Collapsologie
« Approche pluridisciplinaire qui s’intéresse à l’effondrement possible de notre civilisation. »
Il devient de plus en plus difficile de s’informer de manière critique tout en gardant une vision positive de l’avenir de l’humanité. Maintenir ce rythme de croissance sans se soucier du lendemain n’est certes pas la solution. Privés des ressources qui nourrissent l’appétit insatiable de nos modes de vie, serons-nous capables de renoncer à notre confort ?
Toutefois, nous pouvons imaginer que les derniers seront les premiers, au sens que les peuples qui vivent avec presque rien seront en avance sur nous sur le chemin du détachement matériel. À condition que nous ne les ayons pas exterminés avant ou abandonnés à leur propre sort devant l’avancée du désert ou la montée des eaux. L’Occident est un ogre qui dévore tout sur son passage, ceux et celles qui en doutent n’ont qu’à relire l’histoire de la colonisation.
Il y a 1 000 ans environ, les peuples mayas du Guatemala et du sud du Mexique, ont renoncé à vivre dans les cités états qui se faisaient la guerre et pratiquaient les sacrifices humains. Ayant épuisé ce modèle de civilisation, les humbles sont retournés vivre en petites communautés agricoles en se dispersant sur le territoire. Ces petites communautés avaient un mode de vie très simple, sans président ni roi, et elles étaient autonomes les unes par rapport aux autres. Les pyramides servant à offrir des sacrifices humains avaient fait place à des rapports égalitaires ou l’esclavage était disparu. N’y a-t-il pas là une leçon de sagesse élémentaire à retenir ?
Un vieux dicton nous rappelle que les poissons pourrissent toujours pas la tête, ce qui signifie que la corruption des élites arrive en premier. Je ne me prononcerai pas sur notre pays en cette période électorale, mais j’élève le regard au sommet de cette hiérarchie capitaliste, puisque c’est bien l’argent qui mène le monde.
Comment pouvons-nous être encore assez bête pour croire aux discours des présidents américains ? Républicains ou démocrates, ce ne sont que les discours qui changent. La soif d’hégémonie de cette nation, élue par je ne sais quel dieu, est sans borne. Leur domination culturelle est telle que certains croient plus à l’éventualité de la fin du monde qu’à la fin du capitalisme. Je ne veux pas réduire un peuple aux errances de leurs dirigeants épris de pouvoir, mais la somnolence populaire fait peine à voir, ivre des lubies de la richesse qui tombe du ciel et de l’impression de force que procure un gun.
Non la violence et l’égoïsme ne seront pas la solution. La dystopie que les dirigeants du monde nous préparent sera une vallée de larmes comme c’est déjà le cas de bien des pays du sud. Importer ici la dictature, c’est ce qu’aura permis à terme le néolibéralisme.
Déjà la dissidence est suspecte, on pactise avec l’ennemi et dans plusieurs sociétés, l’épithète de « terroriste » est appliquée à tous ceux et celles qui osent manifester leur désaccord avec la destruction du monde au nom de la marchandisation de toute chose. Qu’a-t-on fait du sacré, de la beauté du monde et des sanctuaires situés hors du marché?
Yves Carrier
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