À l’occasion de la Journée sans voiture, le 22 septembre dernier, 2 équipes de militants, l’une dans Saint-Roch, au coin de Dorchester et Charest et l’autre au terminus Beauport, ont bravé le froid et le vent. Ils ont permis à des personnes de se rencontrer dans la rue et de pouvoir s’exprimer publiquement sur un sujet : l’accessibilité du transport en commun dans leur ville! De plus en plus, il devient très important de créer ces espaces ou la prise de parole citoyenne est possible.
Nous avons constaté que parmi les citoyens et citoyennes rejoints, une grande majorité souhaite des améliorations majeures dans l’accessibilité au transport en commun à Québec.
À peine 8% des personnes avec lesquelles nous avons discuté étaient complètement satisfaites du système de transport actuel (il faut toutefois considérer que les personnes déjà satisfaites avaient possiblement moins tendance à s’arrêter pour participer au porteur de parole.)
Ce qui est ressorti nettement plus souvent comme changement souhaité, c’est une baisse du prix de la passe mensuelle. Certains parlent d’une baisse d’au moins 50% du prix, quelques uns de gratuité universelle ou pour une partie de la population. Parmi les personnes rencontrées, une a dit avoir besoin du soutien financier de personnes de son entourage pour pouvoir payer sa passe et un autre passant nous a confié qu’il n’avait pas les moyens de se payer le transport en commun.
Dans Saint-Roch, mais encore davantage au Terminus Beauport, les passants nous parlent aussi beaucoup d’amélioration des parcours. Les citoyens et citoyennes nous font part de leurs constats et recommandations à cet effet : parcours trop longs, fréquence trop faible des passages, manque d’espace dans les autobus, arrêts trop éloignés ou mal situés, mauvaises priorités dans les investissements (ex : choisir développer un système internet au lieu d’améliorer les parcours), le besoin de plus de voies réservées pour le transport en commun.
Quelque uns dénoncent aussi la culture du «tout à l’auto». Le choix des dirigeants d’investir dans la construction d’autoroutes et pas dans le transport en commun.
Il est important de souligner un évènement qui n’a pas manqué de susciter l’indignation de plusieurs usagers du RTC et facilité la prise de contact avec les passants. Il s’agit de la décision de retirer la gratuité des passages instaurée depuis déjà quelques années à l’occasion de la Journée sans voiture. Tous les gens que nous avons rencontrés n’étaient pas au courant de ce changement et ne le comprenaient pas. Plusieurs trouvaient que c’était illogique d’appeler à une Journée sans voiture sans garder une mesure incitative pour motiver les gens encore peu habitués à prendre le transport en commun. Les militants ont eux même été témoins que plusieurs personnes se sont fait «mettre dehors» de l’autobus parce qu’elles entraient sans argent, en pensant évidemment, que lors de la Journée sans voiture, c’est gratuit!
Bref, le porteur de parole sur l’accessibilité du transport en commun a été un franc succès : une occasion pour des citoyens et citoyennes de Québec de s’approprier cet enjeu. Rappelons enfin que cette action s’inscrit dans le cadre d’une grande enquête régionale portée par le CAPMO, qui se veut un moyen de développer des actions concrètes pour plus d’accessibilité sociale au transport en commun.
* Le Porteur de parole est une activité qui met en œuvre des interventions permettant à des passants et des habitants absents des lieux traditionnels d’échanges, (institutions, associations…), de se rencontrer dans la rue et de s’y exprimer publiquement. Il s’agit d’un recueil et d’une exposition de paroles d’habitants, de passants, d’usagers. Une question est inscrite sur un grand format, puis accrochée à un endroit visible. Cette question les invite à réagir autour d’un thème donné. On note les avis sur des panneaux dans le lieu ou l’espace public choisi ». Emilie Frémont-Cloutier, pour le Comité du CAPMO pour l’accessibilité sociale du transport en commun