Ça roule au CAPMO, – octobre 2017, année 19, numéro 02
La négation du sujet opprimé
Depuis la découverte de l’Amérique, l’Occident a appris à se donner bonne conscience en justifiant ses crimes contre l’humanité au nom de la civilisation chrétienne puis du progrès et de la raison instrumentale. C’est ce qui lui a permis de légitimer les génocides commis envers les peuples autochtones, l’esclavage et le servage, suivi de l’entreprise coloniale en Afrique et en Asie qui concluait sa conquête du monde et l’affirmation de la suprématie européenne.
Avec la décolonisation qui suivit la Seconde Guerre mondiale, le fétichisme de la démocratie a servi de prétexte à toutes les guerres d’ingérence chez les différentes nations qui prétendaient échapper à l’orbite néocoloniale capitaliste. Sous le prétexte fallacieux de la défense des droits humains, des populations entières ont été massacrées, en notre nom, au Proche-Orient tout en accusant les différents gouvernements d’être des tyrans. En Afrique, ce sont les guerres interethniques qui ont servi d’alibi au pillage des ressources naturelles.
L’Occident refuse de reconnaître ses crimes contre l’humanité et elle poursuit son entreprise néocoloniale par tous les moyens à sa disposition. Refusant d’admettre qu’à chaque nation correspond un projet souverain qui n’a pas à être décidé à Wall Street, les médias construisent sans relâche le consentement de l’opinion publique en faveur de l’immolation de toute nation osant s’ériger contre l’ordre bourgeois international. L’Otan, le bras armé de l’impérialisme occidentale, est comme les scouts, « toujours prêt » à partir en guerre contre d’éventuels dictateurs qui ont osé porter atteinte à la sacro-sainte propriété privée des moyens de production. C’est que sa rationalité de conquête et de domination l’y oblige, aveugle aux conséquences de ses actes, toujours pardonné d’avoir ramené la loi et l’ordre. Allez demander aux populations de Lybie, de Syrie, du Liban, d’Irak, du Yémen et d’Afghanistan, ce qu’elles en pensent. Et lorsque nous aurons le temps, pourquoi ne pas envahir l’Iran ou le Venezuela ?
Que nos entreprises multinationales agissent comme d’authentiques criminels, passe encore, mais que l’ensemble des médias nous obstruent la vue en nous conditionnant à une guerre perpétuelle contre tout ce qui est différent de nous, est d’une tristesse sans fin. Et notre cher Canada, satellite des États-Unis, incapable de se démarquer d’un iota de la politique impériale. Bien sûr il y a pire, Peña Neto au Mexique, Manuel Santo en Colombie, Temer au Brésil et Macri en Argentine, tient tous des néolibéraux convaincus que le statut d’alliés colonisés est préférable à une quelconque indépendance instaurée au bénéfice des populations majoritaires et au détriment des multimillionnaires qui font tellement pitiés sur leur yacht de luxe.
Et que dire du gouvernement canadien qui se lève courageusement pour aboyer avec la meute des États corrompues. Il me semble que quelqu’un devrait se demander qui sont nos amis avant de jeter le blâme sur un gouvernement légitimement élu ? Le Mexique est un narco État où la mafia est au pouvoir, le Brésil est une mafia d’État, la Colombie assassine les anciens combattants qui ont déposé les armes et ont signé un accord de paix, l’Argentine, ramène le peuple argentin 50 ans en arrière pour enrichir sa caste de millionnaires et satisfaire Wall Street, mais de cela personne ne parle dans les médias.
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COMMÉMORER LA RÉVOLUTION RUSSE : POURQUOI?
Il ne s’agit pas de cautionner le régime communiste, mais de comprendre comment on en est arrivé là. Nous pouvons pour ce faire nous référer au premier livre de la Bible, à cet ensemble de mythes fondateurs que constitue la Genèse.
Première lutte des classes entre Abel l’éleveur et Caïn l’agriculteur. C’est en fait l’opposition de deux modes de vie dont l’un est envié par l’autre. Le temps du paradis est passé, celui des chasseurs-cueilleurs, qui n’était pas si édénique que cela après le péché originel.
L’opposition entre nomades et sédentaires s’approfondit forçant les premiers à joindre pouvoir et religion pour dominer les seconds et préserver leurs privilèges. Le nomade est celui qui contrôle ses déplacements dans l’espace et ceux des autres pour sa propre sécurité.
Cela amène à promouvoir des valeurs à l’usage des sédentaires pour préserver les intérêts des nomades. Mais les sédentaires ne sont pas toujours restés dupes de cette réalité. La trame de l’histoire est faite en grande partie des conflits liés à la lutte des classes.
C’est le lien entre politique et religion qu’il fallait casser pour faire avancer la société. Esdras, prêtre juif, protégé par le roi des Perses, démontre que l’on peut préserver sa religion dans le territoire d’un autre roi, d’une autre religion, d’un autre peuple. Jésus enfonce le clou, sépare religion et pouvoir dans sa célèbre réplique de l’impôt dû à César. Cela est devenu la tâche de la société civile.
Avec le temps, les guerres de religion sont devenues des luttes de classes. Les valeurs des riches et puissants assénées aux classes populaires et servant à préserver leurs intérêts apparurent comme une hypocrisie cruelle. Et ce fut la révolution. Les sédentaires, menés par des bourgeois et quelques nobles, prirent le pouvoir du moins en apparence, puisqu’il fut accaparé par la bourgeoisie et les capitalistes. Et la lutte des classes se poursuivit entre bourgeois et prolétaires et entre capitalisme et société. Les révolutionnaires honnêtes continuèrent le combat. L’idéologie communiste est née avec Marx et Lénine permit le passage de la monarchie au communisme. Cela devait arriver tôt ou tard, plus ou moins bien. Lénine, l’homme de la situation, était là au bon moment au bon endroit, et avec la bonne analyse, analyse concrète d’une situation concrète, pour résumer la méthode léniniste.
Oui, il y a eu des erreurs, des dérives, liées notamment à la faiblesse de la société civile, mais aussi à des problèmes doctrinaux. Il est donc nécessaire d’en faire le bilan. Surtout si nous assistons à un retour du religieux dans lesquels les conflits entre civilisations et religions servent à camoufler les luttes de classes et le rattachement des peuples aux intérêts des riches et des puissants.
Robert Lapointe
Stratégie canadienne de réduction de la pauvreté
Consultation Stratégie canadienne de réduction de la pauvreté, 29 juin 2017
Lettre à Jean-Yves Duclos, ministre fédéral de la famille,
des enfants et du développement social, écrite par l’anthropologue Rose Dufour,
fondatrice de la Maison de Marthe
La nécessité de réduire la pauvreté s’impose puisque celle-ci loin de diminuer ne cesse d’augmenter. C’est le comment faire pour la réduire, un passage aux actes qui change quelque chose, qui nous pose un problème. Je voudrais amorcer une réponse à la question d’une stratégie de réduction de la pauvreté à partir de mon expérience, depuis 1992 au centre-ville de Québec, successivement avec des hommes itinérants, des jeunes dans la rue, des Orphelins de Duplessis et depuis 2001 avec des femmes qui en sont venues à se prostituer dans une perspective de prise en charge personnelle et d’insertion sociale, une pédagogie de l’empowerment. Je me suis posé la même question, formulée autrement : Comment peut-on aider une personne à s’aider elle-même davantage, à se donner un meilleur être, à s’accomplir, à se réaliser? J’y répondrai en deux points, d’abord en définissant la pauvreté et ensuite en vous disant ma découverte la plus importante.
Définir la pauvreté, non pas théoriquement mais avec les personnes elles-mêmes à partir de leurs histoires de vie et de leurs vécus. Leur PAUVRETÉ économique est manifeste dans un manque sévère, crucial, impérieux d’argent et un rapport et des comportements particuliers à l’argent, une pauvreté généralisée de la personne qui s’étend à une grande pauvreté affective, éducative, spirituelle, sociale et relationnelle. Cette pauvreté si grande parfois qu’elle s’appelle de la MISÈRE et plus grande encore, elle s’appelle du MALHEUR … quelque chose qui s’empare de l’âme dans son sens d’arrachement à la vie, de déracinement de la vie, une sorte de mort, une forme extrême de malheur qui atteint la vie dans toutes ses dimensions, physiques, psychologiques, spirituelles, sociales où la dimension sociale se révèle particulièrement importante parce qu’il y a là une forme de déchéance sociale, c’est selon les cas.
RECOMMANDATION
1. Il est impossible d’avoir une compréhension globale et juste de la réalité de ce qu’est la pauvreté, de ses causes, de comprendre sa vérité et d’élaborer une stratégie d’action pour la réduire en séparant les questions qui la documentent. Il faut éviter, cesser de séparer les questions et se doter de modèles d’analyse et d’intervention intégrateurs, faire en sorte d’avoir une vision globale et systémique, sans omettre d’intégrer les personnes concernées à cette définition, non plus en termes de facteurs de risque ou en termes de conditions associées mais dans les DIVERS SYSTÈMES QUI INTERAGISSENT LES UNS AVEC LES AUTRES DANS CETTE PRODUCTION SOCIALE DE LA PAUVRETÉ. Ces modèles théoriques et méthodologiques existent, il faut s’en servir.
Ma découverte la plus importante : Dans cet accompagnement dont le but est d’enrichir les appauvris en nourrissant leur autonomie et en affamant leurs dépendances pour que les personnes soient capables de répondre au maximum de leurs besoins, j’ai été amenée à découvrir de très grandes tragédies humaines, dont celles des femmes réduites à vendre l’accès à leur sexe pour obtenir l’argent dont elles ont tellement besoin pour survivre et faire vivre leurs enfants, une découverte à laquelle je ne m’attendais pas, ignorante que j’étais de leur réalité, pire encore ignorante d’être ignorante. Mais une autre découverte m’attendait car ce sont ELLES qui m’ont aussi révélé ce que l’être humain a de plus précieux, de plus grand, de plus noble, la dignité humaine, la grandeur et la splendeur de l’être humain, ELLES, pourtant parmi les plus brisées, souillées par des incestes pédophiles, des agressions, abus sexuels, les plus violentées, les plus misérables intérieurement et matériellement et parmi les plus pauvres. (À défaut de temps, je ne peux ici vous en faire la démonstration mais je suis disponible pour qui cela intéressera.)
Nous savons comment nourrir les personnes, les vêtir et les loger, mais nous ne savons pas comment les aider à grandir
3. La pauvreté n’est pas un vide à remplir. L’aide matérielle est essentielle et doit être accordée. Cependant elle ne se suffit pas à elle-même parce qu’elle ne stimule pas chez les personnes le goût et la capacité de se prendre en main et elle peut même contribuer à diminuer, voire à faire disparaître, l’estime de soi et la fierté pour générer plutôt la dépendance.
C’est cette RICHESSE des personnes qui est la VOIE à suivre pour conduire notre stratégie à réduire efficacement la pauvreté.
RECOMMANDATIONS
2. Mettre d’abord et avant tout chose la priorité sur le respect de la dignité des personnes, la reconnaissance de leur valeur et de leur capacité à l’autonomie.
3. Dans ce sens, agir sur trois niveaux simultanés d’interventions, par des interventions individuelles pour mobiliser les personnes en elles-mêmes en faisant émerger leur histoire profonde pour les aider à devenir qui elles sont ; des interventions de groupe pour les mobiliser entre elles et développer un sentiment d’appartenance, de solidarité et accueillir le chemin des autres ; des interventions collectives pour mobiliser des personnes, des groupes, la population pour elles pour cet être ensemble essentiel à l’humain et à la vie.
4. Dans la perspective d’autonomisation des personnes, assurer un support financier pour qu’elles puissent assurer une réponse à leurs besoins de base essentiels, mais surtout cesser de pénaliser leurs initiatives.
5. Améliorer la couverture donnée aux personnes seules, comme cela se fait pour les familles avec enfants.
6. Prioriser l’amélioration des revenus des plus pauvres AVANT l’amélioration des revenus des plus riches.
Rose Dufour Ph.D., anthropologue
Pour La Maison de Marthe
Pour une transition des firmes de génie-conseil vers les énergies renouvelables
Pour une transition des firmes de génie-conseil vers les énergies renouvelables
Dans un un article du 18 mai 2017 intitulé Les semeurs d’ignorance, le philosophe Normand Baillargeon définit l’« agnotologie » comme l’étude de l’ignorance et celle des stratégies mises en œuvre pour la propager. Parmi ces stratégies, les silences et la sélection des faits selon des intérêts économiques, entre autres, en font partie.
Le dernier billet de M. André Rainville, PDG de l’Association des firmes de génie-conseil du Québec, en illustre très bien la mécanique. Dans son article Énergie verte et pétrole, l’auteur a raison de reconnaître la nécessité du virage vers des énergies propres et de rappeler que la politique énergétique du ministre Arcand exigera l’expertise du génie-conseil québécois. Mais cette adhésion au principe d’une transition énergétique nécessaire apparaît bien superficielle lorsque M. Rainville se fait le porte-voix des prévisions de l’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP) qui anticipe une augmentation de la production canadienne de pétrole à 5,1 millions de barils par jour d’ici 2030, par rapport aux 3,85 millions de barils quotidiens en 2016, et lorsqu’il se base sur ces données pour promouvoir la possibilité de profiter des retombées intéressantes liées à l’exploitation pétrolière.
En plus de nous présenter ces données comme vérité d’Évangile ou relevant de la fatalité, comme si nous n’avions aucun pouvoir de déterminer notre avenir énergétique, l’auteur garde un silence assourdissant sur l’Accord de Paris qui, pour limiter la hausse de température du climat en-deçà de deux degrés Celsius par rapport à l’ère industrielle, en appelle à l’urgence de diminuer le recours aux énergies fossiles. Le même silence surplombe l’argumentaire de M. Rainville quant à l’impossibilité pour le gouvernement Trudeau de respecter ses engagements envers l’Accord de Paris en approuvant deux oléoducs pour sortir un peu plus de pétrole des champs des sables bitumineux de l’Alberta et en refusant de mettre fin aux subventions publiques aux compagnies d’énergie fossile. Pour mieux appuyer ses dires, l’auteur cite les conclusions d’un rapport intérimaire d’un comité de travail du Sénat qui conclut qu’en refusant d’aller de l’avant avec les pipelines, « Le Canada se prive de milliards de dollars de recettes et de dizaines de milliers d’emplois ». Ce qui n’est pas du tout de l’avis des maires de la Communauté Métropolitaine de Montréal qui ont refusé le projet Énergie Est sur la base d’études qui démontraient qu’avec une trentaine d’emplois directs pour l’ensemble du Québec, et à peine deux millions de recettes fiscales annuelles, le projet « comporte trop de risques importants pour notre environnement et trop peu de retombées pour notre économie ».
Comment M. Rainville a-t-il pu préférer se référer à un rapport intérimaire d’un comité de travail plutôt qu’à celui du Rapport du Sénat lui-même sur les gaz à effet de serre (GES) rendu public le 7 mars 2017 selon lequel les objectifs de réduction des GES pris par le Canada dans le cadre de l’Accord de Paris ne sont pas réalisables sans un coup d’arrêt à la production de pétrole? Le constat du Sénat se veut sans compromis : les émissions de GES du secteur pétrolier et gazier sont trop importantes pour être compensées par une simple augmentation de la production des énergies alternatives. Le jupon dépasse. Par ses silences et ses références douteuses, M. Rainville participe à l’ignorance entretenue sur la situation réelle du réchauffement climatique et situe son Association en porte-à-faux face à la nécessité d’une transition énergétique qu’il prétend soutenir.
La question climatique comporte un enjeu éthique fondamental face à nos responsabilités envers les générations actuelles et futures. Plutôt que de se présenter comme une industrie qui tente de tirer profit le plus longtemps possible de l’exploitation des énergies fossiles au détriment des conditions de vie de nos enfants et petits-enfants, l’Association des firmes de génie-conseil du Québec aurait avantage à procéder en son sein même à la transition vers les énergies renouvelables. Faute de le faire pour des motifs éthiques, qu’elle le fasse pour des motifs économiques, en écoutant M. Mark Carney, gouverneur de la Banque d’Angleterre, qui prévient que les changements climatiques, les politiques gouvernementales et la technologie constituent des risques importants pour les sociétés pétrolières, gazières et houillères, en raison de la perte potentielle de leur valeur, et auxquelles sont étroitement reliées les firmes de génie-conseil.

Pierre Prud’homme
Tremblement de terre au Mexique
Les “anges” migrants qui ont secouru les victimes du tremblement de terre
Mexique, La Jornada 13 septembre 2017
Dans la nuit du 7 au 8 septembre, entre les cris d’angoisse et les appels à l’aide de gens coincés sous les décombres, un groupe de quelques 50 migrants d’Amérique central en transit dans la région, ont décidé de sortir de leur auberge pour aller porter secours au plus grand nombre de victimes possibles, du pire tremblement de terre de l’histoire de l’État de Oaxaca.
« Le tremblement de terre nous avait réveillés et nous ne parvenions pas à retrouver le sommeil. Les nouvelles qui nous parvenaient des gens qui arrivaient de Juchitan nous animèrent et nous avons décidé de nous organiser sur le champ en brigade d’assistance pour aller porter secours aux gens », commente Ernesto Castañeda, militant de l’auberge « Nos frères sur la route », fondé par le père Alejandro Solalinde.
« Il était 2 heures du matin. Et nous n’avions que deux pelles. Nous n’avions même pas de gazoline pour remplir le réservoir de la camionnette de l’auberge. C’est ainsi que nous sommes partis, parce que les jeunes voulaient aider, » ajoute Castañeda en se remémorant le commencement des travaux réalisés par cette brigade formée de migrants du Honduras, du El Salvador, du Guatemala et du Nicaragua, les anges d’une communauté aujourd’hui reconnaissante.
« Nous étions les premiers arrivés sur les lieux à Ixtepec, à Juchinta et dans d’autres municipalités, où nous continuons de travailler. Nous avons participer aux travaux de dégagement des décombres, de récupérations des corps et de sauvetage. (Nous avons dégagé le même nombre de morts que de vivants). Aujourd’hui, nous collaborons avec l’armée, la marine et d’autres brigades de volontaires qui sont arrivées de la Ville de Mexico », ajoute Castañeda.
Le travail de sauveteur de ce groupe improvisé, certains d’eux qui ne sont que de passage par le Mexique en direction vers les États-Unis, a bénéficié de la trêve ordonnée par l’Institut national migratoire, de suspendre les détentions des migrants: « Nous n’avons pas été dérangés. Au contraire, nous coordonnons nos efforts avec les membre de l’armée qui nous ont fourni des pelles pour poursuivre notre travail de dégagement et de secours », ajoute Castañeda au cours d’une conversation téléphonique avec La Jornada.
« Au début, on nous regardait avec méfiance. Vous savez comment les migrants sont stigmatisés dans l’esprit des gens. Ils ont peur de nous et certains nous rejettent. Mais, rapidement, en voyant ce que nous faisions comment nous travaillons et les aidons, les chose ont commencés à changer. « Ils voyaient combien nous étions fatigués et couverts de poussière; comment nous enlevions les décombres et venions en aide aux gens, ils ont fini par nous faire confiance, » ajoute Castañeda.
Ce qui est ironique dans cette histoire, c’est que ce groupe de migrants sauveteurs furent les premiers à arriver sur les lieux de la catastrophe, comme dans le village de Union Hidalgo, l’un des plus infâmes dans l’histoire de rejet, de mauvais traitements, de vols et de racisme envers les migrants :
« Nous étions les premiers arrivés à Union Hidalgo. Il n’y avait personne pour les aider. Il y avait des familles prisonnières de leur habitation. Nous les avons aider pendant plusieurs heures. Nous avons fait cela malgré le fait que des gens de ce village nous avaient maltraités. Nous nous sommes dévoués à leur venir en aide, sans penser au passé », témoigne Castañeda.
Parmi les membres de cette brigade, ressort l’histoire de Wilson Alonso, un migrant de 24 ans du Honduras. Ce sauveteur improvisé a eu la chance de trouver l’or d’une famille en fouillant dans les décombres de leur maison. C’était l’unique bien qui leur restait après que eur maison ce fut effondrée. « Pendant que nous nettoyons et retirions les décombres, nous sommes tombés sur des bijoux en or, des médailles, des chaines, bracelets et de la monnaie. Je l’ai dit à mon camarade: « Nous sommes d’honnête gens, ils ont tout perdu. » Et je suis allé dire à la dame que nous avions trouvé son argent et ses bijoux. Elle pleurait. Elle était très reconnaissante, » rapporta Wilson qui pense demeurer plus longtemps au Mexique avant de poursuivre sa route vers les États-Unis.
« Ici au Mexique, il y a des gens qui me traite bien, mai d’autres aussi qui se sont comportés très mal avec moi. Cela importe peu dans des moments comme ceux-là. Aujourd’hui les gens me traite très bien parce qu’ils voient que nous tous les aidons, » ajoute-t-il.
Depuis que le tremblement de terre a ébranlé les entrailles du sud-est mexicain, ce groupe de migrants n’a pas connu de repos. Tous les jours, ils commencent leur journée de travail à 7 heure du matin et ils terminent à la noirceur.
Avec les jours qui se sont succédés, ils ont vu l’armée et la marine arrivées sur les lieux. De même que des brigades d’aide en provenance de la Ville de Mexico, de Guadalajara et d’autres pays comme l’Espagne.
» Mais toute cette aide ne suffit pas parce qu’il y a beaucoup de monde qui ont besoin d’assistance. Nous aidons dans la mesure de nos capacités. Nous voulons apporter notre grain de sable. Grâce à Dieu nous pouvons être utiles à ces gens qui ont tout perdu, » ajoute Wilson.
Sur l’image, la brigade de sauveteurs centroaméricains qui sont venus en aide aux victimes des différentes municipalités de Oaxaca.
Pourquoi le président Trump est un danger
Tous les pays du monde pensent qu’ils ont raison et que les autres ont tort. Et l’Amérique, maître du monde depuis un siècle, pense ainsi plus que tous les autres. Et le président Trump, encore plus que l’Amérique!
Pour vivre ensemble, de façon civilisée et sans trop de conflits, il faut donc négocier et concilier des points de vue différents, sinon contradictoires. Les Nations Unies ont été jusqu’ici le meilleur effort international pour de telles négociations.
Et voici que le président Trump se sert de son discours aux Nations Unies pour menacer un autre pays, la Corée du Nord, de «le détruire totalement». Le président Trump est non seulement incompétent mais dangereux. Sa manière de rejeter les efforts passés de négociations ou de paix de la communauté internationale (changements climatiques, nucléaire iranien, ALENA) et d’imposer sa vision simpliste à coups de tweets impulsifs constitue un véritable danger pour le monde, surtout quand on est à la tête de la principale puissance mondiale.
Le dictateur nord-coréen, Kim Jong-un, est certes inquiétant avec ses essais nucléaires et balistiques. Il est brutal à l’interne, mais il n’est pas irrationnel : dans la mentalité d’assiégés développée en Corée du Nord depuis plus de 60 ans, la possession de l’arme nucléaire apparaît comme la seule garantie de survie du régime.
Le président Trump est certes vulgaire (avec les femmes) et inexpérimenté (en politique), mais il est surtout irrationnel : il dit et promet n’importe quoi, et son contraire (Russie, Dreamers, Mur avec le Mexique). Et moi qui suis pacifiste, je n’aurais jamais cru me réjouir un jour de voir un président américain s’entourer d’autant de militaires : mais dans la situation actuelle, je fais davantage confiance au jugement de militaires expérimentés qu’à celui d’un parvenu riche et rusé (ses faillites) mais totalement imprévisible.
Kim Jong-un passe pour un voyou avec ses quelques missiles et ogives nucléaires. La dictature nord-coréenne ne dispose pas de mécanismes de contrôle institutionnels («check and balance») mais son dictateur est intelligent : s’il nous menace, il sait très bien qu’il a tout à perdre à mettre ses menaces à exécution.
Le président Trump est censé être le leader du monde libre, avec ses milliers de missiles et d’ogives nucléaires. Je ne mets aucunement ma confiance en son intelligence mais plutôt dans les nombreux mécanismes de contrôle institutionnels qui existent aux États-Unis (Congrès, tribunaux, médias et… dirigeants militaires!).
Quand je pense aux conséquences de l’usage d’une seule arme nucléaire, je ne sais plus quel voyou me fait le plus peur.
Dominique Boivert, 20 septembre 2017
Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté – région de Québec
La pauvreté nous tue !
Le 17 octobre, la population est invitée à se mobiliser pour dénoncer la dégradation constante des conditions de vie d’un nombre important de nos concitoyennes et concitoyens (les 10% les plus pauvres). Le manque de volonté politique pour lutter efficacement contre la pauvreté et les préjugés est inacceptable. Maintenir près d’un million de personnes au Québec dans la pauvreté, obliger des travailleuses et des travailleurs à faire appel à de l’aide alimentaire pour nourrir leur famille, tolérer que les personnes en situation de pauvreté aient 11 ans de moins d’espérance de vie constituent une atteinte à la dignité humaine et aux droits fondamentaux reconnus par nos chartes des droits et libertés. Car n’oublions jamais qu’à petit feu, la pauvreté nous tue.
« La pauvreté nous tue ! » est le thème choisi par le comité organisateur. Les mots peuvent paraître durs, mais la situation vécue par des milliers de personnes l’est encore plus. Nous pensons qu’il est temps de nommer la réalité telle qu’elle est.
Le 17 octobre, on se mobilise !
11h30-12h00 : Rassemblements dans différents quartiers
Des rassemblements qui prendront différentes formes (soupe populaire, distribution de tracts, traverse piétonnière, etc.) s’organiseront dans plusieurs quartiers. Les détails de ces points de rendez-vous suivront dans les prochaines semaines.
Vous souhaitez organiser un rassemblement dans votre quartier avec d’autres organismes ? Vous pensez donner une couleur locale à cette journée ?
Tenez-nous au courant. Nous pouvons vous fournir du matériel (affiches, tracts), vous donner un coup de pouce pour la logistique, promouvoir votre événement.
13h00 : Départ pour le parvis de l’église St-Roch
Des transports partant de votre rassemblement local vous amèneront à la manifestation régionale.
13h30 : Rassemblement sur le parvis de l’église St-Roch
Au menu : dessert et animation.
14h00 : Départ de la manifestation régionale « La pauvreté nous tue ! »
La manifestation, d’une vingtaine de minutes, se tiendra dans le quartier St-Roch.
Vers 14h30 : Retour
Des transports vous ramèneront à votre lieu de départ.
Une invitation du Collectif de lutte et d’actions contre la pauvreté de la région de Québec (CLAP 03) et du Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches (RÉPAC 03-12). Information : 418-523-4158
Une raison intrumentale avec une capacité infinie de tuer
Une raison instrumentale avec une capacité infinie de tuer
Pablo Richard, 30 août 2017
Département œcuménique d’investigation, San José, Costa Rica
« L’exclusion de la population, la subversion des relations sociales et la destruction de l’environnement, tout cela n’est pas le produit de la méchanceté, mais d’une rationalité perverse. Quelqu’un de méchant est capable de tuer des milliers de personnes, mais il finit par s’écœurer et souvent il se suicide. Mais quelqu’un qui agit avec une raison instrumentale peut tuer des millions de gens sans aucun problème. Elle possède une capacité infinie de tuer. C’est la rationalité de notre société qui produit ces irrationalités. » (Franz Hinkelammert, Teologia profana y pensamiento critico », CLACSO, 2012, p. 146.)
Nous ne mentionnerons que trois réalités, trois menaces de mort que l’humanité accepte « avec indifférence et bonne conscience. »
Premièrement : la pauvreté extrême et l’abîme croissant entre les pauvres et les riches. Nos villes se remplissent d’indigents et les bidonvilles occupent des portions importantes de nos villes. Les riches sont toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres. Toute cette exclusion est une iniquité que l’on cherche à occulter.
Je ne peux m’empêcher de citer une parabole de Jésus : » Il y avait quelques riches qui s’habillaient de pourpre et de tissus fins, célébrant chaque jour des fêtes splendides. Et un pauvre dénommé Lazarre se trainait sur le sol, couvert de plaies, voulant apaiser sa faim des miettes qui tombaient de la table du riche. Et les chiens lui léchaient les plaies. » (Luc 16,19-21) Il serait nécessaire de lire le texte au complet (versets 22 à 31).
Deuxièmement: La tragique réalité des migrants et des réfugiers. Jusqu’au mois de juillet dernier, environ 200 000 migrants avaient traversé la mer Méditerranée. De ce nombre, 2 400 se sont noyés.
Il y a peu de temps, 300 migrants ont été jetés à la mer et 3 bateaux de secours ont été supprimés. Dans le mouvement migratoire, 10 000 enfants non accompagnés sont disparus. Possiblement, ils auraient été victimes de la traite, du commerce d’organes ou d’abus sexuels. Nous ne donnons pas plus d’information à ce sujet car elle est abondante dans les publication de l’OIM (L’Organisation internationale des migrants) et de nombreux autres documents. L’important c’est d’affirmer que survivre n’est pas un délit.
Troisièmement : la destruction extrême et presque final de la Terre. Je m’en remets ici aux publications de leonardo Boff. L’un de ses derniers articles : « La Terre dans le rouge, l’être humain, le Satan de la Terre. » (15 août 2017, sur la page de Boff sur Servicios Koinonia).
L’épitre aux Éphésiens de Paul (6,12)
« Notre lutte n’est pas contre la chair ni le sang, mais contre les princes, les puissances et les pouvoirs de ce monde de ténèbres, contre les forces spirituelles du mal, qui sont au-dessus de tout ». Paul y distingue trois dimensions de la violence : 1) les sujets directement responsables de la violence; 2) les structures qui organisent la violence et les forces spirituelles perverses (idéologiques) qui la rendent légitime.
Ceux et celles qui ont souffert de la violence, connaissent les sujets et les structures de la violence dont ils ont souffert, mais cette rationalité perverse qui la légitime est invisible et demeure dans l’obscurité. Cela signifie que la lutte contre la violence et l’injustice n’est pas tant contre des sujets et des structures de violences, que contre es forces spirituelles, transcendantes et surnaturelles de la violence et de l’iniquité.
Cette force est le fétichisme de l’argent, du marché et de l’économie en général. Le fétichisme ou l’idolâtrie naît quand les choses se transforment en dieux (qu’elles acquiert un caractère sacrée et inviolable) et que Dieu se transforme en chose. Lorsque Dieu meurt et qu’Il est remplacé par l’argent. Le fétichisme de l’argent et du marché est ce qui domine l’être humain et détermine ce qu’il peut acheter ou vendre. Le fétichisme de l’argent a une capacité infinie de tuer lorsqu’il se transforme en rationalité absolue du crime.
Un autre dieu très dangereux qui existe, c’est le néolibéralisme. L’Église a longtemps cru que le mal absolu était le « communisme », jusqu’à ce qu’elle s’aperçoivent que c’était en fait le néolibéralisme qui s’était transformé en un dieu tout puissant.
Le néolibéralisme tient l’argent comme absolu. Ce qui différencie les personnes, c’est la quantité d’argent qu’elles possèdent. On mesure le succès d’une entreprise ou d’un entrepreneur à la quantité d’argent qu’il déplace. Pour accumuler de l’argent, tout est légitime: il est nécessaire de payer des salaires misérables et de ne pas accorder beaucoup d’importance à la réservation de l’environnement. L’argent est au-dessus de tout, au-dessus de la loi et de la propriété. L’argent est plus important que lla vie des pauvres et de la nature. L’argent est même au-dessus des droits humains. Un président des États-Unis a dit : « nous avons perdu la guerre du Vietnam parce que nous avons trop respecter les droit humains. » De même, une entreprise fera banqueroute si elle paie des salaires élevés et si elle prend soin de l’environnement.
Ce qui intéresse le néolibéralisme ce n’est pas l’humanisation, mais la commercialisation et le profit. Il ne considère l’environnement (l’eau, la terre, la vie naturelle) et même la vie humaine comme un capital qu’il peut acheter ou vendre.
En résumé : le fétichisme de l’argent, du marché et du capital, et ses puissances transcendantes du mal, permettent de tuer des millions de gens sans problème. Cette rationalité possède une capacité infinie de tuer. Il y a une différence entre quelqu’un de méchant ou une structure perverse qui possède un pouvoir très limité de tuer puisqu’en tuant il se détruit lui-même.
Certains citations de l’Exhortation apostolique Evangelii Gaudium du pape François, illustre ce que nos tentons d’exprimer. Les numéro 52 à 60 notamment.
« Comme le commandement de ne pas tuer pose une limite claire pour préserver la valeur de la vie humaine, aujourd’hui nous devons dire non à une économie d’exclusion et d’iniquité. Cette économie tue. Aujourd’hui tout est soumis aux règles de la compétitivité et de la loi du plus fort, où le plus fort dévore le plus faible. »
« Non à la nouvelle idolâtrie de l’argent, le fétichisme de l’argent, la dictature de l’économie sans visage et sans objectif. »
« Ce déséquilibre provient des idéologies qui défendent l’autonomie absolue des marchés et la spéculation financière. À tout cela s’ajoute une corruption rampante et une évasion fiscale égoïste, qui ont acquis des proportions mondiales. Les intérêts du marché divinisé. »
« Non à l’iniquité qui engendre la violence. » « Aujourd’hui, dans de nombreux lieux, on réclame une meilleure sécurité. Mais tant que ne sera as renversé l’exclusion et l’iniquité au sein de nos sociétés et entre les différentes nations, il sera impossible d’éradiquer la violence. »
Pour terminer (numéro 202) : « Tant que ne seront pas résolus radicalement les problèmes de la pauvreté dans le monde, en renonçant à l’autonomie absolu des marchés et à la spéculation financière, en s’attaquant aux causes structurelles de l’injustice, on ne résoudra pas les problèmes du monde et en définitive. L’injustice se trouve à la racine des problèmes sociaux. »