Ça roule au CAPMO, Février 2018,
Année 19, numéro 6, version pdf
Sagesse autochtone
Suites aux activités de commémoration de l’attentat à la Grande Mosquée de Québec, l’affirmation du droit d’ainesse des Premières Nations nous ramène aux valeurs fondamentales du vivre-ensemble, au respect de la Terre-Mère et à la connexion spirituelle que chacunE a le droit d’avoir et d’exprimer en toute liberté. Lors de la soirée œcuménique au pavillon de la Jeunesse et des sports, Konrad Sioui s’est exprimé avec autorité pour le respect que nous devons avoir les uns envers les autres et envers tous les être vivants. Puisque, nous rappelait-il : « Ce sont les Premières Nations qui vous ont accueillis en ce pays, vous ont soignés, nourris, vêtus et guidés sur ces terres. » Soyons dignes de cette confiance.
Dans cette grande réflexion sociale qui s’initie, et non un vulgaire débat, permettez-moi de citer un auteur brésilien, Paulo Suess pour qui : « La culture est un projet collectif qui se réalise dans toutes les dimensions importantes pour la vie humaine: dans le champ matériel et idéologique, social et politique, économique et religieux. Pour comprendre le projet historique d’un peuple, codifié dans sa culture, nous avons besoin de le dé-codifier dans toutes ses interrelations matérielles, sociales et idéologiques. La culture n’est pas un amoncellement de phénomènes, mais un ensemble de relations significatives et de signifiés interrelationnels. La lecture des signifiés véhiculés par des signes, des images, des mythes des gestes et des relations, requiert l’aide du peuple ou du groupe social respectif. Mais, aussi, ce groupe a besoin pour se connaître lui-même de l’observateur exogène. Comme l’individu se reconnait à travers un contact et ses relations avec les autres personnes, le groupe social découvre son identité seulement en contraste et en dialogue avec d’autres peuples et groupes sociaux. Nous savons qui nous sommes à partir de ce que les autres pensent de nous et de ce que nous pensons d’eux et de nous-mêmes. » (1)
Il est vrai que nous apprenons à nous connaître à partir du contact que nous établissons avec les autres. Pour éviter le repli identitaire, non seulement nous devons être à l’écoute de l’autre, mais, de part et d’autre, nous situer dans une position d’apprenant. Les différentes cultures qui viennent faire souche ici sont porteuses de valeurs universelles mais aussi de certaines attitudes que nous avons jetées avec l’eau du bain. Le changement d’époque que nous vivons tous et toutes sur cette petite planète bleue nous incite à revisiter nos appartenances et le récit que nous avons de nous-mêmes pour donner un sens à l’histoire en récupérant ses différents matériaux. Je ne parle pas d’oblitérer notre mémoire historique, mais de l’interprétation que nous en avons. Cette construction de sens nous permettra d’avancer ensemble vers de nouveaux horizons et je crois que cela doit se faire en réinvestissant les forces de la transcendance, de l’utopie et de l’imaginaire collectif. Ces éléments favorisent une réappropriation de notre destinée commune.
Cette perspective nouvelle est susceptible d’engendrer l’espoir d’un monde meilleur, mais nous ne pouvons pas investir toute la puissance de l’utopie et du rêve dans des projets de société où le désespoir s’installe si nous n’arrivons pas à les accomplir. Dans le respect de chacun, il faut toujours préserver une marge de manœuvre où nous irons puiser l’espoir et rallumer le feu de l’amour fraternel.
Au fondement de cet être collectif qui émane de la société, doit demeurer un espace de gratuité. Depuis toujours les grandes sagesses nous ont enseignés que la politique n’est pas tout et même si nous devons maintenir la conscience d’être le prolongement de quelque chose de beau et d’unique dans l’histoire de l’humanité, demeurons humbles devant l’héritage que nous avons reçu, résultat de siècles d’efforts et de solidarité, de rêves et de peines partagés. Cette racine millénaire nous permet de voir loin, par delà les frontières et les appartenances premières, pour nous retrouver dans une humanité commune et solidaire.
Yves Carrier
1. Paulo Suess, Evangelizar a partir dos projetos historicos dos outros, Ensaio de missiologia, Sao Paolo, Paulus, 1995, p.10-11. Traduit du portugais par Yves Carrier.
Spiritualité et citoyenneté |
Commémoration |
Les Atikameks et la DPJ |
Martin Luther King |
Mahatma Gandhi |
Services publics |
Ombusman minier |
Poèmes en maquis |
Calendrier |
par Rober Lapointe
L’IDENTITÉ À TRAVERS LES DIFFÉRENTS NIVEAUX DE CONSCIENCE.
La question identitaire sert fréquemment à détourner les gens des vraies priorités, à savoir vivre selon les valeurs spirituelles et humaines encadrant les valeurs citoyennes. Bien sûr, il peut y avoir conflit entre les valeurs elles-mêmes et avec les différents intérêts de nombreux protagonistes. D’où l’importance de la conscience et de la nécessité d’évoluer à travers ses différents niveaux. Ce sont la droite et surtout l’extrême-droite qui ramènent la question identitaire et s’en vantent, comme l’a souligné un idéologue du Front national en France. Négliger la question identitaire est souvent une grave erreur de la gauche et du centre. C’est surtout montrer un certain mépris à l’égard de niveaux de conscience qui constituent la base de la personnalité et de l’identité de chacun d’entre nous. Quels sont-ils ces différents niveaux?
La conscience individuelle est le niveau de base constitutif de l’identité et de l’identification. Qu’est-ce qui est identique et qu’est-ce qui nous identifie, nous différencie? C’est ce dont nous nous rendons compte dans notre nature comparée à celles des autres. Nous prenons conscience de nous-mêmes par rapport à autrui. Le rapport à soi est premier et primordial. Chacun se considère au centre du monde. Il est vrai pour le petit enfant qu’il a l’impression que tout tourne autour de lui, mais il arrive à comprendre que le monde existe indépendamment de lui. Sa conscience progresse.
La conscience collective pose la question de l’appartenance : à une famille, un clan, un groupe, une communauté, une caste, une classe sociale, une nation, une religion, une culture, voire une orientation sexuelle, etc. L’appartenance permet de mieux nous identifier sur le plan social et diminue la tendance à l’égocentrisme.
L’affirmation de soi qui peut dériver en volonté de domination, est contrée par le besoin d’intégration à une communauté sans laquelle nul ne peut vivre. Le danger est de disparaître dans la communauté et d’y demeurer enfermé physiquement et moralement jusqu’à nier son individualité et sa liberté. C’est par le processus de la reconnaissance que se résout le conflit entre l’individu et la société et cela doit se produire à ce niveau. La société reconnaît la valeur, la dignité de chaque personne, est juste à son égard et considère qu’elle a sa place et qu’elle peut être utile à la communauté.
La conscience universelle apparaît lorsque l’on commence à relativiser les questions d’appartenance et d’identité sans les oublier. Je suis citoyen du monde en tant que Québécois, mâle, hétéro, agnostique. Je suis aussi un être humain et spirituel. J’appartiens à la nature, à l’univers. Il faut prendre conscience sans ne rien négliger de tout ce qui dépasse mes appartenances, lesquelles me différencient et m’identifient, me rendent unique. Car il y a danger avec l’universalité quand on oublie ses appartenances. Ou quand un État universaliste tend à les oublier et préfère l’uniformité. Cette opposition se concrétise à travers différentes notions de la citoyenneté : universaliste ou par l’appartenance à une ethnie, un peuple, une religion, une culture, une civilisation. Idéologiquement, notre principal ennemi s’appelle Samuel Huntington, auteur du Choc des Civilisations.
La conscience spirituelle (ou divine, comme l’intitule John Martin Sahajananda, moine bénédictin et directeur d’un ashram) permet de résoudre les conflits liés aux différents niveaux de conscience traversés sans les nier évidemment. Ils construisent notre personnalité en enrichissant notre identité, à la fois multiple et unitaire. Nous prenons conscience de ce qui nous humilie en tant qu’être bouffi d’orgueil et de nos appartenances. En définitive, nous appartenons à un mystère indéfinissable que certains appellent divinité.
Ces niveaux de conscience sont décrits dans les Upanishad. J’en ai fait une interprétation profane assez libre. Pour le Frère Martin, ces niveaux illustrent la démarche christique de Jésus : Dieu est le chemin, la vérité, la vie. C’est aussi la démarche psychologique du ça au Soi en passant par le sur-moi et le moi.
(Pour John Martin, voir la revue Ultreia!, no 13, automne 2017, p38-46).
Robert Lapointe.
(Pour John Martin, voir la revue Ultreia!, no 13, automne 2017, p38-46).
Discours de Webster le 29 janvier 2018
Cérémonie de commémoration de l’attentat terroriste à la Grande mosquée de Québec
Salut Québec !
Quoi dire quand l’intolérance devient palpable ? Quand dans un flash, elle se matérialise et emporte notre innocence dans son sillage. Il y a un an, jour pour jour, les larmes et les pognées de mains ont agit comme un baume.
Un an plus tard, ce n’est plus suffisant. Le devoir de mémoire est important, mais sans le devoir d’agir, l’histoire est condamnée à bégayer.
La peur nous suit comme un boulet. La peur de l’autre, la peur de l’inconnu, la peur de perdre ses élections, la peur de perdre ses auditeurs. La peur tétanise et paralyse. Elle nourrit l’apathie et le désengagement qu’il soit social, politique ou humain.
La peur pousse à la dérive et beaucoup de gens l’entretiennent sans en comprendre les conséquences, que ce soit des partis, des groupuscules, des médias ou de simples citoyens.
La peur n’est pas un projet de société. La peur n’est pas une plateforme électorale, ce n’est pas une base sur laquelle consolider une identité et ce n’est surtout pas un pont viable vers le futur.
Mais c’est quoi la source intarissable de cette peur ? C’est quoi ? L’ignorance est la racine de l’intolérance et de la haine, la méconnaissance de soi, de l’autre, mais surtout la méconnaissance de ce nous collectif fort et progressiste qui va toujours vers l’avant au-delà des obscurantismes et de la négativité. Ce nous, genèse de demain, reflet d’une société juste et inclusive.
Mais est-ce qu’on connait vraiment notre société plurielle depuis ses débuts ?
Je pense entre autre à Olivier Lejeune, le premier Africain à vivre à Québec qui était esclave et qui est arrivé ici en 1629. Ou encore, je pense à Ibrahim Aboumader, Libanais d’origine, qui arrive à Montréal en 1882.
Le Québec, notre Québec est pluriel et notre histoire est colorée depuis des siècles, depuis la présence autochtone ici.
Il faut refuser cette vision passéiste de notre identité et célébrer notre nous bigarré et entier. Nos différences ne soustraient en rien à la collectivité. Au contraire, on les additionne à cette somme qui est notre futur commun. Mais ça prend du courage, le courage de parler, de s’exprimer et de regarder en face. Il faut se dire ce qui ne va pas. Il faut oser parler de racisme et d’islamophobie. En ayant peur de les nommer, on ne fait que taire les solutions.
Il faut refuser la peur et relever le défi où qu’il se trouve, s’opposer à l’ignorance et à l’idiotie sur la place publique, dans les salons et sur notre lieu de travail, parce que devant l’intolérance, elle qui parle beaucoup trop fort depuis beaucoup trop longtemps. Il faut s’y opposer mot pour mot, tête pour tête et cœur pour cœur.
Vivre ensemble , oui ! Mais au-delà de vivre ensemble, il faut grandir ensemble.
Le remède c’est l’amour !
Le remède c’est l’amour !
Le remède c’est l’amour !
Le remède c’est l’amour parce que e cœur est un tambour.
Merci Québec !
29 janvier 2018, commémoration de l’attentat islamophobe à la Grande mosquée de Québec le 29 janvier 2017.Haut
Les Atikamekw maintenant responsables de la protection
de la jeunesse dans leurs communautés
Un texte de Marie-Laure Josselin
Le conseil de la Nation Atikamekw (CNA) devient la première nation autochtone au Québec à établir officiellement une entente avec le gouvernement afin d’instaurer son propre régime de protection de la jeunesse. Une signature qui intervient 17 ans après le changement de la loi sur la Protection de la jeunesse permettant une telle entente.
Les enfants et jeunes Atikamekw de Wemotaci et de Manawan qui habitent l’une ou l’autre de ces communautés ou sur le territoire urbain de la Tuque vont désormais être sous le régime de la protection sociale du CNA.
Cette signature est la reconnaissance par les autorités québécoises du régime particulier qui est le système d’intervention d’autorité atikamekw. C’est aussi un pas vers l’autonomie, vers la gouvernance atikamekw .
Alice Cleary, directrice de la protection sociale au CNA C’est aussi une grande fierté pour les Atikamekw, car la Nation travaille sur ce dossier depuis des années.
Un projet pilote est mené dans ces communautés depuis l’an 2000. Son nom : le Système d’intervention d’autorité atikamekw (SIAA).
Le SIAA s’occupe des situations normalement assumées par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ): des situations pour lesquelles la sécurité d’un enfant est compromise, comme une agression sexuelle, de la violence physique ou encore de la négligence, mais aussi les situations concernant les jeunes délinquants.
C’est un système conçu par et pour les Atikamekws. « Dès le début, on intervient auprès des familles. La mobilisation de la famille élargie est aussi très importante », explique la directrice de la protection sociale au CNA, Alice Cleary. C’est une approche collective avec une responsabilisation individuelle, familiale et communautaire. »
« La réussite est là », assure Alice Cleary.
Garder les enfants dans leur milieu
Avant l’an 2000, les dossiers jeunesse étaient surtout traités par des ressources extérieures, chez les non-Autochtones et beaucoup d’enfants placés dans des familles d’accueil extérieures. Désormais, en moyenne, 80 % des enfants sont maintenus dans leur famille proche, dans la famille élargie ou encore dans une famille d’accueil atikamekw.
Quand le SIAA prend une situation en main, plusieurs étapes sont prévues, la dernière étant la judiciarisation. D’abord et avant tout, il y a le conseil de famille qui comprend la directrice de la protection sociale, les parents, l’enfant, idéalement les grands-parents et toute personne significative de l’entourage de l’enfant.
Son objectif : choisir les mesures pour corriger la situation, car comme pour la DPJ, la majorité des cas sont de la négligence. Lors du conseil, les explications et interventions se font en atikamekw, dans un site qui n’est pas un local utilisé par les services sociaux : forêt, centre communautaire…
Un programme qui fonctionne
La conseillère spéciale à la direction de la protection sociale du CNA, Lucie Dubé, affirme que cette intervention selon les valeurs et les traditions atikamekw a un impact sur le plan des services de la protection. « Quand on intervient, les Atikamekw sont plus confiants de pouvoir être servis dans leurs langues, par rapport à leur culture, leur identité. »
Au moins 90 % des problématiques sont réglées au conseil de famille, qui désigne aussi les personnes qui constitueront le cercle d’aidants. Ces derniers vont aider à l’application des mesures pour mettre fin à la situation problématique.
La responsabilité collective peut avoir une incidence dans le processus d’intervention atikamekw pour maintenir l’enfant en famille d’accueil, pour qu’il y ait une bonne communication et une bonne relation entre les familles lorsqu’un enfant est mis en famille d’accueil.
Auteur Lucie Dubé, conseillère spéciale à la direction de la protection sociale du CNA
Dans un cas où un enfant est placé en famille d’accueil non atikamekw, « c’est à nous, les Atikamekw de voir que la famille permette le maintien de la langue, de la culture, c’est ça qui est important », explique Alice Cleary qui précise que comme tout le monde se connaît, « on est très vigilant pour maintenir la paix sociale, mais aussi éviter tout contact entre un agresseur et un enfant si on est dans un tel cas ».
Lorsque les cas sont plus graves, avec intervention des policiers, le système judiciaire en matière criminelle vient de toute manière se superposer.
En termes de judiciarisation, le SIAA a noté une diminution de près de 80 %, et ce, dès 2001.
Dans six mois, la directrice de la protection sociale du Conseil de la Nation atikamekw agira en pleine autonomie. Toutefois, explique l’avocate du Conseil, Anne Fournier, les ministres responsables de l’application de la loi ont toujours un droit de regard.
Au Canada, les enfants autochtones représentent 7,7 % de la population, mais les enfants autochtones représentent 52 % des enfants placés en famille d’accueil.
Les Mohawks de Kahnawake seraient aussi en train de négocier une entente avec le gouvernement du Québec pour avoir aussi un régime particulier.
Martin Luther-King
Né à Atlanta le 15/01/1929 ; Mort à Memphis le 04/04/1968
Militant non-violent pour les droits civiques des noirs, Martin Luther King a joué un rôle majeur pour l’émancipation des Afro-américains et la prise de conscience de l’injustice de la ségrégation aux États-Unis. « I have a Dream », titre de son discours appelant à la fraternité entre noirs et blancs, est devenu un véritable hymne à la solidarité et à l’espoir d’entente entre toutes les communautés.
Une enfance brillante et aisée
Né à Atlanta dans une famille de pasteurs, Martin Luther King bénéficie d’un statut social plus aisé que la majorité de ses concitoyens afro-américains. Bien qu’il soit au départ peu enthousiaste pour cette voie, ce jeune étudiant brillant obtient une licence de théologie en Pennsylvanie, suivant ainsi les traces de son grand-père et son père. Après s’être marié à la pédagogue et chanteuse Coretta Scott en juin 1953, il devient en 1954 pasteur dans une église baptiste de Montgomery, dans l’Alabama.
L’épisode Rosa Parks et le boycott des bus de Montgomery
Le 1er décembre 1955, Rosa Parks refuse de céder sa place à un blanc dans un autobus de Montgomery et se fait interpeller par la police. L’interdiction faite aux noirs d’étudier dans les mêmes écoles que les blancs a été jugée inconstitutionnelle par la Cour Suprême en 1954, mais dans de nombreux domaines, la ségrégation reste la règle.
C’est pour refuser cet état de fait que les personnalités noires de Montgomery lancent un appel au boycott de la compagnie de bus de la ville. Le soir même de ce premier jour d’action, une organisation est créée et Martin Luther King est élu à sa tête. Pendant presque un an, le boycott se poursuivra malgré les tentatives d’intimidation concentrées sur Luther King : attentat contre son domicile, emprisonnement. Enfin, la Cour Suprême donne tort à la compagnie de bus.
Le leader de la lutte non-violente
Fort de cette victoire au retentissement national, Luther King participe avec une dizaine de personnalités noires du sud des États-Unis à la fondation d’une organisation nationale : le SCLC (conférence des leaders chrétiens du sud). Élu à la présidence, il décide d’étendre à l’ensemble du pays sa lutte non-violente pour les droits civiques des noirs.Luther King, en admirateur de Gandhi, revendique l’influence de l’Indien sur sa pensée et voyage en 1958 sur ces traces où il rencontre Nehru. Par ailleurs, les actions se multiplient dans les États-Unis : mouvement étudiant en 1960, campagne de Birmingham en 1963…Il rencontre également des personnalités éminentes tel que le président Eisenhower.
Mais Luther King doit aussi subir les attaques de ses adversaires. En l’espace de cinq ans, il doit faire face à une accusation de fraude fiscale, à un passage à tabac par la police, à une tentative d’assassinat mais aussi à plusieurs séjours derrière les barreaux. Mais face à la prison, il reçoit le soutien de grandes personnalités politiques : ainsi Kennedy intervient en faveur de sa libération en 1963.
« I have a dream » et le prix Nobel
Le 28 août 1963, Luther King est à la tête de la marche sur Washington pour le travail et la liberté. Devant 250 000 personnes, il prononce son célèbre discours connu sous le nom « I have a dream! » (« Je fais un rêve »). Il appelle de ses vœux un pays où chacun partagerait les mêmes droits dans la justice et la paix. Il sera ensuite reçu par John Fitzgerald Kennedy. En 1964, il reçoit le prix Nobel de la paix après avoir rencontré Willy Brandt et le Pape Paul VI. Il est alors une figure mondiale.
Une influence déclinante
Pourtant, son influence tend à diminuer au sein de la communauté afro-américaine. Originaire du sud des États-Unis, il a toujours lutté pour l’égalité, la reconnaissance et l’intégration d’une communauté issue de l’esclavage et plutôt rurale. Mais les idées plus radicales et plus violentes de Malcom X gagnent. Le rejet de la communauté noire a désormais un nouveau visage : les banlieues extrêmement pauvres et violentes des grandes villes. Et l’assassinat de Kennedy, perçu comme un défenseur des noirs, donne peu de place à l’espoir. Ainsi Luther King paraît quelque peu en retrait et impuissant face aux émeutes de Watt à Los Angeles. Toutefois, il est aux cotés du président Johnson en 1965 lorsque celui-ci signe le « Voting Rights Act » qui garantit l’égalité civique.
Face à de tels constats, il s’engage contre la guerre du Vietnam mais surtout il cherche à lutter contre la misère, nouveau moyen indirect de ségrégation qui touche durement les Afro-américains. Alors qu’il prépare une nouvelle marche contre la pauvreté,il est assassiné sur le balcon de sa chambre d’hôtel à Memphis le 4 avril 1968.
Conclusion
Si sa mort prématurée l’a empêché d’agir contre la pauvreté, ses méthodes non-violentes ont certainement été fondamentales pour l’accomplissement de l’égalité des droits tout en évitant de plonger le pays dans une guerre civile ou communautaire. Ayant toujours refusé de céder à la tentation de la violence, Martin Luther King s’est imposé au même titre que Gandhi comme le symbole d’une lutte qui ne laisse pas la place aux armes. Ainsi, et malgré le déclin de son influence sur les dernières années de sa vie, 100 000 personnes lui rendent hommage lors de ses funérailles à Atlanta.
Dictionnaire des noms propres
10 citations de Gandhi, assassiné il y a 70 ans
Un texte de Thomas Gerbet , 30 janvier 2018, site de Radio-Canada
Mort sous les balles d’un extrémiste hindou, le 30 janvier 1948, le Mahatma (« grande âme ») Gandhi a contribué à libérer l’Inde. Sa philosophie de « défense de la vérité » par la résistance non violente a influencé de nombreux mouvements à travers le monde.
Le 30 janvier 1948, un fanatique assassine Gandhi à New Delhi en tirant sur lui trois balles à Peu après son arrivée, il vit une expérience traumatisante de racisme. Il est expulsé d’un train en raison de la couleur de sa peau. Il passe la nuit dans une gare à méditer sur la discrimination qu’il vient de subir. Cet événement est souvent décrit comme le déclencheur de son combat contre le racisme et les injustices.
Plus de 2 millions de personnes assistent à ses funérailles.
Retour sur sa vie
Né en 1869 dans une famille bourgeoise, Gandhi part étudier le droit en Angleterre. En 1893, il ouvre un cabinet en Afrique du sud. Peu après son arrivée, il vit une expérience traumatisante de racisme. Il est expulsé d’un train en raison de la couleur de sa peau. Il passe la nuit dans une gare à méditer sur la discrimination qu’il vient de subir. Cet événement est souvent décrit comme le déclencheur de son combat contre le racisme et les injustices.
Durant près de 20 ans, en Afrique du Sud, il lutte pour les droits de la minorité indienne et utilise pour la première fois des méthodes de désobéissance civile. Dès 1912, Gandhi quitte ses habits occidentaux pour se vêtir d’un simple pagne. Très religieux, il choisit de vivre en ascète.
De retour en Inde en 1915, Gandhi prend la tête de mouvements de réforme sociale. Il se bat contre l’exclusion des intouchables et contre certaines pratiques commerciales de l’Empire britannique. Ses actions le conduiront parfois en prison.
De 1920 à 1934, Gandhi encourage le peuple indien à se libérer sans violence du colonisateur anglais, par la désobéissance civile. Il invite les Indiens à ne plus suivre les ordres des Britanniques, par exemple tenir des journées de silence ou brûler leurs vêtements anglais.
Ses actions portent fruit : le 15 août 1947, l’Union indienne acquiert son indépendance. Mais la Grande-Bretagne déçoit Gandhi en permettant la division de l’Inde britannique en deux États, l’Inde (majoritairement hindoue) et le Pakistan (majoritairement musulman).
Afin de ramener la paix entre hindous et musulmans, Gandhi se résigne à la partition de la colonie. Des extrémistes hindous condamnent vigoureusement sa position, qu’ils associent à un crime contre
« Vis comme si tu devais mourir demain. Apprends comme si tu devais vivre toujours.”
“Soyez le changement que vous désirez voir dans ce monde.”
“Ce qui est vérité pour l’un peut être erreur pour l’autre.”
“Je n’aime pas tellement le mot tolérance, mais je n’en trouve pas de meilleur.”
“La voie de la non-violence véritable exige beaucoup plus de courage que la violence.”
“On peut juger de la grandeur d’une nation par la façon dont les animaux sont traités.”
“Le bonheur c’est lorsque vos actes sont en accord avec vos paroles.”
“Vivre tous simplement pour que tous puissent simplement vivre.”
“Moins on possède, moins on désire.”
“Tout au long de ma vie, je n’ai jamais cessé de mesurer mieux, jour après jour, la valeur du compromis.”
Veut-on des services publics ?
Noam Chomsky pose la question : « Comment détruire un service public ? et répond : Commencez par baisser son financement. Il ne fonctionnera plus. Les gens s’énerveront. Ils voudront autre chose. C’est la technique de base pour privatiser un service public. »
N’est-ce pas exactement ce qui est se produit dans les services publics d’éducation et de santé au Québec? Trois ans d’austérité ont été beaucoup plus fidèles aux colonnes de chiffres que réponses adéquates aux vrais besoins de la société québécoise. L’inacceptable réalité de ce qui se passe dans les services publics nous est présentée dans des témoignages bouleversants de membres des personnels soignant et enseignant. Les services publics sont tellement déficients que le recours au privé apparaît à beaucoup de personnes- qui peuvent se le payer – la seule solution. Quant à l’universalité d’accès à ces services, on repassera.
En cette année électorale, les deux partis qui sont en tête des sondages ne le disent pas mais vont continuer dans cette ligne de disparition des services publics. Ce ne sera peut-être pas la « question de l’urne », mais ça demeure une question que toutes et tous devront se poser : « C’est-y mieux des baisses d’impôt ou le maintien des services publics efficaces ? La réponse appartient à chacune et chacun. Mais on peut difficilement avoir les deux.
Normand Breault
1er février 2018
Les Jésuites du Canada français saluent la décision du gouvernement canadien
Le 17 janvier, le ministre canadien du commerce international, François-Philippe Champagne, a annoncé la création d’un poste d’ombudsman pour la responsabilité sociale des entreprises canadiennes actives à l’étranger. Le gouvernement de Justin Trudeau donne ainsi suite à une revendication de longue de date des organismes de coopération internationale et des défenseurs des droits humains. Au cours de la dernière décennie, divers organismes non-gouvernementales ont fait des représentations en ce sens auprès des élus afin de dénoncer les exactions et violations des droits humains perpétrées par diverses milices et forces armées « protégeant » les intérêts des entreprises canadiennes actives à l’étranger, particulièrement les compagnies minières.
Au cours des dernières années, les Provinciaux des Jésuites du Canada français et du Canada anglais ont maintes fois alerté le gouvernement canadien à propos des violations aux droits humains perpétrés au Honduras, un pays « où 90 % des investissements étrangers dans le secteur minier hondurien sont de provenance canadienne ». Le 25 août 2016, les Provinciaux Jean-Marc Biron (Canada français) et Peter Bisson (Canada anglais) avaient interpellé le premier ministre Justin Trudeau à ce sujet, après l’assassinat de la militante écologiste Berta Cáceres et que leur compagnon hondurien Ismael (Melo) Moreno ait fait l’objet de menaces de mort. Ils insistaient en écrivant : « Puisque vous êtes le premier ministre d’un pays ayant placé les droits et libertés de la personne au faîte de ses valeurs fondamentales, et êtes aussi diplômé d’une institution d’enseignement de tradition jésuite, nous vous prions instamment de tout mettre en œuvre pour que soit assurée la sécurité de notre confrère – ainsi que celle de tous les citoyens honduriens qui sont engagés, comme lui, pour la justice et le respect de l’intégrité de la création. »
Le 5 décembre 2017, et le 8 janvier dernier, les Provinciaux Erik Oland et Peter Bisson ont à nouveau interpellé le gouvernement du Canada au sujet des violations aux droits humains perpétrés dans ce pays d’Amérique centrale. En 2017, deux organismes jésuites — Justice in Mining et Canada Jesuits International — ont interpellé le gouvernement canadien à ce sujet, et lui ont demandé de se doter d’un ombudsman chargé sur surveiller les agissements des compagnies minières à l’étranger. À la suite de diverses ONG catholiques ou œcuméniques telles que Développement et Paix et KAIROS, les Jésuites du Canada français se réjouissent de la décision prise par le ministre François-Philippe Champagne, conforme aux prises de positions antérieures de la Province affirme le Provincial du Canada français, Erik Oland SJ.
Poèmes en maquis par Royal Charbonneau
J’ai une terre
J’ai un pays à bâtir
avec les Caillou Lapierre
sans compter les fatigues
le marcher à l’étoile
au gré des amours
comme l’on fait nos ancêtres
J’ai une rivière à monter
avec les Ti-Cul Lachance
des champs à défricher
des barrages à fonder
mille ponceaux à construire
pour unir nos solitudes
J’ai un pays à partager
avec les Jack Monoloy
du nord et du sud de nulle part
faire ensemble un jardin
de l’immense taïga
pour y loger nos rêves
J’ai du pain à pétrir
avec tous les Alexandro
des prairies à semer
des moissons à partager
pour nourrir les espoirs
des enfants de la terre
J’ai des rapides à descendre
avec tous les Mohammed
un portage ténébreux
défoncer des préjugés
porter ensemble les dangers
d’un monde nouveau à bâtir
J’ai un lac à partager
avec toi avec eux
tous les peuples de la terre
pourront bercer doucement
dans la paix et la justice
tous les enfants à venir
J’ai un rêve à finir
quelques beaux jours d’été
à greffer à mes hivers
une espérance à léguer
aux jeunesses à venir
éprises du fraternel
J’ai un grand poème d’amour
à écrire sur la terre
sur la lune et les étoiles
où pourront vivre ensemble
au hasard des saisons
nos rêves et nos amours
À Gilles Vigneault
Mi-octobre 2017
Calendrier des activités du mois de février 2018