Ça roule au CAPMO, février 2016

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Ça roule au CAPMO

Février 2016, Année 16, numéro 06

El Nino et le capitalisme global

 De nos jours, pas besoin d’être communiste pour vouloir sortir du capitalisme global. C’est une question de bon sens. N’importe quel individu sain d’esprit qui analyse froidement les conséquences de la concentration de la richesse et de la destruction de l’environnement est capable de constater que le « tout » au marché est un très mauvais calcul.

Refusant d’assumer toute responsabilité dans la conduite du monde qui mettrait en question sa rentabilité financière, le capitalisme est anti-éthique. C’est un parasite qui prospère sur le dos de la misère et qui engendre le malheur partout où il étend son emprise. Transformant tout ce qu’il approche en argent, il demeure impassible devant la beauté sauvage de Mère-Nature.

Après 5 000 d’histoire, l’humanité hésite encore à mettre en pratique les conseils élémentaires des grands esprits qui s’y sont succédés. Certains scientifiques prédisent que l’humanité va migrer sur une autre planète comme un essaim d’abeilles change de ruche. D’abord, quelle planète ? Pour qui ? Et comment ? En détruisant encore plus les rares ressources pour justifier que ce monde n’est plus habitable, la science poursuit sa fuite en avant qui l’oppose à la nature. Et si la spiritualité nous y ramenait ?

Ignorant l’interdépendance qui unit tous les êtres dans la grande chaine de la vie, le capitalisme édifie des structures prédatrices qui désarticulent toutes formes de relations non économiques. Imbu de puissance, il semble vouloir tout détruire sur son passage. Chassant les paysans de leurs terres et assassinant les derniers peuples autochtones qui vivent en harmonie avec la nature, les nouveaux maîtres du monde s’étonnent de voir les pauvres prendre la mer ou traverser le désert pour rejoindre son Eldorado.

Pendant que le marché mondialisé acquiert de plus en plus d’autonomie face aux États nationaux, ceux-ci abdiquent leurs responsabilités de veiller au bien commun. Fondée sur l’égoïsme de chacunE, jamais une idéologie n’avait obtenu l’adhésion d’un si grand nombre en si peu de temps. Croyant aveuglément dans la puissance du progrès scientifique et de ses techno-sciences, tous liens avec la nature pourra enfin être rompus. Nous entrons dans l’ère de la post-humanité, celle où l’équilibre mental ne provient plus de l’enracinement dans une culture, une histoire et une communauté d’appartenance ou du contact avec la nature, mais d’une molécule chimique qu’il suffit d’avaler pour voir la vie en rose et aimer nos politiciens.

On nous dit que l’aliénation, l’oppression, la violence, la peur, la misère et la perte de tout repère, n’ont rien à voir avec la santé mentale. Désormais, il ne s’agit plus d’améliorer les conditions sociales des habitants de la Terre, ceux-ci doivent s’adapter ou mourir. « Soumettez-vous, il n’y a pas d’alternative ! », commande la loi du marché. « Mourez donc si vous n’êtes pas rentables ! », nous susurre-t-elle à l’oreille. La dictature de l’argent est la plus sanglante de l’histoire. Sur les cinq continents son entreprise de mort est à l’œuvre.

Lorsque nous savions encore réfléchir et poser des questions sur ce qui ce passait chez les autres peuples, un certain sens moral nous habitait. Aujourd’hui, la vindicte populaire et sa rhétorique guerrière suffisent amplement comme interprétation de la réalité. « Nous sommes en guerre, un point c’est tout ! » Mais pourquoi tous ces gens nous haïssent tant et veulent nous détruire ? Il faudrait peut-être commencer à s’interroger sur les rapports que nous entretenons avec le reste de la planète ? Saviez-vous que les crevettes importées sont en partie produites par une main-d’œuvre esclave qui ne met jamais les pieds à terre. Enfermés sur des navires, ils produisent sans salaire, droit ou liberté, un produit de luxe à très bas prix. Est-ce ce genre de civilisation que nous souhaitons encourager avec les accords de libre-échange ?

EL Nino affecte les récoltes en provoquant des inondations et des sécheresses à grande échelle. Les prix des denrées montent en flèche. Les producteurs et les consommateurs crient famine pendant que les spéculateurs s’enrichissent. À ce jeu de Monopoly qui élimine les joueurs un à un, j’ai bien peur que la partie se termine avec un seul gagnant. Aveuglé de puissance et insensible au sort des autres, il y aura tout perdu, même son humanité.

Yves Carrier

 


 

Table des matières

Spiritualité et citoyenneté
Déclarations
Dix ans d’Evo Morales
Imperfections
Poste à combler au C.A.
Soirées mensuelles du CAPMO
Réalité qui est
COP21, le chemin au désastre
Forum social mondial 2016 à Montréal
Calendrier

 


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Spiritualité et citoyenneté

LAICITÉ, RELIGION ET TERRORISME
Selon Catherine Kintzler, dans un article paru dans Philosophie-Magazine (déc. 2015-jan. 2016, p. 73) intitulé « Ne pas sacrifier la laïcité sur l’autel du terrorisme », le régime de la laïcité doit respecter deux principes fondamentaux. « D’une part, ce qui participe de l’autorité publique est tenu à l’abstention au sujet des croyances et incroyances. D’autre part, partout ailleurs, y compris en public, c’est la liberté d’expression qui s’exerce, dans le cadre du droit commun ». Les abus proviennent du fait que l’on privilégie l’un des principes aux dépens de l’autre. Cela détermine deux dérives fondamentales, fondamentalistes en fait. L’une « consiste à vouloir étendre à l’autorité publique le principe qui vaut pour la société civile: ce sont les tentatives d’ accommodements à une nouvelle religion. L’autre dérive, c’est de vouloir appliquer à la société civile l’abstention que la laïcité impose à l’autorité publique ». Cela revient à s’en prendre à une religion en particulier. Jadis, le catholicisme a plié devant la laïcité, non sans quelques remous; pourquoi pas l’Islam. La société civile ou l’autorité publique n’ont pas à s’adapter à une religion ou une autre. Leurs finalités sont différentes: elles visent le bien commun, l’ordre public et la civilité. « Prétendre, poursuit l’auteur, que la laïcité s’applique mal à l’Islam, c’est fétichiser la version la plus rigide de cette religion. » C’est en renonçant à leurs visées politiques que les religions acceptent les principes laïques. L’État peut-il aider les religions? Certes, si ces religions respectent l’État et la société civile. Peut-être vaut-il mieux que l’État canadien, par exemple, construise des mosquées, surveille les pratiques cultuelles et l’enseignement qui y sont prodigués que de laisser cela entre les mains de certains États qui promeuvent le salafisme et la haine. Cependant, il faut faire attention à ce que la liberté de culte d’une religion particulière ou d’une autre ne soit pas préférée à la liberté de conscience et à celle d ‘expression des citoyens.

Quelques pages plus loin, dans la même revue, Elizabeth Badinter nous exhorte à « Résister à la pression du fanatisme ». À propos de Charlie-Hebdo, « les limites (à la liberté d’expression) sont simples. On a le droit de critiquer toutes les idées, toutes les idéologies, toutes les religions. On n’a pas le droit de s’en prendre aux personnes, d’inciter à la haine et à la violence contre elles. Il ne faut pas choquer, nous dit-on? Mais où commence la susceptibilité? » J’ai lu quelque part que souvent les gens susceptibles sont en réalité de véritables brutes dans leur relation avec les autres. Dans le cas des djihadistes, ils vont même jusqu’à les tuer.

Notes: Catherine Kintzler est une philosophe française intéressée par les questions de laïcité. Elle a écrit Penser la laïcité (Minerve, 2014). Élizabeth Badinter, féministe reconnue et parfois controversée, est aussi l’épouse de l’avocat Robert Badinter, qui officia à l’abolition de la peine de mort en France. Elle a remis en question l’amour maternel dans L’Amour en plus qui a fait scandale en 1980. Elle a été aussi critiquée pour L’un est l’autre, 1986.

Robert Lapointe

 


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Déclarations

Bonjour! Je suis un petit nouveau dans l’expérience du partage d’idées à la façon CAPMO.

Le sujet de l’Utopie [rencontre du 14 Janvier ’16] m’a fasciné, et la variété, la largeur et la profondeur des opinions des participant(e)s aussi. Je suis déjà en manque, je sens que de tels cercles de partage sont des exercices de santé dans un monde sur-médiatisé. [Nous étions une dizaine d’humains présents, et non à des années-lumière.] Mais une part de mon excitation vient du fait que j’étais justement en train de lire deux trois (2-3) livres en rapport avec ce sujet. Deux trois (2-3) jours avant j’étais tombé sur un essai du sociologue Fernand Dumont sur La Déclaration des Droits de l’Homme, entre Droit et Utopie, quelque chose qu’il avait écrit d’abord en 1968! Donc 20 ans après la déclaration de New-York.

Il prenait aussi comme autre référence la Déclaration de 1789, faite à Paris, durant les années de la Révolution Française. Ça peut choquer certains d’associer la Déclaration des Droits de l’Homme avec l’Utopie, mais Dumont rappelait que ces « énoncés de principes » masquent mal que la vie sociale est travaillée de multiples tensions. (Euphémisme!) Que le Droit lui-même est parfois « utilisé pour défendre les privilèges les plus sordides ». Il m’apprit que la Déclaration de 1789 fut poussée par la bourgeoisie possédante. Ce qui m’a fait me demander si la Déclaration UNIVERSELLE de 1948 n’aurait pas un rapport quelconque avec les Corporations de New-York qui au sortir de la deuxième Guerre Mondiale avaient enfin la prédominance sur tout l’Occident, et éventuellement sur le reste du monde.

Car en revoyant la liste de ces droits (travail, alimentation, habillement, logement, soins médicaux…) ça m’a fait penser à une liste d’épicerie. Je n’ai pas de certitude ici, mais il me semble que ces droits sont devenus des items commerciaux, et que cette Déclaration des Droits de l’Homme a quelque chose de la réclame publicitaire.

J’ai aussi appris grâce à Dumont que la Déclaration de 1789 comportait, du moins dans son préambule, une tentative d’équilibrer Droits et Devoirs. Ce n’était pas le sujet de son essai, mais c’est une piste qui me semble nécessaire de revisiter, car si l’époque de mon grand-père était dominée par les devoirs civiques, les devoirs d’état [i.e. de condition, de situation], et que les gens DEVAIENT faire ceci, penser cela… l’époque de mes petites-nièces est dominée par les droits; « j’ai le droit de m’habiller à la mode, j’ai le droit de contester toute autorité, j’ai le droit de partir sans laisser d’adresse… »

Pouvons-nous participer à l’émergence d’un monde où l’imposition sociale (Devoirs) s’articule mieux avec les propositions* personnelles (Droits)? Ou n’est-ce qu’une relance de l’Utopie?

*/ j’hésitais à contrebalancer IMposition sociale avec EXposition personnelle, mais peut-être que la majorité d’entre nous ne faisons que [nous] proposer?

Michel N. Dubois

 


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Dix ans d’Evo Morales

Dix ans d’Evo Morales,  dix clés de gouvernement                             par Juan Manuel Karg

El Tiempo, Argentine site Adital

En 2015, Evo Morales est devenu le président ayant eu la plus grande longévité au pouvoir de l’histoire bolivienne. Il y a peu, le président a célébré « sa décennie » gagnée lors d’une cérémonie avec les peuples autochtones, à Tiwanaku, lieu où il avait réalisé sa prise de possession symbolique en janvier 2006.


Foto: teleSURtv
À l’occasion de cet acte, simple, mais d’une grande importance, il exprima sa reconnaissance. « Pendant ces dix années au service du peuple bolivien, jamais nous ne nous sommes sentis abandonnés par les mouvements sociaux, indigènes, autochtones », dit Morales pendant que le jour se levait sur le temple de Kalasasaya, pour ensuite remercier la Terre-Mère par une offrande.

Quelles sont les clés qui expliquent ces réélections successives ? Pourquoi a-t-il été confirmé par les urnes une fois après l’autre ? Qu’est-ce qui sera en jeu le 21 février prochain, lorsque les Boliviens permettront ou non sa réélection au poste de président ?

1—La stabilité économique bolivienne est décisive pour expliquer le leadership de Morales. 40% de la population bolivienne a bénéficié des crédits sociaux « Logement digne », les allocations familiales et la pension de vieillesse universelle. À quoi servirent ces fonds ? À réduire l’abandon scolaire, à permettre une meilleure vieillesse aux retraités et a diminué les taux de mortalité maternelle et infantile.

Est-ce que ces investissements sociaux en faveur de la population aurait pu avoir lieu sans la nationalisation des hydrocarbures ? Non. La forte augmentation que cette décision souveraine a produit dans les arcades du pouvoir de l’État a permis une redistribution progressive de ces ressources financières.

2—Le tandem Morales—Garcia Linera apporte une stabilité politique croissante. Les leaderships politiques peuvent apporter certitude et confiance ou encore doute et instabilité, dépendamment de la satisfaction des populations envers les politiques gouvernementales. Le tandem Morales – Garcia Linera est mémorable, les deux jouant un rôle complémentaire, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Éloquent dans la gestion et la communication avec le peuple, le président est complémentaire avec son vice-président qui maintient le dialogue avec de larges secteurs académiques et culturels, à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

3—La récupération de la demande maritime bolivienne adressée au Chili, solidifia les appuis à son gouvernement. C’est une de ses bannières politiques. L’aspiration que le Chili s’assoie pour négocier une sortie vers la mer, telle qu’elle a été adressée au pape François pendant sa visite à La Paz. C’est pour cela que Morales est allé à La Haye et qu’il a obtenu un premier triomphe (partiel) lorsque le tribunal international a accepté de donner suite à la requête. Cela créa un sentiment d’unité suivi non seulement par la direction du MAS, mais par l’ensemble de la société.

4—Avec la réforme institutionnelle, la Bolivie s’est constitué en un État plurinational. Cela a été, sans l’ombre d’un doute, l’un des plus grands mérites de ce gouvernement.

Ratifiée en 2009, cette réforme propose la refondation du pays, la récupération d’un peuple aux origines diverses et la reconnaissance indigène à travers une représentation parlementaire, un système judiciaire indigène et paysan, et le droit à l’autonomie et à l’auto-gouvernement de ces communautés. Avec ces réformes, la Bolivie se définit comme un État unitaire social de droit, plurinational communautaire, lire, indépendant, souverain, démocratique, interculturel, décentralisé et avec des autonomies.

5— La Bolivie s’est convertie en une voix influente en Amérique latine. Cela est un fait reconnu par les mandataires de toutes tendances politiques qui visitent la région. La Paz a connu une renaissance de son influence régionale et sa participation remarquée dans des instances comme UNASUR, CELAC, CAN et l’ALBA. La Bolivie est passée du statut de pays inconnu (ou seulement pour sa pauvreté et ses inégalités) a avoir une voix ferme en ce monde, avec des positions fermes anti-impérialistes et anticolonialistes, comme aime le remarquer Morales.

6—L’appuie des mouvements sociaux et syndicaux, est indispensable pour un gouvernement qui est né dans la rue. Evo a été un important dirigent du syndicat des producteurs de coca aux débuts de sa vie politique militante. En arrivant au gouvernement, il n’a pas renoncé à son engagement envers les mouvements syndicaux et sociaux de son pays qui appuient sa gestion. Même la COB (Centrale ouvrière de Bolivie) qui a connu de sérieux différents pendant les premières années du gouvernement, appuie le président actuel, confiant qu’il créé de meilleures conditions pour négocier leurs conditions de travail et leurs demandes salariales.

7—La révolution éducative, pilier du processus de changement. Entre 2006 et 2014, ont été agrandies ou améliorées 700 écoles dans tout le pays. Pour cela, l’abandon scolaire a été réduit à 7.2%. En plus, ont été mis sur pied les programmes « Oui je peux ! » et « Oui, je peux continuer », qui atteignirent ensemble 955 000 personnes selon les données du Ministère de l’éducation.

8— Avec Evo, la Bolivie a transformé la structure de la propriété agricole. Selon l’Institut national de la Réforme agraire, entre 1953 et 1992, le latifundio improductif représentait 39% des hectares totales du pays, suivie de la petite propriété ou communautaire, avec 17% et les autres 1%. Entre 1995 et 2015, selon les données de l’INRA, cela changea substantiellement: les terres de l’État représentent maintenant 24,6% (en calculant les aires protégées et les réserves forestières), suivi des terres communales des peuples originaires avec 23,9%, la petite propriété avec 18,2% et la moyenne propriété avec 6,7%. Comme l’on voit, il s’agit d’un fort changement dans le domaine rural.

9—Avec Evo à sa tête, le MAS (Mouvement vers le socialisme) est une machine électorale. Les données d’Evo dans les urnes font l’envie des présidents de la région: Il est passé de 53,7% en 2005 à 64% en 2009. En 2014, il a obtenu un convainquant 61,3%, 40% d’avance sur le candidat suivant, l’entrepreneur Samuel Doria Medina. Morales a confiance que sa série de triomphes consécutifs ne s’interrompent pas en février prochain.

10—Pour avancer, il ne faut pas reculer. C’est une maxime de Garcia Linera et qui définit assez bien ce qui est en jeu au référendum qui s’approche. Il y a des sondages pour tous goûts, même s’il demeure évident que nous pourrions assister à un résultat serré. Le MAS devra avoir cela en tête pour éviter un triomphe du non. Mis, à en juger par ce qui a été accompli jusqu’ici, Evo peut être confiant.

 


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Imperfections

Je mentionnais dans ma première note que j’étais à lire deux trois (2-3) livres ayant rapport à l’Utopie.
En fait je n’étais pas conscient que cela était le thème. Avec l’essai de Fernand Dumont je lisais aussi La Sociologie de l’Espérance d’Henri Desroche qui traite des messianismes et millénarismes, et de toutes ces attentes d’un monde meilleur qui ont traversés les peuples juifs, chrétiens, musulmans (qui appèlent ça mahdismes), océaniens (et leurs Cargo Cults), et autres. L’accumulation de ces exemples toujours déçus [voir les aventures de Bar Kochba et Sabbatai Zevi, du Bab, d’Éon de l’Étoile, de Thomas Münzer, de Louis Riel, etc.] crée en moi un sentiment étrange. Car je suis de ceux qui rêvent d’un monde meilleur, avec moins de disparités socio-économiques, moins de corruption et de pollution…

[J’ouvre ici une petite digression: depuis que des gens ont visités mon école primaire, pour nous parler d’environnement, alors que j’avais 9-10 ans, je n’ai jamais (pratiquement) jeté à terre de canette, sac de chips et choses en plastiques… Et je ne comprends pas le plaisir et/ou l’inconscience de ceux qui encore en 2016 se foutent des autres et de la Nature!]

Cette accumulation de projets religieux et sociaux m’a rendu disponible mentalement pour recevoir ses explications des mécanismes impliqués. Entre autre celui très étrange de renforcement par l’échec.

Un peu comme ces excités de la fin du Calendrier Maya qui sitôt la date passée sans que rien ne survienne se remettent à fabuler et investir dans l’imaginaire que quelque chose s’est passé dans l’Éthérique et le Subtile que la masse des inconscients/ignorants se refuse encore à voir.

Je ne détaillerai pas ce que j’ai appris de ce livre-là, mais c’est un ‘eye openner’. Car j’étais plein de ces rêves de changements structuraux, de « ça devrait d’être autrement! », etc.

Notez tout de suite ici que je ne suis pas le seul à fabuler, que toute l’industrie du cinéma, des romans et même de la chanson, repose sur des réalités alternatives, sur l’imaginaire, sur des SI.

Petit à petit j’en viens même à me demander si je ne serais pas mieux d’accepter le monde tel quel. À ce point j’étais mûr pour tomber sur une citation appropriée, trouvée dans ce livre du sociologue Desroche: « Je suis convaincu que la société ne peut pas être parfaite. Les hommes doivent tenir à leurs idées et à leurs idéaux, mais ils ne doivent pas s’imaginer que les uns ou les autres soient réalisables. Il nous faut comprendre la nature de l’utopie. L’utopiste une fois au pouvoir devient dogmatique et il peut très facilement faire le malheur des hommes au nom de son idéalisme. (…) Le devoir de l’homme de notre temps est d’accepter comme une réalité l’imperfection de la société, mais aussi de comprendre que l’humanisme, les rêves et les imaginations humanitaires sont nécessaires pour le réformer sans cesse, pour l’améliorer et le faire progresser. »*

Et la ritournelle recommence? Car son admission des imperfections sociales l’autorise à se relancer dans les réformes, et le Progrès. Au nom de quel idéal, en vue de quel projet?

Pour ma part je ne veux pas repartir le bal et allonger indument mon propos, alors je dirais que j’utilise au moins deux (2) triades de valeurs, vous en ferez ce que vous voulez:
Amour/Intelligence/Liberté
&
Santé/Paix/Épanouissement

Michel N. Dubois

*/ Djilas (Milovan), La société imparfaite,
Calmann-Lévy, Paris, 1969 (pp. 16-17)

 


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Poste à combler au C.A.

Poste à combler au conseil d’administration du CAPMO
Bonjour, suite à la démission d’un des membres du conseil d’administration pour des motifs personnels, nous sommes à la recherche d’un ou une membre souhaitant s’impliquer au conseil d’administration. Si vous êtes intéressés à vous joindre à nous, cela représente une demi-journée d’implication par mois environ, veuillez en communiquer avec le coordonnateur du CAPMO.
Bien à vous

Yves Carrier 418-525-6187 poste 221

 


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Soirées mensuelles

Cette hiver, quatre soirées mensuelles se déroulent sous le thème de l’utopie libératrice. La première rencontre a eu lieu le 14 janvier sous le thème de L’Utopie libératrice, moteur de nos luttes. La prochaine aura lieu le 11 février sous le thème de l’utopie réalisée : L’économie bleue, une voie d’avenir. L’économie circulaire selon Günter Pauli. Celle du mois suivant aura lieu le jeudi 17 mars s’intitule : L’utopie du possible : Théorie de la société civile et le 14 avril portera sur le prochain Forum social mondial qui aura lieu à Montréal. Au plaisir de vous compter parmi nous. Je vous rappelle que les comptes-rendus de nos rencontres mensuelles sont disponibles sur notre site internet.

Yves Carrier

 


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Réalité qui est et qui rend possible tout ce qui existe

J’ai environ la moitié de ma vie terrestre de passée.
Je veux que ta volonté se fasse parce que tu sais mieux que moi quelle volonté fera le plus de bien à chaque personne vivant sur cette planète.

Je n’ai pas de moyen de connaître avec certitude ta volonté.Par contre, j’identifie à l’occasion une volonté qui habite mon être et qui dépasse ce que je pourrais m’attendre d’un animal simplement intelligent.

Je ne sais pas d’où vient cette volonté en moi qui n’est pas de moi. Si elle est de toi, aide-moi à la concrétiser. Si elle n’est pas de toi, remplace-là par la tienne.

Amour qui m’a désiré ou réalité qui a rendu possible mon existence et toute forme de vie, je consens à ce que tu habites ma vie pour révéler au monde qui tu es vraiment. Qu’est-ce que tu veux pour le Québec? Qu’est-ce que tu veux pour la planète? Après tant d’efforts à chercher à te faire proche de nous par toutes sortes de moyens, je suppose que tu continues parce que tu considères que ça en vaut la peine. Mais à quoi veux-tu en venir au juste? Qu’est-ce qui serait pour toi l’occasion de la plus grande réjouissance jusqu’à maintenant?

C’est quoi ton rêve pour le Québec? Qu’on demeure une province du Canada ou qu’on fonde un nouveau pays qui deviendrait pour le monde un modèle de relations harmonieuses tant avec ses voisins qu’avec ses habitants? Est-ce que nos décisions politiques ont de l’importance à tes yeux? Est-ce que tu aimes la planète Terre et ses habitants? Est-ce que tu lui souhaites un avenir qui va en s’embellissant?

André Huot

 


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La COP21 pave le chemin au désastre

Leonardo Boff      ADITAL, 23 décembre 2015

 C’est ici que réside le nœud du problème. Le développement qui prédomine dans le monde n’est d’aucune manière durable, il est synonyme de croissance matérielle infinie sur une planète finie. Ce résultat est obtenu par l’exploitation démesurée des biens et des ressources naturelles, même si cela implique une inégalité sociale perverse, la dévastation des écosystèmes, l’érosion de la biodiversité, l’épuisement des sources d’eau potable, la contamination des sols, des aliments et de l’atmosphère.

Après des dizaines d’années de réflexion écologique, il semble que les négociateurs et chefs d’État n’ont rien appris. Ils ne pensent tout simplement pas au destin commun de l’humanité. Ils se satisfont de donner des ailes à la furie productiviste, mercantiliste et consumériste, c’est le courant dominant globalisé qui le veut.

Maintenant, cela est le type de développement/croissance qui produit le chaos sur la Terre et la destruction de la nature. Les données scientifiques les plus sérieux et récents disent que nous avons atteint le Earth Overshoot Day, le jour de surcharge de la Terre, c’est-à-dire, le jour où la planète a perdu sa bio-capacité de répondre aux demandes humaines.

Si nous prenons comme référence une année, en août nous avions déjà consommé la réserve de ressources pour maintenir le système vie. Les choses étant ce qu’elles sont, est-ce que cela a toujours du sens de parler de développement durable pour l’année 2030 ?

Si le bien-être des pays riches était universalisé — cela a été calculé scientifiquement et se trouve dans les manuels d’écologie — nous aurions besoin d’au moins trois planète comme celle que nous avons.

La COP21 veut nous soigner en nous administrant le venin qui est en train de nous tuer. Ce n’est pas un hasard, cela est honteux et humiliant pour n’importe quelle personne qui se préoccupe de la nature et de la Terre-Mère. Nulle part dans le document final n’apparaissent les mots nature et Terre.

Les représentants sont prisonniers du paradigme scientifique du 16ème siècle pour qui la Terre n’était rien d’autre qu’une chose inerte et sans finalité propre, la Terre-Mère n’étant qu’un réservoir infini de ressources mis à notre disposition. N’ont servi à rien les réflexions des grands hommes de science comme Prigogine, de Duve, Capra, Wilson, Maturana, Swimme, Lutzenberger, qui avaient eu comme prédécesseurs Heisenberg, Bohr, Shrödinger et particulièrement Lovelock, sans oublier la Charte de la Terre de l’ONU et l’encyclique du pape François sur « le soin de la maison commune », parmi tant d’autre fondateurs du nouveau paradigme.

 

Dans le texte prédomine la technocratie la plus effrontée (dictature de la technologie et de la science), si sévèrement critiquée par le pape dans son encyclique, comme si seulement d’elle pouvait venir les solutions messianiques pour l’adaptation et la mitigation des changements climatiques. Il n’y a aucun sens éthique ni d’appels aux valeurs non matérielles dans ce texte. Tout tourne autour de la production et du développement/croissance, dans un matérialisme crasse. Selon le nouveau paradigme, basé sur une vision de la cosmogénèse qui dure déjà depuis 13,7 millions d’années, nous voyons tous les êtres reliés entre eux à travers une inter-rétro-relation permanente, chacun ayant sa valeur intrinsèque, mais demeurant ouvert aux connexions dans toutes les directions, formant des ordres toujours plus élevés et complexes jusqu’au point de permettre l’émergence de la vie et de la vie humaine intelligente et porteuse de créativité.

Je suis d’accord avec le plus grand spécialiste du réchauffement global, le professeur de l’Université Columbia et auparavant de la NASA, James Hansen (cfr. The Guardian 14/12/2015), qu’il est illusoire de demander aux pétrolières de laisser sous terre le pétrole, le gaz, les énergie fossiles émettrices du CO2, et de les substituer par des énergies renouvelables. Toutes les énergies renouvelables mises ensembles n’atteignent pas 30% de ce que nous avons besoin.

Les objectifs de la COP21 sont totalement irréels, parce que les énergies fossiles sont moins chères et vont continuer à être utilisées, spécialement si nous maintenons une économie d’accumulation avec les conséquences écologiques et sociales qu’elle entraîne. Mais il y aurait une possibilité si nous souhaitons réellement stabiliser le réchauffement entre 1.5 et 2 degrés Celsius, ce qui serait encore gérable. Nous devons changer de paradigme : Passer d’une société industrielle et consumériste à une société de support de toute vie, orientée vers le bio-régionalisme et non vers la mondialisation qui uniformise les modes de vie. La centralité devrait être la vie dans sa diversité et non le développement.

La production se ferait aux rythmes de la nature, dans le respect des droits de la Terre-Mère et de la diversité des cultures humaines. Ici, nous sommes davantage inspirés par le pape François dans son encyclique que par les raisonnements technocratiques de la COP21. En suivant les conseils de la COP21, nous sommes en train de paver le chemin qui nous conduit au désastre.

Traduit par Yves Carrier

 


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Forum social mondial 2016 à Montréal

Appel à la mobilisation des mouvements sociaux et citoyens

 Par le présent appel, nous lançons une invitation aux mouvements sociaux et citoyens du monde entier à faire du prochain Forum social mondial (FSM) un rendez-vous essentiel pour partager nos mobilisations , nos résistances et renforcer nos luttes. Nous souhaitons que le FSM de Montréal vise non seulement à favoriser les échanges et les convergences sur de grandes orientations, mais aussi à permettre aux mouvements sociaux d’offrir des réponses politiques pour changer le cours de l’histoire.

Le FSM 2016 se tiendra, pour la première fois, dans un pays du Nord, au Canada, dans un nouveau contexte politique. En effet, lors des élections d’octobre 2015, la population canadienne a chassé le gouvernement conservateur qui, depuis 10 ans, menait une politique économique ultralibérale appuyée sur un extractivisme prédateur et un fort conservatisme social.
La lutte contre les sables bitumineux et les oléoducs au Canada, la mobilisation des peuples autochtones pour leurs droits, la force des mouvements sociaux, ont contribué à ce changement politique et ont motivé le choix de tenir le FSM 2016 à Montréal.

Depuis les grèves étudiantes de 2012 au Québec, les luttes se poursuivent de manière ininterrompue. Mentionnons les mobilisations contre les politiques d’austérité, l’action des mouvements environnementaux et la mobilisation historique du mouvement syndical dans le cadre des négociations du secteur public. En Amérique du Nord, le Québec est un important territoire de résistance au néolibéralisme et un endroit où se multiplient les initiatives pour bâtir des alternatives collectives au système dominant (agriculture urbaine, économie sociale et solidaire, coalitions multisectorielles et actions citoyennes de toutes sortes…)

Un autre monde est nécessaire, ensemble il devient possible
Le modèle capitaliste actuel, dominé par une élite de plus en plus agressive, a non seulement approfondi l’écart entre le 99% de l’humanité et le 1% de la population la plus riche, mais a projeté la planète dans une crise globale sans précédent. Les politiques d’austérité et d’ajustement structurel ont été imposées dans la plupart des pays alors que la corruption n’en finit plus de se perpétuer.
Les populations sont soumises à des mesures économiques restrictives dont toutes et tous sont victimes, surtout les plus vulnérables de la société comme les femmes, les jeunes et les groupes racisés. Le tissu sociale cesse de se défaire, les services publics disparaissent sous l’appétit incessant des multinationales souhaitant leur privatisation.

Ce système économique basé sur la surproduction et la surconsommation est directement responsable des changements climatiques qui menacent l’intégrité des écosystèmes et la survie des populations. L’année 2015 aura été marqué par l’Accord de Paris sur les changements climatiques ainsi que par l’adoption de nouveaux objectifs de développement durable (ODD) à l’ONU. Ces ententes devraient être audacieuses pour faire face à la crise, mais elle témoignent plutôt du manque de volonté des élites à agir.

Les inégalités sociales se multiplient et l’horizon d’un réchauffement de plus de deux degrés Celsius annonce un dérèglement dramatique du climat pour les populations les plus vulnérables partout dans le monde.

Les guerres incessantes et les migrations accrues de populations sont les symptômes d’une crise profonde du système qui alimentent les fausses solutions de repli et de haine, la xénophobie et le racisme, au mépris de la dignité humaine et de la démocratie.

Depuis quinze ans, les forums sociaux ont connu un important développement. En se déployant sur différents continents et en traitant de problèmes concrets qui affectent les populations, ils ont mobilisé des centaines de milliers de personnes partout sur la planète et démontré qu’il faut agir, qu’il existe des alternatives.

S’inscrivant dans la continuité des vastes mobilisations contre les accords de libre-échange, contre l’organisation mondiale du commerce, le G7 et le Forum économique mondial de Davos, des mouvements sociaux, des citoyennes et des citoyens s’y sont rassemblés pour affirmer qu’un autre monde est non seulement possible, mais nécessaire et urgent.

Ce premier FSM du Nord poursuit cet engagement collectif. Il présente des défis singuliers du point de vue de la participation et de la mobilisation des mouvements sociaux. Il offre toutefois l’opportunité de passer à l’action et de bâtir une articulation mondiale des luttes pour un monde de justice sociale et climatique.

Nous invitons tous les mouvements sociaux et citoyens de toutes provenances à converger vers Montréal du 9 au 14 août 2016 pour y réaffirmer que nous sommes cet autre monde possible !

Signataires :
AITEC-IPAM (France)
Alternatives (Canada)
ATTAC France
ATTAC Québec (Canada)
CCFD-Terre solidaire — Comité catholique contre la faim et pour le développement (France)
Chico Whitaker, Commission brésilienne justice et paix et membre du Conseil international du FSM (Brésil)
Collectif FSM Montréal 2016 (Canada)
CRID — Centre de recherche et d’information pour le développement (France)
Fondation France Liberté — Danielle Mitterand (France)
FTQ—Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (Canada)
Gus Massiah, CRID et membre du Conseil international du FSM (France)

 


 

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