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Ça roule au CAPMO, mai 2015, Année 15, numéro 09
Au début des années 1980, une pseudoscience a été élevée au rang de dogme politique par Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Imaginée par Milton Friedman à l’Université de Chicago et Friedrich Hayek, philosophe autrichien et économiste, comme quoi la philosophie ne sert pas toujours le bien commun et que le nazisme est aussi une philosophie aux prétentions scientifiques. Ces deux ennemis de l’espèce humaine ont chacun reçu le prix Nobel d’économie, comme quoi Nobel ne représente plus qu’une marque de savon que les puissances occidentales utilisent pour justifier n’importe quoi. Bref, les théories de ces deux sinistres personnages, partisans du libéralisme économique, ont été enseignées dans toutes les universités du monde, à l’exclusion de toute autre théorie, et imposées à l’ensemble des gouvernements par les institutions financières internationales conduites par des bureaucrates ignorant leur appartenance à l’humanité.
S’appuyant sur des formes archaïques d’appropriation et de domination, le néolibéralisme méprise tout ce qui constitue la justice sociale et la fibre communautaire, l’entraide et la gratuité, le don de soi et le respect de l’autre, la transcendance et la dignité de chaque personne. Si c’était un homme, il aurait les traits d’un macho violent, dominateur écervelé qui continue à tuer parce qu’il refuse de se remettre en cause. Le heavy métal correspond à son lyrisme symphonique comme appel à la guerre perpétuelle pour continuer à faire tourner la machine de production, peu importe le coût en vie humaine. Il y aurait aussi le modèle sans cœur, froid et flegmatique à la Goebbels, capable, d’un trait de crayon, d’envoyer à la mort des milliers d’hommes et de femmes, de bombarder des villages ou de détruire le dernier hectare de forêt sur Terre pour récolter un centime de bénéfice. La manipulation de masse et la fabrication de l’opinion publique par la répétition d’un même message, l’amalgame d’images ou d’idées, lui permettent d’imposer une pensée unique où seul par le marché, l’individu en guerre perpétuelle contre ses semblables pourrait obtenir le salut économique.
Contre-nature, il n’adore que les dieux Argent et Pouvoir. Se méfiant du moindre geste de compassion, il pourchasse les petit et les faibles pour les exterminer. Fils du colonialisme, du racisme et du machisme, il se fait une gloire d’une rationalité aveugle aux externalités. Orgueilleux et fier, il est autosuffisant, dépourvu de toutes sensibilités envers le genre humain. Avare comme Séraphin, il gouverne les nations en les conduisant à la ruine. Vendu aux empires ou à la mafia, toutes choses se confondant par ailleurs, sa destruction des services publics permet la floraison du crime organisé lui-même au service des multinationales plus criminelles que les services secrets américains. C’est peu dire.
Au fait, qui a vraiment gagné la Seconde guerre mondiale si les nazis économiques assoiffés de sang et de profit nous gouvernent toujours ? Pendant ce temps, les banques lavent l’argent du trafic de la drogue, des armes et des êtres humains, tandis que nos REER financent les activités criminelles des multinationales. L’empire du mal s’est globalisé et il peut s’offrir un siège dans tous les parlements du monde puisque l’opinion publique est disposée à suivre et à écouter la première propagande haineuse qui crachent sur les petits, les faibles, les pauvres, les différents, les étrangers, ceux et celles qui ne sont pas blancs, riches et propres comme le seront bientôt nos sépulcres blanchis. Ne répondant qu’aux seuls dictas de l’argent, à quoi bon se préoccuper du lendemain, du moment que rien ne change dans un excès d’intolérance au confort extrême.
Yves Carrier
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POURQUOI UNE THÉORIE DE LA SOCIÉTÉ CIVILE?
Le lien entre la spiritualité et le politique passe par la justice autant sociale qu’individuelle. Cet objectif politique d’une exigence spirituelle demande une théorie sociale. C’est l’ambition d’une théorie de la société civile. La société civile étant constituée de l’ensemble des relations qu’entretiennent entre eux les citoyens et concitoyens issus de la trame familiale de la société.
Le changement social a besoin de trois éléments primordiaux afin de se réaliser. 1) Le sujet historique intéressé au changement, soit la société civile. 2) Un discours, une théorie axant les valeurs et intérêts de ce sujet historique. 3) Une direction consciente et éclairée guidant le mouvement à partir des valeurs et intérêts de la société civile et s’appuyant sur la dite théorie.
Cette direction peut-elle être un parti politique? Oui, à condition de bien respecter l’esprit des éléments décrits plus haut. Mais il faut se méfier lorsque ce parti se présente dans l’arène politique. Car, bien qu’issu de la société civile, il peut en sortir et rallier à toutes fins pratiques la société politique. Qu’est-ce que la société politique? C’est la sphère des relations entre les citoyens et l’État. L’État a deux dimensions fondamentales: coercition et consentement. D’une part, il est un organe de contrôle, de domination, de pouvoir, s’appuyant sur le monopole de la violence, sur l’ensemble de la société pour faire respecter l’ordre et les lois. Mais s’il n’est que cela, il ne durera pas longtemps; il a besoin du consentement librement accordé par la société civile. C’est la tâche de la société politique et les partis engagent à leurs suites de larges sections de la société civile qui se trouve ainsi divisée et rendue inopérante comme entité autonome vis-à-vis de La société politique et de l’État.
La maîtrise de la société civile est l’enjeu principal du pouvoir. L’État le sait, des religieux le savent et les tenants de diverses idéologies le savent, ainsi que les financiers et les capitalistes. L’État est le moyen par lequel s’effectue le contrôle de la société civile. L’idéologie religieuse ou laïque est le discours séducteur qui permet de s’attacher les cœurs et les esprits des membres de la société civile. Le contrôle est alors parfait. C’est pourquoi l’existence d’une spiritualité authentique, autonome et critique, est subversive.
Pouvoir de la spiritualité et spiritualité du pouvoir.
Contrôler la spiritualité et les territoires où vivent les sociétés et les gens, c’est les contrôler efficacement. Cela fonctionne depuis des millénaires et est toujours à l’ordre du jour. Et les religions là-dedans? Elles sont de dangereuses institutions mélangeant pouvoir et spiritualité, s’efforçant ainsi de répondre à un besoin essentiel de l’humanité.
Et la spiritualité du pouvoir, c’est qu’il soit partagé par le plus de personnes possible au sein de la société civile, laissant à l’État ce qui lui revient de droit, et la société civile exerçant tous les pouvoirs qui lui reviennent et qu’elle est en mesure d’exercer.
Robert Lapointe
Mort de l’écrivain uruguayen Eduardo Galeano
L’écrivain uruguayen Eduardo Galeano, auteur du fameux ouvrage Les veines ouvertes de l’Amérique latine est mort le 11 avril 2015 à l’âge de 74 des suites d’un cancer. Sa disparition ne peut que nous interroger tous et toutes, tant cet homme –journaliste, écrivain, poète— a su incarner, tout au long de sa vie, cet esprit de lutte et de résistance qui n’a cessé de parcourir l’Amérique latine des peuples. Il était l’écrivain des sans voix, de tous ceux et celles qui aspiraient à un autre monde possible. Plus encore, il était un des grands référents de la gauche latino-américaine, sans doute sa conscience la plus vive, passionnée et critique, le modèle par excellence de l’intellectuel engagé au sens le plus noble du terme. Le récit que vous lirez ci-dessous et que j’ai écrit sur la base d’une entrevue que j’ai menée avec lui en décembre 1988 à Montevideo, vous le fera particulièrement bien apercevoir.
À Montevideo, il est deux heures de l’après-midi, et au-delà de l’entrelacs désordonné des ruelles pentues qui descendent vers le port, sur la « 25 de mayo », juste en face du « Brasilero » —un de ces derniers et pittoresques cafés-bars de la vieille ville—, c’est soudain le délire : un cri de triomphe vient de monter de la foule, une foule partagée d’espoirs et d’inquiétudes, massée depuis de longues heures devant les bureaux électoraux.
Un long suspens prenait ainsi brusquement fin. La nouvelle… la radio panaméricaine (la radio des Tupamaros) l’avait jetée comme un soulagement sur les ondes. Et maintenant elle ne cessait d’en répéter, d’en ressasser une à une toutes les conséquences : le nombre suffisant de signatures favorables à la tenue d’un référendum a été enfin récolté, et le gouvernement uruguayen devra –comme le stipule la constitution— organiser une consultation populaire questionnant la validité de l’amnistie que par le passé il avait accordée aux militaires responsables d’atteintes aux droits humains sous la période dictatoriale. C’est là une première victoire pour le peuple d’Uruguay, et ce ne sont que cris et manifestations, fanfares de klaxons, cortèges et drapeaux, embrassades et débordements de joie. De loin en loin, une même clameur : « Maintenant c’est indispensable, justice et châtiment pour les coupables, apparition en vie de tous les disparus ».
Eduardo Galeano est dans la foule, dans la mêlée. Un polo, une simple veste, manifestant parmi les manifestants. Emporté par l’enthousiasme? Pas exactement ! Un sourire complice et satisfait, c’est tout. Les yeux d’un bleu profond et métallique, le front dégagé, le geste chaleureux, il m’entraîne au « Brasilero » comme si nous étions déjà de vieux amis. Autour d’une petite table placée en coin : un «cortado » pour chacun ; le temps de quelques questions pour une entrevue.
Eduardo Galeano, l’auteur de « les veines ouvertes de l’Amérique », n’est guère connu au Québec, si ce n’est par un public d’initiés. Il est pourtant en Amérique latine un intellectuel de renom, et dans les milieux de gauche on apprécie sa verve étincelante et résolument engagée, jamais pourtant affadie par la partisannerie pamphlétaire. Alors que tant de penseurs, de chercheurs et d’écrivains ont succombé aux sirènes « new-look » des idéologies du « Nord », aux modes intellectuelles de la postmodernité, aux charmes de la légèreté, lui il est resté fermement du même camp, proche des drames et luttes de son peuple, fidèle à Bolivar et au Che, mais à sa manière avec passion et poésie. Quelque chose de rafraîchissant et fascinant.
Quelque chose que nous avons oublié en Europe ou en Amérique du Nord, où les impératifs de la société marchande et de l’univers technocratique ont dissipé en nous jusqu’à la conscience des contradictions, nous ont fait peu à peu perdre de vue « l’homme concret » fait « de chair et de sang », habité de rêves et de projets, mais aussi par une existence incertaine et mutilée.
Et en l’écoutant dans ce petit café de Montevideo, mon magnéto tout proche, je pensais au vieux Sartre, à Nizan, à Frantz Fanon, à toute cette tradition d’intellectuels critiques, tant présente il y a encore quelques années, et aujourd’hui si galvaudée et démodée, si oubliée. Dans les dires de Galeano, rien pourtant de vieillot ou d’anachronique, de nostalgique. Non plutôt une pensée vivante, en mouvement, emportée par les événements, mais aussi et surtout –c’est la grande différence— avide de la transformer. Comme si l’inévitable, ou ce qui paraît tel, pouvait être subjugué, tout au moins défié, questionné, et comme si la parole en s’y affrontant, trouvait fonction et sens. Oui c’est ce qui me semble avoir disparu chez nous, cette insolence et cette audace, cette croyance au pouvoir de la parole, à l’utopie qu’elle peut dessiner en son sillage. L’envie alors de ne rien perdre de cette conversation, de cette entrevue. L’envie de la garder comme un appel, un appel pour parler et écrire, envers et contre tout.
« Il n’y a pas de meilleure musique de fond à notre rencontre que ce peuple dans la rue qui fête la victoire des signatures. Tu vois, nous avions lancé une campagne contre le terrorisme d’État au temps de la dictature militaire, contre les enlèvements, les viols, les tortures, les assassinats. Et aujourd’hui, nous avons obtenu les signatures nécessaires. C’est ce qu’on célèbre maintenant partout. La démocratie, c’est justement cela, la participation populaire, l’exercice de la souveraineté, le droit que possède le peuple d’être le protagoniste de sa propre histoire, et non pas seulement le témoin passif de sa propre disgrâce. On fait bien souvent une confusion entre la cérémonie formelle de la démocratie et la démocratie véritable, une confusion telle que le prix pour acquérir « la formalité démocratique » se paie de la condamnation du pouvoir civil à la peine d’impuissance perpétuelle. Face à un pouvoir militaire qui paraît une puissance invulnérable, on en vient à se résigner à ce que les militaires gouvernent, mais derrière le trône. Et c’est contre cela que les gens ont signé (…) »
« Nous vivons dans un système qui est sens dessus dessous. On veut nous faire croire –pour que la réalité ne nous paraisse pas irréelle— que la morale doit être immorale. Il nous faut ainsi accepter la loi de la peur comme la seule possible. Figure-toi qu’en Uruguay, 4 pesos sur dix du budget national sont destinés aux militaires et à la police. C’est le pourcentage le plus élevé au monde si on se réfère aux pays qui ne sont pas en guerre. Et 4 dollars sur 10 reçus en Uruguay au titre des exportations, servent à payer les intérêts de la dette extérieure, une dette qui en grande partie a été contractée par la dictature militaire. En fait tout cela ne sert qu’à payer le bâton qui nous réprime et le luxe qui nous humilie. Pourtant la campagne des signatures en est la preuve, il y a en dépit de tout, une sorte d’obstination de la dignité (…) »
« Je ne crois pas à cette schizophrénie qui permet de séparer l’œuvre de la personne. Je ne crois pas non plus à l’objectivité de la parole humaine. Je prends parti, et je n’ai pas honte. Il me semble que ce vieux poète nicaraguayen avait raison quand il me disait : « Ne te fais pas de soucis, tous ceux qui ont le culte de l’objectivité, en réalité ils ne cherchent pas à être objectifs, ils cherchent à être des objets, pour se sauver de la douleur humaine ». Et comme je ne veux pas me sauver de la douleur humaine, parce qu’il me semble que c’est l’indispensable prix à payer pour avoir droit à l’allégresse humaine, je n’ai aucun intérêt à être objectif. Je conte des histoires depuis mon intériorité. Cela me réchauffe, réveille la même haine, le même amour que j’aimerai que mes paroles réveillent chez mes lecteurs (…) »
« La culture dominante est une culture qui fracture, mutile et écartèle la condition humaine. Elle sépare l’âme du corps, la vocation du travail, comme le discours public du discours privé, la raison du cœur. J’écris contre cela, essayant de ramasser ces morceaux épars, d’unir justice et beauté. Je ne pense pas qu’il y ait d’un côté la dénonciation de l’injustice et de l’autre la recherche du beau, ou alors le monde extérieur avec ses cris que nous entendons, et de l’autre les guerres intérieures et les tourments de l’âme. En moi aussi s’affrontent la liberté et la peur. Et la parole humaine trouve justement son sens quand elle contribue à ce que les gens puissent réintégrer leur personnalité fracturée. C’est en ce sens que ma parole est une parole engagée : parce qu’elle ne peut pas rester impassible devant la douleur humaine. »
Montevideo, le 19 décembre 1988
Pierre Mouterde
Avec le drame des migrants qui s’ajoute aux bouleversements que nous connaissons dans notre monde actuel, mon cœur s’est ému, ma plume a pris le relais de mon indignation… Cette semaine en partage, ce texte écrit pour les « Antennes de Paix »; nous pourrions être des dizaines à écrire… N’hésitez pas à emboîter le pas, d’où que vous soyez: que ce soit par la plume, la communion d’Esprit ou tout autre geste concret.. M.H. Carette
Et si le drame des migrants était une sorte d’annonce ou de symbole de ce que nous sommes devenus en Occident, des monades qui ne se privent de rien et s’accommodent de léser le bien public, des consommateurs de ressources à qui tout est dû, quitte à priver son voisin de l’autre hémisphère, d’eau, de pain et de céréales…
Si ces migrants des plaines désertiques nous faisaient signe que c’est notre propre bateau qui prend l’eau; et encore, que le leur est déjà contaminé de nos pires dévoiements, que leurs passeurs ignobles sont eux-mêmes victimes d’un trop-plein mal réparti qui se perpétue à outrance jusque chez eux…
Qu’eux-mêmes, ces migrants nos frères et leurs familles, ne font que suivre l’Étoile de tout leur cœur ardent; que leur seul désir- un désir dépouillé au fil de tant d’épreuves et d’injustices – est d’être saisi par une main tendue, un cœur ouvert, pour reprendre pied dans une vie meilleure…
Dès lors, si notre cœur s’émeut tant, c’est que nous faisons la vérité avec cette part enfouie de nous-mêmes, désertique et desséchée… Les larmes délivrent de l’aveuglement: car ces migrants nos frères, ne sont-ils pas aussi miroir de nos omissions collectives? De nos pires égoïsmes ?
Et nous leur fermerions la porte au nez, sous prétexte d’éradiquer tout ce qui n’est pas notre sacro-saint « nous »?
Ce « boys club » de l’univers- à -plafond-de-verre incassable où nos sœurs se cassent les dents à se manger le front pour le traverser…(Mais ça c’est une autre histoire…)
Si une barque prend l’eau en ces années-ci, ce n’est certes pas celle de Pierre et de ses/ces migrants; c’est bien la nôtre, celle d’un hémisphère confortable qui craque déjà de toutes parts.
Si comme eux migrants de l’univers, nous étions conviés non à prendre l’eau, mais à traverser la tentation de l’évitement et du refus de l’autre… Pour prendre la route à leur exemple, cette fois, nous dépouillant de l’inutile, en regardant chacun sa Vie en vérité avec ses pesanteurs, ses évitements et ses actes manqués, pour lui donner l’occasion au fil de la relecture, de nous livrer l’indélébile mystère: celui d’une espérance universelle à fleur d’âme…
Alors, tout pourrait changer, l’eau – de nos larmes cette fois- ainsi que le cours du monde, tout y passerait: l’univers deviendrait terre d’accueil pour tous et reprendrait ses coutures et fractures une à une pour en faire des chemins de Paix.
Migrants de l’Occident, sommes-nous partants?
Marie-Hélène Carette,
Antenne de paix, Montréal, 25 avril 2015
Les entreprises étrangères arrachent les terres aux pauvres en Afrique
Une nouvelle lutte se livre en Afrique. Les élites politiques et les entreprises étrangères expulsent les habitants pauvres de leurs foyers à mesure qu’ils s’approprient de grandes étendues de terres sur tout le continent, dénoncent des activistes.
« Nos ancêtre ont protesté lorsque les empires coloniaux se sont emparés de leurs terres il y a plus d’un siècle, mais aujourd’hui l’histoire se répète sauf que nos propres leaders politiques et compatriotes riches sont en train de tout brader », affirme Claris Madhuku, directrice de la Plateforme pour le développement de la jeunesse (PYD, en anglais), une organisation non gouvernementale (ONG) du Zimbabwe. L’activiste Owen Dliwayo, du Réseau d’action dialogue jeunesse, une autre ONG du Zimbabwe, soutien que les entreprises multinationales sont responsables de l’appropriation des terres qui affecte la majorité des pays africains. « Je peux vous donner l’exemple du projet de combustible d’éthanol en Chisumbanje, ici à Chipinge », dans le sud-est du pays. « Le projet a causé le déplacement de milliers de paysans pour aplanir le chemin pour une plantation de cannes à sucre » en s’appropriant des milliers d’hectares de terre pour la production d’éthanol », expliqua Dliwayo à IPS. La plantation de cannes à sucre de 40 000 hectares, qui débuta en 2008, a déplacé plus de 1754 familles, selon PYD.
Il y a 15 ans, le Zimbabwe appliqua un plan de réforme agraire controversé pour résoudre les déséquilibres dans la possession de la propriété terrienne hérités de l’époque coloniale. « Dire que des nations africaines comme le Zimbabwe ont résolu le problème de la propriété terrienne, est un mensonge puisque les terres confisquées aux agriculteurs blancs furent réparties entre les élites politiques sous prétexte d’effectuer une réforme agraire au profit des paysans sans terre, dénonce Terry Mutsvanga, un activiste reconnu des droits humains, en dialogue avec IPS. « La confiscation des terres en Afrique aide à perpétuer des inégalités économiques semblables aux déséquilibres économiques de l’époque coloniale », ajoute-t-il.
En 2010, le service de nouvelles ZimOnline informa que quelques 2 200 Zimbabwéens noires, appartenant à l’élite du pays contrôlaient presque 40% des 14 millions d’hectares des terres confisquées aux fermiers blancs et que le président Robert Mugabe et sa famille possédaient 14 grandes propriétés terriennes ayant au moins une étendue de 16 000 hectares chacune.
En Ouganda, on retrouve un schéma d’inégalités semblable, selon un rapport réalisé en 2011 par Joshua Zake, coordonnateur du Groupe de travail forestier de la l’organisation Alerte environnementale. La présence supposée de pétrole et d’autres ressources minières fomente l’accaparement des terres en Afrique, et spécialement en Ouganda, comme cela c’est produit dans les districts de Amuru et Bulisa, selon Zake. La même chose s’applique au Zimbabwe où le gouvernement a déplacé plus de 800 familles de la localité de Chiadzwa, dans la province orientale de Manicaland, après la découverte de diamants dans la région en 2005. Mais l’appropriation des terres se produit également en milieu urbain, selon des entrepreneurs africains: « Il existe une grande demande de terres pour les construction d’habitations dans les villages et les villes d’Afriques, due à la forte migration rurale », explique Etuna Nujoma, un entrepreneur immobilier de Windhoek, la capital de Namibie.
« Les riches et les puissants, ainsi que les politiciens corrompus, profitent de la demande de terres et se répartissent les terrains urbains entre eux pour leur revente à des prix exorbitants et au prix de l’exclusion des pauvres », soutient-il. Dans ces circonstances, en 2014, un groupe d’habitants de quartiers informels autour de la région balnéaire de Swakopmund, en Namibie, occupèrent les terrains municipaux.
Pendant ce temps, au Mozambique, les pauvres perdent la partie face aux investisseurs étrangers malgré le fait qu’en ce pays la propriété privée de la terre n’existe pas. Au Mozambique, la constitution établit que l’État est l’unique propriétaire de la terre et de ses ressources dérivées, mais les lois octroient aux particuliers le droit à l’usufruit et au bénéfice des terres, même si on ne possède pas un titre de propriété. Une enquête réalisée en 2014 par l’Union nationale des agriculteurs du Mozambique révèle qu’il se réalise dans le pays une appropriation de la terre de type coloniale, puisque des entreprises ayant des liens politiques confisquent aux agriculteurs des centaines de milliers d’hectares de terres en culture.
Selon GRAIN, une organisation internationale qui appuie les petits agriculteurs et les paysans du nord du Mozambique, ceux-ci ont des difficultés à maintenir leur exploitation agricole à mesure que les compagnies étrangères s’installent avec l’agrobusiness à grande échelle. On dit aux Mozambiquiens que ces projets vont leur apporter des bénéfices, mais cela n’est pas l’opinion de César Guebuza et d’autres paysans.
« Les investissements agricoles des entreprises étrangères ne nous ont pas été bénéfiques. Par contre, nous avons perdu les terres au profit de ces entreprises qui investissent ici et ne nous traitent comme des étrangers dans notre propre pays », commente Guebuza à IPS.
« Le gouvernement du Mozambique est connu pour se placer du côté des investisseurs étrangers qui occupent maintenant de grandes étendues de terres pour leur propre usage, tandis que les paysans locaux perdent les leurs qui sont un droit acquis de naissance, » souligne Kingston Nyakurukwa, un économiste indépendant du Zimbabwe.
Cette année, l’organisation humanitaire ActionAid Tanzania indique que, à travers l’Union Européenne et les États-Unis, la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition prévoit investir 8.2 milliards de dollars américains dans le développement agricole de l’Afrique. Cependant, ces investissement enlèveront aux Africains des revenus durement gagnés lorsqu’ils devront acheter les produits agricoles (semences, etc.), certifie Nyakurukwa.
De la même façon, au Niger, au Mozambique et en Tanzanie, les petits agriculteurs sont déplacés de leurs terres afin de les employer pour les grandes plantations de cannes à sucre, de riz et d’autres cultures destinées à l’exportation, avec l’appui de l’argent de la nouvelle Alliance, selon ActionAid Tanzanie. En ce pays, les grands investissements pourraient graduellement laisser les paysans sans terre. « Ici, en Tanzanie, l’argent des investisseurs est en train de nous chasser de nos terres et on n’offre à personne la possibilité de choisir s’il veut ou non être déplacé, parce que cela se fait par la force, on nous offre de l’argent ou des terres où nous réinstaller », dénonce le paysans Moses Malunguja.
Jeffrey Moyo, 16 avril 2015
Traduit de l’espagnol par Yves Carrier
Rigueur, austérité, efforts, sacrifices, faire sa juste part, se serrer la ceinture, ne pas léguer nos dettes à nos petits enfants… le rouleau compresseur d’un discours qui a gagné les cœurs et les esprits à un point tel que 44 % des Québécois en mai se disaient satisfaits – et appuyaient – un gouvernement qui, sous une belle rhétorique, leur impose des politiques dont personne n’a soufflé mot pendant la campagne électorale. Mais derrière cette rhétorique d’inévitabilité se cachent des choix idéologiques et politiques. Il faut lutter contre ces lieux communs pour mettre en lumière les mythes et les mensonges qui les constituent.
L’État ne frappe pas tout le monde également. Le fisc fait la chasse aux personnes qui quêtent dans la rue pour compléter une aide sociale insuffisante sans en déclarer les revenus. Mais Bombardier – et d’autres fleurons de l’économie québécoise utilisent toutes sortes d’échappatoires et de zones grises pour placer leurs profits – de façon légale – au Luxembourg ou dans d’autres économies de complaisance pour éviter l’impôt et se voit accorder l’absolution sans condition par Carlos Leitao.
Pendant que l’on hausse les tarifs et les taxes – on pense même à taxer les livres et les couches de bébé – qu’on sabre dans les services aux personnes à mobilité réduite, qu’on coupe dans le budget des garderies tout en augmentant la contribution payée par les parents, qu’on réduit les transferts aux municipalités et diminue leur marge de manœuvre, qu’on comprime les budgets à la santé et en éducation, qu’on gèle les salaires dans la fonction publique (« il faut que chacun fasse sa juste part »), pour les nantis il existe d’autres règles. On augmente généreusement les salaires des nouveaux cadres de la santé, Yves Bolduc quitte son siège après un an de cafouillage au ministère de l’Éducation avec une prime de 155 000 $ alors qu’un généreux salaire de médecin l’attend. Lucienne Robillard touche 1 100 $ par jour – qui s’ajoute à ses 2 pensions – pour diriger une Commission de révision des programmes qui coutera 3 millions pour proposer 2,3 milliards de compressions pour sabrer dans le gras … des autres. Philippe Couillard justifie par « les compétences et l’importance des enjeux » un contrat de 500 000 $ accordé à Lucien Bouchard pour agir comme médiateur dans le différent qui oppose l’entreprise Produits Forestiers Résolus au gouvernement et aux communautés cries et innues. Alors que les tarifs d’électricité augmentent année après année, qu’en 2012 Hydro-Québec a coupé le service à 42 000 abonnés pour défaut de payement, Thierry Vandal, président démissionnaire, touchera une rente de retraite annuelle indexée de 425 402 $ avec en plus une allocation de départ de 565 500 $. Mais pour les simples citoyens les retraites à prestations déterminées c’est chose du passé parce que trop couteuses !
Dans le monde économique où nous vivons les échappatoires et les privilèges pour quelques-uns sont « normaux » parce que c’est le marché qui définit les règles. Mais ces règles et ces pratiques – que les PDG et les élites politiques et économiques se donnent à eux-mêmes – alimentent un cynisme ambiant pernicieux. Il faut refuser ce monde d’injustice où les politiques d’austérité aggravent les inégalités. Il faut dénoncer, clamer, agir, militer pour ne pas être complice de ces politiciens qui – élus par une minorité – agissent en notre nom pour remplacer l’État social que nous avons bâti par un « État du XXI siècle » qui nous ramènerait à un capitalisme primaire. Ultimement, c’est la démocratie qui est attaquée par ces discours et ces politiques qui permettent aux politiciens d’organiser le monde à l’avantage des mieux nantis. Il faut refuser l’austérité parce que nous avons les moyens de faire autrement.
Monique Jeanmart
Bulletin d’ATTAC Québec, Numéro 47, avril 2015
L’Édito du Journal de Notre Amérique
Fin février, le gouvernement péruvien confirme l’arrivée imminente de plus de 4000 soldats états-uniens sur son territoire. La raison avancée: la lutte contre le narcotrafic.
Le 9 mars, le président des États-Unis, Barack Obama, signe un décret considérant le Venezuela comme une «menace extraordinaire et inhabituelle pour la sécurité des États-Unis».
Le vendredi 27 mars, dans le quartier populaire de la Boca à Buenos Aires, les dirigeants conservateurs argentins, dont le maire de la ville Mauricio Macri, reçoivent les épouses des deux leaders d’extrême droite vénézuéliens emprisonnés, Leopoldo Lopez et Antonio Ledezma.
Au Brésil, la droite conservatrice en appelle au renversement du gouvernement de la présidente Dilma Rousseff, certains appelant même les États-Unis à l’aide.
Qu’est-ce qui relie tous ces événements? Quel en est le dénominateur commun? Il s’agit avant tout d’un projet de restauration de l’ordre ancien, celui des oligarchies nationales alliées à l’impérialisme états-unien. Une entreprise de reconquête qui peut compter sur le soutien de l’ancienne puissance coloniale, l’Espagne et de son ex-premier ministre, Felipe Gonzalez.
Caracas, à l’avant-garde de la résurrection latino-américaine du début des années 2000, se voit durement menacé par les ambitions hégémoniques de Washington dans son ancien pré-carré qu’il n’a jamais cessé de convoiter. Les propos bellicistes d’Obama à l’égard du Venezuela sont comparables à ceux que le président Ronald Reagan ou le président George W. Bush avaient lancés avant, l’un, l’invasion du Panama en 1989 et, l’autre, de l’Irak en 2003. Diaboliser l’adversaire, préparer idéologiquement l’opinion publique mondiale pour ainsi mieux justifier une attaque de tous types. Les recettes d’hier n’ont pas changé.
Les médias dominants de leur côté alimentent cette diabolisation du Venezuela. Ils deviennent alors les alliés idéologiques et stratégiques des États-Unis.
Ce troisième numéro du Journal de Notre Amérique souhaite donner la parole à ceux et celles qui se battent pour un monde meilleur dans des conditions extrêmement difficiles. Ici, c’est la Colombie qui est à l’honneur. Un pays ravagé par des inégalités et une pauvreté qui ne cessent de s’accroître pendant que les multinationales augmentent leur profit et que l’appareil d’État se veut toujours aussi brutal.
En ce début d’année 2015, le progressisme latino-américain se voit menacé de tous les côtés. Il en est de notre devoir de défendre ceux qui, dans ce continent des «veines ouvertes», ne cessent de lutter jour après jour pour la seconde et définitive indépendance.
TARIK BOUAFIA & ALEX ANFRUNS
Journal de notre Amérique sur Internet :
http://michelcollon.info/IMG/pdf/J_Notre_Amerique_3-2.pdf
La culture capitaliste est antivie et antibonheur
La démolition théorique du capitalisme comme mode de production débuta avec Karl Marx et s’est accrue tout au long du 20ème siècle avec l’apparition du socialisme. Pour réaliser sa proposition principale d’accumuler de la richesse de façon illimitée, le capitalisme mis en œuvre toutes les forces productives disponibles. Mais, depuis le début, cela eut pour conséquence un coût élevé en inégalité sociale. En termes éthiques et politiques, l’injustice sociale signifie une production systématique de la pauvreté.
Au cours des dernières décennies, la société s’est rendue compte que non seulement l’injustice sociale existait, mais également l’injustice écologique: dévastations des écosystèmes entiers, épuisement des ressources naturelles, et, en terme ultime, une crise générale du système-vie et du système-Terre. Les forces productives se sont transformées en forces destructrices. Ce qu’on recherche directement c’est faire de l’argent.
Comme avertit le Pape François dans des passages déjà connus de l’Exhortation apostolique sur l’Écologie : « Dans le capitalisme, celui qui commande ce n’est plus l’être humain, mais l’argent et l’argent vivant. La motivation est le profit… le profit… Un système économique centré sur le dieu-argent a besoin de saccager la nature pour maintenir le rythme frénétique de consommation qui lui et inhérent.»
Maintenant, le capitalisme a montré son véritable visage: nous transigeons avec un système qui est antivie humaine et antivie naturelle. Et nous sommes face à ce dilemme: soit nous changeons, soit nous courrons le danger de notre propre destruction, comme nous en avertit la Charte de la Terre-Mère adoptée par les Nations-Unies. Cependant, le capitalisme persiste comme système dominant partout sur la planète sous le nom de macro-économie néolibérale de marché. En quoi réside sa permanence et sa persistance ?
À mon point de vue, il réside dans la culture du capital. C’est bien plus qu’un mode de production. Comme culture, il incarne une manière de vivre, de produire, de consommer, d’entrer en relation avec la nature et avec les êtres humains, constituant un système qui parvient à se reproduire continuellement, peu importe dans quelle culture il vient s’installer. Il a créer une mentalité, une façon d’exercer le pouvoir et un code éthique. Comme le souligne Fabio Konder Comparato : « Le capitalisme est la première civilisation mondiale de l’histoire ». Le capitalisme affirme : « Il n’y a pas d’autre alternative ».
Regardons rapidement quelques-unes de ses caractéristiques: la finalité de la vie est d’accumuler des biens matériels au moyen d’une croissance illimitée produite par l’exploitation sans limite de tous les biens naturels, par la marchandisation de toutes choses et par la spéculation financière, réalisée avec le moins d’investissement possible, cherchant à obtenir de manière efficiente le plus grand bénéfice possible dans le plus court laps de temps possible; son moteur est la compétition induite par la propagande commerciale; le bénéficiaire final est l’individu; la promesse est le bonheur dans un contexte de matérialisme extrême. Pour cette raison, le capitalisme s’approprie de tout le temps de vie de l’être humain, ne laissant aucun espace à la gratuité, au vivre-ensemble fraternel entre les personnes et avec la nature, à l’amour, à la solidarité et au simple fait de vivre comme joie de vivre. Ces réalités n’importent pas dans la culture du capital, mais pourtant ce sont elles qui produisent le bonheur authentique. C’est pourquoi, le capitalisme détruit les conditions de ce qu’il propose : le bonheur.
Ainsi, il n’est pas seulement anti-vie, mais anti-bonheur. Comme l’on comprend, les idéaux promus par ce système ne sont pas à proprement parler les plus dignes pour l’éphémère et unique passage de notre vie sur cette petite planète. L’être humain n’a pas seulement faim de pain et soif de richesses; il est porteur d’autres faims, comme la faim de communication, d’enchantement, de passion amoureuse, de beauté, d’art, et de transcendance, parmi de nombreuses autres.
Mais pourquoi la culture du capital se montre-t-elle si persistante ? Sans de plus amples explications, je dirais : parce qu’elle réalise l’une des dimensions essentielles de l’existence humaine, même si elle le fait de travers: le besoin d’affirmation de soi, de renforcer le « moi » qui vit dans la crainte constante de ne pas subsister et d’être absorbé par les autres ou de disparaître.
Des biologistes et mêmes des astrophysiciens (ne citons par exemple que Brian Swimme) nous enseignent que chez tous les êtres de l’univers, spécialement chez l’être humain, prévalent deux forces qui coexistent et sont en tension permanente: 1) la volonté de l’individu d’être, de persister et de continuer à l’intérieur du processus de la vie; pour cela il doit s’affirmer et renforcir son identité, son « moi ». 2) L’autre force est celle de l’intégration dans un tout plus grand, dans l’espèce, de laquelle l’individu est un représentant, constituant des réseaux et des systèmes de relations en dehors desquels personne ne subsiste.
La première force tourne autour du moi et de l’individu et elle donne son origine à l’individualisme. La seconde force s’articule autour de l’espèce, du nous et elle donne son origine à la communauté et à la société. Grosso modo, la première se situe à la base du capitalisme, la seconde à celle du socialisme.
Où réside le génie du capitalisme? Dans l’exacerbation du moi à son maximum, de l’individu et de l’auto-affirmation, dédaignant l’ensemble plus grand, l’intégration et le nous. Ceci fait en sorte, qu’il a déséquilibré toute l’existence humaine, par l’excès d’une des forces, ignorant l’autre.
Dans ce donnée naturelle réside la force de perpétuation de la culture du capital, puisqu’elle se fonde sur quelque chose de véritable qui est concrétisée de façon démesurément unilatérale et pathologique. Comment surmonter cette situation qui perdure depuis des siècles? Fondamentalement, en récupérant l’équilibre de ces deux forces naturelles qui composent notre réalité. Peut-être que la démocratie réelle est l’institution qui rend justice simultanément à l’individu (au moi) mais inséré à l’intérieur d’un tout plus grand (nous, la société) de laquelle il fait partie.
Leonardo Boff, Servicios Koinonias, 19 abril 2015
Traduit de l’espagnol par Yves Carrier