Les titans
Pour mon plus grand bonheur, j’ai de nombreux amis bien plus âgés que moi. Ceci m’amène à côtoyer la mort plus souvent qu’il ne se doit, mais au lieu d’être rempli de tristesse à chaque départ, c’est un sentiment de reconnaissance et d’admiration qui m’envahit.
Si l’adage dit que nul n’est irremplaçable, faut-il encore qu’il y ait des gens intéressés à reprendre le collier de manière bénévole. S’ils avaient tous un revenu de vieillesse assuré, rien ne les obligeait à prendre sur leurs épaules les nombreux organismes où ils assurent le maintien des services par leur implication dans les conseils d’administration et toutes autres tâches connexes.
En les observant, j’en suis venu à me dire que cela était un trait distinctif de cette génération qui s’inscrivait dans une longue tradition où chacun, chacune, occupait un rôle, un poste ou une fonction, en vue du bien commun. Par milliers ils étaient bénévoles dans des syndicats, des organismes communautaires, des paroisses, des caisses populaires, des écoles, des commissions scolaires, des associations sportives, des partis politiques et tutti quanti. La plupart des organismes communautaires ont aujourd’hui 50 ans, il y avait donc une forte propension à vouloir s’organiser et se défendre collectivement dans l’ADN des générations précédentes. Non, nous ne sommes pas nés de rien.
Certes ils n’étaient pas parfaits, mais il y avait en eux une certaine loyauté dans le geste ordinaire d’assurer des responsabilités pour l’ensemble de la collectivité et cela pendant plusieurs décennies. Une bienveillance inébranlable les unissait dans cette obstination à assumer la pérennité des réseaux associatifs comme autant de neurones donnant vie à notre être collectif.
Si je vous parle des titans, c’est qu’Yvon Fitzback nous a quitté. Il était trésorier à plusieurs endroits, dont au Carrefour Cardijn, la maison commune de 8 organismes, le 435 rue du roi à Québec. Cette maison est autogérée ce qui permet d’avoir des loyers à prix modiques pour des organismes qui débutent ou avec des petits moyens.
Longtemps coopérant en Afrique, avant de devenir enseignant de mathématique dans une école secondaire de Québec, puis de prendre une retraite bien méritée, sa bonne humeur, sa générosité, son intégrité, sa rigueur et sa patience au travail, en ont touché plusieurs. Yvon ne sera pas facile à remplacer.
Pourtant, il n’y a jamais eu autant de retraités ? Serait-ce que le retrait de la vie professionnelle signifie pour plusieurs la fin du service du bien commun. Il existe une multitude d’associations où le Québec a besoin de ses valeureux encore capables de contribuer à la société en donnant de leur temps pour la suite du monde au service du plus grand nombre. Cet engagement est précieux et essentiel, il devrait s’inscrire dans notre ADN et remplir les agendas de nos valeureux guerriers.
Yves Carrier
Yvon Fitzback 1943-2024, avis de décès
C’est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons le décès de M.Yvon Fitzback survenu le 19 avril 2024 à Québec.
Il était le fils de feu Joseph Fitzback et de feu Rita Trudel.
Il laisse dans le deuil sa compagne Josette Giroux sur qui il veillera avec tendresse.
Il laisse aussi ses frères et sœurs, beaux-frères et belles-sœurs qui occupaient tous et toutes une grande place dans sa vie: Michelle (feu Raymond Labrecque), Claire (Michel Langlais), Guy (Denis Morissette), Mireille (Anne-Marie Bezeau), Louise (Réjean Lefebvre) Marie (feu Antoine Dorval) et Denis (Isabelle Ferland).
Il quitte aussi ses neveux et nièces à qui il a toujours témoigné beaucoup d’affection: Isabelle (Donald O’Farrell) et Christine Labrecque, Pascal (Julie Martin), Vincent et Véronique Langlais, Marie-Ève (Daniel Doucet) Amy (Pierre-Luc Chapados) et Catherine (Stéphane Scotto de Vétimo) Lefebvre, Guy-Antoine (Isabelle Cartier) et Olivier (Marie-Line Dubuc) Dorval et plusieurs petits-neveux et petites-nièces.
Les membres de la famille Giroux, ses tantes Lucia Fitzback Bédard et Thérèse Trudel Laberge, de nombreux cousins et cousines, et tous ses amis qui ont été si importants pour lui seront aussi affligés par son départ.
Il laissera un grand vide auprès de tous ceux et celles qui œuvraient avec lui auprès de plusieurs organismes dont Service d’entraide Basse-Ville, la société de la rivière St-Charles et Carrefour Cardijn, ainsi que les membres de sa chorale « Les chanterelles ».
Par sa bonté et sa générosité, un réconfortant souvenir subsistera dans le cœur de tous ceux et celles à qui il a tendu la main tout au cours de sa vie.
Vos témoignages de sympathie peuvent se traduire par un don à l’un des organismes suivants:
Service d’entraide Basse-Ville
Carrefour Cardijn
La famille recevra les condoléances, en présence des cendres, à la :
Coopérative funéraire des Deux Rives
Centre funéraire Saint-Charles
1420, boulevard Wilfrid-Hamel Québec (Québec) G1N 3Y6
le vendredi 21 juin 2024, de 17 h 30 à 21 h et le samedi 22 juin 2024, de 9 h à 11 h 45. Une liturgie de la Parole sera célébrée au salon le même jour à 12 h.
L’inhumation des cendres se fera au cimetière Saint-Charles.
Nouvelle animatrice sociale au Collectif TRAAQ
Bien le bonjour,
Je me nomme Sophie Tremblay-Bouchard et c’est avec une grande joie que je me présente à vous. J’aurai le plaisir de prendre le relais d’Emilie Frémont-Cloutier à l’animation du TRAAQ jusqu’à son retour en juin 2025. J’ai utilisé le transport en commun toute ma vie et j’adore me promener en vélo, en trottinette et avec ma chienne. Mon parcours de militance a débuté lors de la grande mobilisation contre la venue du G7 dans la Capitale-Nationale. Depuis, je n’ai cessé de m’informer, d’organiser et de militer dans l’espoir de voir fleurir des initiatives basées sur des valeurs de justice sociale, anti-oppressives, anticapitalistes, de care pour les personnes en situation de marginalité etc. Ainsi, ma fibre militante m’a naturellement porté à vouloir étudier le travail social pour en faire mon métier. C’est lors de mon stage au RÉPAC 03-12 que j’ai découvert l’existence du TRAAQ et, déjà, je m’y retrouve dans sa vision, ses valeurs et ses militant-es. Comme j’ai hâte de voir comment nous avancerons ensemble vers une société plus juste et équitable en matière de mobilité et de transport en commun!
Au plaisir de vous rencontrer dans la bus ou dans la rue!
Sophie Tremblay-Bouchard
L’objection de conscience, base de la liberté et de la dignité humaine
HERVI LARA B.
Santiago de Chile, 28 avril 2024.
EL CIUDADANO online
1- L’objection de conscience est une exigence inéluctable de la dignité de la personne humaine. De même, c’est l’un des piliers des droits humains. Par conséquence, l’objection de conscience est un élément indispensable de chaque personne et de toute l’humanité.
2 – Considérant ce que nous venons de dire, l’objection de conscience signifie la réalisation du respect de la vie et de l’exercice de la liberté de la personne.
3 – Dans cette perspective en 1987, la Commission des Droits Humains de l’ONU reconnait l’objection de conscience comme « un exercice légitime du droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ». Par cela même, la résolution 1989/59 du 8 mars 1989, « recommande » aux États d’appliquer des formes alternatives de service militaire compatibles avec « les raisons de l’objection de conscience ».
4 – Dans cette même perspective, Amnistie Internationale entend par objecteur de conscience toute personne susceptible d’être recrutée qui, pour des raisons de conscience ou pour des convictions profondes nées de motifs religieux, éthiques, humanitaires, politiques ou similaires, refuse de faire son service militaire ou inscrit sur des listes susceptibles d’être recrutés, (même dans les pays ou le service n’est pas obligatoire), ou de prendre part directement ou indirectement à des guerres ou des conflits armés.
5 – Au sens strict, objection signifie désaccord. C’est essentiel à la personne. Rien ni personne ne peut empêcher quelqu’un de refuser. Il n’y a pas d’argument à l’encontre de cela puisque cela appartient au développement psychologique de la personne humaine. Déjà l’autonomie par rapport à ses parents indique la capacité de dire non, afin d’ancrer sa propre indépendance et identité.
L’objection de conscience est une expression conflictuelle. Le conflit est ce qui permet le développement. Quand le conflit est esquivé, la personne et la société cessent de se développer, ils stagnent et finissent par mourir.
La conscience est, en première instance, avoir connaissance de sa propre existence, ce qui équivaut à la conscience psychologique. Sur la base de cela s’établit la raison, entendons par cela la capacité de distinguer le vrai du faux. Parfois cette capacité de distinction rend possible l’émergence de la conscience morale qui permet de discerner la bonté ou la méchanceté des actes humains.
6 – La notion de conscience (ou de sujet, ou du Je) est le propre de la modernité. La période antérieure se caractérise par le dogmatisme, c’est-à-dire, la vision d’un univers fermé, hiérarchisé et immuable.
Sont innombrables les facteurs qui ont une influence sur la formation de la conscience du Je individuel, point fondamental de la modernité. Entre autres, se démarquent l’apparition de la science moderne qui impliqua la reconnaissance de l’autonomie des phénomènes naturels, les grandes découvertes géographiques qui démontrèrent l’anachronisme de certaines croyances, l’invention de l’imprimerie qui permit l’extension des connaissances, la vie urbaine qui libéra les personnes de la prédominance du féodalisme, la machine et l’industrialisation qui permirent la valorisation du travail et de l’épargne, la réforme protestante qui encouragea la relation directe de la personne avec Dieu, la théorie héliocentrique qui permit aux êtres humains de se situer différemment dans le cosmos. (La Terre n’étant plus considérée comme le centre de l’univers.)
C’est ainsi que l’individu est demeuré seul, dépendant de son propre effort et non plus de la sécurité de sa position traditionnelle où il vivait sous le regard permanent d’un observateur universel. Dorénavant, il devait appuyer son existence et ses certitudes sur son propre Moi.
C’est ce qui s’appelle l’autonomie de la raison, clé de la pensée moderne qui émergea de la crise de la pensée médiévale, dont la méthode de raisonnement devenait inadéquate dans la recherche de la Vérité. De la sorte, la personne moderne se caractérise par son abandon de toute tutelle intellectuelle, ce qui signifie jusqu’à maintenant la base de la liberté et de la dignité humaine, comme je l’ai mentionné antérieurement.
7 – Dans la modernité, le critère de vérité fondé sur l’autorité fut transféré à l’évidence rationnelle et à la démonstration expérimentale. Surgit la liberté, tant la liberté « de » que la « liberté « pour ». C’est ainsi que la liberté est, à la fois, aimée et crainte parce que la personne doit décider seule. Pour fuir la solitude, la personne moderne est tombée dans la conformité. De là l’explication du poids historico-culturel et la normalité avec laquelle le service militaire et le militarisme sont acceptés aujourd’hui encore. La société moderne, même si elle valorise la liberté, a besoin de la discipline et de l’uniformité. L’armée a été une instance fondamentale de la « normalisation » au service du pouvoir en général et du système capitaliste.
8 – Un autre aspect à considérer, c’est que la modernisation s’est ajoutée à la modernité. Celle-ci consiste à la prépondérance de la « rationalité instrumentale », ceci signifie la priorité des moyens sur les fins. C’est une « dégradation » de la modernité parce que l’idée de liberté et d’autonomie de la raison s’est transformée en progrès de l’industrie, du marché et de la technocratie.
Ce que nous vivons aujourd’hui de manière particulière, c’est une modernisation sans modernité. Cela se traduit dans l’existence de nombreux moyens instrumentaux et de peu de fins. (Absence de finalités réelles affirmées.)
Le contexte décrit antérieurement nous amène à comprendre l’objection de conscience comme un problème éminemment éthique. Celle-ci suppose et a comme unique recours la raison. L’éthique est la réflexion philosophique sur la bonté ou la méchanceté des actes humains, réalisés consciemment et librement, tant au niveau individuel que social. Le système éthique qui est adopté sera hétéronome ou autonome, selon la vision du monde qui a été assumée. C’est-à-dire, si on y reconnait ou non les êtres humains comme principe supérieur.
10 – Seule la liberté rend possible l’éthique parce que chacun, en dernière instance, est seul avec sa conscience. Le comportement humain est déterminé par la conscience qui est l’expression du droit naturel. La personne humaine, par nature, est sociale et agit selon le bien commun. La vertu personnelle s’exprime dans la justice sociale.
11 – Dans l’éthique kantienne, propre à la modernité, la valeur morale réside dans le fait de faire le bien non par inclinaison naturelle, mais par devoir. Ce dernier réside dans la volonté, indépendamment des fins qui peuvent être atteintes au moyen de l’action. Cela conduit à l’autonomie qui est la manière par lequel le Je manifeste la rationalité de l’ordre moral. Par conséquent, c’est le fondement de la dignité humaine, c’est-à-dire, ce qui n’a pas de prix. La liberté est la clé de l’autonomie de la volonté, de laquelle dérive la moralité, de cette dernière, l’universalité de la maxime comme loi. C’est l’impératif catégorique qui est l’acte sans conditionnement.
12 – En synthèse, pour comprendre la signification de l’objection de conscience, on doit aussi comprendre que la personne humaine est une fin en soi, jamais un moyen. Ainsi, depuis cette perspective, on peut juger le service militaire et, par conséquent, justifier éthiquement l’objection de conscience parce que :
a) Le service militaire ignore l’individualité essentielle à la condition humaine;
b) Il destine les personnes à être utilisées au bénéfice des autres;
c) Il ne permet pas l’usage d’une raison autonome;
d) Les personnes sont considérées et traitées comme des objets;
e) Les personnes sont victimes de violences physiques, psychologiques et morales pour transformer ou annuler leur personnalité;
f) Les personnes sont considérées comme des unités et non comme des identités;
g) Dans le service militaire, la vie humaine n’est pas valorisée;
h) Le service militaire est une expression pathétique de relation sadomasochistes;
i) Le service militaire s’autoexclut des courants éthiques et tant à avilir ceux ou celles qui y participent.
13 – Considérant ce qui vient d’être dit, est éthiquement valide l’objection de conscience au service militaire. Nous aimerions apporter encore quelques précisions à propos de ce que cela implique :
a) L’information actuelle à propos de la signification du droit à l’objection de conscience et du sens du service militaire, l’un des instruments producteurs de l’injustice, correspond à de la désinformation, ce qui nous conduit à la décadence culturelle.
b) Nier la collaboration avec tout ce qui provoque l’oppression et l’injustice, tels que le service militaire, les guerres, les dépenses militaires, l’industrie militaire.
c) Développer la désobéissance civile.
d) Construire des organisations sociales et politiques.
14 – Il est pertinent de rappeler ce qu’affirmait le Synode mondial des évêques de l’Église catholique de 1971, ainsi que divers documents de celle-ci et d’autres Églises : « Il est absolument nécessaire que les conflits entre les nations soient résolus non par la guerre, mais qu’on parcourt d’autres chemins plus conformes avec la nature humaine, qu’on favorise la stratégie de la non violence et que toutes les nations reconnaissent et régulent au moyen de lois l’objection de conscience. »
L’objection de conscience est un droit propre à chaque personne qui doit être respecté par la citoyenneté et garantit par le pouvoir politique. Puisque le droit à l’objection de conscience atteint le for intérieur de l’esprit, il devient le paramètre de tous les autres droits. Ensuite, comme il correspond au champ de la conscience individuelle, l’instauration d’une supposée objection de conscience institutionnelle est totalement absurde.
15 – Le droit à l’objection de conscience au service militaire et à une société militarisée, doit être compris comme le degré d’autonomie et d’hégémonie devant le pouvoir qu’exerce le pourvoir militaire dans une société, (auquel il faudrait inclure le pouvoir régalien des forces de l’ordre). L’absence, la méconnaissance ou la déformation à propos de l’objection de conscience révèle la faiblesse de la structure sociale, ce qui accroit les inégalités avec leurs inévitables séquelles de violence.
Pessah et solidarité avec Gaza. Nous avons besoin d’un exode du sionisme.
@ Naomi Klein – 26 avril 2024
Naomi Klein est professeure de justice climatique et codirectrice du Centre for Climate Justice de l’Université de la Colombie-Britannique. Son dernier livre s’intitule Doppelganger : A Journey into the World of the Mirror.
J’ai pensé à Moïse et à sa colère quand il est descendu de la montagne et qu’il a trouvé les Israélites en train d’adorer un veau d’or.
L’éco-féministe en moi a toujours été mal à l’aise avec cette histoire : quel genre de dieu est jaloux des animaux ? Quel genre de dieu veut monopoliser tout ce qui est sacré sur terre ?
Mais il y a une façon moins littérale de comprendre cette histoire. Il nous parle des fausses idoles. De la tendance humaine à adorer le profane et le scintillant, à se concentrer sur le petit et le matériel plutôt que sur le grand et le transcendant.
Ce que je veux vous dire ce soir, à l’occasion de ce Seder révolutionnaire et historique dans les rues, c’est qu’un trop grand nombre de nos compatriotes adorent une fois de plus une fausse idole. Ils en sont captivés, enivrés par elle, profanés par lui.
Cette fausse idole s’appelle le sionisme.
C’est une fausse idole qui utilise nos histoires bibliques les plus profondes de justice et d’émancipation de l’esclavage – l’histoire de la Pâque elle-même – et les transforme en armes grossières de vol de terres coloniales, de feuilles de route pour le nettoyage ethnique et le génocide.
C’est une fausse idole qui s’est emparée de l’idée transcendante de la terre promise – une métaphore de la libération humaine qui a voyagé à travers de multiples religions aux quatre coins du monde – et a osé la transformer en chèque en blanc pour un ethno-État militariste.
La version de la libération du sionisme politique est elle-même profane. Dès le début, il a appelé à l’expulsion massive des Palestiniens de leurs maisons et de leurs terres ancestrales dans la Nakba. Dès le premier instant, elle a été en guerre contre les rêves de libération. Lors d’un Seder, il convient de rappeler que cela inclut les rêves de libération et d’autodétermination du peuple égyptien. La fausse idole du sionisme assimile la sécurité israélienne à la dictature égyptienne et aux États clients.
Dès le début, le sionisme a adopté une idée tordue de la liberté qui considère les enfants palestiniens non pas comme des êtres humains, mais comme des menaces démographiques, de la même manière que Pharaon dans le livre de l’Exode craignait la population croissante d’Israélites et ordonnait la mort de ses enfants.
Le sionisme nous a amenés à notre moment actuel de cataclysme et il est temps pour nous de le dis-le clairement : il nous a toujours conduits ici.
C’est une fausse idole qui a conduit trop de notre peuple sur un chemin profondément immoral et qui a maintenant ces gens qui justifient la violation des commandements fondamentaux : tu ne tueras point, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas.
C’est une fausse idole qui assimile la liberté juive à des bombes à sous-munitions qui tuent et mutilent les enfants palestiniens.
Le sionisme est une fausse idole qui a trahi toutes les valeurs juives, même la valeur que nous accordons à la remise en question (une pratique qui fait partie du Seder avec ses quatre questions posées par le plus jeune enfant).
Il a même trahi l’amour que nous avons en tant que peuple pour les manuels scolaires et l’éducation.
Aujourd’hui, cette fausse idole justifie le bombardement de toutes les universités de Gaza ; la destruction d’un nombre incalculable d’écoles, d’archives, d’imprimeries ; l’assassinat de centaines d’universitaires, de journalistes, de poètes : c’est ce que les Palestiniens appellent la scolasticide, l’anéantissement des moyens d’éducation.
Pendant ce temps, dans cette ville, les universités font appel à la police de New York et se barricadent contre la « grave menace » posée par leurs propres étudiants, qui osent leur poser des questions fondamentales : comment pouvez-vous dire que vous croyez en quelque chose, sans parler de nous, tout en permettant, en investissant et en collaborant à ce génocide ?
On a laissé la fausse idole du sionisme se développer sans contrôle pendant bien trop longtemps. C’est pour cela que ce soir nous disons : ça s’arrête ici.
Notre judaïsme ne peut pas être contenu par un État ethnique, parce que notre judaïsme est internationaliste par nature.
Notre judaïsme ne peut pas être protégé par l’armée d’anéantissement de cet État, parce que tout ce que l’armée fait, c’est semer la douleur et récolter la haine, même contre nous en tant que Juifs.
Notre judaïsme n’est pas menacé par ceux qui élèvent la voix en solidarité avec la Palestine, indépendamment de la race, de l’ethnie, des capacités physiques, de l’identité de genre ou des générations. Notre judaïsme est l’une de ces voix, et il sait que dans ce chœur se trouvent à la fois notre sécurité et notre libération collective.
Notre judaïsme est le judaïsme du Seder de Pessah : le rassemblement en cérémonie pour partager de la nourriture et du vin avec des êtres chers et des étrangers, le rituel intrinsèquement portable, assez léger pour être porté sur notre dos, qui n’a besoin de rien de plus que vous et moi : pas de murs, pas de temple, pas de rabbin, avec un rôle pour tout le monde, même – surtout – pour le plus jeune enfant. Le Seder est une technologie de diaspora par excellence, faite pour le deuil collectif, la contemplation, le questionnement, le souvenir et le renouveau de l’esprit révolutionnaire.
Alors regardez autour de vous. Voilà, c’est là notre judaïsme. Alors que les eaux montent et que les forêts brûlent et que rien n’est certain, nous prions devant l’autel de la solidarité et de l’entraide, quel qu’en soit le prix.
Nous n’avons pas besoin ou ne voulons pas de la fausse idole du sionisme. Nous voulons nous libérer d’un projet qui commet un génocide en notre nom. Se libérer d’une idéologie qui n’a pas d’autre plan de paix que de faire des compromis avec des pétro-États théocratiques meurtriers, tout en vendant au monde les technologies de l’assassinat ultra-technologique.
Nous cherchons à libérer le judaïsme d’un État ethnique qui veut que les Juifs vivent dans la peur permanente, qui veut que nos enfants vivent dans la peur, qui veut que nous croyions que le monde est contre nous afin que nous courions vers sa forteresse et que nous nous abritions sous son dôme de fer, ou du moins que nous continuions à faire circuler le flux d’armes et de dons.
C’est la fausse idole.
Et ce n’est pas seulement Netanyahou, c’est le monde qu’il a créé et le monde qui l’a créé : c’est le sionisme.
Nous, dans ces rues depuis des mois et des mois, sommes l’exode. L’exode du sionisme. Et aux Chuck Schumer (1) de ce monde, nous ne disons pas : « Laissez partir mon peuple. » Nous leur disons : « Nous sommes partis. Qu’en est-il de vos enfants ? Maintenant, ils sont de notre côté.
- Chef de la majorité démocrate au Sénat américain, l’un des principaux artisans du vote de cette semaine qui a approuvé une aide américaine supplémentaire de 26 milliards de dollars à Israël, et un partisan de longue date de la politique de cet État envers les Palestiniens.
Transcription d’un discours prononcé par Naomi Klein lors du Seder d’urgence dans la rue, qui s’est tenu à New York. Une version anglaise a été publiée dans The Guardian.
Où est-ce que nous allons ?
Par Leonardo Boff, 12 mars 2024
Site Amerindia
Il existe une convergence d’innumérables crises qui affligent l’ensemble de l’humanité. Sans qu’il soit nécessaire de toutes les citer, je vais me restreindre à deux, extrêmement dangereuses, voire létales : une guerre nucléaire entre les puissances militaristes se disputant l’hégémonie dans le monde. Comme il n’y a jamais de sécurité complète, s’appliquerait la formule 1+1 = 0, c’est-à-dire qu’il en serait fait de toutes vies humaines. La Terre continuerait, appauvries, pleines de plaies, mais elle tournerait encore autour du soleil pour des un grand nombre de millions d’années, mais sans ce Satan de la vie qu’est l’être humain dément qui a perdu sa dimension « sapiente » (homo sapien).
L’autre est le chemin du changement climatique croissant dont nous ignorons à combien de degrés Celsius il va se stabiliser. Un fait est indéniable, affirment même les plus sceptiques de scientifiques : la science et la technique sont dépassées. Nous avons dépassé le point critique où elles pouvaient encore nous aider. Maintenant, elles ne peuvent que nous avertir des événements extrêmes qui viendront et atténuer les effets les plus néfastes.
Certains climatologues suggèrent que dans les années à venir, possiblement, le climat se stabilisera en termes globaux autour de 38 à 40 degrés Celsius (Brésil). Dans d’autres régions, il pourrait atteindre les 50 degrés. Il y aura des millions de victimes, spécialement parmi les enfants et les personnes âgées qui ne parviendront pas à s’adapter à la nouvelle situation de la Terre.
Ces mêmes scientifiques ont averti les États que des millions de migrants abandonneront leur terre bien aimée en raison de la chaleur excessive et des récoltes désastreuses que ce phénomène provoquera. Il est possible et désirable qu’obligatoirement il y ait une gouvernance planétaire globale et plurale, constituée par des représentants des peuples et des classes sociales pour penser à la situation altérée de la Terre, qui ne respecte plus les frontières des nations. Il s’agit de sauver non pas tel ou tel pays, mais toute l’humanité. Avec réalisme, le Pape François a dit à plusieurs reprises : « Cette fois, il n’y a pas d’Arche de Noé qui sauvera certains et laissera les autres : ou nous nous sauvons tous ou personne ne se sauve. »
Comme il s’en déduit, nous sommes en face d’une situation limite. La conscience de cette urgence est très faible chez la majorité de la population, endormie par la propagande capitaliste d’une consommation effrénée et celle des États, contrôlés en grande partie par les classes dominantes. Celles-ci regardent l’horizon, crédules d’un progrès infini à venir, sans jamais prendre au sérieux que la planète est limitée, qu’elle n’en peut plus, et que nous aurions besoin de 1,7 planète Terre pour satisfaire leur consommation somptueuse.
Existe-t-il une sortie pour cette accumulation de crises, à deux desquelles nous nous sommes restreints? Je crois que ni le Pape, ni le Dalaï Lama, ni aucun sage privilégié ne peut prédire quel sera notre futur. Si nous regardons les méchancetés du monde, nous devons donner raison à José Saramago qui disait : « Je ne suis pas pessimiste, c’est la situation qui est terrible. »
On attribue à Freud, qui n’est pas considéré comme un homme de foi, la phrase suivante : « Si je me présente devant Dieu, j’ai plus de question à lui faire que lui à moi, puisqu’il y a tant de choses que je n’ai jamais comprises lorsque j’étais sur Terre. »
Ce que nous pouvons affirmer avec une certaine sécurité : si l’humanité, spécialement le système du capital avec ses grandes corporations globalisées, continue avec sa logique d’exploiter les biens et les services naturels en fonction de son accumulation illimitée, alors nous pourrons employer l’expression de Bauman : « Nous grossirons le cortège de ceux qui se dirigent à leur propre sépulture. »
Comme a dit Jean-Paul Sartre après les bombes nucléaires sur Nagasaki et Hirochima : « L’être humain s’est approprié sa propre mort. » Et le grand historien Arnold Toynbee commenta : « Désormais, nous n’avons plus besoin de Dieu pour mettre fin à la création, il incombe à notre génération d’assister à sa propre destruction. »
Fragments de l’article reproduit
Traduit de l’espagnol par Yves Carrier
Des nouvelles du CAPMO
Soirée mensuelle du 16 mai 2024 à 18 h 30
Échanges sur les réalités propres au quartier Saint-Roch
Animé par Emilie Leclerc d’Engrenage St-Roch
Brunch de financement annuel du CAPMO
Dimanche 16 juin 2024 de 9 h à 12 h
Centre Durocher, salle 102, 680 rue Raoul-Jobin, Québec
L’école dans la rue du REPAC
Jeudi 23 mai de 11 h à 15 h
Rue Saint-Jean-Baptiste, entre Claire-Fontaine et Scott