Les plus pauvres et les finances publiques 1998-1999

Des concepts économiques pour tenir compte du problème de la pauvreté et de l’exclusion
par le Carrefour de savoirs sur les finances publiques

Présentation

Minute! On va laisser le taux de chômage là pour un moment. Si on y revient trop vite, on va recommencer la discussion du 12 décembre 1997 au Parlement de la rue:

Vivian Labrie: […] dans ce grand débat-là, on a notre vision de l’économie et de la vie en société qui va avoir à se réfléchir. Par exemple, quand vous
amenez l’idée d’un taux établi à 3% de chômage et que vous citez l’exemple des États-Unis, on ira pas très loin là-dessus cet après midi, mais nous on est
pas sûrs que les Américains pauvres sont bien servis par un taux de chômage à 3% parce que plusieurs vivent dans une grande pauvreté.
Bernard Landry: Mais ils travaillent…
Vivian Labrie: Ils travaillent mais ils sont pauvres. Mais on comprend aussi qu’on aura certainement des débats parce que là, c’est comme on dit, des
questions…
Bernard Landry: Les Britanniques sont à 4%.

Vous voyez, on a essayé de se parler, mais on ne s’écoutait pas.

Il y a quelque chose qui cloche dans le système économique, c’est sûr, puisqu’il y a de la pauvreté, de la misère même, alors que nous sommes un des États les plus riches de la planète. Qu’est-ce qui cloche?

Nous ne prétendrons pas répondre à la question de façon définitive, mais notre expérience d’exclusion devient un atout majeur pour comprendre. Être exclu d’un système, c’est avoir un autre point de vue sur ce système. On l’aperçoit de l’extérieur. On se frotte à ses frontières, avec ses portes, ses cachots, ses passes et ses impasses. Et comme on n’est pas dedans, mais qu’on existe quand même, on aperçoit forcément autre chose.

Nous avons essayé de décrire dans les pages suivantes ce que nous avons aperçu quand nous avons essayé de nous situer par rapport à l’économie et à la société. Nous avons inventé des mots et des schémas pour nommer et décrire ce que nous avons aperçu. Depuis que nous utilisons ces mots et ces schémas, nous comprenons mieux ce que nous vivons et pourquoi nous le vivons.

Nous avons des mots là où il y avait du no-where. Il y a maintenant dans notre tête un monde à plusieurs dimensions dans lequel il y a de la place pour nous et pour vous. Dans chacune de ces fiches, nous proposons un regard, un point d’observation. Nous n’avons pas la prétention d’avoir tout vu, ni même de bien l’expliquer (c’est du neuf pour nous aussi et les délais sont bien courts pour mettre tout ça par écrit de façon claire et pédagogique). Mais il y a là un effort de théorie sociale, du point de vue des plus pauvres et des excluEs, qui pourrait avoir le mérite d’agrandir votre univers mental à vous aussi, puisque ça nous l’a fait à nous. Remarquez, ça ne remplace par la vie 1 , mais ça permet d’être dedans avec les sens plus aiguisés.

Et quand nous nous reparlerons, nous aurons des concepts de référence communs. Des concepts dans lesquels nous pouvons exister. Peut-être alors qu’on pourra reprendre la discussion sur le taux de chômage. Maintenant, bonne lecture. Et si tout n’est pas clair, bien, parlez-nous.

Le Carrefour de savoirs sur les finances publiques, CAPMO, 98/05/31

Téléchargez la version PDF pour lire le document.

Contenu

Partager sur