes sont inscrits dans les nouvelles constitutions des États plurinationales de la Bolivie et de l’Équateur. On y reconnait les droits de la Terre-Mère et n’importe qui peut se porter personne morale pour les défendre lorsqu’il juge qu’ils sont menacés par les modes d’exploitations minières, pétrolières ou forestières, de production agricole et industrielle ou des œuvres de génie civile, qui menacent l’équilibre et l’intégrité des écosystèmes. Le Buen vivir tient également compte de l’équilibre intérieur de la personne humaine avec lui-même, avec sa communauté et avec le cosmos. Selon Mamani, un intellectuel bolivien, le Buen vivir, sagesse plurimillénaire des amérindiens des Andes, se décline en treize savoirs fondamentaux qui demandent à se vivre au quotidien :
Savoir se nourrir
Savoir boire
Savoir danser (se réjouir)
Savoir dormir (se reposer)
Savoir travailler
Savoir méditer (entrer dans un processus d’introspection)
Savoir penser (à partir du cœur)
Savoir aimer et se laisser aimer
Savoir parler avec sagesse
Savoir écouter (de tout son corps)
Savoir rêver (parce que tout commence par un rêve)
Savoir marcher (avec le vent, les ancêtres et la Terre)
Savoir donner et recevoir (vivre la mutualité et l’économie du don).
L’assassinat de Berta Caceres révèle que l’on ne connait pas tous les chemins de lutte des peuples. Exemple au Québec, les autochtones commencent à lutter et nous découvrons qu’ils vivent dans des conditions pires que dans le Tiers-Monde. Nous ignorons dans notre propre pays comment sont traités les autochtones. Ce sont les amérindiens d’Amérique latine qui réveillent nos autochtones et nous devons comprendre que nous ne sommes pas les propriétaires du Canada. Ce sont eux qui défendent la Terre-Mère, mais ils n’ont plus les moyens de le faire en raison de leurs mauvaises conditions de vie qui seraient inadmissibles pour les populations blanches. À part de cela, il est faux de dire qu’au Québec la population ne résiste pas. Dès qu’il a été question des gaz de schiste, toute la population de la Montérégie s’est levée debout pour dire non, la Gaspésie contre l’exploration pétrolière, partout les gens se lèvent, mais pas dans la ville de Québec. (Bernadette Dubuc)
La souffrance des pensionnats autochtones, cela ne s’est pas produit en Amérique latine où malgré toutes les injustices qu’ils ont subies, l’État n’est pas allé enlever les enfants des bras de leur mère. C’est une souffrance énorme que nous avons fait subir aux Premières Nations du Québec et du Canada. Les conséquences ne sont pas encore résolues et expliquent en bonne partie la situation actuelle et les problèmes qu’ils vivent. L’entreprise des pensionnats autochtones consistait à tuer l’indien dans l’enfant, pas étonnant que nous ayons brisé cette culture. Le mouvement Idle No More constitue en ce sens un réveil important qui inclut à la fois un redressement moral, une réappropriation du chemin spirituel comme lien à la Terre-Mère et des revendications politiques pour établir une justice sociale et une réappropriation de leur destinée comme nation ayant des droits sur les ressources naturelles dont elles ont été spoliées. Lorsque les Amérindiens redécouvrent collectivement le lien sacré avec l’Esprit de la Terre-Mère, ils sont prêts à donner leur vie pour celle qui, à chaque jour, leur donne la vie.
Le Forum social est né au Brésil, en 2001, dans la ville de Porto Alegre, avant de se diffuser aux quatre coins de la planète. Parfois, il s’est tenu en trois endroits en même temps, à Caracas, Dakar et au Pakistan. Il y a eu également des Forum sociaux thématiques sur des sujets très variés : La Palestine, l’environnement, l’éducation, les femmes, le travail social, l’agriculture paysanne et écologique, etc. Évidemment, il y a eu aussi des Forum sociaux régionaux, Québec, Canada, Europe, Afrique, Amérique latine, Asie, etc.
À Québec, nous avons le Réseau du Forum social qui organise différentes activités à chaque année et tient un important site internet : le Média Réseau Forum qui annonce les activités engagées et progressistes qui se tiennent à Québec et dans sa région. Le Forum social de Québec et de Chaudière-Appalaches a été fondé en 2002 dans la mouvance du Forum social mondial. À partir de l’événement de Porto Alegre en 2001, il y a un mot d’ordre qui a été donné à travers la planète d’avoir des Forum sociaux un peu partout. Ensuite nous avons changé de nom et nous sommes devenus le Réseau du Forum social de Québec et de Chaudière-Appalaches. Nous sommes un réseau qui cherchons à faire des liens entre tous les groupes qui travaillent à l’avènement d’un autre monde. Notre travail consiste à donner la parole à tous ces groupes et d’organiser des lieux de formation à l’occasion de grandes conférences que nous organisons à chaque année. L’an dernier nous avons organisé un événement qui s’appelait le Printemps des alternatives. Le mot alternatives signifie : un monde autrement.
Pourquoi notre analyse est comme cela ? C’est qu’à Québec et au Québec, nous avons pris l’habitude de marcher en parallèle. Il y a des groupes internationaux, il y en a cinq et ils ne se parlent pas. Il y a des groupes écologistes, ils font chacun leur affaire, des groupes politiques, etc. Alors le Réseau veut créer des liens. Il ne cherche pas à changer ou à convertir les différents groupes, mais simplement faire en sorte que l’on se respecte entre-nous et que l’on se reconnaisse pour instaurer de la solidarité et de la coopération entre les différents groupes. Cette année notre activité s’intitule le Salon des Alternatives et elle a lieu samedi le 16 avril. Nous avons 25 groupes inscrits. Cela représente pour nous une première étape vers le Forum social mondial qui aura lieu à Montréal dans le seconde semaine d’août. Si on ne se parle pas ici, c’est jouer la comédie que d’aller à Montréal prétendre que nous allons parler avec le monde. Si nous ne sommes pas capables de nous écouter ici, est-ce que nous allons pouvoir écouter les gens des autres pays ? Ce que l’on vient de nous présenter à propos d’une militante assassiné au Honduras, ce n’est pas simplement un coup de cœur. C’est un appel à écouter la vie et l’implication des autres. Le travail du Forum social consiste à apprendre à se connaitre, à se respecter et à s’écouter, pour qu’il y ait de la place pour chacun. (Bernadette Dubuc)
En 2001, il y a eu une grande lutte à Québec contre la ZLEA, Zone de libre-échange des Amériques. Trente-quatre organismes ont lutté ensemble et ils ont réalisé plus de 200 ateliers. Nous avons réussi à accueillir plus de 20 000 personnes. C’est un véritables tour de force si vous imaginez. Cela a créé un esprit d’unité entre les groupes peu importe quelle est cette lutte : droit des femmes, droits sociaux, droit des gais et lesbiennes, environnement, justice social, immigration, solidarité internationale, syndicats, etc. Nous avons saisi que nous étions tous dans le même bateau de la mondialisation néolibérale et que nous faisions face à des enjeux similaires et qu’il était bénéfique de collaborer ensemble. C’est un peu dans cet esprit que le Réseau du Forum social continue. Parfois, j’ai l’impression que mettre en réseau des organismes aussi différents, cela peut sembler aller à contre-courant. Par exemple, le travail de chaque coordonnateur d’organisme exige énormément d’énergie et souvent les employés ont de la difficulté à suivre ce que leur organisme font. L’outil principal, c’est le médiaréseauforum.org (Michael Lessard).
Par exemple, en avril, nous avons plus de 125 événements publiés. Cela veut dire qu’il y a énormément d’activités que nous ne connaissons pas.
Je peux me tromper, mais je pense que nous avons connu jusqu’ici 11 Forum sociaux mondiaux. Les deux derniers ont eu lieu en Tunisie. C’est la première fois qu’il y a un Forum social mondial en Amérique du Nord, à Montréal. Chaque Forum est extrêmement pluraliste. C’est diversifié. J’encourage les gens à y aller avec un esprit assez ouvert pour vivre l’expérience du plaisir de rencontrer des militants de partout à travers le monde. Il ne faut pas voir cela comme un travail. Je dirais que c’est le Forum des non-possédants, des gens ordinaires. Ce sont des gens qui essaient de rendre le monde plus démocratique en se demandant comment trouver des moyens et avancer. (ML)
On attend la venue de 50 000 à 60 000 participantEs et on annonce la tenue de 1 500 ateliers au cours de la semaine du 9 au 14 août. C’est énorme. L’Université McGill, l’UQAM, le Cégep du Vieux-Montréal, le Monument National et la Place des spectacle ont été réservés pour le Forum social mondial et le maire de Montréal a donné son appui à la tenue de cet événement d’envergure international. Évidemment, si les Québécois et les Québécoises n’y participent pas sous prétexte qu’ils et elles sont en vacances, cela va donner une piètre image des mouvements sociaux et du Québec dans le monde comme une société progressiste. C’est donc aussi une énorme responsabilité qui est lancée à la société civile québécoise. On reçoit un cahier des participantEs très peu de temps avant que cela commence. Il est bon de l’étudier pour repérer parmi les treize champs d’activités, les conférences, ateliers ou activités qui nous intéressent et où seront-ils présentés sur cet énorme campus. Ensuite, une fois sur place, il faut s’attendre à des changements perpétuels pour les raisons suivantes : changement de salle à la dernière minute, le conférencier ne se présente pas à l’heure, ou encore lors des conférences de prestige, la salle est trop petite et ne peut contenir tout le monde. Par ailleurs, une multitude d’activités d’animation permettront d’en apprendre même en étant à l’extérieur, si la température le permet. (YC)
Qu’est-ce que c’est un Forum social mondial ? C’est le douzième Forum qui a lieu depuis 2001. Pourquoi est-ce que c’est apparu ? C’est parce que les gens à travers le monde travaillaient en vase clos. Les groupes de base, pris isolément, ne parvenaient pas à faire pression sur les États pour changer le cours des choses et construire l’humanité. Pendant ce temps, les riches et les puissants se concertaient pour organiser la globalisation néolibérale et ils se réunissaient à Davos en Suisse. C’est en contrepartie de Davos où se réunissent le 1% de la planètes, que le 99% a décidé de s’organiser des rencontres. J’appellerais cela les Nations Unies des peuples de la Terre. Les peuples, pas les pays, parce que dans chaque pays il y a des peuples. En Amérique latine, il y a des autochtones dans presque tous les pays. Ce ne sont pas juste des blancs qui sont là. Au Brésil, il y a des populations africaines qui maintiennent des cultures et des revendications qui leur sont propres. Le Forum social mondial, c’est le Forum social des peuples de la Terre. Mais qu’est-ce que cherche à faire le Forum ?
Je vais vous lire les principes qui, depuis les débuts, sont à la base de l’organisation.
Les principes de l’organisation : L’inclusion, l’ouverture, la transparence, l’horizontalité (pas la pyramide), l’autogestion, l’indépendance (aucun pouvoir politique ne domine les Forum sociaux mondiaux). C’est le fond du Forum social mondial, c’est avec cela qu’il est organisé. C’est pour cette raison que nous n’acceptons pas la présence des partis politiques. Un individu peut être membre d’un parti, mais un parti ne peut pas y présenter un atelier ou y faire du recrutement.
Au début, les Forum sociaux visaient à rassembler des alternatives, ce qui veut dire une autre façon de vivre. Peu à peu, les slogans ont changé. Au début on disait : « Un autre monde est possible ! », ensuite nous avons dit : « Un autre monde est nécessaire et ensemble, il devient possible. » C’est ça le Forum social mondial, ce n’est pas une excursion, un pique-nique, c’est un lieu où l’on s’investit à rencontrer du monde. Il ne faut pas rester entre-nous lorsqu’on s’en va là-bas, on doit s’efforcer d’aller voir d’autre monde. Le Forum social de Montréal s’attend à recevoir 50 000 personnes au minimum. Il y a 13 thèmes d’ateliers et sur chacun d’eux, il peux y avoir 100 ateliers. (BD)
Les dix objectifs méthodologiques du FSM 2016
Favoriser les convergences entre organisations;
Stimuler l’engagement citoyen;
Lier la réflexion et l’action;
Rendre visible les alternatives;
Donner du sens au Territoire social mondial;
Susciter des parcours de sensibilisation et d’engagement;
Utiliser l’art comme outil de conscientisation et vecteur de changement social;
Encourager la décolonisation des esprits;
Rendre la participation accessible à toutes celles et ceux qui le souhaitent;
Valoriser les résultats de l’événement 2016 dans le processus FSM.
Les ateliers ne durent que 2 ou 3 jours. Après cela, se sont les ateliers de convergences. Après les événements du printemps 2001 à Québec, nous sommes partis une vingtaine pour le Forum social de Porto Alegre en janvier 2002. À notre retour, c’est ce qui a donné naissance au Réseau du Forum social de Québec et de Chaudière-Appalaches. Internationalement, Québec est le premier à fonder son Forum social local. Il y avait un concours de circonstances qui faisaient que nous étions un nombre suffisant de gens gonflés à bloc. Avez-vous regarder la déclaration de la fondation ? C’était d’une utopie grandiloquente. Pour le Forum social mondial, il ne faut pas aller là avec une approche rationnel. Il faut d’abord aller là pour ressentir les choses, pour les vivre. Quand vous partez le matin, faites-vous 3 ou 4 alternatives pour chaque plage horaire. Il ne faut pas aller là en touriste, il faut s’investir. Chacun a des connaissances à échanger et à partager. Si vous connaissez le concept de l’auberge espagnol, il n’y a que quatre murs. Chacun y apporte quelque chose, sinon, il n’y a rien. Les organisateurs rendent accessible des lieux pour ceux et celles qui vont inscrire des activités. Il y a deux ou trois parties à un Forum social mondial. La première partie ce sont les ateliers. Imaginez un sujet, vous allez le trouver. Ensuite, il y a des activités de convergence. À un moment donné, les écologistes vont se ramasser ensemble, les féministes, les jeunes, les peuples autochtones, les producteurs bio, les antimilitaristes, etc., pour en arriver à converger vers les mêmes objectifs à la fin du Forum. (Renaud Blais)
Il y a un Forum sur la Théologie de la Libération qui va avoir lieu en même temps et dans les mêmes lieux sauf qu’il débute un jour avant et se termine un jour après, comme une parenthèse sur le Forum social. Il y a aussi un Forum social des médias sociaux libres. Et tout cela a lieu en même temps au même endroit pour le même prix. Pour ce qui est du tourisme, je pense qu’il est possible de participer au Forum social sur un mode écoute en étant réellement présent à ce qui s’y passe. La présence est une forme d’action primaire, mais tout aussi importante. Donc, quelqu’un qui n’est pas nécessairement engagé ou impliqué dans une cause actuellement, peut au moins aller écouter.
Ce qui est important, c’est d’arriver là avec un esprit d’ouverture.
Chico Whitaker, membre fondateur du Forum social mondial
Extrait de la vidéo : Pourquoi un Forum social mondial ?
C’était l’époque de la montée du néolibéralisme après la chute du mur de Berlin et de l’Union Soviétique. Margaret Tacher nous avait entré dans la tête sa fameuse phrase comme quoi il n’y avait pas d’alternatives à l’ouverture des marchés, au retrait de l’État, à la baisse des services publics, voire à leur privatisation lorsque cela était possible. Mais bien vite nous avons constaté que le système économique globalisé créait davantage de problèmes que de solutions en concentrant encore plus la richesse entre les mains d’un petit nombre qui tournait le dos aux responsabilités sociales de l’État envers les populations.
L’alternative a été exprimée dans cette phrase qui est devenue la devise du Forum social : « Un autre monde est possible ! » Ça c’est l’utopie. C’est ce qui a été pour beaucoup de jeunes une espèce de prise de conscience. Toutes ces organisations qui étaient dans cette perspective se sont dit : « Nous avons maintenant l’espace. » Et nous avons créé un espace pour que les gens puissent se rencontrer, se reconnaître, savoir ce que les uns et les autres font, apprendre les uns des autres, découvrir des expériences nouvelles que l’on peut très bien faire chez soi, identifier des convergences et s’articuler pour de nouvelles luttes. C’est le processus qui a commencé en 2001 et qui s’est développé depuis.
La société capitaliste nous entraîne dans une compétition permanente avec les autres parce qu’il faut pour trouver un emploi, pour gagner plus d’argent. C’est-à-dire qu’on nous apprend à passer devant les autres en se s’occupant que de ses propres besoins. Mais ce n’est pas ça la vie. La société est heureuse quand les gens peuvent coopérer, collaborer, et quand ils peuvent être solidaires les uns avec les autres. À travers les difficultés des uns et des autres, ceux ou celles qui ont plus de compétences ou de connaissances peuvent très bien aider les gens à croître, aider à construire de meilleurs êtres humains.
Dans dix ans, je souhaite que nous allions plus vite encore, qu’il y ait toujours plus de gens rejoints partout à travers le monde, dans tous les domaines et à tous les niveaux, dans les villes et dans chaque quartier. La possibilité de réaliser des Forum horizontaux est illimitée.
Le néolibéralisme est devenu un monstre que nous ne pouvons abattre d’un seul jet de pierre. Goliath va disparaître par l’action de milliers de personnes, comme des milliers d’abeilles qui pourraient l’encercler de tous côtés. Le problème que nous rencontrons, c’est que dans le monde actuel une valeur essentielle de la nature humaine est repoussée. C’est la valeur de la solidarité. Nous ne pouvons pas vivre isoler les uns des autres. Les êtres, comme les pays, ont besoin les uns des autres. La solidarité, tout spécialement en raison des défis écologiques que nous avons maintenant devant nous, est essentielle à la survie de l’humanité. Si nous affrontons ce défi en se disant chacun pour soi, nous allons assister à un suicide collectif. Le salut du monde se trouve dans la solidarité.
Malgré la dimension de ce monstre et notre faiblesse relative en tant qu’abeille, nous pouvons construire un autre monde. Un monde plus juste, basé sur l’égalité des gens, l’égalité des pouvoirs, l’égalité des possibilités de réalisation pleine et entière du potentiel de chaque être humain. Un monde différent de celui que nous avons qui ne sera pas basé sur l’argent, sur le commerce des choses, mais sur les êtres humains. Non seulement un autre monde est possible, mais il est devenu absolument nécessaire et urgent. (Chico Whitaker)
Il n’y a pas juste à Québec que nous avons un Forum social régional. Il y en a dans d’autres régions comme au Saguenay et dans le Bas-du-fleuve, en Gaspésie, à Gatineau, à Sherbrooke, à St-Hyacinthe, à Trois-Rivières et à Joliette, à Laval et au Lac-Saint-Jean. Alors le Québec est couvert de forums sociaux régionaux. Nous avons des liens avec eux. Nous nous sommes rencontrés au Forum social québécois qui a eu lieu à Montréal, il y a quelques années. Pour ceux et celles qui seraient intéressés à participer au Forum social mondial, il y aura des autobus gratuits qui partiront de Québec. Pour ce qui est du logement, il faut que vous vous trouviez un endroit où dormir. Il y aura semble-t-il un camping gratuit à l’Ile Sainte-Hélène. Pour 40$ l’inscription, cela ne comprend pas l’hébergement ni la nourriture. À chaque midi, il y a des repas communautaires gratuits qui sont servis à la place Emilie-Gamelin (En face de l’ancienne station d’autobus Orléans Express).(BD)
Une suggestion pour l’hébergement, il y a le réseau des Accorderies à Montréal. Il y a aussi le système coach surfing (dormir sur le divan d’une personne qui accepte de vous accueillir pour la nuit)qui existe sur internet.
Il y a aussi les résidences de l’UQAM qui peuvent être réservées dès maintenant sur internet. Ils offrent des tarifs très abordables. Nous pouvons aussi organiser du covoiturage pour ceux ou celles qui souhaitent s’y rendre.
En quoi consiste le Forum mondial de théologie et libération qui aura lieu en même temps que le Forum social mondial ?
En fait, depuis les premiers Forum sociaux à Porto Alegre, il se tient en parallèle plusieurs forum dédiés à des domaines spécifiques. Celui de Théologie et Libération a décidé de se joindre maintenant au Forum officiel et il n’y a pas de frais d’inscription supplémentaires. Il débute un jour avant, fait une pause pour permettre aux participants de vivre l’expérience du Forum social mondial, et reprend et se termine le lendemain de la clôture du Forum, comme si on voulait fermer la parenthèse. Ses principaux exposants sont des Théologiens de la libération d’Amérique latine, connus ou plus jeunes. (YC)
Qu’est-ce que la Théologie de la libération ?
C’est un mouvement à l’intérieur des Églises d’Amérique latine qui a fait le choix d’enseigner un Évangile social pour aider les gens, à partir de leur foi, à prendre conscience de leur état de prostration, que telle n’était pas la volonté divine de les voir pauvres et résignés, et qui les ont aidés à s’organiser à travers le mouvement des communautés ecclésiales de base, large mouvement qui recouvrera de nombreux diocèses du continent. Suite au Concile Vatican II, l’option préférentielle pour les pauvres devient l’option de vie de nombreux religieux sur l’ensemble du continent, rompant ainsi l’alliance séculaire avec les puissants. (YC)
Si je comprends bien, les gens qui ont fondé les Forum sociaux étaient en lien avec le courant de la Théologie de la libération ?
Oui, tout à fait. Je pense même que les Inter-ecclésiales des communautés ecclésiales de base au Brésil ont servi de modèle organisationnel aux Forum sociaux. Je dois ajouter que le côté spirituel est présent dans les luttes pour la défense des droits ou de l’environnement. On le perçoit très bien chez les autochtones et chez les écologistes. En Amérique latine la dimension mystique est très présente. Ils ne vivent pas leur foi, leur vie et leur engagement de manière dissociée. Ils vivent les trois dimensions, organisationnelle, affective et spirituelle, en une seule. Au Forum mondial de Théologie et libération, il risque d’y avoir Leonardo Boff et Luiz Carlos Suzin, ainsi que de nombreux autres théologiens moins connus, mais tout aussi intéressants. C’est le ROJEP à Montréal qui est en charge de son organisation. (YC)
Ce qui s’est dit dans la dernière phrase, à propos des trois dimensions que nous portons, mais que nous vivons trop souvent de manière séparée, au Forum social mondial, il va y avoir une quantité et une diversité de gens qui vont participer. Qu’est-ce qui les relie les uns aux autres ? C’est ça notre problème à nous les peuples occidentaux, nous avons un mental patate-fritte, divisé en petits carreaux. Comment vivre pleinement l’expérience du Forum social sans renoncer pour quelques jours à un esprit qui divise, sépare, juge, évalue, critique, sans se laisser porter par l’émotion qui est une forme de connaissance plus englobante parce que l’on devient une partie prenante de l’autre, se sentant concerné par le sort de celui qui ne m’est plus étranger. C’est la dimension du lien qui manque aux civilisations postmodernes. Avec tous ces écrans qui nous captivent et nous déracinent, nous dissociant les uns des autres par la fugacité des informations qu’on y reçoit. Je ne sais pas si à quelque part les Forum sociaux mondiaux peuvent rétablir ce lien. Avec la contre-culture dans les années 60′-70′, de nombreuses innovations sont demeurées sans lendemain. Mon interrogation par rapport au Forum social, c’est à part une méga fête qui dure une semaine, qu’est-ce qui va rester ? Nous sommes confrontés à la séparabilité malgré tous les outils de communication que nous avons. Pour moi, la crise écologique est une crise de déracinement. Nous avons tout séparé avec la science parce qu’il faut discriminer pour trouver la vérité et nous devons inventer une vision systémique pour relier ce qui l’était au départ. Je suis en train de lire quelque chose qui parle du temps qualifié, où c’est circulaire, c’est rythmé, c’est enraciné, cela ressemble de plus en plus à une question géographique. En Occident, nous avons une pensée linéaire, de causes à effets. Cela produit qu’on ne perçoit plus le terrain. On soigne en cherchant la cause uniquement, mais le terrain, le corps ou la terre, c’est aussi ce qui nous accueille, c’est un espace. Je m’interroge sur l’aspect qualitatif des Forum. Est-ce qu’on y tient compte de cet aspect commun qui nous trame et nous relie les uns aux autres ? C’est un nouvel état de conscience que je sens émerger lentement. (Michel Leclerc)
C’est l’amour du prochain qui est à la base de tout ce que nous faisons ici et je pense que cet amour est sincère. Les gens qui vont venir de l’étranger, les environnementalistes, les syndicalistes, qui viennent du Honduras ou du Brésil, d’Afrique, de Tunisie, ce sont des gens qui risquent leur vie à cause de leur engagement social. Ils risquent leur peau à chaque jour pour aider leurs frères et leurs sœurs. Il y a des gens qu’ils aiment qui ont été assassinés et certains de ceux ou celles qui vont nous visiter cet été risquent de l’être dans les mois qui suivent. Je ne raconte pas cela pour vous faire de la peine, mais pour démontrer le sérieux de l’engagement militant de ces gens à travers le monde. Cela n’a rien à voir avec le confort que nous vivons au Québec où les gens s’interrogent à savoir s’ils ne vont pas aller en Gaspésie au lieu de participer au Forum social mondial cette semaine-là. Je pense que parfois, les sous-développés de la solidarité, c’est nous autres. (YC)
J’aimerais ajouter que le groupe de théologiens internationaux qui va se réunir va intervenir au début et à la fin. Ils vont en quelque sorte lancer le Forum avec quelques interventions et puis ils vont revenir à la fin.
J’aimerais préciser que le Forum social n’est rattaché à aucune religion, activité commerciale ou parti politique.
Les idées nouvelles qui échappent à la froide logique instrumentale, proviennent du sud du continent et elles sont exprimées en portugais et en espagnol, rarement en anglais, en allemand ou en français. Si vous prenez des idées telles que la décolonisation des esprits, l’épistémologie du sud, ou encore le thème de la marche mondiale des femmes de l’an dernier : « Libérez nos corps, nos territoires et notre Terre, » sans parler du Buen vivir. Cela fait 250 ans que la pensée occidentale s’est dissociée de la nature pour la dominer, alors que les habitants des territoires occupés communient aux esprits de la Terre et qu’ils sont prêts à donner leur vie pour défendre celle qui leur donne la vie. (YC)
Comment se déroule le Forum social ?
D’abord, il y a beaucoup d’informel et il se peut fort bien que tu oublies d’assister à toutes les conférences auxquelles tu souhaitais participer. Ensuite, comme on fait la promotion de l’horizontalité, les échanges ont souvent lieu sous forme d’ateliers. La formule des conférences magistrales n’est pas la seule. Donc la parole est partagée sur des thèmes précis. L’idée étant de se préparer un tant soit peu en lisant le programme à l’avance pour repérer les sujets qui nous intéressent, l’horaire et les lieux, en évitant de se faire un parcours de l’impossible en choisissant un horaire trop serré ou des lieux trop distants. Vers la fin du mois de juin, le cahier des participants devrait être disponible. L’idée, c’est d’aller là avec une intention, de se préparer mentalement en favorisant un ou deux axes thématiques car il est humainement impossible de tout voir. (YC)
Je pense qu’aujourd’hui, nous devons nous réapproprier la qualité de ce que nous vivons au lieu de la quantité. C’est probablement cette énergie d’amour qui croit de plus en plus sur la planète qui fait qu’au fond de nous sans trop en être conscient, nous avons demandé autre chose à la vie. Personnellement, je crois qu’il font aborder le Forum social non pas en terme de quantité d’ateliers auxquels j’assisterai, mais de qualité d’être dans les rencontres que j’aurais avec les gens qui s’y retrouveront. Ce que je sais, c’est que si nous voulons changer le monde, nous ne pouvons pas demeurer isolés dans notre coin. En ce qui me concerne, cela me donne le goût d’aller plus loin et d’y assister.
Je trouve intéressant le Forum sur la théologie puisqu’il ne prend pas l’espace des autres, mais qu’il précède le Forum social mondial. Ce que je veux dire là-dessus, c’est que la théologie ce n’est pas une religion. C’est une science qui cherche à répondre à une question que tout le monde se pose : Dieu existe-il ? Qui est-il ? Comment agit-il ? La théologie, c’est une recherche. Ce n’est pas une religion. C’est dans ce sens qu’elle s’adresse à tout le monde. J’ai d’anciens élèves qui ne sont ni pratiquants ni croyants, mais qui étudient en théologie pour découvrir, pour chercher qui est Dieu. La recherche va peut-être leur donner une réponse, mais ce n’est pas certain. Je pense que ce qu’il nous manque en Amérique du Nord, c’est la recherche de sens. Pourquoi est-ce qu’on fait les choses ? On court tout le temps, on court, on court, pourquoi toute cette agitation ? Qu’est-ce que cela me donne de participer à toutes ces réunions et de m’impliquer autant ? On ne s’arrête pas pour se le demander. Et dans le « Qu’est-ce que ça donne ? », il y a de grosses questions qu’on se pose. Il y a quelqu’un qui a dit que nous devons revenir à nos origines. Qu’est-ce qu’ont fait nos ancêtres? Qu’est-ce qu’ont fait nos parents, nos grands-parents ? Quand il y a des sources d’inspiration, il ne faut pas les rejeter du revers de la main. Les autochtones demeurent branchés sur leur origines parce que chaque être humain est porteur d’une parcelle d’humanité, et nos ancêtres le sont également. Nous les avons rejetés comme s’ils n’avaient rien à nous enseigner sur leur engagement et leurs motivations. Mais nos petits-enfants s’interrogent grandement sur nos origines et sur la vie d’autrefois. Il faut que tu leur répondes à partir de ce que tu es. (BD)
Le Forum social débute par une grande marche festive et cela se termine par un grand rassemblement. Pour certain, la participation au Forum social est davantage un lieu d’opportunités et de rencontres qu’une session de cours universitaires. Certaines rencontres internationales peuvent changer notre regard sur le monde. Pour ma part, je choisis soigneusement mes ateliers.
Il y aussi une possibilité de participer à distance en écoutant les principales conférences sur le web.
L’idée c’est que tu peux discuter d’un sujet comme le logement social, mais avec des gens qui proviennent d’un peu partout sur la Terre. L’intérêt, c’est d’expérimenter la convergence des luttes à travers le monde pour s’inspirer les uns les autres. Au lieu d’avoir 100 ateliers sur le logement social, c’est sans doute mieux de prendre le temps de se parler et de se réseauter ensemble. (ML)
Est-ce qu’il y aura une déclaration finale ?
Normalement, il n’y a pas de déclaration officielle, mais des groupes peuvent se réunir, par exemple les écologistes et les femmes autochtones, peuvent faire une déclaration commune.
Au Forum d’Ottawa, il y a eu les assemblées de convergence par groupes d’affinités, femmes, autochtones, etc. Après, ils ont fait une présentation synthèse de ce qui a été adopté dans chaque assemblée de convergence. Il y avait une déclaration finale, mais elle n’était pas signée par tout les groupes. Ce n’est pas une déclaration d’engagement. Le problème, c’est qu’au Forum social mondial, il est encore plus difficile d’avoir une convergence qui satisfait tous les groupes représentés, dont certains ont des perspectives fort différentes. Pour les journalistes, il y aura des conférences de presses certainement. À Ottawa, ils ont montré la marche à la télévision, mais les médias ont peu parlé du contenu. (BD)
Il serait aussi pertinent de contacter notre journal favori pour leur demander à l’avance quelle couverture ils entendent donner au Forum social mondial.
Avant le Forum des peuples à Ottawa, le Devoir a consacré tout un cahier à cet événement.
Va-t-il y avoir des ateliers de créativité ?
Oui, l’art comme outil de conscientisation fait partie des treize axes thématiques.
Moi, j’aime bien le théâtre et j’ai assisté à des présentations qui avaient pour thème un enjeu social. J’ai été dans un autre groupe d’improvisation où le public disait aux acteurs ce qu’il souhaitait comme scénario. « Faites-nous quelque chose sur la violence. » Ils se consultaient et ils nous improvisaient une scène qui traitait de cette problématique. Cela repose et aide à mieux saisir les choses. Il se peut fort bien qu’il y ait du cinéma de différents pays.
Allons-nous faire un retour sur le Forum social mondial de cet été ?
Oui, la première soirée du CAPMO en septembre prochain portera sur le Forum social mondial.
J’ai hâte d’y aller et de choisir mes ateliers. Je sens que je vais revenir avec un beau bagage. Si je n’y assiste pas, je vais manquer quelque chose.
J’aime beaucoup le caractère informel de votre animation. On se sent en famille.
J’ai senti beaucoup d’intérêt chez l’ensemble des personnes présentes pour cette idée de rencontrer d’autre monde, de sortir de notre coquille, pour ne plus marcher en parallèle, mais apprendre à converger. Cela ne s’apprend pas du jour au lendemain. Cela me fortifie pour continuer.
La rencontre a été très active. Il y a eu beaucoup d’échanges. Les informations que nous avons eues portaient principalement sur le fonctionnement. Quand nous aurons le programme des conférences et des ateliers, cela sera peut-être plus facile d’effectuer des choix qui portent sur les contenus. Quels sont les intérêts qui vont être mis sur la table ? Il serait peut-être utile de se répartir les différents thèmes pour pouvoir s’en parler après en ayant une idée générale des sujets abordés.
Pour le moment, le Forum social de Montréal demeure un contenant à remplir par nos propositions d’ateliers.
Les liens qui se tissent avec les populations autochtones, c’est une belle nouveauté à laquelle nous assistons présentement.
Je suis très content du déroulement de la soirée. Même si c’était peu structuré, cela a permis à tout le monde de participer et de dire son mot. Nous avons dit l’essentiel de ce qu’il y avait à dire. Et même si nous n’avons pas encore l’information sur les ateliers et les conférences, il est mieux de ne pas attendre à la dernière minute pour s’inscrire. Sur 1 500 ateliers et conférences, il y en aura pour satisfaire tout le monde.
Le Forum social mondial est aussi une immersion dans un bouillon de créativité et de possibilités. Ensuite, on s’étonnera de ce qui en émerge pour l’humanité. En physique quantique on appelle cela l’intrication, cela relève de divers niveaux de conscience qui s’entremêlent. Aujourd’hui, on parle de champs de conscience. C’est déjà présent, mais nous n’en sommes pas encore conscients à cause de notre ego qui doit devenir osmotique pour qu’il soit capable d’absorber de nouvelles données sans perdre son identité.
Il y a une volonté et une soif d’entreprendre un projet rénovateur de nos rapports humains. Soit, nous demeurons dans le désespoir, soit nous devenons des Quichottes et nous faisons la guerre aux géants pour les faire tomber. Hugo Chavez, alors qu’il était de ce monde, pour souligner le 400 anniversaire de l’œuvre de Cervantès, a fait imprimer un million d’exemplaires de Don Quichotte qu’il a ensuite distribué à chaque famille pour que son peuple apprennent à rêver. (YC)
Nous sommes en train de faire naître une humanité nouvelle.
Compte-rendu rédigé par Yves Carrier