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Ça roule au CAPMO, juin 2015, année 15, numéro 10
À la recherche de la dignité perdue
Le monde semble se détruire sous nos yeux et les repères d’hier volent en éclats derrière l’insignifiance médiatique. Il y est de plus en plus difficile de s’orienter, de distinguer le vrai du faux, l’authentique du superficiel, les valeurs pérennes des satisfactions éphémères offertes par la société de consommation. Mais comment devient-on un produit à la mode pour satisfaire ses envies d’être reconnu comme individu unique et irremplaçable?
La langue de bois pratiquée par les néolibéraux me laisse pantois. Vérifiez vous-mêmes autour de vous l’expérience de citoyens qui font appel aux services de l’État et qui se font répondre : « par souci d’équité envers les autres », sous-entendu ceux et celles qui n’ont pas de problèmes de santé ou d’argent, « ce service vous est refusé pour que nous puissions concentrer davantage la richesse entre les mains de ceux qui la possèdent. » Belle expression du malthusianisme où seuls les plus forts survivent sans avoir à se soucier du sort des plus faibles qu’eux. Le mot « équité » employé en ce sens présuppose que nous naissons tous et toutes égaux et que nous avons tous et toutes les mêmes besoins alors que l’expérience démontre le contraire.
Enrégimentés dans la pensée unique de la société de marché où triomphent les disciples de Descartes, – je n’ai rien contre les cartésiens sauf lorsqu’ils s’arrogent tous les espaces décisionnels parce que la raison du plus fort n’est pas toujours raisonnable. Gouvernant toutes les dimensions de nos vies, leur logique implacable produit de nombreuses victimes abandonnées au bord du chemin. Leur argumentaire fallacieux trahit un manque d’humanité où l’intelligence du cœur, source de compassion, d’amour et de générosité, fait absolument défaut. Prisonniers d’un raisonnement aveugle, leur manque d’intuition et de vision leur fait faire de mauvais choix qu’ils nous imposent par la suite.
La déshumanisation est le plus grave danger qui nous guette puisque l’humain ne vit pas que de pains et de jeux. Il se construit tout au long de ses jours en apprenant au contact de ses congénères et en partageant leurs épreuves. Sans compassion notre monde perd sa beauté et sa qualité d’être, sa dignité et sa grandeur d’âme et il s’enferme dans la médiocrité et la peur de l’autre. Autre paradoxe de la vie, la perfection de l’âme ne s’atteint qu’à travers l’amour du prochain, pas dans la course aux meilleurs salaires au détriment du bien-être des autres et du bien commun de l’humanité.
Nous avons la chance de vivre à une époque où les enjeux pour la survie de notre espèce dépendent d’une volonté concertée de poursuive l’aventure humaine où de l’interrompre abruptement dans une guerre d’extermination planétaire. J’ai de sérieuses réserves quant à la capacité d’évolution des riches et des puissants, repus qu’ils sont, abrités derrière leurs lois, leur police et leur armée. Bien plus prompts à détruire qu’à construire, comment pourraient-ils s’intéresser au sort de ceux et celles qui n’ont rien ?
Le mythe de la croissance infinie dans un monde fini continue d’être enseigné dans les meilleures facultés d’économie et les chantres du néolibéralisme se disent rationnels. L’argent gouverne nos vies aussi sûrement que la dégénérescence du cœur qui nous affecte tous et toutes. Non, décidément, il faut revenir à une vie sobre et simple, se détacher des valeurs matérielles et du paraître pour acquérir en tout hâte le sens de la dignité. Mais où donc la trouver si elle n’est pas en vente sur le marché, des biens et services ni même dans nos universités ou nos parlements ? Partout où un être humain souffre, l’humanité vulnérable s’offre gratuitement pour nous transformer de l’intérieur.
Bon été !
Yves Carrier
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CHARLIE HEBDO REÇOIT EN ENTREVUE DELPHINE HORVILLEUR, RABBIN DE France.
Delphine Horvilleur, qui écrit souvent dans Le Monde des Religions, est l’une des rares femmes rabbins. Voici quelques extraits de cette entrevue réalisée par Charlie Hebdo et parue dans les pages centrales du No 1188 (29 avril 2015) de la revue.
Je comprends très bien les revendications des Femen et leur combat, je comprends que ce soit un combat féministe, puisque la pudeur n’est exigée que des femmes. Dans le textes juifs, la pudeur est pourtant suggérée à tous! Mais les hommes l’ont retournée contre les femmes uniquement.
DH dénonce le trouble obsessionnel du rite, qui frappe les jeunes — et notamment les femmes — … C’est le propre du repli communautaire, lorsqu’il et nourri par la méfiance et l’antisémitisme.
Lorsque Moïse descendit de la montagne et qu’il brisa les Tables de la Loi, il nous enseigna: dégommez vos idoles, même si c’est Dieu qui vous les a données … Aujourd’hui, … on voudrait nous dire: chérissez ce qu’on vous a transmis sans l’interroger.
Sur le blasphème: quand on fait des textes religieux des idoles, alors on blasphème. Parce qu’on se comporte comme si on avait un dieu tout petit, dont la représentation serait minuscule. Cette petitesse … est le propre de celui qui idolâtre. C’est lui le blasphémateur. Ceux qui disent Allah Akbar et n’acceptent aucune autre interprétation que la leur font paradoxalement de leur dieu un dieu tout petit.
Le dessin contre les religions est essentiel, car il les questionne, les secoue, les conteste. Le tout de Dieu n’est pas dans un dessin, soyons sérieux! La seule limite est la dignité de l’autre, et, je suis désolée, mais la dignité de l’autre, ce n’est pas la dignité dune croyance. Enfin, pour elle, sa religion a à voir avec une responsabilité qui nous a été confiée. Et j’appelle Dieu celui qui nous l’a confiée.
SEPT THÈMES BANNIS DES ÉTUDES UNIVERSITAIRES ET DE L’ENSEIGNEMENT EN CHINE.
Les idées occidentales au sujet des valeurs universelles, la société civile, la liberté de presse, les droits des citoyens, les erreurs du Parti communiste, les privilèges du capital, l’indépendance de la justice. Cela a été révélé par une journaliste chinoise de plus de 70 ans qui a été emprisonnée pour cette raison. Il est loin l’État de droit.
NOUVELLE INTERDICTION.
Depuis le Premier Mai, une belle façon de fêter les travailleurs et travailleuses chinoises, il est désormais interdit aux individus et aux organismes non autorisés de parler de la température, de la météo, sous peine d’amendes, voire d’emprisonnements. Bien sûr, parler de la pollution catastrophique est nuisible à l’image de la Chine.
Robert Lapointe
« Si on me tue, je resssuciterai dans le peuple salvadorien. »
Des multitudes de tous les coins du Salvador et du reste de l’Amérique centrale convergent en prière devant la tombe de Monseigneur Romero. Une énergie mystérieuse émane de son sépulcre. 35 ans se sont écoulés depuis sa mort et aujourd’hui il est plus vivant que jamais. Qu’est-ce qu’a cet homme qui continue d’éveiller l’espoir de tout un peuple, mais surtout des pauvres et des jeunes ?
C’était un 24 mars de l’année 1980. L’archevêque Oscar Romero célébrait l’eucharistie dans l’église d’un petit hôpital pour malades du cancer en phase terminale, lorsqu’une tirée balle en plein cœur mit fin à sa vie. Son sang s’unit à celui du Christ, son corps brisé à celui du Crucifié et aux crucifiés de son peuple. Romero mêla son sang à celui de tant d’hommes et de femmes massacrés. Il était conscient que sa vie se terminerait ainsi, assassiné par les forces obscures du pouvoir économique et militaire. L’auteur intellectuel du crime était un haut dirigeant de l’armée salvadorienne, un catholique fanatique anticommuniste (Roberto D’Aubuisson).
Le crime de l’archevêque Romero a été de défendre le droit à la vie des pauvres devant la puissante classe oligarchique, insensible à la faim et aux souffrances endurées par le peuple et devant un gouvernement qui assassinait et massacrait des populations entières. Romero était la conscience critique de cette société. Sa parole incommodait les puissants. C’est pour cela, qu’à l’égal de Jésus de Nazareth, il fut injurié, menacé, persécuté et assassiné. Il disait : « Une Église qui ne s’unit pas aux pauvres pour dénoncer les injustices commises contre eux, n’est pas la véritable Église de Jésus-Christ. »
Les puissants croyaient qu’en éliminant l’archevêque Romero, ils feraient taire sa parole, cette parole qui était la consolation et l’espoir du peuple salvadorien.
« Ma voix disparaîtra, mais ma parole qui est le Christ, demeurera dans les cœurs qui ont bien voulu l’accueillir, » disait-il.
Lorsqu’il prêchait dans la cathédrale, il était un autre homme. Dans ses homélies affleuraient les plus profonds sentiments de son cœur de pasteur : la compassion et l’indignation, la douleur et la joie. Il disait : « Mes homélies sont la voix de ce peuple, la voix de ceux et celles qui n’ont pas de voix. » Pendant ses homélies, tout le pays demeurait silencieux, collé à la radio, écoutant sa parole prophétique. Son message possédait une force irrésistible. C’est Dieu qui parlait à travers lui.
À plusieurs occasions, les ennemis du peuple posèrent des bombes contre l’émetteur de la radio diocésaine pour faire taire sa voix. Il recevait régulièrement des menaces de mort, mais il disait « Comme pasteur, je suis obligé, pas mandat divin, d’offrir ma vie pour ceux que j’aime qui sont tous les Salvadoriens, même ceux qui vont m’assassiner. Si on me tue, je ressusciterai dans le peuple salvadorien. » Une autre fois, il dit : « S’ils parviennent à me tuer, qu’ils sachent que je leur pardonne et les bénis… Un évêque mourra, mais l’Église de Dieu qui est le peuple, ne périra jamais. »
35 ans après sa mort, monseigneur Romero demeure vivant non seulement dans le peuple salvadorien, mais dans toute l’Amérique latine et dans l’Église universelle, faisant renaître dans chaque cœur qui écoute sa parole, l’engagement pour la justice, la solidarité et l’espérance en un monde plus humain. Ce 23 mai, il sera béatifié, quoiqu’en Amérique latine le peule l’ait déjà canonisé depuis le jour de son martyr, en le proclamant : « Saint Romero des Amériques ». Ses paroles : « Si on me tue, je ressusciterai dans le peuple salvadorien » s’accomplissent.
Des jeunes qui ne l’ont pas connu s’enthousiasment en entendant son message de foi et d’engagement pour la défense des droits humains et dans la lutte pour un autre monde de justice et de fraternité.
L’évêque Samuel Ruiz, dans son homélie commémorative à l’occasion du 30ème anniversaire de la mort de Mgr Romero disait : « Dieu l’a récompensé de la palme du martyr et Il a accueilli avec reconnaissance son sacrifice aux côtés de la croix de Jésus. Et Dieu, qui tient ses promesses, l’a déjà ressuscité dans les luttes et l’itinéraire du peuple salvadorien, des peuples latino-américain et des peuples solidaires du monde.
Le président de la République salvadorienne, Salvador Sanchez Cerén, ancien commandant de la guérilla, a déclaré: « Oscar Romero est le guide spirituel de la nation salvadorienne ».
Ceux qui voulurent faire taire sa voix, ne s’imaginaient jamais que Mgr Romero ressusciterait dans le cœur de chaque homme et de chaque femme engagés pour la cause de Jésus et la construction d’une humanité nouvelle. Les puissants tuèrent l’archevêque Oscar Romero, mais il firent naître un saint, Saint Romero des Amériques, pasteur, prophète et martyr, symbole d’une Église engagée pour la justice et la défense des pauvres de la Terre.
Fernando Bermudez, Murcia, Espagne, 15 mai 2015
Texte traduit de l’espagnol par Yves Carrier
Qui pourra reconstruire ce qui aura été détruit ?
Richard Bergeron Ph.D.
Chef de projet Montréal
Meilleur dix ans plus tard ! L’Autre Journal, no 239– mai 2005
disparition du tramway fut E. Jay Quinby, un simple citoyen amoureux du rail. En 1946, il rédigea une étude montrant comment General Motors, associé à Firestone Tires, Phillips Petroleum, Standar Oil et Mack Truck, utilisait une société écran, National City Lines, pour atteindre ses fins. Il concluait par ces propos prémonitoires : « Vous allez réaliser trop tard combien un tramway électrique est infiniment plus confortable, fiable, sécuritaire et économe, qu’un service d’autobus. Mais que pourrez-vous faire quand vous aurez permis que tous les rails soient arrachés ? Qui pourra reconstruire ce qui aura été détruit ? »
En 1974, la théorie du complot anti-tramway de GM et de ses acolytes refit surface par le biais d’un dénommé Bradford Snell, jeune procureur attaché au Sénat américain.
Dès 1922, le pdg de GM, Alfred P. Sloan, créa un groupe de travail dont la mission serait de concevoir une stratégie visant à remplacer les tramways électriques d’abord par des autobus, puis par des autos. À court terme, la fonction de l’autobus était de justifier l’élimination du tramway. À plus long terme, elle serait de discréditer le transport collectif et d’alimenter l’industrie automobile en nouveaux clients.
On trouvait alors aux États-Unis 1 200 sociétés de transport par tramway. Collectivement, elles étaient propriétaires de 44 000 kilomètres de voies, employaient 300 000 personnes, transportaient annuellement 14 milliards de passagers, et généraient des revenus d’un milliard de dollars. Voyons comment GM s’y prit pour démanteler le tout.
Dans nombre de villes, plusieurs sociétés privées pouvaient opérer chacune une partie de réseau, parfois même une ligne unique. À Los Angeles, en 1923, GM offrit un service d’autobus gratuit sur une telle ligne, en prenant soin que l’autobus se présente aux arrêts un peu avant le passage du tramway. La société de tramway n’eut d’autre choix que de cesser ses opérations.
Le système bancaire américain est extrêmement fragmenté. Les représentants de GM se présentaient chez les banquiers des petites sociétés de tramway ou de nombreux fabricants de voitures tramway, pour leur offrir de déposer un ou deux millions. La condition spécifiée était que le moment venu, quand la société de tramway locale demanderait un nouveau prêt pour étendre ou moderniser son réseau, la banque le lui refuserait. À moins qu’elle n’opte pour l’achat d’autobus GM. Pour ce qui est des fabricants de voitures, l’exigence de GM était que la banque leur refuse tout nouveau prêt, ce qui les condamnait à la faillite.
En recourant à ce type de stratagème, GM put avec une certaine facilité acheter et démanteler les petites sociétés de tramway. Mais quand elle voulut s’attaquer aux grands réseaux, tel celui de la New York Railway ou de la Los Angeles’ Pacific Electric, long chacun de 2 500 km, elle fit face à des refus obstinés. Or, sans les grands réseaux, sa stratégie était vouée à l’échec.
Pour relever le défi, GM commença par s’intéresser à ce que coûte l’opération d’un service de tramway. En peu de temps, ses analystes purent prouver qu’aucun grand service n’était rentable. GM finit par percer l’énigme.
Les grands réseaux étaient pratiquement tous la propriété de sociétés productrices d’énergie électrique. Les déficits des sociétés de tramway servaient à compenser les profits générés par la vente d’énergie, permettant à la société-mère de ne pas payer d’impôt. Au début des années 1930, GM achemina au Congrès une série de dossiers montrant comment le système fonctionnait, en plus de chiffrer l’étendue des pertes fiscales pour l’État américain. En 1935, le Congrès réagissait en adoptant une loi interdisant aux compagnies productrices d’énergie d’être propriétaires de sociétés de tramway. Du coup, les grandes services qui avaient antérieurement refusé les avances de GM se bousculèrent pour les accepter. Il ne fallut pas dix-huit mois pour que les 150km de voies tramway de Manhattan soient démantelées, détruisant le cœur du réseau new-yorkais.
C’est pour ne plus travailler à visage découvert que des cadres et employés de GM fondèrent en 1936 la National City Lines, la NCL. Pour brouiller un peu le jeu, la NCL créa les Pacific City Lines, American City Lines, City Coach Lines et de nombreuses autres sociétés destinées à agir chacune sur une partie du territoire américain. La NCL et ses créations s’associèrent à la société pétrolière Standars Oil et au fabricant de pneumatiques Firestone Tire. Leur mission : acquérir les réseaux de tramway, les démanteler, implanter un service d’autobus, de marque GM il va sans dire, puis revendre le tout à des intérêts locaux.
Quelques réseaux avaient été rachetés par les municipalités et, de ce fait, étaient devenus des sociétés publiques. GM changea de tactiques et acheta les élus municipaux. À St-Petersburg et Tampa Bay, elle offrit une Cadillac neuve à tout conseiller municipal s’affichant en faveur du démantèlement du réseau de tramway de la ville. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? À Minneapolis-St-Paul, en 1951, GM s’associa à la pègre locale dans une vaste entreprise de corruption visant les élus et les hauts fonctionnaires de la ville. Neuf années plus tard, les tribunaux y allaient d’une série de condamnations pour fraude. Mais dans l’intervalle, les rails avaient été enlevés et les tramway brûlés.
GM fut d’une manière ou d’une autre impliqués dans le démantèlement de plus de 100 réseaux de tramway dans 45 villes, incluant New York, Philadelphie, St-Louis et Los Angeles. En avril 1949, un jury fédéral la déclara coupable d’avoir comploté avec Standard Oil et Firestone Tire. L’amende imposée ne s’est toutefois élevée qu’à un modeste 5 000$. Quand au trésorier de GM, il fut condamné à une amende symbolique de 1$.
À Montréal, ce sont les autorités politiques, non pas GM, qui dans les années 1950 décidèrent que c’en serait fini du tramway. Les Québécois ont toujours eu ce défaut de regarder par-dessus la frontière pour voir où en sont les Américains, puis tenter de faire comme eux. Mais qui, sinon GM, avait décidé que les Américains passeraient à l’auto, puis que les Québécois suivraient ? Prêter une autonomie de pensée à nos élus est leur faire une fleur qu’ils ne méritent pas. À Toronto, les élus municipaux ont su résister à GM. Ceux de Montréal n’étaient pas à l’évidence du même calibre.
Une politique menée par des idées fausses
David Régnier, volontaire international
Avril 2015, numéro 123
Le programme d’aide sociale n’échappe pas aux mesures d’austérité du gouvernement. Encore une fois, des personnes qui vivent de multiples précarités vont voir leur situation s’aggraver. Mais la série de modifications proposées récemment est d’autant plus inacceptable qu’elle se fonde sur des idées fausses et qu’elle répand des préjugés, beaucoup plus qu’elle ne s’attaque aux « vraies affaires ». De l’avis même de la Commission des droits de la personne, ces mesures « contribuent à l’exclusion sociale, un motif interdit de discrimination ». Voyons cela de plus près.
Les modifications prévoient de prendre en compte la valeur des biens immobiliers dans le calcul de l’aide sociale et d’imposer une présence minimale de 15 jours par mois au Québec. Selon le ministre lui-même, ces deux mesures ne vont concerner que 400 personnes, alors qu’il y a près de 400 000 bénéficiaires de l’aide de dernier recours au Québec (soit 1 pour 1000 !).
Rappelons les vraies affaires : avec un chèque de 616$ par mois, une personne seule à l’aide sociale vit avec moins de la moitié du nécessaire vital pour couvrir les besoins de base. L’aide sociale c’est tout le contraire des villas de luxe et des vacances en Floride. Avec de telles mesures, on risque fort de fragiliser encore davantage la situation déjà précaire des personnes. Et par la même occasion, on fait croire à l’ensemble des Québécois et des Québécoises que vivre de l’aide sociale, ce serait confortable.
Parmi les autres annonces, le gouvernement souhaite resserrer la vis concernant des prestataires qui ne déclareraient pas leurs revenus de travail. La fraude à l’aide sociale est-elle si répandue que cela ? Encore une fois, rappelons les vrais chiffres : seulement 3% de l’aide sociale est versée « en trop » aux prestataires. Selon le ministère lui-même, si on enlève les erreurs de bonne foi, le taux de fraude réelle à l’aide sociale s’élève à un mince 0.8%. On est très loin d’une fraude généralisée ! Et regardons de plus près cette question, des revenus de travail. Aujourd’hui, au-delà de 200$ de revenu de travail par mois, chaque dollar gagné est un dollar de moins sur le chèque d’aide-sociale. Au-delà de ce montant, les personnes travaillent, mais cela ne leur apporte pas de revenu supplémentaire. Plutôt que de laisser entendre que les prestataires de l’aide sociale fraudent et ne veulent pas travailler, cessons d’abord de pénaliser le retour au travail !
Les chiffres montrent que plus on soutient les personnes, plus elles se sortent de l’aide sociale. C’est le cas notamment des familles qui ont été plus aidées les dernières années. Il est urgent de changer de politique, il faut arrêter de pénaliser et soutenir davantage et, en tout premier lieu, augmenter les revenus des ménages les plus pauvres.
Vous souhaitez vous aussi agir ? Procurez-vous gratuitement notre petit Manuel contre les idées fausses sur la pauvreté. Et pourquoi n’iriez-vous pas le remettre en main propre à votre député ?
Depuis notre retour des fêtes à l’ADDSQM, ça bouge pas mal avec les nouvelles lois à l’aide sociale que l’ancien ministre M. Blais a mis en place et que le nouveau ministre M. Hamad poursuit. Cela m’enrage car ce sont encore une fois les personnes sans contrainte sévère qui vont écoper et devenir plus malades. Il faut sortir et allez dénoncer ces injustices qui oppriment et dénigrent davantage les personnes. En plus de ces nouvelles lois, il y a aussi les luttes dans le domaine de la santé, l’éducation et les services publics qui nous toucherons. Tout ça ma préoccupe, car notre gouvernement est malade.
Il s’en prend aux personnes en situation de pauvreté et aux gens de la classe moyenne quand ça devrait être le contraire et qu’il devrait plutôt se préoccuper de la pauvreté pour qu’elle soit prise en compte afin de la diminuer. Les gens sont de plus en plus en colère : étudiants, garderies, professionnels de la santé, syndicats, la FIQ, la FTQ, la CSN, les organismes communautaires, et j’en passe.
C’est pourquoi nous sortons dans la rue afin de revendiquer nos droits et crier notre mécontentement face au budget et aux changements que le gouvernement fait. Manifestation après manifestation, sans relâche nous ferons tous ensembles pour notre communauté. Il faut se serrer les coudes en s’unissant pour allez crier haut et fort notre colère. Notre gouvernement est malade, il ne se rend pas compte de ce qu’il fait, il veut moins de criminalité, moins de violence, des gens qui travaillent pour un petit pain, des soins de santé à trois vitesses et encore davantage.
Monique Toutant
La sagamité est la soupe traditionnelle du moment des récoltes.
À la base c’est une soupe avec les Trois sœurs et une viande de bois.
Les Trois sœurs sont à la base de l’alimentation des autochtones de l’Amérique du nord depuis des millénaires. Il s’agit des courges, des fèves et du maïs. La viande de bois, c’est-à-dire du castor, du lièvre, du bison, du wapiti, de l’ours, de chevreuil ou de l’orignal etc., ou, en période de disette, du porc-épic.
Ma recette en 2014, pour 20 personnes
Ingrédients
Quelques oignons, quelques bâtons de céleri
Quelques carottes, un petit navet, de l’ail etc.
Quelques courges zucchini ou autres au choix.
1 boite de chaque : maïs lessivé et fèves rouges ou diverses, au choix.
Bouillon associé à la viande que vous avez. Ex. Saumon => bouillon de poisson. 500 g. de saumon.
Herbes et assaisonnement au choix
Mode de préparation
Je commence avec une friture d’oignons et de céleri.
Ensuite, avec le bouillon (au goût) j’ajoute les légumes durs ; les carottes, le navet etc., au goût.
Plus tard, on ajoute, en cube, les légumes moins durs à cuire comme les courges et l’ail.
En même temps j’ajoute les fèves, le maïs et la viande pré cuite.
Et les herbes et les assaisonnements.
Laissez refroidir et dégustez
Bon appétit
Renaud Blais
Huron-Wendat
Plusieurs veulent faire oublier les accords de Munich de 1938, cette trahison des démocraties libérales contre les plans expansionnistes d’Hitler. En effet à cette date, les trois leaders de ces démocraties ont laissé à Hitler toute la latitude pour compléter ses plans de guerres en croyant à ses engagements envers la paix.
Et puis, si on ose un rappel de cette bassesse chez les Conservateurs, c’est pour magnifier l’OTAN vue comme le moyen d’empêcher la guerre. Pourtant un bellicisme encouragé par les instruments du pouvoir n’a de cesse de prendre de terrain au nom de cette même démocratie libérale qu’on aurait pour mission de porter aux quatre coins du monde. Et cette démocratie exige ensuite, comme dans un cercle vicieux, de plus en plus de mesures sécuritaires qui la mettent en péril. Alors les accords de Munich de 1938 à éviter deviennent le sauf-conduit pour les agressions qui se multiplient au nom de la préservation de la paix.
Les faillites sont évidentes : Irak, Lybie, Syrie, Yémen, … tous attaqués au nom de la liberté qui s’est transformée en un chaos épouvantable. «La guerre reste la continuation de la politique par d’autres moyens» (Clausewitz).
La recherche de nouveaux marchés et de plus accessibles positions géopolitiques font maintenant du monde entier la plus dangereuse des planètes qu’on ait jamais vue auparavant, livrée qu’elle est au terrorisme et à la guerre de riposte que l’on alimente de la volonté de conquêtes nouvelles au nom de la lutte à cette calamité ancienne que connaît l’humanité. Faut-il le dire ? Le terrorisme des uns et des autres fait recette, mais à petite dose dans nos pays.
Comme pour les camps de refugiés, c’est toujours le Tiers-Monde qui en paie le prix fort en en subissant les pires effets. Non plus jamais je ne ferai confiance à ceux dont le déluge verbal consiste à appeler toujours et de nouveau à la guerre pour donner du territoire au libre-échange et à la démocratie libérale.
La Russie l’a compris et elle ne sera pas le prochain bouc-émissaire de cette volonté de puissance dont l’OTAN est le vecteur. Et je m’en réjouie quitte à passer pour l’expression de la cinquième colonne dans ce Canada militariste et répugnant.
Guy Roy
Que diront de nous nos fils et nos petits-fils ?
Tous les pays, spécialement ceux qui sont passés par des crises financières, comme c’est le cas du Brésil en 2015, sont aux prises avec l’idée obsessive de la croissance, « nous devons accroître le PIB qui est la somme de toutes les richesses produites par le pays ». La croissance est fondamentalement économique et elle se fonde sur la production de biens matériels. Celle-ci contient pourtant un haut taux d’iniquité sociale (chômage et diminution des salaires) et une dévastation environnementale perverse (épuisement des écosystèmes).
En vérité, nous devrions parler d’abord de développement intégral qui comporte des éléments matériels indispensables, mais principalement des dimensions subjectives et humaines comme l’accroissement de la liberté, de la créativité et des façons de construire sa propre vie. Malheureusement, nous sommes tous et toutes otages de ce leurre qu’est la croissance.
Il y a déjà longtemps que l’équilibre entre la croissance et la préservation de la nature a été rompu en faveur de la croissance. La consommation des biens et services dépasse déjà de 40% la capacité de remplacement naturel de la planète et celle-ci est en train de perdre sa capacité de régénération.
Aujourd’hui, nous savons que la Terre est un système autorégulateur dans lequel tous les facteurs sont inter-reliés (théorie de Gaïa) afin de maintenir son intégrité. Mais elle est en train de faillir dans son processus d’autorégulation. C’est l’une des principales raisons des changements climatiques, des événements extrêmes (tornades, ouragans, dérèglement des climats) et du réchauffement global qui pourraient nous surprendre par de graves catastrophes.
La Terre tente de trouver un nouvel équilibre en élevant sa température de 1,4 à 5,8 degrés Celsius. Commencera alors l’ère des grandes dévastations (l’anthropocène) avec l’élévation du niveau des océans qui affectera plus de la moitié de l’humanité qui vit sur les plaines côtières. Des milliers d’organismes vivants n’auront pas le temps suffisant pour s’adapter ou surmonter les effets dommageables à leur cycle de vie et ils disparaîtront. Une grande partie de l’humanité, jusqu’à 80% selon certains experts, pourrait être incapable de survivre sur une planète grandement altérée dans ses fondements physiques et chimiques.
Comme l’affirme clairement l’environnementaliste Washington Novaes : « Maintenant, il ne s’agit plus de prendre soin de l’environnement, mais de ne pas dépasser les limites qui pourraient mettre en danger la vie sur Terre ». Il y a des scientifiques qui soutiennent que nous sommes prêts d’atteindre le point de non retour. Il est encore possible de diminuer la rapidité de la crise, mais pas de l’éviter.
Cette question est préoccupante. Dans leurs discours officiels, les chefs d’État, les industriels et, ce qui est pire encore, les principaux économistes, n’abordent presque jamais les limites de la planète et les contraintes que cela apportera à notre civilisation. Nous ne voulons pas que nos fils/filles et nos petit-fils/petites-filles, regardant en arrière, maudissent notre génération parce que nous connaissions les menaces et nous avons fait si peu ou rien du tout pour échapper à la tragédie.
L’erreur de tous fut de suivre au pied de la lettre le conseil étrange de Lord Keynes pour sortir de la Grande dépression des années 1930: « Pendant au moins cent ans, nous devons simuler aux autres et à nous-mêmes que le sale est beau et que le beau est sale parce qu’il est utile et que la beauté ne l’est pas. L’avarice, l’usure, la méfiance, doivent être nos « dieux » parce que ce sont eux qui pourront nous guider hors du tunnel de la pauvreté économique vers la clarté du jour. Après, nous pourrons revenir à certains principes plus sûrs des religions et des vertus traditionnelles : que l’avarice est un vice, que l’exercice de l’usure est un crime et que l’amour de l’argent est détestable » (Economic Possibilities of our Grand-Children). C’est ainsi que pensaient les grands responsables de la crise de 2008 qui ne furent jamais punis.
Il est urgent de redéfinir de nouvelles fins et des moyens adéquats, car nous ne pouvons plus produire en dévastant la nature et en faisant la promotion d’une consommation illimitée. Personne ne détient la formule pour sortir de cette crise civilisationnelle, mais nous supposons qu’elle doit être orientée par la sagesse de la nature : respect de ses rythmes, de sa capacité de support, accorder la priorité non pas à la croissance mais à la soutenabilité de toute vie. Si nos modes de production respectaient les cycles naturels, nous aurions certainement suffisamment pour tous et nous préserverions la nature à laquelle nous appartenons. Nous recouvrons les blessures de la Terre avec des sparadraps. Un pansement n’est pas un remède. Nous nous satisfaisons de pansements dans l’illusion que nous apportons une solution aux urgences qui sont des questions de vie ou mort.
Leonardo Boff