Feuille de chou du CAPMO,
septembre 2015, année 16, numéro 01
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Le Bonheur collectif
Appartenir à une communauté de destins liée par l’histoire, la culture, le climat et la géographie, oblige à se sentir concerné par son devenir. Vouloir échapper à cette appartenance commune en s’enfermant dans un monde de vanité et d’apparence, c’est renoncer à un projet collectif qui nous précède, nous englobe, et nous survit.
Génération après génération, nous avons tissé des liens où s’entremêlent la fierté et la joie, mais aussi parfois la honte et le désespoir vis-à-vis de l’image médiocre qui transparaît de nous-mêmes. Les QuébécoisEs sont tissés serrés, de sorte qu’il est difficile d’y construire son bonheur en créant la souffrance et la misère autour de soi. S’attaquer à la chair vive du pays, c’est errer sans but à travers l’histoire. Même si des traîtres cherchent à nous nuire, cela retombera sur eux lorsqu’ils réaliseront le vide et la désuétude de leurs crédos économiques.
L’économie est un tout indissociable des conditions de vie des gens et de la quantité d’air auquel chacunE a droit. En réfléchissant à cela, plusieurs questions me viennent à l’esprit : Combien vaut la paix sociale et le civisme, la joie de vivre dans une communauté créatrice et inspirante, solidaire de tous ses membres ? Qui peut prétendre vivre sans le secours de quiconque ? Est-ce que le sens de la vie est d’accumuler une fortune en tournant le dos à ses obligations sociales ? Qui sont les véritables profiteurs du système ? Qu’est-ce que le bien commun ? Qu’est-ce que je fais en politique ? Suis-je le représentant du peuple ou des banquiers ? Pourquoi mon bonheur est tributaire de celui des autres ? Qu’est-ce qui détermine la supériorité salariale des uns sur les autres ?
Instaurer une logique sacrificielle dans les décisions politiques où les plus faibles sont sacrifiés sur l’autel des baisses d’impôts des plus riches finit par affecter l’ensemble de la société et polluer l’air que nous respirons. La détresse et le désespoir sont en augmentation, entendez-vous la clameur du peuple ? Mais quels sont en fait les critères d’analyse des crédits budgétaires ? Si en coupant à l’aveugle, comme le fait l’actuel président du conseil du trésor, il produit davantage de cancers, de dépressions, de faillites, de criminalité, de divorces, de suicides, d’enfants sans sécurité affective, de moins bons résultats scolaires et davantage de souffrance, qu’est-ce que nous aurons économisé ? Rien !
Comme le peuple grec nous l’a démontré avec courage, une nation c’est bien davantage qu’une société de consommateurs où l’honneur est à vendre aux plus offrants. Qu’en prennent note les nains qui nous gouvernent en se croyant appartenir aux maitres du monde: Serviteurs du néant, le marché ne sera pas le fin mot de l’histoire.
Devant le tumulte du monde, si l’on s’arrête un instant pour faire le vide en soi, la conscience apparait comme un lac aux eaux calmes et profondes où se reflète comme en un miroir l’éternité de l’Être. En silence, guettant ce qui émerge des abysses, on aperçoit la somme des désirs et des haines inassouvis. C’est l’âge actuel de l’Occident qui tourne le dos à la prudence et à la sagesse.
Qu’attendons-nous pour mettre en marche un rêve commun d’humanité ? Ignorant les calculs macabres des sorciers bornés, des hommes et des femmes construisent une vision d’avenir inclusif fondé sur la paix et la justice. Loin des récifs de l’égoïsme ambiant, ils et elles évaluent les conditions du bonheur collectif non pas à l’aulne de l’argent, mais selon les besoins fondamentaux établis dans la reconnaissance de la dignité de chacunE. Mais pour que ce jour advienne, il faudrait que les pauvres cessent de payer pour que les riches vivent dans l’opulence.
Yves Carrier
Spiritualité et citoyenneté |
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Fléau du capitalisme |
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Calendrier de septembre |
Ce typhon qui menace les peuples
C ‘est l’intitulé d’un article (pages 6 à 11) paru dans le Manière de voir No 141 de juin-juillet 2015 portant sur le Libre-échange la déferlante. Il décrit ce qui nous attend avec le Grand Marché Transatlantique et l’Accord de Partenariat Trans-pacifique qui sont actuellement négociés en secret. Ce sera pire que l’AMI de la fin du millénaire rejeté par la rue et l’opposition de certains États. Les citoyens et les journalistes seront informés une fois que les documents seront signés en fin d’année, semble-t-il. Voici les domaines, pour l’instant quelque peu protégés, qui seront livrés à l’appétit des multinationales (lesquelles triompheront des résistances de certains États et de leurs citoyens): sécurité des aliments, normes de toxicité, assurance-maladie, prix des médicaments, liberté du Net, protection de la vie privée, énergie, culture, droits d’auteur, ressources naturelles, formation professionnelle, équipements publics, immigration.
L’obligation sera faite aux pays signataires d’assurer la « mise en conformité de leurs lois, de leurs règlements et de leurs procédures » avec les dispositions du traité, sinon il y aura des poursuites des multinationales contre les États. Cela se faisait bien sûr dans le passé dans le cadre de l’ALENA ou sous l’autorité de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), mais le pouvoir des multinationales et de leurs actionnaires se trouve extrêmement élargi dans ce contexte des nouveaux traités. Il ne restera comme issue que la résistance du l’État et du peuple grec avec l’épée de Damoclès de la fermeture des banques brandie par la troïka financière (Banque Européenne, FMI, Banque mondiale). Car, ne nous trompas pas, la mise au pas de la Grèce et de son peuple est essentiel à ce projet néolibéral. Déjà qu’il y a eu l’Islande dont l’on parle peu, à l’écart de l’Europe et peu habité (moins de 300 000 habitants). Cette résistance grecque fait désordre et si l’Espagne, le Portugal et l’Italie s’y mettaient, et d’autres encore entraînés par un nouveau printemps des peuples. Déjà que l’on vient d’assister à un printemps arabe récupéré presque partout, sauf en Tunisie.
Le pire est à venir bientôt; et la résistance aussi. C’est sous le couvert de l’austérité que l’on prépare les peuples et les États à cette domination absolue de la finance et des multinationales. Dans ce cadre, la défense de l’environnement risque d’en prendre un coup. L’attitude des gouvernements français (la Conférence de Paris) et américains (la prise de position récente d’Obama) vise à faire en sorte qu’on leur fasse confiance pour qu’ils puissent récupérer la lutte et l’éteindre au moment opportun au nom de la realpolitik, politique réaliste de la soumission politique aux intérêts économiques.
Il n’y pas beaucoup d’issue pour le peuple ou les partis politiques qui en sont encore très près. Il y a d’abord la résistance ainsi que nous l’ont enseignée les Zapatistes. Il y a ensuite l’organisation et la conscientisation du peuple sur la base d’un discours et d’une théorie de la société civile pour elle-même, défendant ses valeurs et ses intérêts, la société civile étant actuellement le vrai agent historique du changement social et politique.
Robert Lapointe
Activités sociale
La ligue de cartes a poursuivi ses activités pendant l’été, non sans certaines difficultés ou absences; mais tout va bien à présent. La ligue participe à la vie associative d’un groupe communautaire et ne craint pas d’associer d’autres groupes à ses activités. Ses membres s’impliquent d’ailleurs dans la vie du CAPMO. Nous choisissons nos plages horaires (à partir de 16h les vendredis et dimanches) pour ne pas nuire à la vie des groupes et nous sommes d’arrangement facile si nous sommes respectés dans ce contexte. Merci.
Robert Lapointe
PORTRAIT : Selon Yacoub Salah, « Sarkozy a fait de la Libye un centre de djihadistes »
Par Chloé Rébillard Quotidien « l’Humanité », France, 7, 8 et 9 août 2015, page 6
Source : www.humanite.fr
« Nous ne sommes plus que deux, ma petite sœur de neuf ans et moi » explique Yacoub qui était guide touristique en Libye.
Yacoub Salah a fui la guerre, déclenchée en mars 2011 par Paris et Londres. Arrivé cette année en France, il dénonce cette intervention qui a bouleversé sa vie, le transformant en clandestin.
« Il y a un Libyen qui parle bien français », nous informe-t-on à notre arrivée au lycée Jean-Quarré, à Paris, occupé par des réfugiés depuis le 31 juillet. Yacoub Salah s’est créé une petite notoriété dans le milieu militant qui gravite autour de l’établissement. Pour y accéder, il faut grimper un escalier de béton sur lequel sont assis quelques migrants qui discutent entre eux et blaguent, comme les lycéens devaient le faire avant la fermeture des lieux. La cour est le point névralgique en ce début de soirée d’été : au milieu, Yacoub, 27 ans, promène son sourire et son bonnet aux couleurs de la Jamaïque avec aisance, saluant de tous côtés.
C’EST L’EUROPE QUI NOUS A MIS DANS CETTE SITUATION
Arrivé depuis quelques mois en France, le jeune homme a le contact facile et maîtrise l’arabe, l’anglais et le français, ce qui lui vaut le statut de passeur de messages. En Libye, il était guide touristique. Ici, il est sans papiers, un dossier parmi d’autres pour l’administration qui doit traiter sa demande d’asile.
Il déroule son histoire au fil de son épopée. Des anecdotes, il en a plein sa besace, certaines sont presque drôles, comme celle où, après avoir dérivé six jours en Méditerranée, il demande à son arrivée :« C’est l’Italie ici ? » « Non, c’est la France », s’entend-il répondre. Il ponctue cet aveu d’un éclat de rire mais redevient grave dès qu’il s’agit d’évoquer d’autres moments : « Le troisième jour en mer, on a jeté un bébé de deux semaines mort par-dessus bord, ça, ça reste là » et d’un geste il porte sa main sur son cœur.
Il décrit son pays comme un paradis perdu: « La Libye était riche, plus riche que la France. En arrivant ici, je n’ai vu que la misère. » La guerre, déclenchée en mars 2011 par Paris et Londres, est venue bouleverser sa vie. Elle a décimé sa famille : « Nous ne sommes plus que deux, ma petite sœur de neuf ans et moi. » Sa mère et son autre sœur de sept ans sont décédées par manque de soins. « Tous les docteurs sont partis, il y avait des tentes autour des hôpitaux, il n’y avait plus assez de monde pour prendre en charge les malades. »
Dans la bouche de Yacoub, les responsables de la situation sont tout désignés : « Ce que l’intervention de l’OTAN a amené, ce n’est pas le chaos, ça le dépasse. » Dans le film qui passe en boucle dans sa tête, certaines images restent plus vives: « On était à Tripoli, et on a entendu des avions de l’OTAN. Au bruit qu’ils faisaient, une femme s’est penchée par la fenêtre du 6e étage de l’immeuble d’à côté avec son bébé dans les bras pour voir. Les avions sont passés, les immeubles se sont effondrés. »
Il déplore les pertes civiles qu’a engendrées la guerre, et s’insurge contre les autorités occidentales qui déclaraient viser uniquement des objectifs militaires.
Ce à quoi il ajoute : « Sarkozy a créé un centre de djihadistes, la Libye tout entière. Ils ont distribué des armes pour verser le sang, celui des Libyens. » Avec la guerre civile qui s’est ensuivie, la Libye est passée de pays d’accueil pour les migrants à pays de départ. Dans le lycée désaffecté, Yacoub a croisé des Soudanais et des Érythréens, qui étaient installés en Libye et ont dû une nouvelle fois reprendre la route lorsque le conflit a éclaté : « Ils ne voulaient pas aller en Europe, ils étaient bien installés en Libye, mais depuis le déclenchement de la guerre, eux aussi partent en Europe. »
La réaction que suscite l’arrivée des réfugiés lui laisse un sentiment en demi-teinte. D’un côté, il apprécie l’accueil fait par les habitants du quartier de la place des Fêtes, qui jouxte le lycée. Certains voisins sont venus spontanément apporter des produits d’hygiène et de première nécessité. De l’autre, il raconte: « Une fois, je passais à la radio, et un monsieur a appelé pour dire : les migrants, il faut les renvoyer chez eux.
Mais c’est l’Europe qui nous a mis dans cette situation, nous n’avons pas le choix ! » Avant d’ajouter : « Ils sont partis gâter (détruire NDLR) chez nous, et aujourd’hui nous n’avons aucun droit, pas même celui d’être respectés comme des humains. Ils pensent que nous sommes là pour ruiner l’économie, alors que Sarkozy a détruit la Libye, il en a fait un désert. » Si l’Ofpra lui accorde le statut de réfugié, il veut repartir en Tunisie ou en Algérie, reprendre son travail de guide. En attendant, comme mû par un ressort, il se lève de sa chaise et part rejoindre ses camarades d’infortune.
L’Humanité, 2015-08-07
Lettre d’Albert Einstein à sa fille
L’Amour est la plus grande force de l’Univers
À la fin des années 1980, Lieserl, la fille du célèbre physicien Albert Einstein, a donné 1 400 lettres écrites par Einstein à l’Université hébraïque de Jérusalem, avec ordre de ne pas rendre public son contenu jusqu’à vingt ans après sa mort. Ceci est l’une d’entre elles.
« Lorsque j’ai proposé la théorie de la relativité, très peu m’ont compris, et ce que je vais te révéler maintenant à transmettre à l’humanité va choquer l’incompréhension et les préjugés du monde. »
« Je te demande de conserver ces lettres aussi longtemps que nécessaire, d’attendre des années, des dizaines d’années, jusqu’à que la société soit suffisamment avancée pour accepter ce que je vais expliquer ci-dessous. »
« Il y a une force extrêmement puissante pour laquelle, jusqu’à présent, la science n’a pas trouvé une explication officielle. C’est une force qui comprend et régit toutes les autres et est même derrière tout phénomène qui opère dans l’univers et qui n’a pas encore été identifiée par nos soins. Cette force universelle est l’Amour. »
« Lorsque les scientifiques étaient à la recherche d’une théorie unifiée de l’univers, ils ont oublié la plus invisible et la plus puissante des forces : L’Amour est Lumière qui éclaire ceux qui la donnent et la reçoivent. L’Amour est la gravitation, car elle fait que certaines personnes se sentent attirées vers les autres. L’Amour est le « courant électrique », car il démultiplie ce que nous avons de meilleur et permet que l’humanité ne s’éteigne pas dans son égoïsme aveugle. L’Amour révèle et se révèle. Par amour, nous vivons et mourons. L’Amour est Dieu, et Dieu est Amour. »
« Cette force explique tout et donne son sens premier à la vie. Il s’agit de la variable que nous avons ignorée pendant trop longtemps, peut-être parce que l’Amour nous fait peur, puisque c’est la seule énergie de l’univers que l’homme n’a pas appris à gérer par sa volonté. »
« Pour donner une visibilité à l’Amour, j’ai fait une simple substitution dans mon équation célèbre. Si, au lieu de E=mc2 nous acceptons que l’énergie de guérison du monde peut être obtenue à travers l’Amour multiplié par la vitesse de la lumière au carré, nous arrivons à la conclusion que l’Amour est la force la plus puissante qui existe, car il n’a pas de limites. »
« Après l’échec de l’humanité dans l’utilisation et le contrôle des autres force de l’univers, qui se sont retourné contre nous, il est urgent que nous nourrissions d’un autre type d’énergie. Si nous voulons que notre espèce survive, si nous voulons trouver un sens à la vie, si nous voulons sauver le monde et chaque être sensible qui l’habite, l’Amour est LA et la seule réponse. »
« Peut-être nous ne sommes pas encore prêts à fabriquer une bombe d’Amour, un appareil assez puissant pour détruire toute la haine, l’égoïsme et la cupidité qui dévastent la planète. Cependant, chaque individu porte à l’intérieur un petit mais puissant générateur d’Amour dont l’énergie est en attente d’être libérée. »
« Lorsque nous aurons appris à donner et à recevoir cette Énergie universelle, chère Lieserl, nous pourrons affirmer que l’Amour conquiert tout, est capable de transcender tout et chaque chose, car l’Amour est la quintessence de la vie. »
« Je regrette vivement de ne pas pouvoir exprimer ce qui, dans mon cœur, a palpité silencieusement pour toi toute ma vie. Il est peut-être trop tard pour demander pardon, mais comme le temps est relatif, j’ai besoin de te dire que j’aime et grâce à toi, j’ai atteint l’ultime réponse. »
Ton père : Albert Einstein
François, fléau du capitalisme
Juan José Tamayo. El Périodico de Cataluna, 22 juillet 2015
Le récent voyage du pape François en Équateur, Bolivie et Paraguay, a dissipé les doutes des sceptiques à l’intérieur et à l’extérieur de l’Église sur le changement radical qu’il instaure jour après jour depuis son élection en mars 2013. Tout dans ce parcours par les terres latino-américaine a été historique, en rupture, radical, alternatif: les scènes, les gestes, les protagonistes et les interlocuteurs, les messages. Historique à l’intérieur de la normalité et de la spontanéité, sans que rien ne détonne, que personne ne se surprenne ou se scandalise, sauf ceux qui le font depuis qu’il est apparu au balcon du Vatican lorsqu’il a été élu pape.
Le geste le plus provocant, accueilli tout naturellement par le pape, fut celui du président Evo Morales qui lui a offert un Christ crucifié sur un marteau et une faucille, reproduction du crucifix sculpté par le jésuite espagnol Luis Espinal, assassiné par les paramilitaires en mars 1980 en raison de son implication dans les luttes populaires en Bolivie. Ce cadeau est en parfaite syntonie avec le projet plurinational et interethnique de la nouvelle Bolivie et avec le ton provocateur des discours de François. Syntonie qui se fit sentir dans l’attitude d’Evo Morales envers le pape qu’il appelait : « Frère François » et qui lui répondait avec la même familiarité.
Contrairement à ce qu’on observe d’habitude lors des voyages des papes à l’étranger, les personnes qui accompagnent le frère François n’étaient pas des membres du clergé, ni des personnalités en cravate, mais des malades en phase terminale, des communauté indigènes, des leaders ouvriers et paysans, des aînés, des prisonniers qu’il a visités au pénitencier de Pasmasola, le plus dangereux du pays, des activistes des mouvements populaires du monde entier réunis à l’occasion de la Seconde Rencontre internationale – la première s’est tenue à Rome en octobre 2014 – qu’il a qualifié de « semeurs de changements ». À cette occasion François a prononcé son discours le plus critique de tout son pontificat contre le capitalisme, le colonialisme et la spoliation de la terre.
Tout cela est la meilleure démonstration de l’identification du pape avec les revendications des communautés indigènes, avec les détenus, les exclus du système et avec la dénommée « gauche radicale », représentée par les mouvements populaires. Par ces gestes il démontre son appui direct aux gouvernements latino-américains qui appliquent des politiques anti-néolibérales, anti-coloniales et écologistes.
Ses discours ne furent pas strictement religieux et encore moins spiritualistes, mais ouvertement politiques. Ils ne furent pas réformistes, mais révolutionnaires, déstabilisants pour le statu quo politique, économique et socialement incorrect, tant dans ses termes que dans son contenu.
Père Luis Espinal, intellectuel jésuite assassiné par la junte militaire en Bolivie en mar 1980
Des discours que nous ne sommes pas habitués d’entendre dans la bouche des leaders politiques nationaux ou internationaux, ni même de la part de ceux qui se considèrent de gauche, et moins encore des ecclésiastiques, à qui le pape rappelle que leur mission n’est pas de s’installer commodément dans le système en espérant recevoir des bénéfices juteux, mais : « que notre foi est toujours révolutionnaire. Cela est notre cris le plus profond et le plus permanent. » C’est le message qu’il a adressé à un million d’assistants réunis à Quito le 7 juillet.
Crique de « la dictature de l’argent », qu’il qualifie de « crottin du diable ». Il dénonce le système économique actuel qui non seulement dégrade les personnes et les peuples, mais les tue. Il met en lumière les graves situations d’injustice subies par les exclus partout dans le monde et il montre comment toutes les exclusions sont inter-reliées par un fil invisible et qu’elles sont provoquées par un système qui impose le profit comme seul objectif, sans penser à l’exclusion sociale qu’il génère ni à la destruction de la nature qu’il provoque. Ce système est devenu insupportable, dit-il, pour les paysans, les travailleurs, les communautés, les peuples, et même pour « notre sœur la Terre-Mère ».
François montre sa syntonie avec le cri d’indépendance d’il y a deux cent ans, celui des peuples latino-américains prenant conscience de leur condition d’exploités, du manque de libertés et du saccage des conquistadors. Il demande pardon pour les massacres commis par les conquistadors au nom de Dieu et dénonce l’oppression qui, actuellement, afflige ces peuples par le mord du nouveau colonialisme, générateur de violence contre les cultures indigènes, leur organisation, leur cosmovision, leurs traditions, leurs rites.
Ce n’était pas la première fois qu’un pape demande pardon pour des crimes si atroces. Avant lui, Jean-Paul II l’a fait avec une radicalité particulière, et Benoit XVI sur un ton plus mesuré. Mais la même demande, prononcée devant des assemblées en grande majorité indigène, en présence des communautés héritières des peuples originels et avec l’appui de certains dirigeants politiques ayant parmi leurs priorités de rendre visible ces communautés et la défense de leurs droits, a plus de force et est plus convaincante. Cette demande de pardon rappelle les dénonciations de la Brève histoire de la destruction des Indes de Bartolomé de Las Casas, et le mémorial des violences des conquistadors rapportées dans le livre d’Eduardo Galeano, Les veines ouvertes de l’Amérique latine.
Mais François n’est pas demeuré à un diagnostic autant dévastateur. Pour lui, il ne s’agit pas de se résigner, de se croiser les bras ou d’attendre la réponse dans l’au-delà. Bien au contraire, il défend un changement de système, « un changement réel, un changement de structures », dont les sujets ne sont par les puissants, mais « vous, les plus humbles, les exploités, les pauvres, les exclus », entre les mains de qui se trouve, pour une bonne part, l’avenir de l’humanité. Il dit : « Qu’aucune famille ne soit sans toit, aucun travailleur sans droit, aucun peuple sans souveraineté, aucune personne sans dignité, aucun enfant sans enfance, aucun jeune sans opportunité, aucun ainé sans une vieillesse vénérable».
« Sans or, on peut vivre ! Sans charbon, on peut vivre ! Sans eau, on meurt ! » Réponse d’une jeune indigène au président de Nestlée qui voudrait voir toutes les sources d’eau privatisées. »
Il s’agit d’un programme collé à la réalité, qui répond davantage à l’application la plus élémentaire de la Déclaration universelle des droits humains, mais aujourd’hui, cela semble révolutionnaire. Nous avons tellement régressé que des revendications aussi évidentes apparaissent révolutionnaires ? La pauvreté s’est-elle tant répandue à travers le monde ? La réponse ne peut être qu’affirmative.
Le message de François qui s’est converti en fléau du capitalisme a été prononcé en Amérique latine, mais il s’adresse au monde entier, incluant les dirigeants politiques européens qui ont fait plier le peuple grec, qui n’ont pas respecté sa volonté souveraine exprimée par une écrasante majorité dans un référendum et qui l’ont extorqué jusqu’à l’épuisement.
Il ne faut pas se surprendre que les secteurs politiques conservateurs, les puissances financières, les organismes nationaux et internationaux qui veillent au respect de l’orthodoxie néolibérale et les mouvement pré-conciliaires de l’Église catholique qui veille au maintien de l’orthodoxie dogmatique, se sentent interpellés et qu’ils attaquèrent ses discours en les qualifiant d’hétérodoxes, de déstabilisateurs et même de communistes. Il est normal qu’ils se sentent concernés, puisque le discours du pape est contre eux.
Au jour le jour, le problème c’est l’application de ces messages au Vatican qui compte une énorme bureaucratie et dans les milliers de diocèses du monde entier dont plusieurs sont toujours dirigés par des ecclésiastiques installés dans le paradigme néoconservateur des papes antérieurs, insensibles aux changements qu’amènent le frère pape François. Enfin, le problème, c’est le manque de cohérence entre la théorie et la pratique, entre la défense des droits humains dans la société et leur transgression à l’intérieur de l’Église catholique.
Juan José Tamayo est directeur de la chaire de Teologie y des Sciences des Religions de l’Université Carlos III de Madrid et directeur y coauteur de San Romero de América, Mártir de la Justicia, Tirant lo Blanch, València 2015)
Lettre de la présidente à l’occasion du 40ème anniversaire du CAPMO
Bonsoir, c’est avec une grande joie et beaucoup de fierté que je viens souligner les 40 ans d’existence du Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert, le CAPMO.
En tant que présidente du conseil d’administration, il me fait grandement plaisir de vous souhaiter la cordiale bienvenue à cette soirée particulière.
Depuis 40 ans, beaucoup de visages différents se sont succédés tant au niveau de la permanence que des nombreux militantEs qui ont fait leur marque dans l’histoire de ce groupe.
Combien de soirées mensuelles et de rencontres se sont déroulées et nous ont fait grandir en réflexion, en compassion et en actions. Il y a là bien de beaux souvenirs que plusieurs d’entre vous pourraient nous raconter et vous aurez l’occasion de partager vos souvenirs un peu plus loin au cours de la soirée.
Célébrer ensemble nos quarante ans d’existence, c’est aussi une excellente occasion de se retrouver. Je suis particulièrement touchée de voir qu’au fil du temps le CAPMO a grandi dans le respect du vécu de chaque personne. Ancré sur ses quatre grands axes qui sont : l’actualité et la vie populaire et ouvrière, la spiritualité et la culture de personnes engagées socialement, le projet de société et la solidarité d’ici et d’ailleurs, nous avons refait le monde à chaque saison en tenant compte de la place accordée aux personnes en situation de pauvreté. Je suis sûre que parmi vous, ces axes resteront gravés dans votre cœur.
Des personnes important comme : Jean-Paul Asselin, Vivian Labrie, Nancy Couture, Jonathan Lacasse et tant d’autres encore ont collaboré à de si nombreux projets qu’il est difficile de tous les nommer.
Je tiens aussi à remercier toutes les personnes qui ont préparé avec amour cette belle fête pour qu’elle soit un succès. En autres : Yves Carrier, Robert Lapointe, Robert Roussel, Donald Lehouillier, Claude Garneau, Emilie Frémont-Cloutier et Isabelle Blais.
Alors bonne soirée à tous et à toutes.
Monique Toutant
Lettre d’un membre du CAPMO à l’occasion du 40ème anniversaire
Aux gens du Monde de justice
Madame la présidente
Chère Monique
Quand vous lirez ce mot, sachez que dans mon coin de pays beau de ces gens, un homme de vous sut qu’en votre manière spirituelle d’agir et votre savoir de l’ire des maux, vos actions passaient par la défense des droits tant individuels que collectifs des personnes les plus vulnérables.
En cette année de votre 40ème année d’existence, je souhaite à tous ces hommes et ces femmes qui œuvrent à une représentativité interculturelle qui se voulant à l’écoute de cette collectivité fraternelle dans une démarche de justice sociale. Poursuivant ce travail d’éducation populaire, ils et elles se situent dans une réflexion sur l’actualité populaire et ouvrière, le projet de société, la solidarité internationale et la vie spirituelle des personnes engagées socialement.
Vivant dans une région dite éloignée cela ne m’empêche pas d’avoir de vos nouvelles par l’entremise de votre journal, les rapports de vos rencontres mensuelles et des démarches du comité sur l’accessibilité sociale du transport en commun.
Je salue aussi les gens de la ligue de hockey et de leur entraîneur qui, dans une démarche conviviale, nous préparait des repas gastronomes fraternels.
Aux fins de cette rencontre je vous offre ce cœur aux gens du CAPMO, aux membres du Conseil d’administration ainsi à Monsieur Yves Carrier
Amicalement vôtre
Jacques Laplante de Gaspé, membre du CAPMO
Merci au CAPMO qui nous a tant donné
Merci au CAPMO qui nous a tant donné.
Il a donné une force combative
A une poignée de femmes et d’hommes, laïcs ou religieux
Qui ont lutté pour que dans un hôtel de notre ville
Des travailleurs travaillent dignement
Merci au CAPMO qui nous a tant donné
Il nous donne un chemin
La voie la moins fréquentée :
Un carrefour de la rencontre
Des pauvres et humbles de cœur de tout milieu social.
Merci au CAPMO qui nous a tant donné
Il donne de l’importance
A la voix des opprimés
Et une communauté mobilisée
Pour un transport en commun abordable et accessible!
Merci au CAPMO qui nous a tant donné
Il nous donne la mystique
L’Esprit qui nous unis
Qui nous donne le souffle pour ouvrir le chemin
Vers un monde plus juste
Longue vie au CAPMO!
(Inspiration de Gracias a la vida, de Violetta Parra)
Hommage pour le 40e anniversaire du CAPMO, Emilie Frémont-Cloutier
Mot du coordonnateur pour le 40ème anniversire du CAPMO
Je tiens à remercier tous ceux et celles qui ont fait en sorte que cette anniversaire puisse être célébrée en grand. Tout d’abord un grand merci au comité organisateur formé de Monique Toutant, Donald Lehouillier, Robert Roussel, Robert Lapointe, Claude Garneau, Isabelle Blais ainsi qu’Emilie Frémont Cloutier. De même, pour les membres du conseil d’administration André Huot, France Dulac et Gérald Doré. Un grand merci également à nos cuisinières Inès Rivera et Isabelle Doneys. Finalement, l’apport financier de nos généreux donateurs, des communautés religieuses et de la Caisse d’économie solidaire. Je tenais à remercier ces gens pendant que tout le monde est encore présent.
Travailler au CAPMO, cela fera bientôt six ans dans mon cas, c’est une expérience enrichissante à tous les points de vue par la quantité de gens que je côtoie dans le cadre de mes fonctions et la diversité des sujets que nous abordons à l’occasion des soirées mensuelles ou encore lorsque nous accueillons une délégation de l’extérieur comme ce fut le cas cette année avec Shannon Chief et sa mère, deux Anishinabés de la Haute-Gatineau qui nous ont visité un peu avant Noël. Un grand merci à Emilie et à Charles-Eugène Bergeron pour l’accompagnement et l’accueil de cette délégation.
Depuis deux ans, j’ai le bonheur d’avoir une collègue pour animer les différentes activités du CAPMO qui s’occupe du Comité transport, ainsi que Monique Toutant et Robert Roussel qui y sont très impliqués. À tous et à toutes qui rendent le rêve du CAPMO possible, mes plus sincères remerciements.
Le CAPMO c’est une utopie imaginée il y a 40 ans par les membres fondateurs ici présents et d’autres qui nous accompagnent de leur demeure céleste : Laurette Lepage, Pierre-André Fournier, Benoit Fortin, Gérard Coulombe et combien d’autres encore.
Parmi les membres fondateurs sont présents avec nous ce soir : Jean-Paul Asselin, Jacques Archibald, Paul-Yvon Blanchet, Guy Boulanger, des gens qui ont grandement contribué par leur implication sur plusieurs décennies à l’évolution de notre organisme. Certains membres aussi qui ont déjà fait parti du Conseil d’Administration par le passé : Claudine Gagnon, Ernesto Castro, Juliette Ouellet, Hélène Bédard, Marie-Lyne Bouchard.
Cet espace libre d’oppression que se veut le Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert permet la réflexion, la liberté d’expression et aussi parfois de mettre en marche les solutions devant une problématique donnée. Ce travail se fait toujours dans la perspective d’aide aux démunis, en se mettant à leur place pour envisager la société et ses injustices. Au CAPMO, nous avons toujours un parti pris en faveur des démunis de ce monde. C’est entre-autre ce qui a conduit à l’adoption de la loi en faveur de l’élimination de la pauvreté et la fondation du Collectif pour un Québec sans pauvreté.
Le CAPMO, c’est d’abord une communauté d’idées qui tissent des liens sur quatre décennies. Certains passeurs y ont laissé leur marque : Paul-Yvon Blanchette, Vivian Labrie, Jonathan Lacasse, Isabelle Perron, Nancy Couture, Nancy Beauseigle, Michaël Lessard. Moi, c’est par l’accueil aux réfugiés salvadorien, avec Hortensia Valle de Lopez comme permanente au CAPMO en remplacement de Vivian labrie pour quelques mois, que j’ai fait mon arrivée au CAPMO en janvier 1992, comme stagiaire en théologie pratique. Comme je parlais espagnol, je me suis vite retrouvé à une table pour organiser l’Événement Romero et vivre la solidarité internationale les deux pieds ici, à Québec.
Merci au CAPMO et à vous tous et toutes de nous permettre de développer sans cesse de nouvelles alliances, ici et ailleurs, pour que le cœur de Québec demeure ouvert.
Yves Carrier, 13 juin 2015