L’infamie néolibérale
Il y a un siècle environ, la plupart des grandes universités occidentales défendaient des thèses, supposés scientifiques, de hiérarchisation des races et de supériorité de la race blanche puisqu’elle dominait toutes les autres. L’holocauste, les guerres de décolonisation, les mouvements de libération comme Gandhi en Inde, Martin Luther King aux États-Unis et Nelson Mandela en Afrique du Sud, ont eu raison des idéologies racistes qui nourrissaient la haine et polluaient l’esprit humain. Bien sûr ce combat ne sera jamais terminé comme la commémoration de l’attentat terroriste à la mosquée de Québec nous le rappelle à chaque année.
J’aimerais maintenant porter votre regard vers le futur, celui du jour où les défenseurs de l’idéologie néolibérale qui prône une économie hors sol, sans contrôle de l’État ni société, devront se promener avec des sacs sur la tête. Il est triste de constater que l’immense majorité des grandes universités du monde ont répandue ce poison sur plusieurs générations de gestionnaires, de journalistes et de politiciens, incapables de lire la réalité sociale et environnementale, faisant ainsi le lit des théories d’extrême-droite qui réclament encore plus du pire.
Dans le Sud global, les sociétés civiles réclament à nouveau leur souveraineté, cette fois des impératifs de mort prônés par les institutions financières internationales et de tous les laquais qui les servent sans égard aux conséquences humaines. Elles agissent à la manière des médecins d’autrefois qui pratiquaient la saignée pour soigner les corps malades sans tenir compte de l’affaiblissement des sujets que cela provoquait.
Oui, j’ai hâte au jour où les universitaires d’une science sociale telle que l’économie, qui n’est pas une science exacte comme la chimie ou la physique, se promèneront avec des sacs sur la tête et se couvriront de cendres en signe de repentir pour tout le mal qu’ils ont causé à l’humanité. Toutefois, cela n’exclut pas la responsabilité criminelle jouée par les grandes universités qui continuent à prôner la croissance illimités dans un monde fini comme solution à tous nos problèmes. Un peu comme les pompiers pyromanes que sont les marchands d’armes qui réclament toujours davantage de sang versé pour écouler leur maudite marchandise.
Je pourrais aussi vous parler de l’hégémon américain qui refuse de travailler de concert avec les autres nations, si ce n’est pour faire la guerre à d’autres nations. Se revêtant dans un mensonge permanent sur sa prétendue supériorité morale, donnant des leçons de défense de la démocratie et des droits humains qu’ils ne s’appliquent même pas à lui-même dans le seul but de continuer à dominer le monde, peu importe les conséquences et le tas de ruines qu’ils domineront. Enfin toutes ces guerres inutiles et dans quel but, aux dépends de tous les peuples? Mais ne l’oublions pas, la violence qu’on exerce à l’extérieur est toujours réintroduite dans le système qui l’initie. Que la lumière vienne!
Yves Carrier
Impacts des projets miniers sur les collectivités rurales
Entrevue réalisée par Yves Carrier
Medellin Colombie, 22/11/21
Bonjour, je m’appelle Glaeson Restrepo. Je suis leader de la communauté de Higabra, dans la municipalité de Buritica, dans l’état d’Antioquia. En ce moment, cette communauté est affectée par une entreprise canadienne et chinoise qui se nomme Zijin Continental Gold. (Zijin Mining a acquis Continental Gold.) Ce sont des mines souterraines, mais elles ont un moulin séparateur à ciel ouvert. Higabra est une petite communauté qui est l’épicentre du mégaprojet. Nous sommes en plein cœur du projet.
Depuis plusieurs années, la communauté souffre des impacts négatifs du projet qui se cesse de s’accroître. L’entreprise est sur le point d’agrandir son moulin séparateur pour extraire de l’argent et du cuivre en plus de l’or. Les impacts que cela produit présentement sont le bruit, la poussière qui affecte les voies respiratoires, les odeurs nauséabondes, la contamination des productions agricoles autour et de l’eau potable qui ne l’est plus, les vibrations constantes dans les maisons, l’insécurité pour les femmes et les enfants occasionnée par les mineurs qui ne proviennent pas de la communauté, la surpopulation. Ce sont les impacts qui affectent la communauté. Nous avons écrits des lettres aux autorités départementales, municipales et gouvernementales, pour qu’ils tiennent compte de la communauté qui y habite qui subit les impacts de la mine. Tout ce qui s’est produit jusqu’à maintenant démontre qu’une communauté ne peut pas coexister au même endroit qu’un méga projet minier. C’est un projet d’intérêt national.
– Le projet ne donne pas des emplois bien rémunérés pour les membres de la communauté ? YC
Les emplois créés furent très peu nombreux. De fait la communauté rejette le projet. Elle s’est manifestée par des marches pacifiques et des blocages de route, mais quand elle veut se faire entendre pacifiquement, les autorités envoient l’antiémeute. Maintenant avec l’agrandissement du moulin séparateur, la communauté a peur, elle ne sait plus comment la vie peut continuer à cet endroit.
- Est-ce que les gens ont reçu des compensations pour leur maison et la perte de leur terres ? YC
Avec les propriétaires chinois, rien du tout. Les anciens propriétaires canadiens ont acheté les parcelles de terre de certaines familles parce qu’elles étaient affectées directement. Elles vivaient à quelques mètres du projet. Vous vous imaginez les énormes machines qui fonctionnent jour et nuit. Les gens ne pouvaient plus dormir, il n’y avait plus de tranquillité.
De plus, les mines d’or provoquent de l’insécurité parce que cela attire des groupes armées. Il y a beaucoup de conséquences négatives qui affectent les habitants des environs. La communauté se trouve encerclée par le projet sans recevoir aucun bénéfice de ce que produit la mine.
* La société minière n’aurait pas pu acheter des terres non loin de là pour relocaliser la communauté ? YV
C’est ce que nous avons toujours réclamé et c’est la question que nous avons posé à l’autorité nationale qui a accordé le permis d’exploitation de la mine. Tenant compte qu’il s’agit d’un mégaprojet d’intérêt national qui va continuer de s’accroître, mené par une multinationale minière qui possède des ressources illimitées, c’est ce qui aurait du être fait.
La Colombie est le pays qui possède les plus grandes ressources d’or d’Amérique latine. Pourquoi n’ont-ils pas étudié la possibilité de réinstaller cette communauté? Le chemin d’accès à la mine passe par le village et sépare la communauté en deux. Ce sont des camions énormes qui traversent la communauté. Cela occasionne des nuages de poussière et d’énormes vibrations qui brisent les maisons.
Il y a peu, nous avons fait une marche pacifique pour dénoncer tout ce qui nous affecte. Ils ont coupé des milliers d’hectares de forêt pour réaliser ce projet. Les réservoirs de cyanure pour séparer l’or de la terre sont immense, 15 mètres de hauteur. Les sociétés minières veulent faire de l’argent, elles se préoccupent peu du bien-être des communautés. Malgré l’énorme quantité d’or et les profits qu’elle va faire, la multinationale ne veut pas relocaliser la communauté.
Quand ils fondent l’or, une fois qu’il est extrait et séparé, on peut observer une quantité de fumée qui s’échappe du moulin et qui affecte la qualité de l’air. Ces gaz vont vers la communauté et ils demeurent enfermés dans le canyon et ils sont stagnants. Certains enfants commencent à avoir des problèmes respiratoires à cause de la poussière constante produite par les camions et la mine. De plus, comme l’entreprise est chinoise, ils veulent amener des travailleurs chinois pour exploiter la mine à moindre coûts.
Alors, la mine apporte très peu de bénéfices pour la communauté en plus de créer des problèmes sociaux. Des gens de l’extérieur viennent vendre de la drogue, il y a de la prostitution pour satisfaire les envies des mineurs et certains travailleurs de la mine d’origine colombienne se comportent très mal avec les habitants des lieux.
Cette communauté est très petite, environ 80 familles. Nous avons demandé de l’aide aux autorités départementales des droits humains. Leur réponse a été d’envoyer l’antiémeute nous agresser avec des gaz lacrymogènes et l’arrestation des leaders de la communauté. La constitution de notre pays affirme que chaque Colombien a droit à une vie et à un endroit digne pour vivre, mais ici la tranquillité c’est terminé. C’est une zone industrielle. Avec l’agrandissement du moulin, les impacts environnementaux vont augmenter pour la communauté.
Notre intention est de faire connaître cette situation qui nous affecte comme communauté. Nous demandons l’aide des autorités pour résoudre cette situation que nous vivons actuellement. Merci.
Sur les chapeaux de roues… nouvelles du TRAAQ
Conférence de presse sur l’état des lieux concernant le tramway, Bruno Marchand, maire de Québec, mardi 25 janvier 2022
Question du journaliste Félix Étienne d’Impact Campus sur la tarification sociale :
« J’aimerais tout particulièrement vous entendre sur la question de la tarification sociale qui est l’une des dix améliorations que vous avez proposées. On sait que la population étudiante compte généralement parmi les catégories qui ont les revenus les plus faibles. Est-ce que la population étudiante peut être incluse dans ces catégories ? Plus spécifiquement, dans le cas de l’Université Laval, les étudiants et les étudiantes bénéficient déjà du laissez-passer universitaire, dans le contexte de cette promesse, est-ce que cette population peut s’attendre à avoir des modifications quant à la formule dont elle bénéficie déjà ? »
Réponse du maire de Québec :
« Non, la LPU (laissez-passer universitaire) va demeurer et il pourra être utilisé pour le tramway. Ça c’est sûr. À moins que les universités ou les étudiants ne le voudraient pas, mais de notre côté on va de l’avant vers ça. La tarification sociale on y croit, on la met en place en 2023. On est en train d’évaluer comment on va le faire. Au départ, nous allons utiliser la MPC, la Mesure du panier de consommation, pour déterminer qui aura droit à la tarification sociale. On y croit profondément parce que nous savons que pour les gens démunis la mobilité c’est encore plus important pour occuper un emploi, pour pouvoir occuper un emploi satisfaisant. Alors en 2023 on va de l’avant et on ne déroge pas de ça. Maintenant, ce qu’il reste à regarder, ce sont les modalités de mise en œuvre, mais on va se baser sur la Mesure du panier de consommation pour déterminer qui y aura droit. Nous allons exactement vers l’engagement de campagne qu’on a pris, cela va être une réduction des coût où dans 4 ans cela va être 50% de réduction pour avoir accès aux outils de mobilité. »
Félix Étienne :
« Merci beaucoup. »
Comité de réflexion sur la mise en œuvre de la tarification sociale
En vue de cette promesse de campagne, le TRAAQ a formé un comité de réflexion sur la mise en œuvre de la tarification sociale qui s’est réuni à trois reprises au cours du mois de janvier. Nous avons également établi des communication avec la présidente du Réseau de transport de la Capitale, Maude Larouche-Mercier, en lui proposant notre aide et notre désir de participer à la mise en place de la tarification sociale à Québec.
À la dernière rencontre de la Coalition nationale pour une tarification social du transport, nous avons appris que les villes de Trois-Rivières et de Saguenay vont de l’avant avec des projets de tarification sociale. Sherbrooke mène actuellement un projet pilote. Y a pas à dire, ce dossier avance.
Yves Carrier
17 janvier, Journée Martin Luther King
Choix de textes Normand Breault
J’étais heureux de trouver ces citations de ce grand homme qui avait un grand rêve. J’ai pensé partager ces paroles de sagesse et de courage avec vous toutes et tous.
Essai : « Le but de l’éducation » (1947)
« La fonction de l’éducation est d’apprendre à réfléchir de manière intensive et à faire preuve d’esprit critique. L’intelligence plus le caractère – voilà le véritable objectif de l’éducation. »
Discours : prononcé à l’hôtel Park Sheraton de New York (1962)
« La philanthropie est louable, mais elle ne doit pas amener le philanthrope à négliger les circonstances d’injustice économique qui rendent la philanthropie nécessaire. »
« Lettre de la prison de Birmingham City » (1963)
« La liberté n’est jamais concédée volontairement par l’oppresseur ; elle doit être revendiquée par l’opprimé. »
« Lettre de la prison de Birmingham City » (1963)
« Au cours des dernières années, j’ai été gravement déçu par le modéré blanc. J’en suis presque arrivé à la conclusion regrettable que la plus grande pierre d’achoppement du noir dans sa marche vers la liberté n’est pas le White Citizen’s Councilor ou le Klu Klux Klanner, mais le blanc modéré, qui est plus dévoué à «l’ordre» qu’à la justice; qui préfère une paix négative qui est l’absence de tension à une paix positive qui est la présence de la justice. »
Discours : « Éloge funèbre des enfants martyrs » (1963)
« Nous devons nous préoccuper non seulement de qui les a assassinés, mais du système, du mode de vie, de la philosophie qui a produit les meurtriers. »
Discours à la Convention de la Commission médicale des droits de l’homme, 1966
« De toutes les formes d’inégalité, l’injustice en matière de santé est la plus choquante et la plus inhumaine. »
Livre : « Où allons-nous à partir de là : chaos ou communauté ?» (1967)
« Une nation qui continue année après année à dépenser plus d’argent pour la défense militaire que pour des programmes d’élévation sociale s’approche d’une perte spirituelle ».
Discours : « Pourquoi je suis opposé à la guerre au Vietnam » (1967)
« Nous devons rapidement amorcer le passage d’une société ‘orientée sur les choses’ à une société ‘orientée sur la personne’. Lorsque les machines et les ordinateurs, les motivations de profit et les droits de propriété sont considérés comme plus importants que les personnes, les triplés géants du racisme, du matérialisme et du militarisme sont incapables d’être conquis. »
Discours : « Au-delà du Vietnam » (1967)
« La véritable compassion ne se limite pas à jeter une pièce à un mendiant. Elle permet de voir qu’un édifice qui produit des mendiants a besoin d’être restructuré. »
Investiture présidentielle au Honduras
School of the Americas Watch
Memoria y resistencia : Close de School of Americas
22 janvier 2022
Aujourd’hui, nous célébrons avec le peuple du Honduras la prise de possession de la présidente Xiomora Castro qui met fin officiellement à 12 ans de gouvernement d’un régime narcotrafiquant qui a saccagé son pays. L’élection de la présidente Castro où la plus grande participation électorale de l’histoire du pays s’est produite, est un témoignage de la ferme organisation des mouvements sociaux de base qui se sont unis pour résister au coup militaire de 2009, appuyé par les États-Unis. Le Parti Libre (Liberté et refondation) de la présidente Castro est né du Front national de résistance populaire qui réunit un ensemble divers d’Honduriens, des mouvements indigènes, afro-indigène, paysans, LGBTQ et de travailleurs, pour élaborer des stratégies et mobiliser ses efforts de résistances. Malgré la violente répression politique qu’ils durent affronter, la force de la volonté du peuple pour transformer ses conditions a rendu possible cette investiture historique.
Nous rendons hommage à cette victoire des mouvements sociaux du Honduras et nous reconnaissons que sans une majorité unie au Congrès, la présidente Castro sera confrontée à de nombreux défis dans sa tentative de transformer un système de gouvernement qui trop longtemps a été dévasté par la force de l’élite économique, la corruption politique permanente et les intérêts interventionnistes des États-Unis.
SOA Watch et la communauté solidaire international demeureront particulièrement attentif au rôle des États-Unis au Honduras. C’est très rare que la vice-présidente des États-Unis assiste à une investiture présidentielle en Amérique latine, mais la vice-présidente Kamala Harris chapeautait une délégation états-unienne à Tegucigalpa. Parmi les membres de la délégation se trouvaient Samantha Power, de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), José Fernandez et Brian Nichols du Département d’État. La présence de cette délégation indique l’importance que la Maison Blanche attribue au maintien du contrôle géopolitique du Honduras au moment où la présidente Xiomara Castro assume le pouvoir. La vice-présidente Harris dirige les efforts pour supposément faire face à la migration massive en provenance d’Amérique centrale.
Par conséquent, les relations avec les dirigeants des gouvernements de la région sont fondamentales pour le déploiement et la mise en œuvre de la Stratégie des États-Unis pour s’attaquer aux causes fondamentales de la migration en Amérique centrale.
Historiquement et récemment, les politiques à l’endroit du Honduras ont priorisé et bénéficié les intérêts économiques et militaires des États-Unis aux dépens du peuple hondurien. La Stratégie Biden-Harris pour aborder les causes profondes de la migration en Amérique centrale menace de reproduire encore et encore les mêmes pratiques au nom de la croissance économique et du développement de la main-d’œuvre. Les solutions qu’elle propose ne sont ni nouvelles, ni innovatrices, sinon encore davantage une promotion continue d’aide en matière de sécurité/militarisation et de réformes néolibérales qui permettent l’inversion pour ouvrir la voie aux banques multilatérales de développement, les institutions financières internationales et les entreprises privées qui opèrent au Honduras. Cette agenda corporatif des États-Unis est en contradiction avec certains des engagements de la présidente Castro envers le peuple du Honduras.
Dans les semaines, mois et années, à venir, la présidente Xiomara Castro s’est engagé à abrogé de nombreuses lois qui ont été adoptées depuis le coup d’État qui octroient l’impunité aux fonctionnaires corrompus du gouvernement, répriment la dissidence politique et vendent la terre et les ressources nationales du Honduras au plus offrant.
La Présidente prévoit dissoudre les ZEDES (Zones d’emploi et de développement économiques). Ces zones dénationalisées, ce sont constitué en « villes modèles », ce sont en fait des « villes-entreprises » inconstitutionnelles qui opèrent en totale autonomie en créant leurs propres systèmes politiques, judiciaires et économiques, indépendants sur des terres concédées dans l’ensemble du pays. Les ZEDES sont des projets néolibéraux à outrance, apparues après le coup d’État qui dépossèdent les Honduriens de leurs terres et de leurs droits. Leur abolition est particulièrement critique pour l’avenir des mouvements paysans, autochtones et afro-indigènes dont l’existence est liée à la terre.
Maintenant que la Présidente Castro assume le pouvoir, nous faisons appel aux États-Unis pour qu’ils respectent finalement l’autonomie du peuple hondurien et de ses élus. L’alliance avec les États-Unis ne peut continuer de signifier une condition de subordonné où le Honduras reçoit ses ordres de Washington et qu’on appelle cela une démocratie. Cela ne peut pas signifier l’imposition de la volonté de Washington au peuple du Honduras. Si la Présidente Castro priorise les intérêts du peuple du Honduras au-dessus des intérêts lucratifs des États-Unis, ces derniers ne doivent pas intervenir ni s’ingérer, mais ils doivent respecter finalement le droit des Honduriens à construire le pays où ils veulent vivre.
« J’existe à travers toi », Ubuntu, une sortie de la barbarie
Leonardo Boff, Amerindia,
23 janvier 2022
La pandémie a démontré une abyssale inégalité mondiale et un manque cruel de solidarité envers les personnes qui ne peuvent maintenir la distance sociale ni cesser de travailler parce qu’alors ils ne peuvent plus manger. Pour être concret: nous n’avons pas encore quitter le monde de la barbarie: si nous l’avions fait, nous y sommes retournés. Notre monde ne peut pas être qualifié de civilisé quand un être humain ne reconnait ni n’accueille un autre être humain, indépendamment de l’argent qu’il a dans ses poches ou à la banque, ou de sa vision du monde et de son affiliation religieuse.
La civilisation surgit quand les êtres humains se voient comme des égaux et qu’ils décident de vivre ensemble pacifiquement. Si la réalité est ce qu’elle est, c’est que nous sommes encore dans l’antichambre de la civilisation et que nous naviguons en pleine barbarie. Ce scénario domine dans le monde d’aujourd’hui, aggravé par la crise de la COVID 19.
La barbarie a révélé son expression la plus sinistre à travers la culture du capital, compétitive, peu solidaire, individualiste, matérialiste et sans aucune compassion envers la nature.
Dans ce contexte outrageant, deux alternatives peuvent nous sauver : la solidarité et l’internationalisme. La solidarité appartient à l’essence de l’être humain, s’il n’y avait pas eu un minimum de solidarité et de compassion, aucun de nous serait vivant.
Pour que nous soyons là, il a fallu que nos mères nous accueillent, nous embrassent, nous alimentent et nous aiment solidairement pour que nous puissions exister. Nous savons grâce à la bio-anthropologie que c’est au moyen de la solidarité que nos aïeux sont devenus humains, et de là, civilisés, lorsqu’ils commencèrent à apporter de la nourriture au groupe, en la partageant entre eux et pratiquèrent la commensalité.
Cette action se poursuit encore aujourd’hui, lorsque plusieurs groupes, dont les Sans terres, se sont montrés solidaires en distribuant des dizaines de tonnes d’aliments et qu’ils ont organisé plusieurs centaines de marmites communes pour rassasier la faim de milliers de personnes dans les rues et les périphéries de nos villes.
Cela parait évident: si le problème est international, il devrait aussi avoir une solution concertée à cette échelle. Mais qui s’occupe de l’international ? Chaque pays prend soin de lui-même comme si rien n’existait au-delà de ses frontières. Néanmoins, a commencé une phase nouvelle de l’histoire de la Terre et de l’humanité: la phase planétaire, celle de la Maison commune. Les virus ne respectent pas les frontières nationales. La COVID-19 a attaqué toute la planète et menace tous les pays sans exception. Les souverainetés se révèlent obsolètes. Que serait-il arrivé avec les aînés d’Italie, gravement infectés par la COVID-19, sans la solidarité d’Angela Merkel, présidente de l’Allemagne qui a permis de sauver la grande majorité ?
Mais cela fut une exception pour démontrer que c’est par le dépassement du nationalisme vieillissant par l’internationalisme solidaire que nous pourrons trouver une sortie à notre barbarie.
Dans cette perspective, nous considérons inspirante une catégorie fondamentale, venue d’Afrique. Bien plus pauvre que nous (le Brésil) mais plus riche en solidarité. Cela s’exprime par l’expression Ubuntu qui signifie: « J’existe à travers toi. » Ainsi, l’autre est essentiel pour que j’existe en tant qu’être humain civilisé. Inspiré par l’Ubuntu, l’archevêque anglican, récemment disparu, Desmond Tutu, trouva en Afrique du Sud une clé pour la réconciliation entre les Blancs et les Noirs dans la Commission de la vérité et de la réconciliation.
Comme illustration de l’enracinement de l’Ubuntu dans les cultures africaines, considérons ce petit témoignage : un voyageur européen blanc s’est extasié du fait qu’étant plus pauvres que la majorité, les Africains vivent moins d’inégalités. Il se demanda pourquoi. Il imagina alors un test. Il aperçut un groupe d’enfants qui jouaient au soccer près d’un arbre. Il acheta un très beau panier rempli de fruits variés, plein de couleurs et il le plaça sur une petite colline.
Il appela les enfants et leur dit : « Là-bas, j’ai placé un grand panier rempli de fruits savoureux. Nous allons faire une compétition, mettez-vous tous en ligne et lorsque je donnerais le signal, vous commencerez à courir. Le premier qui arrive au sommet de la colline gagne le panier de fruits et il peut manger tout ce qu’il veut. »
L’Européen donna le signal du départ. Chose curieuse : les enfants se donnèrent tous la main et ensemble, ils coururent jusqu’au sommet de la colline où se trouvait le panier. Puis, ils commencèrent à la déguster ensemble.
L’homme blanc, stupéfait, demanda : « Pourquoi avez-vous fait cela ? N’était-ce pas supposé être le premier arrivé qui pouvait manger les fruits à lui tout seul ? »
Ils crièrent tous à l’unisson : « Ubuntu! Ubuntu! » Et un enfant lui expliqua: « Comment l’un de nous pourrait être heureux si tous les autres sont tristes ? » Puis ajouta : « Monsieur, le mot Ubuntu signifie ceci pour nous: « Je n’existe qu’à travers les autres. Sans l’autre, je ne suis rien et je serait toujours seul. Je suis qui je suis parce que je suis à travers les autres. C’est pour cela que nous partageons tout entre nous, nous collaborons les uns avec les autres et ainsi personne ne se retrouve exclus et triste. C’est ce que nous avons choisi de faire avec votre compétition. Nous mangeons tous ensemble parce que nous avons tous gagné la course et ensemble nous savourons les bons fruits que nous avez apportés. Vous comprenez maintenant ? »
Cette petite histoire est l’opposé de la culture capitaliste. Celle-ci affirme qu’une personne est plus heureuse quand elle accumule davantage individuellement pour pouvoir en profiter seul. À cause de cette attitude, la barbarie règne, il y a tant d’égoïsme, de manque de générosité et d’absence de collaboration entre les personnes. La fausse joie du petit nombre, à côté de la tristesse véritable de la majorité. Pour vivre bien dans notre culture, plusieurs doivent vivre mal. Néanmoins, partout sur la planète, se forment des groupes et des mouvements qui s’efforcent de vivre cette nouvelle civilisation de la solidarité entre les humains et avec la nature.
Nous croyons que la construction de l’Arche de Noé a commencée. Elle pourra nous sauver si l’Univers nous accordent le temps nécessaire. Sans solidarité et le sens internationaliste, nous périrons dans notre barbarie.
Traduit par Yves Carrier
L’assassinat de Berta Caceres et West Point
SOS WATCH, 31 janvier 2022
“Lorsque Roberto David Castillo gradua de l’Académie militaire des États-Unis à West Point, le cadet hondurien avait à l’esprit qu’il laisserait sa marque… Castillo était certain de ne pas être oublié. En 2021, le Haut tribunal du Honduras le déclara coupable comme coauteur de l’assassinat en 2016 de l’activiste autochtone Berta Caceres, connue à l’époque comme l’une des défenseurs de l’environnement les plus connues d’Amérique latine…
Castillo employa ses compétences militaires pour ordonner son assassinat, non seulement pour la tuer, mais pour la persécuter, dit Brigitte Gynther, une défenseure des droits humains qui travailla avec Caceres.
Ce qui précède est un bref extrait d’un article publié dans The Guardian à propos de comment l’éducation dispensée à West Point, financé par les États-Unis, que reçue Roberto David Castillo lui donna de nombreux avantages. L’entrainement militaire des États-Unis octroie prestige et pouvoir à leurs détenteurs lorsqu’ils retournent à leur armée d’origine.
Se basant sur un rapport de SOA Watch et d’autres organisations de droits humains, l’article décrit comment, après avoir été diplômé à West Point, Castillo est devenu officier dans l’armée hondurienne et utilisa ses fonctions militaires et gouvernementales au bénéfice direct de ses activités entrepreneuriales.
Après qu’une de ses entreprises ait reçu une concession sur le fleuve Gualcarque, dans des circonstances questionnables et sans le consentement du peuple Lenca, Castillo utilisa ses connaissances militaires pour profiler l’opposition au projet et sa leader, Berta Caceres. Castillo savait où était Berta, quand elle allait voyager, et ce qu’elle et la COPINH planifiaient.
Quand Castillo et la structure criminelle dont il était membre ne purent faire taire Caceres, au moyen de l’intimidation, d’accusations pénales ou de propositions monétaires, il employa ses connaissances pour coordonner son assassinat.
Selon l’information présentée au tribunal, il entra en contact avec un autre diplômé de l’École militaire des Amériques (SOA pour ses initiales en anglais) Douglas Bustillo qui travailla lui-même de connivence avec un troisième diplômé de la SOA, le major Mariano Diaz, pour planifier l’assassinat.
La journaliste Chiara Eisner révéla comment les relations que Castillo acquis pendant sa formation universitaire à West Point, lui servirent après sa détention pour l’assassinat de Berta Caceres.
L’ancien compagnon de chambre de Castillo à West Point fit pression sur l’ambassadeur des États-Unis au Honduras et leurs camarades de classe qui travaillaient au Congrès et dans des agences fédérales américaines qui « étaient disposés à aider ». C’est ce genre de relations qui peuvent contribuer et faciliter l’impunité qui s’organise en coulisses. De fait, malgré qu’un tribunal hondurien déclara Castillo coupable de l’assassinat de Berta Caceres, il faut mentionner qu’il n’a pas encore été condamné.
L’avocat de la famille Caceres a exprimé sa préoccupation que le retard dans la proclamation de la sentence puisse affaiblir la condamnation de Castillo et ouvrir la porte à l’impunité. Cela ne serait pas une surprise étant donné les contacts de Castillo.
S’il s’agissait de West Point ou du gouvernement des États-Unis, le fait que Castillo aie reçu une éducation militaire de quatre ans ne serait pas connu. Les institutions militaires américaines ne révèlent jamais les noms des cadets internationaux qu’elles entrainent, ni ne fournissent aucune supervision publique sur ce que ces derniers font après que les États-Unis leur aient donné cette formation. La question ne consiste pas seulement à savoir ce qui s’y enseigne, mais le fait qu’une éducation militaire étatsunienne octroie un pouvoir et un prestige significatif aux élites d’Amérique centrale et d’autres pays, sans aucune responsabilité de ce qu’ils font avec ce pouvoir et ce prestige.
Comme l’explique Brigitte Gynther de SOA Watch, dans l’article publié par The Guardian, « les figures militaires formées aux États-Unis ont causé une destruction et une mort incommensurable en Amérique centrale pendant les dernières décennies et elles continuent à le faire présentement ».
L’article complet en anglais, « The US military trained him. Then he helped murder Berda Caceres » dans The Gardian publicado aquí…
Traduit de l’espagnol par
Yves Carrier
« Je suis une militante des droits humains et je n’abandonnerai pas! »
Des nouvelles du CAPMO
Cabanes à sucre et Identité positive
Dans le cadre du projet Identité positive, une cabane à sucre sera organisée par le CAPMO à l’École d’Hôtellerie et une autre à l’École Boudreault, dans le but de recruter des participants, participantes, à nos ateliers d’animation qui se tiendront de février à juin avec de jeunes adultes issus de la diversité culturelle.
Magazine Jeunesse interculturelle
À chaque lundi, de 18 h à 19 h, vous pouvez entendre Mario Gil sur les ondes de CKIA-FM 88,3 à Québec qui poursuit ses émissions de radio qui donnent la parole à des jeunes issus des communautés culturelles afin de les amener à s’exprimer sur leurs valeurs, leurs passions, leur relation à la société québécoise et leur compréhension de l’identité. Les émission et balados sont ensuite disponibles sur notre site Internet. C’est une production du CAPMO.
Collectif TRAAQ
La Coalition nationale pour une tarification sociale du transport se prépare à la prochaine campagne électorale provinciale afin de faire avancer cette question dans le débat public. Reprenant la stratégie d’une déclaration commune à laquelle nous inviterons le plus grand nombre de groupes de la société civile à se joindre, nous comptons bien marquer des points dans l’opinion publique afin que le droit à la mobilité des individus, indépendamment des moyens économiques de chacun, soit reconnu.
Sur le plan local, la gratuité pour les mineurs s’ajoute à notre liste de revendications communes. En plus d’aider les familles, cette politique en vigueur dans la ville de Kingston en Ontario permet de fidéliser les jeunes au déplacement en transport en commun. Il a été démontré que plusieurs de ceux-ci conservent ensuite cette bonne habitude jusqu’à l’âge adulte.
Grève du communautaire
Le CAPMO et le TRAAQ se joignent au mouvement de grève nationale qui revendique un réinvestissement substantiel de l’État dans les organismes communautaires. Une manifestation aura lieu le 24 février, rassemblement devant le Grand Théâtre à 13 h. Nous vous invitons à y assister en grand nombre.
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