Expérience et conscience
« Il n’y a pas de conscience sans expérience », Matthieu Ricard
On ne sait pas ce qu’est la pauvreté, la faim, la guerre, de devoir uniquement se déplacer à pied, d’avoir froid, de ne pas avoir d’argent pour bien se loger et se vêtir.
On ne sait pas ce qu’est l’oppression sans avoir subi les délires d’un patron tyrannique, d’un conjoint violent, de l’arbitraire des forces de l’ordre ou d’une dictature militaire.
On ne sait pas ce que c’est que d’avoir son environnement détruit, d’être chassés de ses territoires, de voir sa culture, sa langue, ses rites, s’éteindre avec les derniers aînés alors que les enfants sont enlevés pour être éduqués dans des pensionnats selon les normes de la « civilisation » occidentale.
On ne sait pas ce que c’est que d’avoir la couleur de la peau différente, d’avoir un accent notable, de porter un signe qui représente son identité, sa culture, ses croyances et ses origines, de ne pas être reconnu comme faisant partie de la société majoritaire parce que nos racines sont d’ailleurs.
Tout cela et bien d’autres choses encore, nous l’ignorons parce que nous ne l’avons pas vécu. Bien entendu ce défaut de sensibilité, d’altérité, amène les dirigeants à prendre des décisions erronées par refus de se mettre à la place des autres pour imaginer en leur for intérieur ce que c’est que de vivre dans la pauvreté, d’être malade, d’être un aîné isolé, un réfugié qui n’a nulle part où aller ou un étranger venu ici construire sa vie et celle des générations futures. Souvent derrière un froid manteau d’objectivité et d’un piètre raisonnement, on se ferme le cœur pour devenir des technocrates décérébrés. L’intelligence du cœur a aussi à voir avec le courage d’être et de choisir la justice et la vérité avant ses propres préjugés, d’avoir l’audace d’affronter l’opinion de la majorité afin de faire valoir des principes fondamentaux.
Pour cela, il faut avoir fait un peu d’introspection et de mise à l’épreuve, les deux allant souvent de pair. Sans jamais s’écraser, savoir faire preuve d’autocritique, de mise à distance de soi, de ses intérêts personnels et de maîtrise de l’ego narcissique qui cherche toujours à poindre au-dedans de soi. La mise à l’épreuve consiste à ne pas s’attribuer tout le mérite de ce que nous sommes parvenus à accomplir, il faut savoir reconnaître la part des autres, des ancêtres et de la société, mais aussi de la vie elle-même qui nous a offert telle ou telle opportunité que nous aurons su saisir. Le respect, la reconnaissance, la générosité, le courage, l’oubli de soi dans une mesure raisonnable, l’altérité et l’option pour une solidarité inconditionnelle envers plus petits et plus faibles que soi plutôt que l’adoration béate des dieux du petit écran, des riches et des puissants, qui sont souvent les plus mesquins.
Pour avoir du vécu, nous ne parlons pas du nombre d’années passées à exécuter un travail harassant et peu valorisé dans des conditions difficiles, quoi que cela demeure une expérience, ni d’avoir accompli des exploits sportifs hors normes, ou d’être parvenu au faîte de la gloire. Je fais plutôt ici référence au fait d’avoir la capacité de sortir de sa zone de confort, de se mettre à risque, pour oser la rencontre avec l’autre, le différent, le malade, l’étranger, pour se laisser bouleverser, renverser, déconstruire et remettre en question par cette expérience aux impacts imprévisibles. La conscience consistera ensuite à « com-prendre », prendre avec soi l’expérience pour en découvrir les lois générales qui nous enseignent qu’au-delà de chaque cas particulier existe une cause commune aux malheurs de milliers d’autres et que cela exige un engagement indéfectible. Certains parlent d’un moment de vérité révélateur du sens fondamental qu’on choisit de donner à son existence.
Yves Carrier
Spiritualité et citoyenneté
RAISONNEZ SI VOUS VOULEZ, MAIS RÉSONNEZ TOUT AUTANT
Et il faudrait même résonner en premier lieu, car être en résonance avec l’univers nous aiderait à mieux vivre dans notre époque. C’est un peu la leçon que nous transmet le jeune philosophe allemand Hartmut Rosa (54 ans), héritier contemporain de l’École de Francfort, école marxiste allemande née dans les années trente à laquelle appartiennent plusieurs philosophes assez connus : Erich Fromm, Herbert Marcuse, Habermas, Axel Honneth, Walter Benjamin, Adorno, etc.
Hartmut nous parle de la modernité tardive qui caractérise notre quotidien complètement aliéné, par l’accélération du mode de vie. On n’a plus le temps de respirer, on court comme des fous partout, piégés par l’exigence de la croissance, les obligations diverses, les soucis de performance.
Si Marx se préoccupe davantage des structures sociales et de la lutte des classes, Rosa s’intéresse aux conditions subjectives de cette accélération du rythme de vie qui affectent encore plus les classes populaires, alors que les classes dominantes s’adaptent mieux à ces bouleversements par leur meilleur contrôle de leurs conditions de vie.
Cette résonance que propose le philosophe se rapproche d’une certaine sagesse appliquée à la vie, un Buen vivir en quelque sorte,
Premièrement, nous dit-il, être sensibles à ce qui nous affecte dans l’instant présent. Accueillir le monde qui nous entoure, l’événement, autrui, être présents à l’univers.
Deuxièmement, s’approprier le monde ou plutôt cette relation au monde, à l’autre, tout en faisant la distinction entre le monde et soi, en reconnaissant de quoi il s’agit.
Troisièmement, accepter d’être transformé par cette relation, appropriation transformative qui peut aussi être culturelle.
Enfin, quatrièmement, Rosa nous parle de productivité. Il s’agit de répondre à une situation à laquelle on ne s’attendait pas. L’inattendu peut produire une réponse nouvelle, innovante, si l’on demeure en mode de résonance. C’est proche de l’idée d’intuition.
La résonance serait naturellement présente chez l’enfant. L’éducation et la rationalité nous font perdre cette faculté complètement enfouie sous l’accélération de la vie, d’abord dans les transports, puis avec les transmissions (ordinateurs, cellulaires). Voir Paul Virilio à ce sujet.
Hartmut Rosa a eu comme directeur de thèse Axel Honneth qui a élaboré la notion de reconnaissance. Celle-ci permet d’établir la relation entre l’individu et le groupe ou la société. Elle infère des concepts comme la dignité de chaque être humain, la justice qui doit lui être rendu et l’importance de se sentir utile pour autrui. La résonance engloberait ces concepts en s’interrogeant sur les motivations profondes de la relation avec autrui ou avec la société. On se rapproche aussi de la spiritualité, car les motivations peuvent s’expliquer par les désirs.
Rosa va plus loin. Sans la résonance, on ne peut sortir du système capitaliste. Mais peut-être cette sortie n’est-elle qu’individuelle, psychologique, symbolique? À moins que l’on s’engage pour les autres, avec les autres, afin de poursuivre la résonance, mais il faudra aussi raisonner. Je surfe ainsi sur l’alternative proposée par Hartmut. Merci, mon jeune ami.
Robert Lapointe, pour le CAPMO
L’exceptionnalisme
L’ONU cassée par l’« exceptionnalisme » étatsunien
par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 2 avril 2019
Affaiblis par rapport à leurs compétiteurs russe et chinois, les États-Unis retrouvent leurs réflexes historiques. En matière de relations étrangères, ils abandonnent l’ordre libéral international et reviennent à la doctrine exceptionnaliste. En remettant en cause leur propre engagement au Conseil de sécurité, ils viennent d’ouvrir la voie à une déconstruction du Droit international et à la fin des Nations unies. Cette évolution, qui surprend les Européens de l’Ouest et les plonge dans le désarroi, avait été anticipée par la Russie et la Chine qui s’y préparaient.
L’ancien ambassadeur à l’ONU du président Bush Jr. et actuel conseiller de sécurité nationale du président Trump, John Bolton, est opposé à un aspect particulier des Nations Unies. Il n’est pas question pour lui que quiconque puisse contraindre son pays sur quelque sujet que ce soit. Par conséquent, les cinq puissances membres permanentes du Conseil de sécurité de New York forment un directoire mondial qui dit le droit entre les nations… mais ne peut pas imposer aux États-Unis quoi que ce soit.
Cette opinion, l’« exceptionnalisme », a toujours été celle de Washington, même si le reste du monde ne s’en est pas encore rendu compte. Elle réapparaît aujourd’hui dans un contexte international particulier et va bouleverser le monde que nous connaissons.
L’« exceptionnalisme » états-unien se réfère au mythe des « Pères pèlerins » : des Puritains, persécutés en Angleterre où ils étaient perçus comme de dangereux fanatiques, se sont réfugiés aux Pays-Bas, puis aux Amériques où ils arrivèrent à bord du Mayflower (1620). Ils y édifièrent une société nouvelle, fondée sur la crainte de Dieu. Ce fut « la première nation démocratique », une « Lumière sur la colline », appelée à éclairer le monde. Les États-Unis sont donc à la fois un « exemple » pour les autres et ont une « mission », celle de convertir le monde à la Volonté Divine.
Bien sûr la réalité historique est très différente de cette narration, mais ce n’est pas le sujet. Depuis deux siècles, tous les présidents des États-Unis, sans exception, se sont référés à cette falsification historique. En vertu de quoi, ils négocient, signent et adoptent des traités tout en émettant des réserves afin de ne pas les appliquer en droit interne ; ils préjugent qu’ils suivent la « Volonté de Dieu » tandis que leurs ennemis s’y refusent et donc les condamnent pour les mêmes faits avec plus de sévérité qu’eux-mêmes (double standard) ; ils refusent toute juridiction internationale qui s’applique à leurs affaires intérieures.
Cette attitude porte à quiproquo, d’autant que les Européens sont persuadés être ouverts d’esprit alors qu’ils ne font aucun effort pour comprendre les particularités des autres. Ainsi, ils sont persuadés que le refus des États-Unis d’adopter l’Accord de Paris sur le climat est imputable à l’obscurantisme supposé du président Trump. C’est en réalité une position constante de Washington.
L’Accord de Paris de 2015 fut précédé par le Protocole de Kyoto, en 1997, que Washington refusa également : les États-Unis étaient déterminés à ne pas adopter ce —qu’ils avaient contribué à écrire— parce qu’il imposait un comportement à leurs citoyens. Le président Clinton tenta de négocier des réserves que les Nations unies refusèrent. Il signa alors le Protocole qu’il envoya pour ratification au Sénat. Celui-ci le rejeta à l’unanimité des votants —Républicains et Démocrates— lui donnant ainsi un argument pour reprendre sa négociation. Ce refus de toute disposition juridique internationale qui s’applique en droit interne ne signifie pas que les États-Unis rejettent l’objectif du Protocole de Kyoto et de l’Accord de Paris —réduire la pollution atmosphérique—, ni qu’ils ne prennent pas de dispositions en ce sens, mais uniquement en droit interne.
Quoi qu’il en soit, l’exceptionnalisme implique que les États-Unis sont « une Nation à nulle autre pareille ». Ils se pensent comme un exemple de démocratie chez eux, mais refusent d’être les égaux des autres qui, de ce fait, ne peuvent en aucune circonstance les considérer comme démocratiques. Durant la Guerre froide, les Alliés ont choisi d’ignorer cette caractéristique culturelle tandis que leurs ennemis n’y prêtaient pas attention. De la disparition de l’Union soviétique au déclin de l’Occident, lorsque le monde était unipolaire, ce particularisme ne se discutait pas. Mais aujourd’hui, il détruit le système de sécurité collective.
Notons au passage que deux autres États dans le monde ont une doctrine proche de l’exceptionnalisme états-unien : Israël et l’Arabie saoudite. Ce contexte étant posé, examinons comment la souveraineté du plateau du Golan a mis le feu aux poudres.
Les États-Unis et le Golan
À l’issue de la Guerre des six jours (1967) Israël a occupé le plateau syrien du Golan. La résolution 242 du Conseil de sécurité « soulignant l’inadmissibilité de l’acquisition de territoire par la guerre » ordonnait le « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit ».
En 1981, la Knesset décidait unilatéralement de violer cette résolution et d’annexer le plateau du Golan. Le Conseil de sécurité répondait par la résolution 497 qui déclarait cette loi israélienne « nulle et non avenue et sans effet juridique sur le plan international ».
Durant 38 ans, les Nations unies ne parvinrent pas à faire appliquer ces résolutions, mais celles-ci restaient indiscutables et furent toujours soutenues par les États-Unis.
Or, le 26 mars 2019, les États-Unis ont reconnu la souveraineté israélienne sur le Golan occupé, c’est-à-dire l’acquisition de territoires par la guerre. Ce faisant, ils se sont dédits de leurs votes au Conseil de sécurité à propos du Golan durant 52 ans et des principes de la Charte des Nations unies qui régissent l’élaboration du droit international depuis 74 ans.
L’ONU va continuer à exister durant plusieurs années, mais ses résolutions n’ont désormais qu’une valeur relative puisqu’elles ne contraignent plus ceux qui les prennent. Le processus de déconstruction du droit international commence. Nous entrons dans une période régie par la loi du plus fort comme c’était le cas avant la Première Guerre mondiale et la création de la Société des Nations.
Nous savions déjà que, même au Conseil de sécurité, la parole des États-Unis n’a qu’une valeur relative depuis les énormes mensonges du secrétaire d’État Colin Powell, le 11 février 2003, à propos de la prétendue responsabilité de l’Iraq dans les attentats du 11-Septembre et des prétendues armes de destruction massives iraquiennes menaçant l’Occident. Mais c’est la première fois que les États-Unis dédisent leur vote au Conseil de sécurité.
Washington argumente sa décision en disant qu’il prend acte de la réalité : depuis 1967, le Golan est occupé par Israël et depuis 1981, il est administré par lui comme son propre territoire. Selon lui, en vertu de l’exceptionnalisme états-unien, cette réalité chez un allié qui craint Dieu, prime sur le droit international, énoncé avec des partenaires de mauvaise foi.
Puis, Washington observe que ce serait un mauvais signal que de donner le Golan à la Syrie qui n’est, à ses yeux, qu’un gang criminel, tandis qu’il est juste de gratifier l’excellent allié israélien. Toujours selon la doctrine exceptionnaliste, les États-Unis, cette « Nation à nulle autre pareille », ont à la fois ce droit et cette mission.
Après avoir dominé le monde, les États-Unis affaiblis renoncent à l’Onu. Pour conserver leur position dominante, ils se replient sur la partie du monde qu’ils contrôlent encore. Jusqu’ici, la Russie et la Chine les considéraient, selon l’image de Sergueï Lavrov, comme une bête féroce agonisante que l’on doit aimablement escorter vers la mort en veillant à ce qu’elle ne provoque pas de catastrophe. Mais les États-Unis ont stoppé leur déclin en élisant Donald Trump et celui-ci, après avoir perdu la majorité à la Chambre des représentants a fait alliance avec l’État profond US (comme l’attestent la nomination d’Elliott Abrams et le retrait de l’accusation de collusion avec l’ennemi rapporté par le procureur Robert Mueller) pour se maintenir au pouvoir.
Dans les faits, on ne se dirige pas vers la création d’une troisième institution mondiale, après la Société des Nations et l’Organisation des Nations unies, mais vers une division du monde en deux zones organisées selon des modèles juridiques distincts : l’une sous domination US et l’autre composée d’États souverains autour du « Partenariat de l’Eurasie élargie ». A la différence de la Guerre froide où il était difficile de voyager de l’Est à l’Ouest et réciproquement, mais où les deux blocs admettaient l’unique système juridique des Nations unies, le nouveau système devrait permettre de voyager et de commercer d’une région à l’autre, mais il devrait être organisé autour de deux modèles de Droit.
C’est très exactement ce monde post-occidental qu’avait annoncé, le 28 septembre 2018, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Observons au passage que si Israël a salué comme une victoire la reconnaissance US de sa souveraineté sur le Golan, l’Arabie saoudite après réflexion l’a condamnée. Cette position ne correspond pas à la doctrine saoudienne, mais au vu de l’unanimité du monde arabe contre cette conquête territoriale, Riyad a choisi de se rallier à son peuple. Pour la même raison, il se trouvera contraint de refuser également le « deal du siècle » sur la Palestine.
Les États-Unis ont-ils changé ?
La presse ne se donne pas le droit d’anticiper, comme nous venons de le faire, la fin de l’Onu et la division du monde en deux zones juridiques distinctes. Ne parvenant pas à comprendre les événements, elle s’accroche à un mantra : le populiste Donald Trump aurait changé les États-Unis et détruit l’ordre libéral international.
C’est oublier l’Histoire. Le président US Woodrow Wilson fut certes un des principaux architectes de la Société des Nations à l’issue de la Première Guerre mondiale. Mais celle-ci, fondée sur l’égalité entre les États, conformément à la pensée des Français Aristide Briand et Léon Bourgeois, heurtait directement l’exceptionnalisme états-unien. C’est pourquoi, ils n’en firent jamais partie.
Au contraire, l’Organisation des Nations unies, dont le président Roosevelt fut un des architectes, mêle une assemblée démocratique des États et un directoire mondial, le Conseil de sécurité, inspiré du système de gouvernance du Congrès de Vienne (1815). Il était donc possible que les États-Unis y participent, ce qu’ils firent.
Dans la mesure où, aujourd’hui, ils ne peuvent exercer d’autorité ni sur la Russie, ni sur la Chine, et où ils n’ont plus de raison de composer avec ces deux puissances, les États-Unis se retirent du système des Nations unies.
Il est grotesque, pour les puissances occidentales qui ont largement profité de ce système durant 74 ans de pleurnicher en déplorant cette fuite. Il convient plutôt de se demander comment nous avons pu construire un édifice aussi bancal : la Société des Nations avait institué l’égalité entre les États mais refusé l’égalité entre les Peuples, l’Organisation des Nations unies a tenté d’imposer une morale universelle en ignorant l’universalisme du genre humain.
Kasala
KASÀLÀ POUR LA COMMÉMORATION DU GÉNOCIDE RWANDAIS
(Université Laval, Québec, 13 avril 2019)
Muraho, Amakuru, Bonjour,
Premièrement, au nom d’Unité Québec j’aimerais remercier l’administration et les membres de l’Association des étudiants rwandais de l’université Laval et de la Communauté rwandaise de Québec de nous avoir invité à participer à cette cérémonie si importante.
Pour plusieurs parmi vous, il y a encore des blessures profondes à soigner et des souvenirs cauchemardesques à éliminer. Et malgré le fait que vous avez perdu des êtres chers et que vous avez été témoins d’actes inhumains, vous avez survécu à une des pires tragédies de l’histoire de l’humanité et surtout vous avez réussi à vous reconstruire. Votre courage est inspirant!
25 ans plus tard, cet événement commémoratif est organisé non seulement pour rendre hommage aux victimes et pour avoir la chance de se recueillir ensemble, entre frères et sœurs qui ont vécu des expériences horrifiantes, mais aussi, pour partager des histoires des plus intimes, aussi difficile que cela peut être, avec toute la population de Québec, dans le but de sensibiliser la communauté en général aux conséquences potentielles de l’intolérance, et de l’importance de contribuer au bon vivre ensemble. C’est admirable!
Votre présentation nous a appris que pour éviter que de tels actes barbares soient commis, il faut faire plus que simplement tolérer ou s’intéresser à nos voisins qui proviennent d’une autre culture ou religion, car le génocide que vous avez vécu s’est fait entre deux groupes qui étaient à la base, identiques dans leurs cultures. Oui, c’est un bon début de tolérer les autres, mais Il faut aussi revoir notre définition de ce que veut dire le vivre ensemble.
Si nous voulons vraiment vivre ensemble en harmonie: il faut toujours penser en termes de «nous tous» et jamais en terme de «nous autres» et «eux autres» ; il faut focaliser sur ce qui nous rassemble, et non sur ce qui nous sépare.; il faut placer la beauté de l’humanité dans son ensemble devant toute culture, religion, et idéologie particulière.
Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas et devons pas être fiers de nos racines, de nos croyances et de notre patrimoine, cela veut dire qu’il ne faut pas oublier que nos racines, nos croyances, et nos patrimoines ne sont pas supérieurs à ceux de nos voisins. En fait, l’humanité globale est composée des racines, des croyances, et des patrimoines de nous tous…
Nous sommes ici avec vous aujourd’hui pour commémorer les victimes, pour écouter les témoignages, et pour démontrer que les efforts qui sont mis dans le vivre ensemble en valent la peine.
Et justement, nous avons préparé une prestation sous le thème du vivre ensemble pour cette occasion que nous aimerions partager à l’instant.
1ère L E C T U R E
Lise
Je suis d’ici et fière de ma québécoiserie
Je suis de ces « nous autres » qui s’enlisent dans leurs croyances
Et dont les vérités sont plus grandes que des églises
De ces « nous autres » qui protègent leur culture en mettant des barrières
De ces nous-autres si anxieux dans leur peur de disparaître.
Boufeldja
Je suis de ces « eux autres » dont on a si peur
De ceux qui s’habillent et qui parlent autrement
De ceux aussi qui se tiennent toujours ensemble
Qu’on ne comprend pas et qui ne s’intègrent pas
David
Je suis de ces « nous toutes et tous ensemble»,
De ceux dont les racines sont d’ici et d’ailleurs,
De ceux qui parlent et de ceux qui écoutent,
De ceux qui aspirent à l’Unité.
Dialoguons pour l’amour de l’humanité.
2E L E C T U R E
Lise
De mon Saguenay natal, en passant par les rives du grand fleuve.
C’est à Québec que mon cœur s’est ouvert lentement.
Je ne suis plus juste un nous, étant aussi un peu de vous.
Riche aujourd’hui de vos cultures et de nos différences.
Que ma maladresse ne vous heurte pas.
Mon désir de vous n’en est qu’à ses premiers pas.
Boufeldja
Algéro-québécois depuis 50 hivers.
Suis-je encore les «eux-autres» depuis 50 printemps ?
Depuis que j’ai goûté à la tourtière du Lac-Saint-Jean ?
Sans renier le couscous à l’agneau de ma mère.
Aujourd’hui, je vous le dis, je suis de vous !
Je vous salue et je vous aime.
David
Ma mère né au Mexique, mon père né ici.
Mes racines des deux bords, viennent de la Russie,
Judéo-Russe-Mexicain, surtout fier Québécois,
Ça fait pas mal de cultures a gobé à la fois,
Pour moi la diversité, c’est vraiment un trésor,
Ça me manquerait s’il n’y en avait pas dans le décor.
Lise
Nous sommes Lise, David et Boufeldja.
Par la poésie du kasàlà, nous célébrons le vivre ensemble.
Au nom d’Unité Québec, par-delà les cultures et les croyances.
Solidaires, car il ne peut en être autrement.
Comme d’autres ici présents vous le diront.
Marie-Émilie
Je suis Marie Émilie, fille de la forêt nommée liberté
Je suis celle qui sait s’émerveiller devant la beauté.
Je suis émerveillée devant les mille collines aux mille pardons.
Là où la haine est retombée en pétales de fraternité renouvelée.
Je suis impressionnée de cet amour qui célèbre la Vie et les vies.
Yves
Je suis Yves de Lévis où mes ancêtres ont planté leur tente il y a 350 hivers.
Accueillis par les gardiens de ce territoire, ils ont été changés à jamais.
Je veux m’ouvrir comme la terre qui porte l’espoir des lendemains meilleurs.
J’écoute, je ressens, je réfléchis, mais je ne comprends pas tout, tout de suite.
En ce désir solidaire, veuillez pardonner mes misères.
Isabelle
Je suis Isabelle, petite fille de réfugiés russe et polonais, française et canadienne.
Ta peau, des nuances du noir, la mienne si blanche, notre sang pourtant du même rouge. Permets moi de t’appeler frère et toi sœur, même si je ne sais pas lire les mots de ta souffrance,
Ni écrire ceux de ton espérance. Je sais seulement marcher, chercher la lumière plus loin que la nuit. La terre que nous foulons, toi et moi, garde l’empreinte des pas, sans les différencier.
Elle se souvient du chant oublié des ancêtres, le fredonne au secret du cœur pour réveiller la Paix.
Elizabeth
Je suis Elizabeth, par les vents du Sud jusqu’à cette terre amenée
je viens d’une terre où l’aube fut vue pour la première fois et où le soleil est né
Même si je suis né au milieu de la guerre, j’ai toujours voulu vivre en paix
J’apporte la musique, j’apporte la dance, j’apporte la joie dans mes vêtements, mon cœur et ma vie
J’apporte aussi des sourires gratuits à l’infini
Car aucun de nous n’est aussi fort que nous tous ensemble, ça je le savais!
Maryam
Je suis Maryam, fille de la méditerranée et de ses infinies plages dorées.
Terre de mes ancêtres, le Maroc, c’est là que tout a commencé.
Terre d’accueil, le Québec, c’est là que tout continue d’exister.
J’appartiens à la tribu des bâtisseurs de passerelles et de ponts.
Entre les sommets du Rif, du Toubkal et les rivages du St-Laurent.
Ensemble, nous sommes plus forts, colorés et surtout …fabuleux.
La finale avec toute l’assistance
B- Aujourd’hui !!! | Aujourd’hui !!! |
D-Nous toutes et tous ensemble | Nous toutes et tous ensemble |
L- Pour un devoir de mémoire | Pour un devoir de mémoire |
B- Avec le Rwanda tout entier | Avec le Rwanda tout entier |
D- Pour être plus grands, plus forts | Pour être plus grands, plus forts |
L- Pour la paix et la liberté | Pour la paix et la liberté |
B- Pour vivre ensemble | Pour vivre ensemble |
D- Dans un monde de beauté | Dans un monde de beauté |
La maison est en feu
La maison est en feu
Greta Thunberg, allocution devant le Parlement de l’Union européen
16 avril 2019, traduit de l’anglais par François Poisson
«Mon nom est Greta Thunberg. J’ai 16 ans, je suis suédoise et je veux que vous paniquiez. Je veux que vous agissiez comme si la maison était en feu. J’ai déjà prononcé ces mots. Et beaucoup de gens m’ont expliqué que c’était une mauvaise idée. Un grand nombre de politiciens m’ont dit que la panique ne donne jamais rien de bon. Je suis d’accord. Paniquer, si vous n’avez pas à le faire, est une très mauvaise idée. Mais quand votre maison est en feu et que vous voulez éviter qu’elle ne brûle complètement, alors ça demande un certain degré de panique.
Notre civilisation est si fragile. Elle ressemble à un château de cartes. La façade est tellement belle, mais les fondations sont loin d’être solides. Nous avons tournés tellement de coins ronds. Hier, le monde a regardé avec désespoir et énormément de tristesse Notre-Dame brûler à Paris. Certains monuments sont davantage que de simples monuments. Mais Notre-Dame sera reconstruite. J’espère que ses fondations sont solides. J’espère que nos fondations le sont encore plus. Mais j’ai peur qu’elles ne le soient pas.
Vers l’an 2030, dans 10 ans, 259 jours et 10 heures, nous aurons enclenché une réaction en chaîne irréversible qui mènera probablement à la fin de la civilisation telle que nous la connaissons. À moins que, entretemps, des changements permanents et sans précédent n’interviennent dans tous les aspects de la vie en société. Incluant une diminution de nos émissions de gaz à effet de serre d’au moins 50 %.
Veuillez noter que cette diminution dépend d’inventions qui n’ont pas encore été inventées. Des inventions qui sont censées nettoyer notre atmosphère de quantités astronomiques de dioxyde de carbone (CO2). Qui plus est, ces calculs n’incluent pas des points de bascule ou des boucles de rétroactions insoupçonnés comme le très puissant gaz méthane s’échappant de la fonte rapide du pergélisol de l’Arctique. Pas plus qu’ils n’incluent (inaudible) réchauffement caché par la pollution atmosphérique ni les notions d’équité et de justice climatiques clairement énoncées dans l’Accord de Paris, absolument nécessaires pour que ça fonctionne à l’échelle planétaire.
Nous devons aussi nous rappeler que ce ne sont là que des calculs, des estimations, ce qui signifie que ces points de non-retour peuvent survenir plus tôt ou plus tard. Personne ne peut le savoir avec certitude. Nous pouvons toutefois être certains qu’ils se produiront à peu près dans le laps de temps estimé. Parce que ces calculs ne sont pas des opinions ou le fruit de devinettes. Ces projections s’appuient sur des faits scientifiques, reconnus par toutes les nations à travers le GIEC. Pratiquement toutes les organisations scientifiques nationales du monde supportent sans réserve le travail et les découvertes du GIEC.
Nous nous trouvons au milieu de la 6e extinction de masse. Et le taux d’extinction est 10 000 fois plus rapide que ce qui est considéré comme étant normal, avec jusqu’à 200 espèces disparaissant chaque jour.
L’érosion de la couche arable des sols, la déforestation de nos grandes forêts, la pollution de l’air, la perte d’insectes et de vie animale, l’acidification de nos océans : ce sont toutes des tendances désastreuses accélérées par un mode de vie que nous, dans notre partie du monde financièrement à l’aise, voyons comme un droit acquis. Mais presque personne n’est au courant de ces catastrophes ou comprend qu’elles ne sont que les quelques premiers symptômes d’un effondrement climatique et environnemental. Comment pourraient-ils le savoir ? On ne leur a pas dit ou, plus important encore, les bonnes personnes ne leur ont pas dit, de la bonne façon.
Notre maison s’effondre. Et nos dirigeants doivent commencer à se comporter en conséquence. Parce que, en ce moment, ils ne le font pas. Si notre maison s’effondrait, nos dirigeants ne continueraient pas comme si de rien n’était, comme vous le faites aujourd’hui. Vous changeriez tous les aspects de votre comportement, comme on le fait dans une situation d’urgence. Si notre maison s’effondrait, vous ne voleriez pas autour du monde, en classe affaire, pour discuter de la façon dont le marché va tout régler avec de petites solutions ingénieuses à des petits problèmes isolés.
Vous ne discuteriez pas sur la façon de sortir de la crise en construisant et en achetant, alors que la crise a été crée en construisant et en achetant. Si notre maison s’effondrait, vous ne tiendriez pas trois sommets d’urgence sur le Brexit et aucun sur l’effondrement climatique et environnemental. Vous ne seriez pas en train de débattre sur la fin du charbon dans 11 ou 15 ans. Si notre maison s’effondrait, vous ne seriez pas en train de célébrer le fait qu’un seul pays, l’Irlande, pourrait bientôt renoncer aux carburants fossiles. Vous ne seriez pas en train de célébrer le fait que la Norvège a décidé de ne plus exploiter le pétrole dans les jolies Îles Lofoten, mais continuera de le faire partout ailleurs pour des décennies. Il est 30 ans trop tard pour ce genre de célébrations.
Si notre maison s’effondrait, les médias n’écriraient sur rien d’autre. La crise climatique et environnementale ferait la une de tous les journaux. Si notre maison s’effondrait, vous ne diriez pas que vous contrôlez la situation tout en plaçant les conditions de vie futures de toutes les espèces entre les mains d’inventions qui n’existent pas encore. Et vous ne passeriez pas tout votre temps, comme politiciens, à débattre de taxes ou du Brexit. Si les murs de notre maison s’effondraient réellement, vous mettriez sûrement tous vos différends de côté et commenceriez à collaborer. Hé bien, notre maison s’effondre. Nous allons rapidement manquer de temps. Et pourtant, rien ne se passe. Tout et tout le monde doit changer, alors pourquoi perdre un temps précieux à débattre de qui ou quoi doit changer en premier. Tout et tout le monde doit changer, mais plus votre tribune est grande, plus grandes sont vos responsabilités. Plus votre empreinte carbone est grande, plus grand est votre devoir moral.
Quand je dis aux politiciens d’agir maintenant, ils me répondent qu’ils ne peuvent rien faire de radical parce que ce serait trop impopulaire auprès des électeurs. Et ils ont raison, bien sûr. La plupart des gens ne savent même pas pourquoi ces changements sont requis. C’est pourquoi je vous dis sans relâche de vous unir derrière la science. Mettez la meilleure science disponible au cœur de la politique et de la démocratie.
Les élections européennes s’en viennent bientôt. Et plusieurs d’entre nous, qui serons les plus affectés par cette crise, comme moi, n’avons pas le droit de voter. Pas plus que nous sommes en position de façonner les décisions des milieux des affaires, de la politique, du génie, des médias, de l’éducation ou de la science. Parce que le temps que ça nous prendrait pour le faire n’existe plus. C’est pourquoi des millions d’enfants sortent dans la rue, faisant la grève du climat pour attirer l’attention sur la crise climatique.
Vous devez nous écouter, nous qui ne pouvons voter. Vous devez voter pour nous, pour vos enfants et vos petits-enfants. Ce que nous faisons maintenant ne pourra bientôt plus être défait. Dans cette élection, vous votez pour les conditions de vie futures de l’espèce humaine. Et bien que les politiques nécessaires n’existent pas encore, certaines alternatives sont certainement moins pires que d’autres.
J’ai lu que certains partis ne voulaient même pas que je me trouve ici aujourd’hui, parce qu’ils ne veulent désespérément pas parler d’effondrement climatique. Notre maison s’effondre. Notre futur, et tout ce que nous avons accompli par le passé, repose entre vos mains maintenant. Mais ce n’est pas trop tard pour agir. Cela prendra une vision à long-terme, cela prendra du courage, cela prendra une détermination féroce pour agir maintenant, pour établir les fondations sans savoir exactement où, ou les détails sur la finition du plafond. En d’autres mots, cela prendra l’esprit des bâtisseurs de cathédrales.
Je vous demande de vous réveiller, s’il vous plaît, et de rendre possible les changements nécessaires. Faire de votre mieux n’est plus suffisant. Nous devons tous faire ce qui semble impossible. Ça va si vous refusez de m’écouter. Je ne suis après tout qu’une écolière suédoise de 16 ans. Mais vous ne pouvez ignorer les scientifiques ou la science, ou les millions d’écoliers qui font la grève pour le droit à un avenir. Je vous en supplie : n’échouez pas.»
Changements climatiques
Pâques à l’ère des changements climatiques
La communauté chrétienne vit actuellement la Semaine Sainte qui la mène vers Pâques, en se remémorant d’abord les derniers moments de Jésus de Nazareth : ses angoisses devant l’étau qui se resserrait sur lui, son arrestation, son inculpation, sa condamnation, ses tortures par le fouet et la couronne d’épines, et son assassinat par un des moyens les plus barbares qui soient, la crucifixion.
Et pourquoi tout cela? À cause de son message qui en appelle à l’amour des uns des autres; à la justice qui comporte l’équité et l’égalité; à la solidarité qui comprend le partage et la charité; au pardon; à l’exercice de l’autorité comme service du bien commun et de l’émancipation des plus pauvres.
Un message qui ne se contentait pas de dénoncer dans l’abstraction, qui nommait les gens des pouvoirs civils et religieux responsables des injustices et des iniquités, et qui proposait des façons différentes de faire les choses.
En ce sens, le message évangélique se veut avant tout une spiritualité qui dénonce tout dogmatisme, toute règle, tout conformisme et toute loi qui étouffe l’esprit et la vie.
Est-ce pour cette raison que, percevant sous le terreau de cette spiritualité la charge des pousses de vie qui cherchaient à éclore, les premiers chrétiens aient pris conscience qu’il leur revenait de la garder vivante, et qu’ils avaient entre les mains la capacité et la responsabilité de faire advenir Pâques, ce passage de la mort à la vie?
Cette spiritualité ne peut se vivre dans les sphères ésotériques d’une foi abstraite et individualiste. Elle se doit d’être incarnée et de pousser vers l’engagement vers plus de justice et de dignité au cœur même des enjeux d’aujourd’hui. Or les lieux d’engagement ne manquent pas pour améliorer les conditions de vie de nos semblables et de l’ensemble du Vivant.
Mais un enjeu embrasse tous les autres. Comme le dit Diane Dufresne, si nous perdons la bataille du climat, nous ne pourrons continuer à mener les autres combats. Et je rajoute que notre négligence à répondre à l’urgence de ce combat entraînera l’augmentation de la quantité et de l’intensité des extrêmes climatiques qui saperont les résultats espérés de nos autres combats.
Jamais Pâques, comme fête de la Vie, n’a eu autant de pertinence qu’à notre époque qui voit le Groupe international d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) nous rappeler avec insistance les conséquences mortifères de nos modes de vie sur toutes les sources et les formes de vie.
Pâques nous rappelle que nous avons besoin de lieux concrets par lesquels il nous est possible d’espérer et d’avoir confiance en l’avenir. Pour cette raison, il faut saluer, en pleine Semaine Sainte, la nouvelle de la Caisse de dépôt de réduire ses investissements dans les énergies fossiles. Si symbolique soit-elle, cette nouvelle est un choix pour la vie envers les générations futures.
Dans cet esprit de Pâques, il nous faut demander à la Caisse de dépôt d’aller plus loin, au Mouvement Desjardins de désinvestir le plus tôt possible des énergies fossiles et aux gouvernements québécois et canadien de ne pas se servir de nos argents pour investir dans ce créneau économique. Nous refusons d’être transformés en complices de la détérioration des conditions de vie de nos enfants et petits-enfants.
Nous reprenons à notre compte la phrase de Jésus de Nazareth : « Je suis venu pour que les hommes et les femmes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10; 10).
Pierre Prud’homme